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Rabaska (projet industriel)

Rabaska est Ă  la fois le nom d'un projet industrialo-portuaire et celui de la sociĂ©tĂ© en commandite (consortium) formĂ©e pour le rĂ©aliser. Le projet a pour but la crĂ©ation d'un terminal mĂ©thanier sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, Ă  LĂ©vis, QuĂ©bec. Le projet comprend Ă©galement la construction d'un gazoduc d'environ 42 km reliant le terminal au Gazoduc Trans QuĂ©bec et Maritimes. Les trois partenaires sont Gaz MĂ©tro, Enbridge et Gaz de France. Le prĂ©sident et chef des opĂ©rations de Rabaska est AndrĂ© L'Écuyer (par intĂ©rim), qui a remplacĂ© Glenn Kelly Ă  la fin [1].

Ce projet de 840 millions CAD d'investissement privé a fait l'objet d'un important mouvement de contestation de la part de plusieurs groupes et citoyens mais a reçu l'appui du conseil municipal de la ville de Lévis et de divers groupes politiques et économiques.

En raison de l'expansion rapide de l'approvisionnement en gaz de schiste provenant des États-Unis, le projet a perdu son intérêt économique. Il a été officiellement abandonné le [2].

Description du projet

Le terminal serait construit à Lévis, sur la rive sud du Saint-Laurent, tout près de la limite de la municipalité de Beaumont, et en face de l'île d'Orléans. Les principales composantes seraient[3] :

  • une jetĂ©e maritime pouvant recevoir des mĂ©thaniers, navires transportant du gaz naturel liquĂ©fiĂ© ;
  • un corridor de service ;
  • des conduites cryogĂ©niques souterraines de 1,3 km ;
  • deux rĂ©servoirs de gaz naturel liquĂ©fiĂ© ;
  • des Ă©quipements de regazĂ©ification ;
  • un gazoduc de 42 km ;
  • dĂ©but des travaux prĂ©vu : 2010 ;
  • ouverture prĂ©vue : 2014.

Le terminal méthanier de Rabaska a pour but d'importer du gaz naturel liquéfié par voie maritime pour que l'approvisionnement ne dépende plus uniquement du réseau de gazoducs de TransCanada. Les marchés visés sont le Québec et l'est de l'Ontario[4].

Historique

Le projet a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© en avril 2004[5]. Lors du lancement, le consortium a prĂ©sentĂ© une zone Ă  l'Ă©tude d'environ 3 kilomètres de large en bordure du fleuve Saint-Laurent. Cette zone se situait Ă  cheval sur les municipalitĂ©s de LĂ©vis et de Beaumont. Après des Ă©tudes dans cette zone, Rabaska a arrĂŞtĂ© son choix sur un site d'environ km par km Ă  LĂ©vis. Le projet bĂ©nĂ©ficie dès le dĂ©part d'un fort appui du gouvernement Charest[2].

Quelques mois plus tard, une forte opposition a favorisĂ© le remplacement Ă  Beaumont du maire favorable par un maire dĂ©favorable. Cela a permis la tenue d'un rĂ©fĂ©rendum Ă  Beaumont (2 291 habitants) que les opposants au projet ont remportĂ© avec 72 % des suffrages[6]. Dans la ville voisine de LĂ©vis (129 521 habitants), la population s'est prononcĂ©e par sondage Ă  65 % en faveur du projet[7].

Le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement du Québec (BAPE) a débuté le une enquête avec audiences publiques sur le projet, présidée par M. Qussaï Samak. Cette enquête est menée conjointement avec l'Agence canadienne d'évaluation environnementale. Le , le BAPE a entrepris l'étape de la présentation de 627 mémoires déposés par les citoyens et organisations favorables ou opposés au projet. Ce nombre constituerait un record en ce qui concerne le nombre de mémoires déposés à des audiences publiques du BAPE[8] - [9]. Les audiences ont duré jusqu'au et le BAPE a remis son rapport au ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs le . Rendu public le , le rapport est favorable au projet et donne raison au promoteur sur presque toute la ligne[10].

Du à , le géant russe Gazprom a été partenaire du projet, se joignant ainsi aux trois partenaires originaux, Gaz Métro, Enbridge et Gaz de France. Cette entente de partenariat devait assurer une source d'alimentation en gaz naturel pour le port méthanier. L'approvisionnement aurait débuté en 2014 et serait provenu du gisement de Chtokman dans la mer de Barents[11]. Cette entente a quand même soulevé certaines inquiétudes à cause de la position de quasi-monopole de Gazprom dans le domaine du gaz naturel en Europe, et des liens très forts entre la société et l'État russe[12]. Gazprom s'est retiré du projet en [13].

En , la prĂ©sidente et chef de la direction de Gaz MĂ©tro, Sophie Brochu, a reconnu que la construction du port mĂ©thanier Ă©tait retardĂ©e, mais que sa sociĂ©tĂ© y tenait toujours[14]. En , elle rĂ©itère que le consortium ne veut pas enterrer dĂ©finitivement le projet, mĂŞme si la chute du prix nord-amĂ©ricain du gaz naturel (de 10 $ Ă  2,75 $ le millier de pieds cubes) ne rend plus l'entreprise Ă©conomiquement rentable; le projet pourrait cependant redevenir actif si le prix remontait Ă  8 ou 10 $[15]. Toutefois, elle omet de renouveler le bail des terres rĂ©servĂ©es pour ce projet, qui venait Ă  Ă©chĂ©ance le [2]. En , le gouvernement Marois annonce que le dossier est classĂ© et que les terres concernĂ©es seront retournĂ©es au zonage agricole[2].

L'opposition au projet

Une forte majorité des militants environnementalistes et des gens ayant à cœur l'environnement sont défavorables à l'idée de construire un port méthanier à cet endroit. Le cheval de bataille des opposants est le risque écologique et le risque d'explosion due au gaz naturel. Des villes des États-Unis ont refusé de construire ce type de port même dans des zones inhabitées. De plus, le fleuve Saint-Laurent demeure une voie navigable délicate et reconnue comme telle à travers le monde, ce qui cause des inquiétudes reliées à la possibilité d'accidents maritimes.

D'autres s'opposent au projet en mentionnant qu'il est principalement destiné à l'exportation de gaz aux États-Unis et en Ontario[16].

Un grand nombre de personnes autres que des militants environnementalistes rejettent le projet, notamment des artistes, des citoyens, des Ă©lus, des conseils municipaux, etc. Un « campement autogĂ©rĂ© » s'est tenu Ă  LĂ©vis du 8 au pour mobiliser la population et bloquer le projet de port mĂ©thanier. Selon Le Devoir, le dĂ©part de Thomas Mulcair, alors ministre de l’Environnement du gouvernement Charest, « fut en grande partie liĂ© Ă  son opposition Ă  ce projet qu’il estimait trop risquĂ© pour ĂŞtre situĂ© Ă  cet endroit[2]. »

Notes et références

  1. Glenn Kelly quitte son poste de président et chef des opérations de Rabaska, communiqué de Rabaska
  2. Le Devoir, 7 octobre 2013, Fin de rabaska - Le dossier est clos
  3. Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, Enquêtes et audiences publiques. Projet d’implantation du terminal méthanier Rabaska et des infrastructures connexes. BAPE: avril 2007 [lire en ligne]
  4. Raison d'ĂŞtre du projet, sur www.rabaska.net
  5. [PDF] Société en commandite Gaz Métro, Avis de projet. Implantation d'un terminal méthanier et des infrastructures connexes., avril 2004 [lire en ligne]
  6. Robert Dutrisac, « Port méthanier - Hamad continue d'espérer la réalisation du projet Rabaska », dans Le Devoir, 7 décembre 2004 [lire en ligne]
  7. Sondage Léger marketing, 28 février 2005
  8. Marc Saint-Pierre, « Nombre record de mémoires », dans Le Soleil (26 janvier 2007) [lire en ligne]
  9. Marc Saint-Pierre, « Un record absolu », dans Le Soleil (30 janvier 2006).
  10. Jean-François Cliche, Le Soleil (Québec), 5 juillet 2007, Rapport du BAPE sur Rabaska: "risques acceptables
  11. "L'approvisionnement réglé", Radio-Canada, 15 mai 2008
  12. "La Presse Affaires", Qui a peur de Gazprom?, 15 mai 2008
  13. Gazprom se désiste, Radio-Canada
  14. Hélène Baril, « Du gaz du Québec, avant Rabaska », La Presse Affaires,‎ (lire en ligne)
  15. Pierre Couture, « Gaz Métro refuse d'enterrer Rabaska », Le Soleil,‎ (lire en ligne)
  16. Olivier Bourque, LaPresseAffaires.com, 16 mai 2008

Voir aussi

Bibliographie

  • Gaston Cadrin, Bernard Dagenais, Michel Lessard et Pierre-Paul SĂ©nĂ©chal, Rabaska : Autopsie d'un projet insensĂ©, MontrĂ©al, Fides, , 272 p. (ISBN 978-2-7621-2995-3)

Articles connexes

Liens externes

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