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Raymond Préfontaine

Joseph Raymond Fournier Préfontaine, né le à Longueuil (Québec) et mort le à Paris (1er arrondissement) en France, est un avocat et homme politique québécois[1]. Il fut maire de Montréal de 1898 à 1902 et joua un rôle important dans la modernisation des infrastructures de la ville.

Raymond Préfontaine
Illustration.
Fonctions
25e Maire de Montréal
–
(4 ans)
Prédécesseur Richard Wilson-Smith
Successeur James Cochrane
Député à la Chambre des communes
–
(1 an, 7 mois et 29 jours)
Circonscription Terrebonne
Prédécesseur Léon Adolphe Chauvin
Successeur Samuel Desjardins
–
(9 ans, 6 mois et 2 jours)
Circonscription Maisonneuve
Prédécesseur Premier titulaire
Successeur Alphonse Verville
–
(9 ans, 10 mois et 24 jours)
Circonscription Chambly
Prédécesseur Pierre-Basile Benoit
Successeur Christophe Alphonse Geoffrion
Député à l'Assemblée nationale du Québec
–
(2 ans, 5 mois et 6 jours)
Circonscription Chambly
Prédécesseur Michel-Dosithée-Stanislas Martel
Successeur Michel-Dosithée-Stanislas Martel
–
(2 ans, 9 mois et 24 jours)
Circonscription Chambly
Prédécesseur Gédéon Larocque
Successeur Michel-Dosithée-Stanislas Martel
Ministre de la Marine et des PĂŞcheries
–
(3 ans, 1 mois et 14 jours)
Premier ministre Wilfrid Laurier
Prédécesseur James Sutherland
Successeur Wilfrid Laurier (Intérim)
Louis-Philippe Brodeur
Biographie
Nom de naissance Joseph Raymond Fournier Préfontaine
Date de naissance
Lieu de naissance Longueuil, Canada-Est
Date de dĂ©cès (Ă  55 ans)
Lieu de décès Paris, France
Sépulture Cimetière Notre-Dame-des-Neiges
Nationalité Drapeau du Canada Canadienne
Parti politique Parti libéral du Québec
Parti libéral du Canada
Père Toussaint Fournier, dit Préfontaine
Mère Ursule Lamarre
Diplômé de Université McGill
Profession Avocat

Biographie

Enfance et Ă©tudes

Descendant direct du pionnier de la Nouvelle-France Antoine Fournier dit Préfontaine (1663-1702)[2], Raymond Préfontaine est le fils de Toussaint Fournier, dit Préfontaine, un agriculteur aisé de la région de Longueuil, et d’Ursule Lamarre. Après son cours primaire, il entre, en 1863, au collège Sainte-Marie, à Montréal, afin d'y poursuivre ses études secondaires. Il obtient son baccalauréat en 1870. Il étudie ensuite le droit à l'Université McGill. Il sera stagiaire dans le bureau d'avocat d’Antoine-Aimé Dorion et de Christophe-Alphonse Geoffrion. Il devient membre du Barreau le [1].

Carrière politique

Préfontaine exerce d'abord sa profession d'avocat au bureau de John Adams Perkins et de Donald Macmaster. Il pratiquera son métier jusqu'à sa mort, en ayant d'innombrables associés, dont certains sont prestigieux, comme Lomer Gouin[1]. La carrière juridique sera pour lui, comme pour bien d'autres en son temps, une voie royale vers la politique.

Selon l'historien Paul-AndrĂ© Linteau, PrĂ©fontaine est l'exemple par excellence de ces politiciens qui font de la politique une « vĂ©ritable profession qui se pratique Ă  deux ou mĂŞme trois niveaux de gouvernement. En outre, le mandat municipal est souvent exercĂ© concurremment Ă  celui du niveau supĂ©rieur[3] Â».

Il commence sa carrière politique sur la scène provinciale. En 1875, il est élu député libéral à l’Assemblée législative. Il est défait en 1878, réélu en 1879 et défait à nouveau en 1881[1].

En 1886, il se fait Ă©lire Ă  la Chambre des communes du Canada pour le district de Chambly lors de l'Ă©lection partielle du , Il sera rĂ©Ă©lu en 1887 et en 1891 dans la mĂŞme circonscription, puis dans Maisonneuve en 1896 et dans Maisonneuve et Terrebonne en 1900. Selon Michèle Brassard et Jean Hamelin, il est, « au tournant du vingtième siècle (...) l'un des principaux chefs au sein du parti de Wilfrid Laurier[1]. Â»

Maire d'Hochelaga

Dessin illustrant Raymond Préfontaine.

En 1876, il Ă©pouse la fille de Jean-Baptiste Rolland, libraire, papetier et surtout promoteur immobilier dans la municipalitĂ© d'Hochelaga. Cette union donna une inflexion dĂ©cisive Ă  sa carrière politique. Elle l'a « introduit dans le monde des affaires et lui rĂ©vèle les potentialitĂ©s du pouvoir municipal comme levier pour rentabiliser le capital foncier, dont la valeur et les revenus sont fonction de la qualitĂ© des services publics et de l’environnement[1] Â». Dès lors, au cours des deux prochaines dĂ©cennies, son théâtre d'opĂ©rations principal sera la scène municipale montrĂ©alaise.

Le , PrĂ©fontaine est Ă©lu conseiller d’Hochelaga. Il sera bientĂ´t choisi comme maire et comme prĂ©sident du comitĂ© des finances. Il se montre particulièrement dynamique dans le cadre de ses fonctions : amĂ©lioration des services publics, Ă©largissement et rĂ©fection des chemins et des rues, prolongation du tramway vers l’est, embellissement des espaces publics. De plus, il veille Ă  la bonne gestion des deniers publics[1].

Souhaitant le rattachement d'Hochelaga Ă  la ville de MontrĂ©al, il l'obtiendra de haute lutte, et après bien des compromis, en 1883. Le , Hochelaga est Ă©rigĂ© en ville et une partie de son territoire devient le quartier montrĂ©alais d’Hochelaga, qui enverra trois reprĂ©sentants Ă  l’hĂ´tel de ville. « MontrĂ©al assume la dette d’Hochelaga, garde ses employĂ©s civils, s’engage Ă  parachever les systèmes d’aqueduc et d’égout, Ă  assurer un service de tramway et Ă  respecter les exemptions de taxes consenties Ă  certaines entreprises. Â» Le , le Parlement provincial constitue en municipalitĂ© de Maisonneuve la partie non annexĂ©e d’Hochelaga. Quelques jours plus tĂ´t, le 21, PrĂ©fontaine avait Ă©tĂ© dĂ©signĂ© comme Ă©chevin du quartier Hochelaga Ă  l’hĂ´tel de ville[1].

Maire de Montréal

Raymond Préfontaine

En 1889, Ă  la suite des manigances rĂ©ussies de politiciens libĂ©raux qui prennent le contrĂ´le de certains comitĂ©s de la ville de MontrĂ©al, PrĂ©fontaine devient prĂ©sident du comitĂ© des chemins, un des postes les plus influents de l'administration municipale. Il restera sa tĂŞte jusqu'en 1898. Rappelons que le poste de prĂ©sident du comitĂ© des chemins « est le plus convoitĂ© par les partis politiques car, Ă  l’instar d’un ministère des Travaux publics, il est un lieu oĂą l’on concilie l’intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral et l’intĂ©rĂŞt des quartiers et oĂą se nĂ©gocient les ristournes sur les plantureux contrats, de mĂŞme que les privilèges et les subventions accordĂ©es aux entreprises[1] Â».

Durant la dĂ©cennie 1890, c’est un triumvirat libĂ©ral qui domine l’hĂ´tel de ville : PrĂ©fontaine Ă  la voirie, ClĂ©ophas Beausoleil, dĂ©putĂ© fĂ©dĂ©ral de Berthier, Ă  la santĂ©, et Henri-Benjamin Rainville, dĂ©putĂ© de MontrĂ©al, Ă  l’éclairage, puis aux finances[1].

PrĂ©fontaine met sur pied une machine politique particulièrement bien rodĂ©e. Il n'hĂ©site pas Ă  verser dans le populisme afin d'obtenir l'appui de la classe ouvrière : « il utilise les travaux d’hiver pour maintenir le niveau de l’emploi durant la saison morte (...)[1] Â». « Il devient très populaire car il milite contre la corvĂ©e, distribue des emplois aux journaliers et se pose comme le dĂ©fenseur du petit propriĂ©taire canadien-français[4]. »

Le fait que PrĂ©fontaine ait Ă©tĂ© un politicien soucieux principalement de ses intĂ©rĂŞts propres et de ceux de son parti, ne doit pas masquer le fait que, dans son approche de dĂ©veloppement de la ville, il ait eu un cĂ´tĂ© visionnaire. Le visage de la ville changea considĂ©rablement Ă  la suite de la mise en Ĺ“uvre de ses politiques. PrĂ©fontaine joua un rĂ´le essentiel dans la modernisation des infrastructures de la ville. Il « procède systĂ©matiquement Ă  l’amĂ©lioration des rues et Ă  l’embellissement de la ville (...). De grandes artères sont empierrĂ©es avec des blocs de granit, asphaltĂ©es ou recouvertes de blocs en bois. Des trottoirs en matĂ©riaux plus durables que le bois sont installĂ©s en permanence. On perce des tunnels ; on installe un système d’éclairage Ă  arc Ă©lectrique et Ă  lumière incandescente ; on pose des lignes de tramway Ă©lectrique ; on embellit les places et les parcs[1]. Â»

Un mouvement rĂ©formiste apparaĂ®t au dĂ©but des annĂ©es 1890, autour de George Washington Stephens, porte-parole des riches quartiers anglophones. On reproche Ă  l'influent prĂ©sident du comitĂ© des chemins les coĂ»ts exorbitants de ces travaux. PrĂ©fontaine sera quand mĂŞme Ă©lu maire de MontrĂ©al le 1er . « Mais il ne dĂ©ploie pas sur la scène municipale la mĂŞme vitalitĂ© comme maire que comme Ă©chevin.» Durant son mandat de maire, il devra subir les attaques des rĂ©formistes qui dĂ©noncent la collusion, les conflits d'intĂ©rĂŞts, le favoritisme qui règneraient Ă  l'hĂ´tel de ville. Ses ennemis dĂ©voilent alors certains scandales, qui forcent la tenue d'enquĂŞtes publiques[1].

Une commission entreprend ensuite la réforme du système d’administration et de taxation de Montréal. Une nouvelle charte est adoptée par le gouvernement québécois, introduisant un mode de gouvernement plus moderne et augmentant les pouvoirs du maire. Réélu en 1900, Préfontaine ne se représente pas aux élections de 1902[1].

Retour sur la scène fédérale

Après son départ de la scène montréalaise, Préfontaine accepte le poste de ministre de la Marine et des Pêcheries que lui offre le premier ministre fédéral Wilfrid Laurier. Il sera par la suite élu comme député, à l'élection partielle du , dans la circonscription de Maisonneuve, qui devint vacante lors de sa nomination. Il sera réélu dans le même comté en 1904[1].

Le nouveau ministre se montre particulièrement dynamique dans ses fonctions. Le bilan de ses trois annĂ©es comme titulaire de la Marine et des PĂŞcheries est significatif : « Il approuve les expĂ©riences de la navigation d’hiver et le programme d’installation de bouĂ©es lumineuses dans le chenal du Saint-Laurent. Il nomme un commissaire chargĂ© de prĂ©sider toutes les enquĂŞtes sur les sinistres maritimes en lieu et place des commissaires des havres. Il envoie le capitaine Joseph-ElzĂ©ar Bernier faire des explorations dans l’Arctique pour raffermir les droits du Canada dans cette rĂ©gion. En 1905, il se rend en Grande-Bretagne et en France, entre autres pour promouvoir l’établissement d’une liaison maritime MontrĂ©al-Marseille[1].»

Fin de vie Ă  Paris

Monument funéraire, au cimetière Notre-Dame-des-Neiges.

Alors qu'il était en mission officielle en France, Raymond Préfontaine meurt d'une angine de poitrine le à Paris, à l'hôtel Continental au 3 rue de Castiglione (1er arrondissement)[5]. « La France lui fait des funérailles à la Madeleine et un cuirassé britannique transporte sa dépouille à Halifax »[1]. À son retour au pays, sa dépouille est enterrée au Cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal[6].

Notes et références

  1. Michèle Brassard et Jean Hamelin, « PRÉFONTAINE, RAYMOND », Dictionnaire biographique du Canada, vol. Volume XIII (1901-1910),‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Né et baptisé le à Beaumont-sur-Oise dans l'actuel Val-d'Oise et arrivé en Nouvelle-France en 1687.
  3. Paul-André Linteau, « Le personnel politique de Montréal, 1880-1914 : évolution d’une élite municipale », Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 52, no 2,‎ , p. 21
  4. « Raymond Préfontaine (1898-1902) », sur Exposition La démocratie à Montréal, de 1830 à nos jours (Ville de Montréal)
  5. Registre d'état civil du 1er arrondissement de Paris, acte de décès n°1015 en date du , Archives de Paris.
  6. Répertoire des personnages inhumés au cimetière ayant marqué l'histoire de notre société, Montréal, Cimetière Notre-Dame-des-Neiges, 44 p.

Bibliographie

Voir aussi

Liens externes

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