Rachel Ertel
Rachel Ertel, née le à Słonim en Pologne, est une essayiste et traductrice française, professeure émérite de l'université Paris-Diderot, spécialiste de la langue et de la littérature yiddish.
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Biographie
Rachel Ertel naît à Słonim, ville biélorusse alors située en Pologne. Sa mère, Riwa Mirski, écrit des poèmes et des récits yiddish, sous le nom de Menuha Ram[1], son père Mendel Chalupsky est propriétaire d'une scierie[2]. Durant la Seconde Guerre mondiale, son père bundiste et menchevik est déporté au goulag, Rachel et sa mère sont quant à elles exilées en Sibérie et assignées à résidence[3]. Elles reviennent à Łódź en 1946, à Varsovie en 1948. Son père revenu plus tôt du goulag meurt dans un bombardement de Lodz.
Avec sa mère, son beau-père, Moshe Waldman, lui aussi poète en langue yiddish et journaliste[4] et le fils de celui-ci Aron Waldman[5], elle s'installe au cours de l'année 1948 au foyer « Le Toit familial », situé 9 rue Guy-Patin, dans le 10e arrondissement de Paris[6].
Elle est agrégée d'anglais et soutient en 1978 une thèse d'État intitulée Aspects du roman juif américain : contribution à une ethnologie de la littérature[7]. Elle est professeure de littérature américaine à l'université Paris 7, où elle fonde le Centre d'études judéo-américaines (CEJA) qui est, durant les décennies 1970-1980, le principal lieu d’enseignement de langue et de littérature yiddish en France[8]. Elle contribue, dans un espace universitaire, à former des traducteurs de yiddish, dans un souci d'assurer la « permanence du yiddish », et de son espace culturel[9].
Dans le même souci de transmission, elle édite des textes yiddish devenus inaccessibles, notamment Khaliastra, revue littéraire Varsovie 1922-Paris 1924 : la bande[10], et traduit des œuvres d'auteurs yiddish de l'anglais en français, notamment les poèmes de Jacob Glatstein, Eli Chekhtman, Jerome Rothenberg[11] ou encore Leïb Rochman[12].
Son ouvrage consacré au « shtetl », terme yiddish qui désigne des bourgades ou quartiers juifs polonais, s'applique à montrer l'organisation de la société juive ashkénaze ; elle y voit un idéal-type, structurant pour l'historiographie, mais surtout pour la création littéraire yiddish[13].
Elle publie en 2019 un livre d'entretiens avec Stéphane Bou, intitulé Mémoire du yiddish[14] - [15].
Rachel Ertel reçoit en 2020 le prix d'Académie de l'Académie française, pour l'ensemble de son œuvre[16].
Activités éditoriales et associatives
Rachel Ertel dirige la collection « Domaine yiddish ». Elle est présidente d’honneur de la Maison de la culture yiddish – Bibliothèque Medem, à Paris[17].
Œuvres
Essais et poésie
- En marge : sur les minorités aux États-Unis, avec Élise Marienstras et Geneviève Fabre, Paris, Maspero, coll. « Cahiers libres », no 189-191.
- Le Roman juif américain, une écriture minoritaire, Paris, Payot, 1980.
- Le Shtetl, la bourgade juive de Pologne de la tradition à la modernité, Paris, Payot, 1982 (rééd. 1986). Réédition Paris, Payot & Rivages, 2011.
- Dans la langue de personne : poésie yiddish de l’anéantissement, Paris, Le Seuil, 1993.
- Brasiers de mots, Paris, Liana Levi, 2003[18].
- (trad.) Rajzel Zychlinski (en), Portes muettes, traduit du yiddish et préfacé par Rachel Ertel, Paris, L'Improviste, 2007 (ISBN 978-2-913764-34-7).
Articles
- « Nous sommes les souvenants qui refusons l'oubli ». Pouvoir de la poésie, Le Coq-Héron, « La vie des morts parmi les vivants », 2015, no 221, p. 14-21.
- « Les fantômes du 9 rue Guy Patin (en souvenirs) », Les Temps modernes, , no 686, p. 21-54 [lire en ligne].
- « La permanence du yiddish », Vacarme, , no 62, p. 173-193, [lire en ligne].
- [entretien] « Le yiddish au présent : entretien avec Rachel Ertel », Archives Juives, vol. 55, no 1, , p. 35-42 (lire en ligne, consulté le ).
Document audiovisuel
- New-York, tendances yiddish, avec David Unger, Paris, JEM productions, 2012, DVD 52 min.
Documents audio
- [Entretiens] « Rachel Ertel, mémoire du Yiddish », avec Stéphane Bou, À voix nue, France Culture, 5 épisodes, [19].
Références
- Notice BNF. Le Vent qui passe, éditions Julliard, 1974.
- [document audio] Stéphane Bou, « Rachel Ertel, mémoire du Yiddish. (1/5) Pologne-Sibérie-Pologne : 1939-1948 », À voix nue, France Culture, .
- Par Ghis Korman, « Rachel Ertel : le yiddish et la mémoire dans la peau ! », Times of Israël,
- « Moshe Waldman (1911-1996) », sur encyclopedia.com (consulté le ).
- « Aron Waldman », sur Maison de la culture yiddish (consulté le ).
- Rachel Ertel, « Les fantômes du 9 rue Guy-Patin (en souvenirs) », in Les Temps modernes, mai 2015, no 686, p. 21-54.
- Thèse d'État, notice du Sudoc.
- Notice sur le site La règle du jeu (consulté le 12 décembre 2015)
- Rachel Ertel, conférence inaugurale, colloque international » La permanence du yiddish » (2012), éditée par la revue Vacarme, 2013, en ligne.
- Khaliastra, revue littéraire Varsovie 1922-Paris 1924, notice du Sudoc
- Jerome Rothenberg, Khurbn : poèmes, Éditions Caractères (ISBN 978-2-85446-535-8).
- Leïb Rochmann, À pas aveugles de par le monde, éditions Denoël, 2012.
- Joëlle Bahloul, « R. Ertel – Le shtetl, la bourgade juive de Pologne : de la tradition à la modernité » [compte rendu], in L'Homme, 1988, vol. 28 no 106 p. 375-376.
- [compte rendu] Gilles Banderier), « Mémoire du yiddish Transmettre une langue assassinée Entretiens avec Stéphane Bou, Rachel Ertel », sur La Cause littéraire, (consulté le ).
- [compte rendu] Carole Ksiazenicer-Matheron, « En mémoire d’une langue », En attendant Nadeau, (lire en ligne, consulté le ).
- Rachel Ertel, site de l'Académie française.
- Organigramme de la Maison de la culture yiddish, Paris (consulté le 12 décembre 2015)
- Olivier Barrot, « « Rachel Ertel : Brasier de mots », Un livre un jour », sur INA, (consulté le ).
- « Rachel Ertel, mémoire du Yiddish », sur France Culture
Voir aussi
Bibliographie
- [entretiens] Rachel Ertel, avec Stéphane Bou, Mémoire du yiddish : Transmettre une langue assassinée, Albin Michel, , 224 p. (ISBN 9782226436948).
- « Les fantômes du 9 rue Guy Patin (en souvenirs) », Les Temps modernes, , no 686, p. 21-54 [lire en ligne].