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Rempart gallo-romain d'Évreux

Le rempart gallo-romain d'Évreux est une enceinte protégeant une partie de la ville d'Évreux (département français de l'Eure), dans son centre historique.

Rempart gallo-romain d'Évreux
Image illustrative de l’article Rempart gallo-romain d'Évreux
Le rempart, au pied de la cathédrale et du musée.
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1941, 1984)
Logo monument historique Inscrit MH (1996)
CoordonnĂ©es 49° 01′ 25″ nord, 1° 09′ 01″ est
Superficie 9 ha
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Rempart gallo-romain d'Évreux
Rempart gallo-romain d'Évreux
Histoire
Époque IIIe siècle/IVe siècle

Il est construit entre la fin du IIIe et le milieu du IVe siècle, dans un contexte de difficultĂ©s militaires au sein de l'Empire romain. Long de 1 145 m, le rempart forme un quadrilatère d'environ neuf hectares dĂ©limitant l'enceinte gallo-romaine d’Évreux, alors chef-lieu le la civitas des Aulerques Éburovices, sous le nom de Mediolanum Aulercorum.

Il est encore largement visible, notamment sur ses faces méridionale et occidentale et les différentes parties qui le composent sont classées (1941, 1984) ou inscrites (1996) au titre des monuments historiques.

Histoire

À la suite de la conquête des Gaules par Jules César, la tribu des Aulerques Éburovices se donne pour chef-lieu Mediolanum Aulercorum. Comme la plupart des capitales de cités gallo-romaines, la ville possède un forum, des thermes et des temples, se dotant au fur et à mesure de son développement de toute la parure monumentale urbaine qui sied à une ville romaine ; elle se développe sur une superficie d'une cinquantaine d'hectares. La ville se situe par ailleurs à proximité d'une agglomération sanctuaire, Gisacum, située sur la commune actuelle du Vieil-Évreux. Comportant des grands thermes, un théâtre, plusieurs quartiers d'habitation et des temples, Gisacum était probablement un des lieux majeurs de dévotion au sein du territoire des Aulerques Éburovices.

Le château est construit dans les marais de l'Iton.

La crise du troisième siècle et les invasions barbares ont souvent Ă©tĂ© invoquĂ©es comme cause de sa construction mais leur rĂ´le exact, direct ou indirect, est difficile Ă  apprĂ©hender. Cette fortification peut tout aussi bien faire partie d'une reconversion du programme Ă©dilitaire de la ville, qui dĂ©laisse les Ă©difices d'agrĂ©ment — le centre monumental (théâtre, thermes) n'est pas inclus dans le pĂ©rimètre remparĂ©[B 1] — au profit d'Ă©lĂ©ments dĂ©fensifs prestigieux. Une première tentative de fortification d'une partie de la ville a lieu au IIIe siècle[N 1] mais l'ouvrage n'est pas terminĂ© quand commence l'Ă©dification de l'enceinte gallo-romaine[2] entre la fin du IIIe et le milieu du IVe siècle[3], datation attestĂ©e par la prĂ©sence de monnaies et de tessons de cĂ©ramiques laissĂ©s sur place lors de la construction[B 2] . Il mesure 1 145 m de long[4] et dĂ©limite un quadrilatère d'environ neuf hectares de surface[3].

Le rempart est classé au titre des monuments historiques par les arrêtés des et ; les parties non classées sont inscrites par arrêté du [3].

Architecture

Matériaux utilisés

Base du rempart montrant les matériaux de remploi.

Comme beaucoup de remparts tardifs, celui d’Évreux est composé de différents éléments de récupération (fûts de colonnes, blocs sculptés, grand appareil, chapiteaux) issus de spoliations faites aux bâtiments inutilisés de la ville, notamment utilisés dans ses fondations et les premières assises de son élévation, composées de blocs calcaires irrégulièrement arrangés (appareil pseudo-isodome irrégulier), surmontées par un blocage mixte de silex et de moellons de calcaire avec un parement composé de strates de moellons calcaires réguliers, entrecoupé à intervalles réguliers de chaînages en tuiles ou briques. Cet appareillage, qui peut être qualifié d'opus mixtum (opus testaceum et opus caementicium), est assez répandu en Gaule durant l'Antiquité tardive : il est économique, efficace, dissuasif et rapide à mettre en œuvre[5].

Courtine

Ressaut de la courtine.

Sa hauteur totale n'est pas connue, les pans conservĂ©s les plus Ă©levĂ©s mesurant 5,10 m au-dessus des fondations ; Ă  sa base, elle est large de 3,80 m[B 3] mais sa structure accuse un lĂ©ger retrait progressif (encorbellement inversĂ©) cĂ´tĂ© extĂ©rieur afin d'amĂ©liorer sa stabilitĂ©[6].

L'existence d'un chemin de ronde intĂ©rieur, fort probable, ne peut ĂŞtre certifiĂ©e, la courtine n'Ă©tant pas conservĂ©e sur une Ă©lĂ©vation suffisante ; s'il a existĂ©, sa largeur aurait pu ĂŞtre de 1,50 m[B 4]. Pour la mĂŞme raison, il n'est pas possible de savoir si un crĂ©nelage couronnait l'enceinte.

Aménagements

La présence de trois portes (nord, nord-est et sud-ouest) et d'une poterne est pressentie[B 5].

Au regard des données disponibles, aucune tour ne semble accompagner la courtine du Bas-Empire[B 6], les seuls vestiges retrouvés étant rattachés à la première fortification inachevée[1].

Un glacis large de 40 m s'Ă©tend devant la courtine. Un fossĂ© au pied de cette dernière est attestĂ© au Moyen Ă‚ge, mais pas dans l'AntiquitĂ©[B 7] ; il protège les faces sud et est de l'enceinte, les deux autres Ă©tant naturellement protĂ©gĂ©es par l'Iton. IntĂ©rieurement, un agger, talus formĂ© par l'accumulation de terre au pied de la courtine, mesure quatre mètres de haut pour une largeur de 7 Ă  14 m ; il est Ă©difiĂ© en mĂŞme temps que la courtine ou en tout cas moins de 50 ans après elle[B 8]. La forte pente de sa paroi nĂ©cessite la prĂ©sence d'Ă©chelles ou d'escaliers pour accĂ©der Ă  son sommet aplani mais ces dispositifs ne sont pas identifiĂ©s[B 9]. Sa fonction n'est pas dĂ©finie Ă  Évreux : il s'agit peut-ĂŞtre d'un simple renforcement de la courtine contre des tentatives de sape[B 8].

  • Vue des strates du mur gallo-romain, au niveau de l'allĂ©e des Soupirs
  • Composition au cĹ“ur du rempart.
    Composition au cœur du rempart.
  • Base en moellons calcaires puis en silex (au niveau de la plaque).
    Base en moellons calcaires puis en silex (au niveau de la plaque).
  • Les diffĂ©rentes strates.
    Les différentes strates.

Localisation

Plan des remparts.

Le rempart est assez bien connu : plusieurs tronçons ont fait l'objet de fouilles archéologiques dès le XIXe siècle, d'autres sont largement visibles dans le paysage urbain, soit utilisés comme base pour d'autres constructions, soit simplement restés à l'air libre depuis la fin de l'Antiquité. Il a la forme d'un quadrilatère irrégulier dont le grand axe est orienté N-N-O ― S-S-E.

Une partie de ce mur est visible au pied de la cathédrale le long de l'Iton. L'autre partie constitue un des murs du sous-sol du musée situé de l'autre côté.

Le rempart peut se décrire comme entourant « la cité » : à la pointe Sud, le rempart suit la fosse et le ruisseau de l'Espringale, jusqu'à la tour du même nom (à l'angle de l'allée des Soupirs et du boulevard Chambaudoin) avant de monter vers le nord le long de l'allée des Soupirs jusqu'au château (hôtel de ville) et sa cour (place de la Mairie), ceinturée de remparts. La fortification mène à la porte de Rouen, située à l'intersection de la rue de Horloge et de l'Iton, au niveau de la tour de l'Horloge, puis longe le cours de la rivière (la promenade de l'Iton) pour redescendre à la porte de Notre-Dame (rue de l'Évêché, au niveau du passage de l'Iton), proche de la cathédrale et contourne les bâtiments de l’évêché — grenier (détruit) et palais épiscopal (actuel musée) — au niveau du miroir d'eau. Le parement extérieur de la courtine (réfection datant des années 1950), dans l'angle sud-ouest de l'enceinte, s'effondre partiellement le [7].

La trame viaire d'Évreux sous le Haut-Empire est mal connue, mais l'angle sud-ouest de l'enceinte reprend le tracé de deux rues antiques qui se croisaient à angle droit à cet emplacement[B 10].

  • Localisation du mur d'enceinte, le long de la promenade de l'Iton

Notes et références

Notes

  1. Des éléments de cette première fortification sont retrouvés sur plusieurs dizaines de mètres à l'est de l'enceinte du Bas-Empire[1].

Références

  • La rĂ©organisation spatiale de cinquante-cinq villes de Gaule remparĂ©es au Bas-Empire, UniversitĂ© François-Rabelais, 2009 :
  1. Boudeau 2009, p. 127.
  2. Boudeau 2009, p. 296.
  3. Boudeau 2009, p. 62.
  4. Boudeau 2009, p. 67.
  5. Boudeau 2009, p. 72-74.
  6. Boudeau 2009, p. 76.
  7. Boudeau 2009, p. 100.
  8. Boudeau 2009, p. 97.
  9. Boudeau 2009, p. 93.
  10. Boudeau 2009, p. 138.
  • Autres rĂ©fĂ©rences :
  1. Frédéric Gerber et Florence Carré, « Évreux – Place de la République », ADLFI. Archéologie de la France - Informations,‎ (lire en ligne).
  2. Lucie Blanchemin, « Le rempart gallo-romain d'Évreux », Les Essentiels de l'Eure, DRAC Normandie, no 99,‎ (ISSN 2492-9743, lire en ligne [PDF]).
  3. Notice no PA00099407, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  4. « Une journée à Mediolanum Aulercorum » [PDF] (ISBN 2-901399-20-7, consulté le ).
  5. Robert Bedon, Pierre Pinon et Raymond Chevallier, Architecture et urbanisme en Gaule romaine : L'architecture et la ville, vol. 1, Paris, Errance, coll. « les Hespérides », , 440 p. (ISBN 2-9034-4279-7), p. 104-106.
  6. Robert Bedon, Pierre Pinon et Raymond Chevallier, Architecture et urbanisme en Gaule romaine : L'architecture et la ville, vol. 1, Paris, Errance, coll. « les Hespérides », , 440 p. (ISBN 2-9034-4279-7), p. 107.
  7. Alice Pattyn, « Une partie d’un rempart gallo-romain s’effondre près de la cathédrale d’Évreux », Paris-Normandie,‎ (lire en ligne).

Annexes

Bibliographie

  • ThĂ©odose Bonnin, Analectes historiques : Recueil de documents inĂ©dits sur l'histoire de la ville d'Évreux, Évreux, J. J. Ancelle fils, (lire en ligne).
  • Docteur Dupoux, « Carte des peuples de la Gaule indĂ©pendante vers 58 av. J.-C », Revue archĂ©ologique du Centre de la France, vol. 7, nos 7-3,‎ , p. 243-247 (lire en ligne)
  • Jasmine Boudeau, La rĂ©organisation spatiale de cinquante-cinq villes de Gaule remparĂ©es au Bas-Empire : thèse pour obtenir le grade de Docteur en Histoire, spĂ©cialitĂ© ArchĂ©ologie, vol. I, Annexes I et II, Tours, UniversitĂ© François-Rabelais, , 212, 338 et 289 (lire en ligne [PDF]).

Articles connexes

Liens externes


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