Ralph Soupault

Ralph Soupault est fils et petit-fils d'instituteurs. Il est nourri à la fois de l'histoire de la contre-révolution vendéenne et d'idées socialistes et laïques (par son père, instituteur)[2]. Boursier au Lycée Condorcet en 1914, il appartient au groupement universitaire des « Amis du Populaire » et participe aux affrontements de rue contre les militants de l'Action française[2].

Après des études à l'École nationale supérieure des arts décoratifs et aux Beaux-Arts de Paris, il publie son premier dessin dans le quotidien communiste L'Humanité en juillet 1921, à 17 ans, avant de collaborer au Journal du Peuple, aux Hommes du Jour, ainsi qu'à un quotidien d'information, Le Petit Parisien, etc.

En 1926, il revient de son service militaire farouchement nationaliste[2] et se rapproche des maurrassiens : il publie dans Le Charivari, L'Action Française, Courrier royal. Il participe aux fêtes annuelles des Camelots du roi au début des années 1930[3]. Il publie aussi ses dessins dans d'autres hebdomadaires de droite et d'extrême droite (Gringoire, Je suis partout, à partir de 1937, L'Insurgé, dont il est l'un des fondateurs en 1937[4]) et à des publications comme Comœdia (à partir de 1930) ou Le Rire. Il publie aussi quelques textes. Ainsi, cet habitant de Montmartre décrit en 1931 dans Comœdia l'importance dans ce quartier des noirs, musiciens de jazz ou danseurs mondains[5]. Ou bien la même année une réunion tenue à Paris par Gandhi[6].

À la suite de la réélection comme député de la Seine en 1936 de Jacques Doriot, dissident du parti communiste, et fondateur du Parti populaire français (PPF), Soupault rallie ce mouvement d'extrême droite, de tendance fasciste, après avoir adhéré à l'Action française deux semaines auparavant, en novembre 1936[6]. Selon Pierre-Antoine Cousteau, Soupault a été un ligueur d'Action française avant d'adhérer au PPF début 1937[7]. Soupault participe à des réunions et à des fêtes de sections parisiennes du PPF à la fin des années 1930[8]. L'Action française continue à publier ponctuellement des dessins de Soupault[9] et ce dernier participe en 1939 à une « matinée artistique » des amis de l'AF d'Asnières[10].

Sous l'Occupation, Soupault est le plus sollicité des dessinateurs de la presse parisienne[11]. Il collabore en effet à de nombreux périodiques, pour la plupart collaborationnistes : Au pilori, qui publie en septembre 1940 un de ses premiers dessins depuis sa démobilisation, Combats (périodique de la Milice française), Jeunesse, Le Petit Parisien, L'Appel, Notre combat, La vie ouvrière, etc.[12].

Il est notamment le dessinateur vedette de Je suis partout, qui reparaît en février 1941. En janvier 1944, il participe à la salle Wagram au meeting parisien des rédacteurs de cet hebdomadaire qui clament qu'ils « ne sont pas des dégonflés »[13]. Ils tiennent ce même meeting en province, à Lille et à Bordeaux[14].

Il poursuit aussi sa collaboration aux périodiques du PPF (Le Cri du peuple, L'Émancipation nationale).

Ses convictions se traduisent par des dessins violemment antisémites, antimaçonniques, anticommunistes, haineux à l’égard des politiciens de la Troisième République, des Alliés, des gaullistes et de la Résistance[12].

Il prend la parole à un meeting antisémite du PPF en décembre 1941 à Paris[15], cosigne en 1942 des manifestes initiés par ce parti collaborationniste, dont le Manifeste des intellectuels français contre les crimes britanniques. Dans le Le Cri du peuple, il rend compte en décembre 1943 de ses visites à des groupements de la Milice[16]. Il est alors devenu un militant du PPF. Il préside sa section parisienne du 18^e arrondissement à partir de mai 1943, prend part à des meetings[17] - [18], visite en 1944 des fédérations de province et relate ensuite ses visites dans Le Cri du peuple[19]. En septembre 1943, il échappe à un attentat à Paris, à la permanence du PPF de sa section[2] - [20]. Il défile à Paris à la tête de ses militants pour rejoindre la cérémonie religieuse organisée pour la mort de Philippe Henriot[21]. Son fils Jean-Michel, membre des Jeunesses du PPF (JPF)[22], s'engage dans la Légion des volontaires français contre le bolchevisme en avril 1944 et part ensuite pour le front de l'Est[23]. Il veut le rejoindre mais les dirigeants du PPF préfèrent le nommer secrétaire de la fédération parisienne en mai 1944[2] - [24]. Le 14 juillet 1944, à Paris, il manque de se faire lyncher par la foule, fait feu avec son revolver avant d'être arrêté par la police puis relâché[2] - [25]. Cet épisode lui sera reproché lors de son procès[26]. Son ami Louis-Ferdinand Céline brossera un portrait peu flatteur de Soupault dans un texte ultérieur évoquant les derniers jours de la Collaboration parisienne et le présentant comme un homme violent et un maniaque des armes à feu[2] - [12]. Son goût pour les armes et pour la violence ressort aussi dans un portrait plus positif dressé par Pierre-Antoine Cousteau dans Je suis partout en 1944[7].

Il illustre une édition de La Physiologie du goût de Brillat-Savarin aux Éditions Littéraires de France en 1942[note 1].

A la Libération, il s'enfuit de Paris le 17 août 1944 avec sa compagne et d'autres journalistes collaborationnistes, gagne l'Allemagne où il contribue à relancer Le Petit Parisien. Après la mort de Doriot, il se réfugie dans le Tyrol italien avec son ami Henri Lèbre, journaliste à Je suis partout[27]. Arrêté en Italie à Mérano en décembre 1945 puis emprisonné à Milan[2], il est ramené en France en mars 1946, aux côtés de Robert J. Courtine, et est interrogé par les Renseignements généraux[28].

Lors de son procès, il assume son engagement idéologique et politique. Il est condamné par la Cour de justice en février 1947 à quinze ans de travaux forcés pour « intelligence avec l'ennemi »[29] - [30] et effectuera au total cinq années de prison[27]. Cette même année, sous le pseudonyme de Rio, il fait publier son ouvrage Fresnes : Reportage d'un témoin, dans lequel il ne renie aucun de ses engagements passés. Il est autorisé à épouser en juin 1950 sa compagne, Hélène de Mukhortove[31] - [32]. Il sort de prison en novembre 1950 pour « raisons de santé » et devient dessinateur à l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol, sous le pseudonyme de Leno[33].

Il travaille aussi pour les éditions Fleurus (Cœurs Vaillants, Âmes Vaillantes, Perlin et Pinpin, Fripounet et Marisette) sous le nom de Jean-François Guindeau.