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Ramon Rufat

RamĂłn Rufat Llop, nĂ© Ă  Maella le et mort Ă  Vilanova y la GeltrĂș le , est un militant anarcho-syndicaliste, agent des services secrets rĂ©publicains pendant la guerre d'Espagne et combattant anti-franquiste.

Ramon Rufat
Fonctions
Secrétaire-général de le CNT de l'intérieur Vice-secrétaire du Mouvement libertaire
Biographie
Naissance

Maella, Aragon, Espagne
DĂ©cĂšs
(Ă  76 ans)
Vilanova i la GeltrĂș, Catalogne, Espagne
Pseudonyme
R2
Nationalité
Activités
Enfant
Pierre Rufat, HĂ©lĂšne Rufat PerellĂł
Autres informations
Organisation
Conflit
Mouvement
Lieu de détention

Biographie

Engagement anarcho-syndicaliste

Fils d’un maçon aragonais, sa mĂšre dĂ©cĂšde de la grippe de 1918 alors qu’il a 20 mois. En 1926, il est envoyĂ© suivre l’enseignement gratuit Ă  Calanda, dans la province de Teruel. Peu de temps avant les Ă©lections de , Ramon Rufat rejoint les Jeunesses Libertaires.

Lors du soulÚvement fasciste, il va à Barcelone en pour rejoindre la colonne Durruti[1] des miliciens de la Confédération Nationale du Travail (CNT) qui partent libérer Saragosse (Aragon). En , il est l'un des fondateurs de "Los Hijos de la Noche"[2] sur les fronts d'Aragon et de Catalogne[3], un groupe spécial qui devient en 1937 le Service Spécial d'Information Périphérique (SIEP)[4]. Rufat est l'un des 17 membres[5] de ce groupe le plus sélectif des services d'intelligence de la Seconde République Espagnole[6].

Entre et , il effectue plus de 50 missions d'incursion derriĂšre les lignes fascistes d'Aragon et de Catalogne[7]. Il recueille des renseignements en se faisant passer pour un officier fasciste, mais en refusant toujours de tuer ou de blesser quiconque[8]. Peu Ă  peu, il constitue et anime un vaste rĂ©seau d’agents clandestins, de passeurs et d’exfiltration de militants et de familles coincĂ©s en zone fasciste[9]. Ses renseignements ont contribuĂ© aux tentatives d’assassinat de Francisco Franco Ă  Salamanque en janvier 1937 puis pendant les obsĂšques d’Emilio Mola en [10]. Sur le front du Levant, les informations qu’il fournit Ă  l’armĂ©e rĂ©publicaine sont essentielles pour les offensives de Saragosse ( et ), la Bataille de Belchite (), la Bataille de Teruel (), l’Offensive d'Aragon (), puis la Bataille de l'Èbre ()[11].

Sachant la guerre perdue dĂšs l'automne 1938, Rufat refuse pourtant d’abandonner le combat. Il est dĂ©noncĂ© puis capturĂ© par les fascistes alors qu’il traverse le Guadalaviar (Turia) dans la Sierra de AlbarracĂ­n au dĂ©but de l’Offensive de Catalogne le [9].

Clandestinité et résistance intérieure

La presse a joué un rÎle important dans la diffusion des idées libertaires en Espagne, y compris clandestinement pendant la dictature.

Le , il est condamnĂ© Ă  deux peines de mort, l'une pour "espionnage" et l'autre pour "perversitĂ©" en raison de son activitĂ© politique[12]. En , la Croix-Rouge de Belgique fournit Ă  l’Espagne un bateau de vivres en Ă©change d’une liste de 100 personnes Ă  gracier. Rufat figure dans le haut de la liste, sa peine est commuĂ©e Ă  la prison Ă  vie[13]. AprĂšs plusieurs camps de concentration, interrogatoires, tortures et simulacres d'exĂ©cution[14], il parvient Ă  falsifier son dossier pĂ©nitentiaire et Ă  sortir sous libertĂ© conditionnelle le [15]. Il se rend le jour mĂȘme au ComitĂ© national de la CNT, avec lequel il est restĂ© en contact pendant son incarcĂ©ration. Il est immĂ©diatement dĂ©signĂ© vice-secrĂ©taire du Mouvement Libertaire, une structure de coordination qui rĂ©unit la ConfĂ©dĂ©ration nationale du travail (CNT), la FĂ©dĂ©ration anarchiste ibĂ©rique (FAI) et la FĂ©dĂ©ration ibĂ©rique des jeunesses libertaires (FIJL).

Également chargĂ© de la propagande, il relance les publications clandestines de la rĂ©sistance intĂ©rieure du Mouvement Libertaire et de la CNT, en particulier Solidaridad Obrera, Fragua Social, Tierra y Libertad qui avaient Ă©tĂ© interdits[16]. En , la CNT-ML (intĂ©rieur) tient clandestinement son congrĂšs national Ă  Carabaña (environs de Madrid) avec de nombreux dĂ©lĂ©guĂ©s rĂ©gionaux et rĂ©affirme la ligne d'union antifasciste[17]. Cela se traduit par sa participation Ă  l’Alliance Nationale des Forces DĂ©mocratiques (ANFD) et la dĂ©signation de Horacio Prieto et de JosĂ© Exposito Leiva comme reprĂ©sentants de la CNT au gouvernement rĂ©publicain en exil de JosĂ© Giral[18]. C’est « l’ñge d’or » de la rĂ©sistance anarchiste au franquisme, avec une large diffusion de la presse clandestine en rĂ©gions, les premiĂšres grandes grĂšves en 1945 Ă  Barcelone puis en Biscaye, les premiĂšres manifestations, puis la reprise de la guĂ©rilla urbaine, notamment avec des attaques de banques[19].

AprĂšs l'arrestation de Siegfried CatalĂĄn, il devient secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la CNT[20]. Il poursuit la lutte rĂ©volutionnaire dans la clandestinitĂ©[21] jusqu'Ă  son arrestation en mĂȘme temps que la majeure partie du neuviĂšme ComitĂ© national le Ă  Madrid par la Brigade politico-sociale franquiste[22].

"Toute l'Espagne est une prison"[15]

Rufat est condamnĂ© par le conseil de guerre du Ă  20 ans de prison[23]. InterrogĂ© et torturĂ© Ă  Madrid, il est ensuite incarcĂ©rĂ© dans les prisons d'AlcalĂĄ de Henares, Ocaña, puis 11 ans Ă  El Dueso. Jusqu'Ă  sept comitĂ©s nationaux de la CNT se retrouveront simultanĂ©ment Ă  la prison d’Ocaña. La rĂ©sistance anarchiste continue de s’organiser de l’intĂ©rieur des prisons franquistes. Obtenant la libertĂ© provisoire en 1958, 20 ans aprĂšs son arrestation en 1938, il s'Ă©chappe pour recommencer une nouvelle vie en France.

L'exil et la protection des réfugiés

En France, il travaille pour l'Office de protection des rĂ©fugiĂ©s politiques (OFPRA) du MinistĂšre des Affaires Ă©trangĂšres[24]. Il participe Ă  la crĂ©ation des revues PolĂ©mica[25] et Anthropos[26] et publie dans de nombreuses autres revues en français et en espagnol. De retour Ă  Barcelone en 1976, aprĂšs la mort de Franco, il dĂ©couvre que, selon les archives, il aurait Ă©tĂ© fusillĂ© Ă  deux reprises en 1938 et en 1940. Il a alors bien du mal Ă  faire reconnaĂźtre aux nouvelles institutions dĂ©mocratiques que, malgrĂ© ses activitĂ©s clandestines, il est toujours en vie[27]. Ce qui le conduit Ă  consacrer la fin de sa vie Ă  Ă©crire « l’histoire des vaincus »[9], notamment en collaborant Ă  la BibliothĂšque de documentation internationale contemporaine (BDIC) de l’UniversitĂ© de Nanterre[28]. Beaucoup de ses manuscrits, textes et mĂ©moires restent non publiĂ©s bien qu'il ait remportĂ© le premier prix Juan GarcĂ­a DurĂĄn en 1986[29].

Ouvrages

  • La filosofĂ­a del yo y del nosotros (1958)
  • En las prisiones de España (1966) 1Ăšre Ă©dition, Mexico
  • Entre los hijos de la noche (1986) Prix Juan GarcĂ­a DurĂĄn
  • Espions de la RĂ©publique (1990)
  • La oposiciĂłn libertaria al rĂ©gimen de Franco (1993)
  • En las prisiones de España (2003) Edition revue et augmentĂ©e, Saragosse

Notes et références

  1. JoĂ«l Delhom, « Inventario provisorio de las memorias anarquistas y anarcosindicalistas españolas », Cahiers de civilisation espagnole contemporaine, no 4,‎ (ISSN 1957-7761, DOI 10.4000/ccec.2677, lire en ligne, consultĂ© le )
  2. Rufat, RamĂłn, « El SIEP, Servicio de Inteligencia Especial PerifĂ©rico o Servicio de Espionaje Republicano durante la guerra civil », PolĂ©mica, vol. 22-25,‎ (lire en ligne)
  3. Gimenez, Antoine, (1910-1982)., Les fils de la nuit. tome 1, Souvenirs de la guerre d'Espagne, 19 juillet 1936-9 fĂ©vrier 1939 : tome II, À la recherche des fils de la nuit : par les GimĂ©nologues., Paris, Libertaria & et les GimĂ©nologues, cop. 2016, 994 p. (ISBN 978-2-918059-74-5 et 2918059749, OCLC 959926417, lire en ligne)
  4. « François Vidal / Francisco PonzĂĄn, directeur du Service d’informations spĂ©ciales pĂ©riphĂ©riques (SIEP) », sur http://maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr/spip.php?article158656, BNF - Les FusillĂ©s 1940-1944,
  5. « L’action des guĂ©rilleros anarchistes en Aragon 1936-1937 », sur gimenologues.org,
  6. HernĂĄn RodrĂ­guez Velasco, « El espionaje militar republicano durante la Guerra Civil Española », Diacronie, no N° 28, 4,‎ (ISSN 2038-0925, DOI 10.4000/diacronie.4686, lire en ligne, consultĂ© le )
  7. « Le service secret de l'armée républicaine espagnole »,
  8. Ramon Rufat, « Le service d'espionnage de l'ArmĂ©e rĂ©publicaine pendant la Guerre Civile espagnole de 1936-1939 », MatĂ©riaux pour l'histoire de notre temps, vol. 3, no 1,‎ , p. 68–70 (DOI 10.3406/mat.1985.403920, lire en ligne, consultĂ© le )
  9. Ramon Rufat (trad. de l'espagnol), Espions de la République : mémoires d'un agent secret pendant la guerre d'Espagne, Paris, Allia, , 356 p. (ISBN 2-904235-28-0 et 9782904235283, OCLC 417668947, lire en ligne)
  10. « Los 17 intentos de matar a Franco », sur Politico,
  11. « Los de la sierra. Dictionnaire des guérilleros et résistants antifranquistes »,
  12. Ricardo BarcelĂł, « RamĂłn Rufat es sĂ­mbolo de una generaciĂłn rota por el franquismo », El PeriĂłdico de AragĂł,‎ (lire en ligne)
  13. Fernando Rueda, « El espĂ­a que “murió” dos veces », Historia de Iberia Vieja,‎ (lire en ligne)
  14. « A la recherche des Fils de la nuit », sur hypotheses.org,
  15. Ramón Rufat, En las prisiones de España, Saragosse, Fundacion Bernardo Aladrén, (ISBN 84-933202-1-8 et 9788493320218, OCLC 85184498, lire en ligne)
  16. (es) Fundación Salvador Seguí, La oposición libertaria al régimen de Franco : memorias de las III Jornadas Internacionales de Debate Libertario., Madrid, Fundación Salvador Seguí, , 918 p. (ISBN 84-87218-11-3 et 9788487218118, OCLC 31875672, lire en ligne)
  17. R. B., « Il y a quatre-vingts ans, la rĂ©volution espagnole », Le Monde Libertaire,‎ (lire en ligne)
  18. Freddy Gomez, « L’exil libertaire espagnol », sur Association 24 aoĂ»t 1944,
  19. « La CNT aprÚs Franco 1939-1984 », sur Fondation Besnard,
  20. Mariano GarcĂ­a, « Una historia de guerrilleros, hĂ©roes y perdedores », Heraldo de AragĂłn,‎ (lire en ligne)
  21. « Anarquismo: Ramon Rufat Llop (1916-1993)». », sur Autogestion Acrata,
  22. Fernando Rueda, « El espĂ­a que “murió” dos veces », Historia de Iberia Vieja,‎ (lire en ligne)
  23. « En las prisiones de España »,
  24. « Chronologie de l’anarchisme et des mouvements et activitĂ©s utopiques, autogestionnaires et libertaires espagnols (1936-1975) »,
  25. « Revista Polemica »
  26. « Revue Anthropos »
  27. Rosa Cullell, « Un ex espĂ­a de la Generalitat que depende de 'la gracia' del presidente Pujol para conseguir una pensiĂłn », El Pais,‎ (lire en ligne)
  28. Francisco Carrasquer Launeda, « RamĂłn Rufat Llop, otro aragonĂ©s de valor noble ya doblado », Alazet. Revista de FilologĂ­a, no 5,‎ , p. 213-215 (ISSN 2445-0588, lire en ligne)
  29. Ramon Rufat, « Juan Garcia DurĂ n... in memorian », MatĂ©riaux pour l'histoire de notre temps, vol. 7, no 1,‎ , p. 50–50 (DOI 10.3406/mat.1986.401446, lire en ligne, consultĂ© le )

Voir aussi

Liens externes

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