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Redskin

À l'origine et avant d'être une mouvance essaimant dans le monde entier autour des scènes skinhead/punk/alternatives, le terme redskin (littéralement « peau rouge ») fait référence au groupe de soul-rock britannique The Redskins (1979-1986), dont plusieurs membres appartenaient au Socialist Workers Party (trotskiste) et en étaient même pour certains des permanents. Le nom vient d'une bande de skinheads de Sheffield gravitant autour du minuscule Parti communiste de Grande-Bretagne. Le groupe, qui tient un discours révolutionnaire et internationaliste sur fond de musique soul mâtinée de punk rock, passera la majorité de sa courte carrière à soutenir l'opposition au Premier ministre libéral Margaret Thatcher.

Redskin
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Idéologie

En France, l'émergence de cette mouvance est intimement liée à celle de la scène communément appelée « rock alternatif », qui regroupe à partir de la première moitié des années 1980 jusqu'au début des années 1990 des groupes de différents styles (punk, oi!, ska, reggae-dub, etc.) par le positionnement politico-social (anti-raciste, antifasciste, internationaliste, etc.) et les pratiques extra-musicales (auto-production, auto-édition, réseau de labels et fanzines, politique de prix accessibles, etc.), s'appuyant également sur le phénomène de « bandes » qui prend un nouvel essor dans les années 1980.

Histoire

Le mouvement redskin est apparu en France et petit à petit internationalement à partir du milieu des années 1980 et au début des années 1990. Littéralement « peaux-rouges » et désignés comme « skins communistes », ils sont une branche activiste du mouvement alternatif (mélange contre-culturel sur une base active ou militante de gauche révolutionnaire). Ce mouvement est né en opposition radicale à l'activisme violent et aux dérives des skinheads d'extrême-droite dont la scène et les groupes se développaient à la même période. Marqué à gauche et à l'extrême-gauche, le mouvement redskin s'oriente politiquement vers l'antifascisme radical et de rue, l'anti-impérialisme, l'anti-autoritarisme, l'anti-sexisme et l'anticapitalisme révolutionnaire.

Ses membres sont souvent acteurs de différentes organisations marxistes, anarchistes, anarcho-communistes ou syndicalistes-révolutionnaires et des scènes alternatives dont ils utilisent les outils (concerts, fanzines, émissions de radio, sound-systems, etc.) et les méthodes traditionnelles (Do It Yourself (auto-organisation), collectifs indépendants, mutualisation des ressources). Ils se rattachent plus largement aux mouvements SHARP (Skinheads Against Racial Prejudice) et surtout RASH (Red and Anarchist Skinheads), dont ils sont largement à l'origine de l'implantation en France et en Europe (Allemagne, Espagne, Italie, etc.).

MĂŞme si l'aspect des premiers redskins Ă©tait Ă  peu près semblable Ă  celui des skinheads, il se diffĂ©renciait cependant — notamment en France — par le port de lacets rouges Ă  l'instar des skinheads du KLAN, bande de skinheads parisien d'extrĂŞme droite, et de badges et/ou patchs en rapport avec le communisme, l'anarchisme et les luttes sociales, ainsi que par des tenues mĂ©langeant parfois ou empruntant Ă  plusieurs styles (skinhead, psychobilly, rock alternatif, etc.) de façon « plus punk ». Ă€ cette Ă©poque (milieu 1980 - fin 1980), les coupes de cheveux Ă©taient souvent diffĂ©rentes, les redskins ayant gĂ©nĂ©ralement un peu plus de cheveux sur la tĂŞte que leurs ennemis pour s'en diffĂ©rencier (coupes en « tremplin » ou « bananes » courtes stylisĂ©es rappelant les scènes nĂ©o-rockabilly et psychobilly), contrairement aux skinheads qui Ă©taient rasĂ©s Ă  blanc. Il leur arrivait aussi de porter leur blouson bomber avec la doublure (de couleur orange) vers l’extĂ©rieur pour se diffĂ©rencier ou se reconnaĂ®tre Ă  diverses occasions, notamment lors des frĂ©quents affrontements avec les skinheads.

À partir des années 1990, avec le déclin de la vague « alternative » et à la faveur de divers « revival » (ska, streetpunk), les codes vestimentaires et capillaires, mais aussi le positionnement par rapport à la scène skinhead ont changé. Reprenant intégralement le look classique de la mouvance skinhead et intégrant à part entière sa scène socio-musicale non-raciste/fasciste/nationaliste, le mouvement redskin se différencie surtout par son activité. Les redskins agissent dans et autour des scènes alternatives (Oi!/streetpunk, punk, Hard-Core, ska/rocksteady, etc.) ainsi que dans la rue afin de ne permettre aucune pénétration ou récupération à la droite et à l'extrême droite. L'action directe est souvent privilégiée mais aussi la contre-culture (mouvement culturel contestataire opposé à la culture dominante, bourgeoise et capitaliste), le devoir de mémoire (diffuser et honorer la mémoire ouvrière et militante, antifasciste et internationaliste, ainsi que l'Histoire) et le relai d'informations sur les luttes sociales et les résistances populaires, etc.

Une des bandes de redskins parisiens des années 1980 se fit médiatiquement remarquer sous le nom de Red Warriors. Le symbole de cette bande était la faucille et la batte de baseball, détournement du symbole communiste de la faucille et du marteau. Cette bande, composée d'un noyau dur d'une quinzaine de personnes, affrontant les skinheads autour des salles de concerts et dans les rues de Paris, accompagnée parfois d'autres bandes ou groupes antifascistes.

Catégories

Tous les redskins ne se considèrent pas pour autant comme des skinheads. Si la majeure partie peut effectivement être rattachée aux skinheads (musiques, styles vestimentaire et de vie, etc.), il subsiste un petit courant plus proche des origines moins « strictes » et qui n'en reste qu'à la marge ou s'en éloigne même parfois au niveau culturel (investissement dans le rap et la culture B-Boy), ne cultivant souvent alors qu'une solidarité de principe et un lien social et politique régulier mais pas nécessairement permanent avec les redskins de tendance « red skinhead ».

Depuis la fin des années 1980, les redskins ont « grandi » et possèdent aujourd’hui, toutes sensibilités confondues, leur propre scène musicale avec ses labels et groupes de musique, les moyens d'activités politiques et contre-culturelles (fanzines, sites internet, sound systems) — ainsi parfois qu'un look propre — qui se démarquent de l'époque précédente. Pour certains, on notera le mélange du style skinhead avec ceux attachés à la culture hip-hop et, pour d'autres, aux mouvances ultra, hooligan et casual rencontrées autour du football. De nombreux groupes redskins sont aujourd'hui fédérés internationalement autour du RASH (Red and Anarchist Skinheads) ou entretiennent divers liens à travers cette étiquette. Leur visibilité et leurs activités sont fonction — comme pour tout phénomène socio-politico-culturel — de l'actualité internationale, des contextes nationaux, régionaux et locaux, mais la scène appelée désormais communément « red », parfois à un apogée ou plus en retrait selon le pays, la région ou la ville, apparait désormais comme un phénomène durable inscrit dans le temps.

À noter que certains SHARP (Skinheads Against Racial Prejudice) et RASH (Red and Anarchist Skinheads) et d'autres redskins se revendiquent indépendantistes, voire nationalistes dans le cas de peuples ou nations sans états. Ceci s'explique par l'existence de deux nationalismes différents et contradictoires :

  • un nationalisme rĂ©actionnaire et classiquement d'extrĂŞme-droite (primautĂ© de la nation, valeur structurelle du cadre, mythe des origines, culte de la force ou de la puissance, autoritarisme, prĂ©dominance du sang sur le sol et/ou de la race sur la culture, centralisation autour du chef et contrĂ´le imposĂ© du haut vers le bas, sociĂ©tĂ© policière, dĂ©finition des cultures populaires de manière traditionaliste et non-participative (folklore), rejet et rĂ©pression des rĂ©sistances d'extrĂŞme gauche, etc.), auquel se rattachent skinheads nationalistes et skinheads nĂ©ofascistes/nĂ©onazis.
  • un autre de gauche radicale ou d'extrĂŞme gauche, strictement opposĂ© au premier (droit des peuples Ă  disposer d'eux-mĂŞmes et anti-colonialisme, libertĂ© linguistique, culturelle, sociale et politique pour la nation dĂ©finie comme l'espace historique et dialectique d'une communautĂ© de destin et une entitĂ© culturelle souple en rapport avec l'histoire, rejet de la notion de « race » (car considĂ©rĂ©e comme inexistante au niveau biologique, puisque tous les humains peuvent se reproduire entre eux et que la race, au sens taxinomique, relève donc de l'espèce tout entière, les diffĂ©rences visibles ne relevant que de parcours historiques diffĂ©renciĂ©s), rĂ©appropriation du pouvoir dĂ©cisionnel et populaire contre la primautĂ© des bourgeoisies locale et supra-nationale, anti-impĂ©rialisme, etc.), auquel se rattachent certains redskins et autres skinheads engagĂ©s Ă  gauche, en particulier au sein de minoritĂ©s en lutte pour la reconnaissance culturelle ou leur indĂ©pendance : Basques, Bretons, Catalans, Occitans, Corses, Irlandais, QuĂ©bĂ©cois, etc.

(Voir nationalisme de gauche.)

Les slogans « Occitània antifascista » ou « Euskadi antifeixista » seront ainsi régulièrement aperçus sur des pages Web et des tee-shirts, patchs, autocollants ou affiches au sud de l'État français. Il en va de même pour divers peuples sans état en dehors de l’État français, notamment en Catalogne, Pays basque sud ou Galice. Selon les bases classiques de la solidarité internationale, ce positionnement s'accompagne en règle générale du soutien affirmé à d'autres minorités opprimées (Palestiniens, Amérindiens, Nord-Irlandais, Kurdes, etc.), considérées comme des peuples frères d'émancipation.

Bandes de redskins

  • Red Warriors
  • Lenin Killers
  • Redskins Limoges
  • Red Action Skinhead
  • No Vacancy

Bibliographie et sources

Articles connexes

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