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RĂ©veilleur noir

Strepera fuliginosa

Le RĂ©veilleur noir (Strepera fuliginosa) ou calibĂ© de Tasmanie, est une espèce de passereaux originaire de Tasmanie. C'est un grand oiseau ressemblant Ă  un corbeau, long d'environ 48 cm en moyenne, Ă  l'iris jaune et avec un gros bec, un plumage noir tachĂ© de blanc au niveau des ailes et de la queue. Le mâle et la femelle sont semblables en apparence. Il y a trois sous-espèces reconnues, dont l'une, Strepera fuliginosa colei de l'Ă®le King est considĂ©rĂ©e comme vulnĂ©rable Ă  en voie d'extinction.

Dans son territoire, le RĂ©veilleur noir est gĂ©nĂ©ralement sĂ©dentaire, bien que les populations vivant Ă  des altitudes Ă©levĂ©es descendent vers des rĂ©gions plus basses pendant les mois plus froids. Son habitat comprend les zones densĂ©ment boisĂ©es ainsi que des landes alpines. Il est rare en dessous de 200 mètres d'altitude. Omnivore, son alimentation comprend une variĂ©tĂ© de baies, d'invertĂ©brĂ©s et de petits vertĂ©brĂ©s. Moins arboricole que le Grand RĂ©veilleur, le RĂ©veilleur noir passe plus de temps Ă  la recherche de nourriture sur le sol. La nuit, il se perche dans les arbres.

Taxonomie

Le Réveilleur noir a été décrit pour la première fois par l'ornithologue John Gould en 1837 sous le nom de Coronica fuliginosa[1]. Le nom d'espèce vient de l'adjectif latin fuliginosus « couvert de suie »[2] qui se réfère à son plumage noir[3]. L'ornithologue américain Dean Amadon considérait le Réveilleur noir comme une sous-espèce du Grand Réveilleur (S. graculina), y voyant un continuum avec la sous-espèce ashbyi de cette dernière espèce, les différentes sous-espèces ayant de moins en moins de plumage blanc au fur et à mesure que l'on avance vers le Sud[4]. Les auteurs ultérieurs ont estimé que c'était une espèce distincte.

Description

RĂ©veilleur noir, Fortesque Bay, Tasmanie.

Le RĂ©veilleur mesure environ 50 cm de long avec une envergure de 80 cm. Le mâle est lĂ©gèrement plus grand et plus lourd que la femelle, pesant en moyenne 405 g pour 340 g pour cette dernière. Les sexes sont semblables au point de vue plumage, qui est entièrement noir, sauf des taches blanches au bout des ailes et de la queue. Le bec et les pattes sont noirs et les yeux jaune vif. En vol, on peut voir une ligne blanche sur le bord arrière des ailes et un arc pâle Ă  la base des rĂ©miges primaires est Ă©galement visible sur l'intrados. Bien qu'il n'y ait pas de variation saisonnière de couleur de plumage, le noir peut s'estomper un peu pour devenir brun foncĂ© avec l'usure des plumes[3]. Les oiseaux immatures ont un plumage brun et l'intĂ©rieur du bec jaune jusqu'Ă  l'âge de deux ans[3].

Le Réveilleur noir est une espèce bruyante et vocalisatrice, possédant une large variété d'appels. Son appel principal est nettement différent des autres Réveilleurs et on l'a décrit comme une combinaison d'alternance de kar et de wheek[5] ou même on a dit que son chant s'apparente pour partie à une chanson, pour partie à un rire humain[6]. Bien que souvent bruyants lorsqu'ils vivent en troupes, ils peuvent se taire lorsqu'ils cherchent à attraper une proie ou voler des aliments[6].

Distribution et habitat

  • zone de rĂ©partition en Tasmanie des sous-espèces
  • S. fuliginosa
  • S. colei
  • S. parvior
Juvénile Réveilleur noir, Mont Cradle.

Le RĂ©veilleur noir est endĂ©mique Ă  la Tasmanie[7] oĂą il est courant sauf dans les rĂ©gions en dessous de 200 m d'altitude. Il se reproduit principalement sur les hauts plateaux du centre avec des populations dispersĂ©es dans le reste de la Tasmanie. On l'a rarement vu dans le nord-est de l'Ă®le. On le trouve sur de nombreuses Ă®les du dĂ©troit de Bass, comme l'Ă®le Hunter et l'archipel Furneaux. Il a Ă©tĂ© signalĂ© Ă©galement sur l'archipel Kent mais son statut y est inconnu[8]. Dans son domaine de distribution, il est en grande partie sĂ©dentaire, bien que certaines populations vivant Ă  haute altitude peuvent se dĂ©placer vers des altitudes plus basses en hiver[9]. Le RĂ©veilleur noir s'est multipliĂ© dans l'angle nord-est de l'Ă®le, Ă  Musselroe Bay et Cape Portland.

Le Réveilleur Black est évalué comme Préoccupation mineure sur la Liste rouge de l'UICN des espèces menacées, bien que l'une de ses sous-espèces, Strepera fuliginosa colei a décliné très fort sur l'île King par suite de la disparition de son habitat forestier[10] et soit considérée comme vulnérable[11].

On le trouve généralement dans les forêts humides d'eucalyptus, dominées par des essences comme Eucalyptus delegatensis, E. obliqua et E. dalrympleana parfois avec Nothofagus gunnii en sous-étage. Il fréquente aussi les forêts de faux-hêtres et de pins King Billy (Athrotaxis selaginoides). À basse altitude, son habitat se limite aux forêts denses et aux ravins humides, alors qu'on le trouve également dans les garrigues et les landes en altitude. Dans les forêts sèches il est remplacé par le Réveilleur cendré, bien que les deux puissent coexister dans des lieux tels que les Hauts Plateaux et le Tiers Est[12]. On l'a signalé dans les jardins d'Hobart en hiver.

Comportement

Il vit généralement seul ou en couple, mais peut former des groupes de 20 à 80 individus[12]. On a vu des oiseaux creuser l'argile jaune humide d'un drain et se l'appliquer sur tout le plumage. Ils s'essuient ensuite les ailes de leur bec et ne semblent pas devoir se laver après, utilisant le procédé comme une forme de bain de poussière[13].

Le Réveilleur noir a un vol ondulant lorsqu'il bat des ailes et relève souvent la queue pour s'équilibrer quand il atterrit[6].

On a étudié leur comportement ludique, en particulier chez des individus pas encore adultes. On a ainsi observé, à Maydena, deux Réveilleurs aux prises l'un avec l'autre et où un oiseau essayait de mettre son adversaire sur le dos, tandis qu'on en a signalé d'autres roulant sur le dos et jonglant avec leurs pattes avec des produits alimentaires tels que des poires[14].

Alimentation

Aucune étude systématique n'a été faite sur le régime alimentaire du Réveilleur noir[9] mais on sait qu'il est omnivore, se nourrissant d'un grand nombre de denrées alimentaires variées comme des insectes et de petits vertébrés, de charognes et de baies[8]. Les oiseaux fourragent le plus souvent sur le sol mais aussi à la cime des arbres. Ils utilisent leur bec pour sonder le terrain ou retourner les mottes de terre et les petites roches à la recherche de nourriture[9]. On a vu des oiseaux utiliser des chemins de randonnée pour chercher leur repas[15]. Un groupe de dix oiseaux a été observé essayant de casser la glace sur un lac gelé. on en a vu parcourant une plage à la recherche d'asticots dans le varech échoué. Le plus souvent, ils fourragent en paires, mais peuvent se rassembler en grands groupes, des groupes de 100 oiseaux s'abattant sur les vergers pour manger des pommes ou des fruits pourris. L'espèce a été observée en groupes d'espèces mixtes avec des espèces comme le Corbeau de Tasmanie (Corvus tasmanicus), la Mouette argentée (Chroicocephalus novaehollandiae), l'Aigrette à face blanche (Egretta novaehollandiae), l'Epthianure à front blanc (Epthianura albifrons), l'Étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris) sur la plage de Sundown Point[9]. On en a vu empaler des proies plus grosses (comme des poulets ou des lapins) sur des piquets, pour les immobiliser, les démembrer et les manger par morceaux[16] - [17].

Il consomme les baies de Leptecophylla juniperina[18], d’Astroloma humifusum et du local Gahnia grandis, aussi bien que des pois domestiques[9] et des pommes[6]. Parmi les invertébrés consommés on peut citer les vers de terre (Lumbricidae) et de nombreux types d'insectes, comme fourmis, papillons, mouches, grillons, sauterelles et plusieurs types de coléoptères tels que les charançons, les scarabées et les chrysomèles[18]. Il sait s'adapter et a appris à manger les guêpes européennes (Vespula germanica)[19]. Un oiseau qui était harcelé par trois Miro boodang (Petroica boodang) s'est tout à coup retourné contre eux, en a attrapé un et l'a mangé. Comme autres vertébrés connus comme proie on peut citer la souris domestique (Mus musculus)[20], de petits lézards, des têtards, des poules[21], des canetons et des dindonneaux[20], des Gallinules de Tasmanie (Gallinula mortierii)[9] et des lapins[17].

Il peut devenir très intrépide et se laisser apprivoiser, tout comme son proche parent, le Grand Réveilleur sur le continent australien, en particulier dans les parcs et jardins publics où les gens prennent l'habitude de le nourrir[12]. On en a vu consommer des petits pois prélevés dans leurs gousses[22] ainsi que faire des raids sur des vergers[6], s'emparer de poulets dans les basses-cours[21], entrer dans les granges à la recherche de souris[20].

Les Réveilleurs noirs sont très fréquents autour des aires de pique-nique des deux plus populaires parcs nationaux de Tasmanie, Freycinet et Cradle Mountain-Lake St Clair où ils sont souvent nourris par les touristes. Cette pratique a été tolérée par l'Autorité des parcs nationaux jusqu'en 1995, date à laquelle on s'est rendu compte des problèmes posés et où on a commencé activement à décourager les gens de nourrir les animaux sauvages. Toutefois, ils sont capables de récupérer des fragments de nourriture laissés par les pique-niqueurs et les oiseaux ne pourront être vraiment découragés que par une interdiction (peu pratique) d'introduction de denrées alimentaires dans les parcs nationaux[23]. Ces oiseaux peuvent aussi récupérer d'autres objets comme du savon ou des couverts de campings pour les examiner[6].

Reproduction

L'accouplement a lieu d'aoĂ»t Ă  dĂ©cembre[24]. Comme tous les RĂ©veilleurs, il construit un grand nid en coupe fait de branches et recouvert de matĂ©riaux plus souples, placĂ© dans la fourche d'un arbre de 3 Ă  20 m de hauteur[7]. Les vieux nids sont parfois remis en ordre et rĂ©utilisĂ©s les annĂ©es suivantes[16]. Une couvĂ©e typique compte 2 Ă  4 Ĺ“ufs vert et brun, chamois pâle, gris-brun, tachetĂ©s, marbrĂ©s de brun-rouge[24]. Comme chez tous les passereaux, les oisillons naissent nus et aveugles et restent dans le nid pendant une pĂ©riode prolongĂ©e. Les deux parents nourrissent les jeunes, mais le mâle les nourrit seulement après qu'ils ont quittĂ© le nid et commencent Ă  se montrer indĂ©pendants[5].

Sous-espèces

Selon Peterson, il en existe 3 sous-espèces:

  • Strepera fuliginosa colei Mathews 1916
  • Strepera fuliginosa fuliginosa (Gould) 1837
  • Strepera fuliginosa parvior Schodde & Mason,IJ 1999

Références

Notes
  1. (en) John Gould, A Synopsis of the Birds of Australia, and Adjacent Islands, Londres, Pl. 5.
  2. F. Gafiot, Dictionnaire latin-français, Hachette
  3. Higgins et al., p. 556.
  4. (en) Amadon, Dean, « Taxonomic notes on the Australian butcher-birds (family Cracticidae) », American Museum Novitates, vol. 1504,‎ , p. 1–33 (lire en ligne [fulltext], consulté le )
  5. Higgins et al., p. 560.
  6. (en) MSR Sharland, « Tasmania's indigenous birds », Emu, vol. 25, no 2,‎ , p. 94–103
  7. (en) « Black Currawong », Australian Museum (consulté le )
  8. Higgins et al., p. 558.
  9. Higgins et al., p. 559.
  10. (en) « Recovery Outline: Black Currawong (King Island) », Biodiversity Threatened species, Department of the Environment, Water, Heritage and the Arts, Commonwealth of Australia, (consulté le )
  11. (en) Garnett, Stephen T.; Crowley, Gabriel M., « The Action Plan for Australian Birds 2000 », Biodiversity Threatened species, Department of the Environment, Water, Heritage and the Arts, Commonwealth of Australia, (consulté le )
  12. Higgins et al., p. 557.
  13. (en) Green, R.H.; Swift, J.W., « Feather painting by Black Currawongs », Emu, vol. 65, no 4,‎ , p. 253–54
  14. (en) B.C. Mollison, « Notes on Tasmanian Birds. IV: Dusky Wood-Swallows on migration. V: Similar behaviour in Ravens, Currawongs and Magpies. VI: Seal predation on seabirds », Emu, vol. 62, no 2,‎ , p. 112–14
  15. (en) David R. Milledge, « The birds of Maatsuyker Island. Tasmania », Emu, vol. 72,‎ , p. 167–70
  16. (en) JA Fletcher, « Field Notes on the Black Bell-Magpie (Strepera fulginosa) », Emu, vol. 22, no 1,‎ , p. 60–63
  17. (en) J.A. Fletcher, « Birds of the steppes », Emu, vol. 24, no 2,‎ , p. 107–17
  18. (en) Barker, R.D.; Vestjens, W.J.M., The Food of Australian Birds : (II) Passerines, Lyneham, Melbourne University Press, , 557 p., poche (ISBN 978-0-643-05115-7, LCCN 91184918), p. 364
  19. (en) Spencer, Chris P.; Richards, Karen, « Predation by avifauna on European wasp species in Tasmania », The Tasmanian Naturalist, vol. 130,‎ , p. 10–13 (lire en ligne, consulté le )
  20. (en) J.A. Fletcher, « The Black Bell-magpie », Emu, vol. 17, no 4,‎ , p. 227–28
  21. (en) J.A. Fletcher, « Bird notes from Wilmot, Tasmania », Emu, vol. 3, no 1,‎ , p. 49–51
  22. (en) J.A. Fletcher, « Bird notes from Wilmot, Tasmania. Part II », Emu, vol. 3, no 2,‎ , p. 108–10
  23. (en) Mallick, Stephen A.; Driessen, Michael M., « Feeding of wildlife: How effective are the 'Keep Wildlife Wild' signs in Tasmania's National Parks? », Ecological Management & Restoration, vol. 4, no 3,‎ , p. 199–204
  24. (en) Graham Pizzey, Knight, Frank, Field Guide to the Birds of Australia, Sydney, Australia, HarperCollins Publishers, (ISBN 978-0-207-18013-2), p. 111
Bibliographie
  • (en) Peter Jeffrey Higgins; John M Peter; S.J Cowling, Handbook of Australian, New Zealand and Antarctic Birds. Vol. 7: Boatbill to Starlings, Melbourne, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-553996-7)

Liens externes

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