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René L'Hermitte

RenĂ© L'Hermitte est un journaliste et un professeur des universitĂ©s français, membre de  la RĂ©sistance  et du Parti communiste français puis expert en linguistique, spĂ©cialiste notamment de linguistique russe.

René L'Hermitte
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Biographie

Jeunesse et RĂ©sistance

RenĂ© L'Hermitte est nĂ© en 1918[1]. Il est le fils d'un tourneur-ajusteur[1] blessĂ© de guerre et de Germaine CheychenĂ©. Sa mère dĂ©cède alors qu'il n'avait que dix-huit mois[2]. Il commence sa carrière comme jeune instituteur[1] Ă  Gagny (Seine-et-Oise) après avoir Ă©tĂ© major de sa promotion Ă  l'Ă©cole normale[2], puis quitte l'enseignement pendant la guerre pour entrer travailler comme traducteur Ă  la prĂ©fecture de police, poste qui lui permet de rĂ©colter des informations et d'aider la RĂ©sistance. Son ami Paul Couesnon est alors exĂ©cutĂ© par erreur par la RĂ©sistance communiste[2].

Procès Pétain

Il entre ensuite au journal L'HumanitĂ© comme reporter, en aoĂ»t 1944[2] et y restera près de huit ans[3]

Ă€ partir de l'Ă©tĂ© 1945, il suit quotidiennement pour L'HumanitĂ© les trois semaines du grand procès de Philippe PĂ©tain et relève aussi qu’aucune femme ne figure dans le jury, les avocats de PĂ©tain ayant rĂ©cusĂ© Lucie Aubrac et Mme Picard-Moch[3]. Il y observe que les dĂ©bats Ă  l'audience du procès soulignent les accointances de Philippe PĂ©tain avec les militants fascistes alors qu’il n’était encore qu’ambassadeur auprès du gĂ©nĂ©ral Franco[3].

Guerre d'Indochine

Le quotidien communiste l'envoie en Indochine, oĂą HĂ´ Chi Minh vient de rĂ©pĂ©ter sa conviction qu'une paix est possible, le 4 janvier 1947, par un câble au gouvernement français, puis dans un message au gĂ©nĂ©ral Leclerc lors d'une allocution radiodiffusĂ©e[4].

Il répète et explique ce message quand René L'Hermitte l'interviewe[1] - [4], au moment du voyage sur place du ministre de la France d'Outre-mer, Marius Moutet[5], trois semaines après le soulèvement du Vietminh contre les forces françaises à Hanoï le 17 décembre 1947[6], qui est dramatisé par la presse de droite mais relativisé par la Gauche[5], amenant Léon Blum à maintenir les contacts avec Hô Chi Minh[5].

Marius Moutet change alors de position au contact des responsables français à Hanoï[5] et L'Humanité l'accuse de trahir la politique du gouvernement de Léon Blum dont il est pour autant membre[5], en particulier lorsqu'il exclut désormais tout contact avec toute personne du parti de Hô Chi Minh[5]. La crise est telle que Léon Blum éclate en sanglots dans les locaux du quotidien socialiste Le Populaire[5].

Le jeune journaliste avertit dans ses reportages de L'Humanité que la population est avec Hô Chi Minh et qu'une vraie guerre détruirait les possibilités de dialogue ultérieur. Reconduit dans le Paul Ramadier le , Marius Moutet va cependant négocie avec Ho Chi Minh et fonder le Fonds d’investissement pour le développement économique et social des territoires d’Outre-mer (FIDES).

Puis RenĂ© L'Hermitte rencontre un officier dĂ©nonçant des tortures contre des prisonniers Viet-minh[7], dont il obtient le tĂ©moignage. A cette fin, il rĂ©dige un article, dans le journal l'humanitĂ© qui sera publiĂ© le 22 mars 1947, intitulĂ© " Le carnet de route d'un officier français au Vietnam". L'officier dont il est question se nomme Pierre-Alban Thomas, alors sous-lieutenant, ancien RĂ©sistant, chef du maquis de Saint Aignan sur Cher ( 41) en 1944 puis officier dans la 1ère ArmĂ©e. Il rĂ©alise aussi une sĂ©rie d'interviews avec des combattants vietnamiens cachĂ©s dans les maquis[5].

Il est un des premiers journalistes Ă  Ă©crire, dès le 11 mai 1947, dans les colonnes de L'HumanitĂ© qu'en Indochine Â« plus que jamais , la solution militaire s'avère impossible Â», six jours après l'expulsion, le 5 mai 1947, des ministres PCF du le gouvernement.

René L'Hermitte sera peu après l'un des premiers à parler de « sale guerre », en titre d'un de ses articles, le 16 janvier 1949[8].

Grève des dockers et Moscou

Par la suite, RenĂ© L'Hermitte couvre fin 1949 les premières manifestations de rues et des refus de chargement d’armes, Ă  Dunkerque et Marseille, qui dĂ©bouchent sur une longue grève des dockers. Reporter ensuite Ă  Belgrade, il devient peu après pendant deux annĂ©es (1949-1950), correspondant officiel de L'HumanitĂ© Ă  Moscou[1]. Son activitĂ© Ă  Moscou ne semble pas avoir convenu Ă  ses interlocuteurs français et soviĂ©tiques car, sur fond de rumeur sur la nature de son engagement dans la RĂ©sistance, il perdit son poste Ă  l’HumanitĂ© et dut revenir dans l’enseignement[2]. Il avait une licence d'allemand et une autre de russe[9]. MaĂ®tre auxiliaire d'allemand, il obtient le capes puis l'agrĂ©gation de russe en 1955[1] ce qui lui permet de devenir professeur Ă  Lille, puis de 1956 Ă  1964 au prestigieux lycĂ©e Condorcet de Paris.

Recherches en liguistique et en histoire

Il lance en 1952 une chronique bibliographique, dans le bulletin de la SociĂ©tĂ© de linguistique de Paris, et assure sa rĂ©daction pendant environ quarante ans[1]. C'est lui qui fait connaĂ®tre au public français Viktor Nekrassov, par les traductions de la Ville natale, Carnets d'un badaud et Dans les tranchĂ©es de Stalingrad[1] - [9]. Il a notamment fait connaĂ®tre les travaux de Sebastian K. Shaumjan qui, dès 1952, a (rĂ©)introduit les travaux de Jakobson et TroubeskoĂŻ en URSS, et suscitĂ© de ce fait de violentes controverses[10].

Membre du comitĂ© de lecture la Revue des Ă©tudes slaves, l'ex-journaliste est aussi remarquĂ© pour des ouvrages didactiques (ÉlĂ©ments de grammaire gĂ©nĂ©rale du russe, 1989)[1]. Sa thèse est consacrĂ©e, en 1978 Ă  l'Institut d'Ă©tudes slaves, Ă  la Phrase nominale en russe [1], oĂą il analyse l’absence du verbe « ĂŞtre Â» au prĂ©sent en russe. Assistant Ă  la Sorbonne, il y devient maĂ®tre de confĂ©rences puis professeur.

Devenu spĂ©cialiste de l'histoire de la linguistique, il publie le premier ouvrage français sur le courant dit « marriste Â»[1]. Il est par ailleurs l'auteur de deux recherches historiques, l'une sur les rapports de Staline avec l’Allemagne en mai 1941 et l'autre sur l'histoire du Komintern pendant les annĂ©es 1939-1943[11]

Bibliographie

  • Marr, marrisme, marristes : science et perversion idĂ©ologique, une page de l'histoire de la linguistique soviĂ©tique, Paris, IES, 1987
  • Serge Karcevski, InĂ©dits et introuvables. Textes rassemblĂ©s et Ă©tablis par Irina et Gilles Fougeron. Avant-propos de RenĂ© L'Hermitte. PubliĂ© par la SociĂ©tĂ© de linguistique de Paris en 2000[12]

Notes et références

  1. Jean Breuillard, René L'Hermitte, Nécrologie dans Le Monde, 21 mars 2005
  2. Biographie Le Maitron de René L'Hermitte
  3. Atmosphère "Ă©touffante" Ă  la Haute Cour, chargĂ©e de juger le "marĂ©chal fĂ©lon", L'HumanitĂ© du 21 Juillet 2014
  4. Hélène Erlingsen, Soldats perdus : de l'Indochine à l'Algérie, dans la tourmente des guerres coloniales, éditions Bayard, 2007
  5. Edward Francis Rice-Maximin, Accommodation and Resistance: The French Left, Indochina, and the Cold War, 1944-1954, Greenwood Publishing Group, 1986
  6. Voyage Ă  Pnom-Pen du ministre de la France d'Outre-mer, Marius Moutet Archives de l'INA
  7. "La fin de la guerre d’Indochine (1953-1954) vue par L'Humanité, article d'Alain Ruscio en 1993 dans Les Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique
  8. L'Humanité du 16 janvier 1949
  9. Jean Breuillard,> René L'Hermitte (1918-2005), Revue des Études slaves, 2006
  10. Frédérique Matonti, "L'anneau de Mœbius. La réception en France des formalistes russes", Actes de la recherche en sciences sociales, 2009
  11. La Fin du Komintern

Articles connexes

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