René Stouvenel
René Stouvenel, né le à Wisches et mort le à Schirmeck, est un résistant pendant la Seconde Guerre mondiale. Il organise le passage entre Strasbourg et Raon-sur-Plaine des prisonniers de guerre évadés puis des agents de liaison de la Septième colonne d'Alsace (réseau Martial). Il crée le « Corps Franc de la Haute Vallée de La Bruche » qui fait passer la frontière de l'Alsace annexée aux officiers, assistants aux réunions de Grendelbruch. Il est responsable des Forces françaises de l'intérieur (FFI) de la vallée de la Bruche.
Membre de | |
---|---|
Conflit | |
Distinctions | |
Archives conservées par |
Service historique de la Défense (GR 16 P 557705)[1] |
Biographie
René Stouvenel tient un garage à Wisches. Profondément francophile, dès le début de l'annexion de fait de l'Alsace, il refuse de germaniser le nom de son commerce malgré les multiples injonctions des autorités nazies qui le font de force[2] - [3].
Le , il est convoqué une première fois à Molsheim pour germaniser son nom. Son refus, lui vaut une nouvelle convocation à la Gestapo de Strasbourg et une détention de quelques jours au camp de sûreté de Vorbruck-Schirmeck[3]. Il est contraint de prendre le nom que lui impose l'administration allemande : Renatus Stuvenel[4].
Passeur
Dès l'hiver 1940, son garage et sa maison deviennent une véritable étape et un lieu de ravitaillement pour les prisonniers de guerre (PG) évadés. Il contacte Paul Batlot, un bûcheron pour convoyer les évadés jusqu'à Raon-sur-Plaine. D'autres personnes de Wisches sont mises à contribution comme : Prosper Charlier, Ernest Gonckel et Étienne Ferry[2].
Le , après avoir guidé des évadés, René Stouvenel est arrêté dans la forêt de Wisches et interné une nouvelle fois au camp de sûreté de Vorbruck-Schirmeck. Il est libéré le 16 à la suite d'une erreur administrative[2].
Le , Paul Batlot est arrêté. Avec l'aide de Lucien Chatin et Annette Ferry, il accompagne les évadés jusqu'à la frontière d'où ils partent seuls jusqu'à Raon-sur-Plaine. Les passages sont de plus en plus difficile, car les Allemands renforce leur surveillance et certains prisonniers sont repris[3].
René Stouvenel contacte, alors, Michel Ferry, garagiste à Rothau, qui organise des évasions vers Moussey et lui confit les évadés qu'il abrite régulièrement. Il se lance dans la fabrication de faux papiers pour leur permettre de passer les contrôles[2].
Résistant
Début 1944, René Stouvenel s'engage au sein de la Septième colonne d'Alsace (réseau Martial) par l'intermédiaire de Paul Freiss qu'il connaît. Ce dernier le charge d'établir un réseau pour le passage régulier des agents de liaison de l'organisation clandestine entre Strasbourg et Raon-l'Étape. La mission est menée à bien, grâce aux employés de l'administration des Eaux et Forêts de Grandfontaine : Louis Simon, Marcel Petitjean, Louis Boulas, André Vincent, Alphonse Barret et Auguste Herdung. Ce groupe prend le nom de « Corps Franc de la Haute Vallée de La Bruche »[2] - [3] - [5].
Le , René Stouvenel reçoit chez lui Marcel Kibler, chef de la Septième colonne d'Alsace et des Forces françaises de l'intérieur d'Alsace (FFIA) et Jean Eschbach, son chef d'état-major que son réseau à pris en charge pour passer la frontière. Ils se rendent à Grendelbruch pour assister à une réunion clandestine visant à mettre en place l'ossature des FFIA pour les futurs combats de la Libération de l'Alsace. L'opération est renouvelée avec succès le , pour une deuxième réunion au même endroit. À l'issue de ces réunions, René Stouvenel est nommé capitaine des Forces françaises de l'intérieur d'Alsace (FFIA), chef de la haute vallée de la Bruche[6] - [7] - [8].
En septembre 1944, René Stouvenet est contacté par un officier anglais venu coordonner l'action de la résistance dans la vallée de la Bruche. Il constate que l'individu se déplace dans une voiture banalisée de la police. En fait, il s'agit d'un agent de la Gestapo. Il fuit à Strasbourg dans le quartier de la Montagne Verte et se cache chez Joseph Foehr, qu'il connait par l'intermédiaire de Paul Freiss. Sa femme reçoit plusieurs fois la visite de la Gestapo. Elle et ses amis font courir le bruit qu'il est mort dans le bombardement de Strasbourg du . René Stouvenel ne revient à Wisches qu'à la libération du village le [2] - [3].
Décorations
- Chevalier de la Légion d'honneur (mai 1962)[2];
- Croix de guerre 1939-1945, le , avec la citation à l'ordre de la division suivante[2]:
« Capitaine FFI, chef du Secteur de la Haute Vallée de la Vallée de la Bruche. Organisateur de grande classe, animé d'un patriotisme ardent et d'un courage à toute épreuve.
A créé pendant les quatre années d'occupation les filières d'évasion de prisonniers Français et Alliés et a opposé à l'envahisseur une résistance de tous les instants. A d'autre part, personnellement commandé le Corps Franc de la Haute Vallée de la Bruche au cours de toutes les actions périlleuses confiées à ce groupe. »
- Médaille de la Résistance française avec rosette décret du [3] - [9];
- Médaille des passeurs (septembre 1967)[2] ;
- Croix d'Alsace, médaille de la Septième colonne d'Alsace (réseau Martial)[3].
Notes et références
- « https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/m005a294382a4b60 »
- Éric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), La résistance des Alsaciens, copyright 2016 (ISBN 978-2-915742-32-9 et 2-915742-32-4, OCLC 1152172696, lire en ligne), « René Stouvenel »
- « Bruche Rabodeau Les_Passeurs », sur resistance-deportation.org (consulté le )
- Henry Allainmat et Betty Truck, La nuit des parias : la tragique des 130 000 Français incorporés de force dans la Wehrmacht et la Waffen-SS, Pr. de la Cité, (OCLC 312696977, lire en ligne), p. 36
- « Titres, homologations et services pour faits de résistance - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
- Bernard Reumaux, Alfred Wahl et Saisons d'Alsace, Alsace, 1939-1945 : la grande encyclopédie des années de guerre, Nuée bleue, , 1664 p. (ISBN 978-2-7165-0647-2 et 2-7165-0647-7, OCLC 402294507, lire en ligne), « Réunion au sommet à Grendelbuch »
- A. Simon, Marcel Kibler, alias commandant Marceau, raconte la résistance alsacienne, J. Do Bentzinger, (ISBN 978-2-84960-137-2 et 2-84960-137-3, OCLC 249026250, lire en ligne)
- Jean de Poligny, G.M.A Vosges : D'après les souvenirs du capitaine Rivière, , 245 p.
- « Base des médaillés de la résistance - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
Voir aussi
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Bibliographie
- Eric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), « René Souvenel », dans La résistance des Alsaciens, Fondation de France, département AERI, (ISBN 978-2-915742-32-9). DVD pédagogique
- Alfred Wahl, « Réunion au sommet à Grendelbruch », dans Bernard Reumaux et Alfred Wahl (préf. André Bord), Alsace 1939-1945 : La grande encyclopédie des années de guerre, La Nuée bleue, , 1664 p. (ISBN 978-2-7165-0647-2), p. 1281-1284.
- Jean de Poligny, G.M.A Vosges : D'après les souvenirs du capitaine Rivière, , 245 p.
- André Simon, Marcle Kibler, alias commandant Marceau, raconte la Resistance Alsacienne, Jérôme Do Bentzinger, , 263 p. (ISBN 9782849601372).
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative aux militaires :
- « Du côté alsacien », sur resistance-deportation.org (consulté le ).