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RĂ©servoir de Bouzey

Le rĂ©servoir de Bouzey est un vaste plan d'eau de 127 hectares servant de rĂ©servoir au canal de l'Est qui lui est voisin un peu plus au nord, via la rigole d’alimentation de Bouzey[1]. SituĂ© en pĂ©riphĂ©rie immĂ©diate d’Épinal, il supporte aujourd'hui de multiples activitĂ©s de plein air. PlacĂ© au cĹ“ur du dĂ©partement des Vosges, il s'Ă©tend sur le territoire des communes de Sanchey, Chaumousey, Girancourt et Renauvoid.

RĂ©servoir de Bouzey
Image illustrative de l’article Réservoir de Bouzey
Le réservoir de Bouzey
Administration
Pays Drapeau de la France France
DĂ©partement Vosges
RĂ©gion Grand Est
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 48° 09′ 52″ N, 6° 21′ 22″ E
Type Lac artificiel
Superficie 1,27 km2
Altitude 360 m
Profondeur
· Maximale

12,5 m
Volume 7 millions de m3
Hydrographie
Alimentation Moselle via une rigole d'alimentation originaire des environs de Remiremont
Émissaire(s) le canal de l'Est et l'Avière
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
RĂ©servoir de Bouzey
GĂ©olocalisation sur la carte : Vosges
(Voir situation sur carte : Vosges)
RĂ©servoir de Bouzey

Caractéristiques

Le réservoir plein et le déversoir de crue en avril 2008.
Canal d'alimentation du réservoir de Bouzey, bifurquant de la Moselle à Saint-Étienne-lès-Remiremont.
Le début du canal d'alimentation du réservoir de Bouzey à Saint-Étienne-lès-Remiremont.
  • Altitude : 360 m
  • Surface : 127 ha
  • Longueur maximale : ? m
  • Largeur maximale : ? m
  • Profondeur maximale : 12,5 m
  • Volume maximal : 7 millions m3
  • Volume minimal : 163 000 m3 (enregistrĂ© les 2 et )

Histoire

L'annexion de l'Alsace-Lorraine en 1871 supprima l'accès au Rhin et poussa la France à trouver une nouvelle liaison fluviale Nord-Sud dans l'Est du pays (le canal de l’Est branche sud relie la vallée de la Moselle à la Saône ; la branche nord suit la vallée de la Meuse). Ce sera chose faite entre 1874 et 1887 avec le percement du canal de l'Est. Ce canal franchit la ligne de partage des eaux entre les bassins de la Saône et de la Moselle (monts Faucilles), nécessitant un réservoir pour son alimentation et le fonctionnement des écluses. Un barrage fut établi sur la vallée de l'Avière, principalement sur les communes de Sanchey et Chaumousey. Le lieudit voisin, Bouzey, donnera son appellation au réservoir[2].

Le barrage

Le barrage de Bouzey et la rigole d’alimentation du canal des Vosges.

L'ouvrage est un barrage poids en maçonnerie long de 525 m, haut de 20 m, fondĂ© sur le grès bigarrĂ© triasique — sondages d’étude en 1875[3] — ; sa retenue de Mm3 est alimentĂ©e par une rigole d'environ 42 km de long qui prĂ©lève l’eau dans la Moselle Ă  Saint-Étienne-lès-Remiremont et suit un tracĂ© sinueux en franchissant quatre vallĂ©es par des siphons en fonte ; la retenue soutient le canal des Vosges — anciennement canal de l’Est — auquel elle est reliĂ©e par une rigole d'alimentation.

La rigole de Bouzey

Les travaux d'Ă©dification de la rigole de Bouzey[4] et de ses ouvrages entre la prise d'eau de Remiremont et Arches, sur 19,467 km, ont dĂ©butĂ© en 1882 et ont Ă©tĂ© terminĂ©s en 1887[5]. La rigole principale dĂ©bute Ă  Saint-Étienne-lès-Remiremont. Une partie de l'eau de la Moselle est dĂ©viĂ©e sur la rigole, oĂą elle s'Ă©coule par gravitĂ© sur plus de 41 kilomètres 896 m. jusqu'au rĂ©servoir de Bouzey. De lĂ  elle alimente le canal des Vosges ainsi que ses Ă©cluses et ses biefs et sert aux besoins de la navigation, aujourd'hui essentiellement des plaisanciers[6].

La catastrophe du [7] - [8]

Carte postale de la catastrophe du réservoir de Bouzey en 1895.
Le barrage de Bouzey, le déversoir de crue et le monument commémorant la catastrophe.
Carte postale prise quelques heures après la catastrophe par Paul Testart

Dès sa mise en service, le barrage a subi deux accidents ; le second qui découlait du premier mal réparé a eu des effets catastrophiques :

  • Lors de la mise en eau en 1880, des fuites de plus en plus importantes se produisirent sous l’ouvrage Ă  mesure de la montĂ©e de l’eau dans la retenue ; le , alors qu’elle n’était pas encore pleine, un glissement partiel de la fondation de sa partie axiale — environ 150 m longitudinaux et 0,5 m transversaux — et la fissuration du massif en maçonnerie qui en dĂ©coula, obligea Ă  vider la retenue et Ă  conforter l’ouvrage, corroi d’argile contre le parement amont, contreforts en bĂ©ton devant le parement aval, reprises de la maçonnerie fissurĂ©e ;
  • La remise en eau se fit en 1890 ; le Ă  5 h 15, alors que la retenue n’était qu’au tiers pleine[9], la partie haute de la maçonnerie de qualitĂ© mĂ©diocre, trop mince et mal rĂ©parĂ©e cĂ©da ; dans la vallĂ©e de l’Avière, jusqu'Ă  Nomexy Ă  son confluent avec la Moselle, il y eut 87 victimes directes de l’onde de vidange quasi instantanĂ©e de la retenue et plus de cent indirectement au cours des semaines suivantes dans les autres villages de la vallĂ©e, pour des raisons sanitaires.

Un acquis scientifique et technique majeur : la sous-pression

La catastrophe de Bouzey occupe une place importante en géotechnique (géomécanique, hydraulique souterraine…) et en génie civil et sécurité des barrages : c’est en effet en cherchant les causes du glissement initial des fondations de la partie centrale du barrage que Dumas a mis en évidence le rôle des infiltrations sous l’ouvrage et notamment celui de la poussée hydrostatique (poussée d'Archimède) qu’il appela sous-pression, agrandissement des pores et fissures du matériau d’assise — le grès triasique —, décollement et claquage du contact fondation/assise, deuxième cause de rupture des barrages-poids ; sa description et son explication du phénomène ont été largement reprises dans le mémoire de Maurice Lévy à l’Académie des sciences ().

De nos jours

Entre 1930 et 1939, le barrage a été consolidé par un pierré aval en blocs rocheux ajustés.

La retenue est aussi devenue un plan d’eau touristique, mais sa raison d'être initiale est toujours sa principale fonction actuelle, constituer une réserve d'eau pour l'alimentation du canal de l'Est (appelé aujourd'hui canal des Vosges). Cela explique son important marnage (variations de niveau), selon des cycles de remplissage de la retenue et d'alimentation du canal.

En 2005, des sondages de sol ont permis d'installer des piézomètres pour suivre les évolutions de la nappe phréatique à proximité du barrage. Cette opération a contribué à accréditer l'idée selon laquelle une partie du barrage aurait bougé lors du tremblement de terre du , idée due à ce qu'on remarque une différence de quelques centimètres entre deux blocs du masque d'étanchéité amont, à proximité de l'extrémité en rive droite du barrage. En réalité, des observations de 1963 attestent déjà de sa présence mais le moment de la formation de cette particularité remonte probablement à l'immédiat après construction, lors des tassements internes qui ont pu se produire. Toutefois, cette déformation a seulement été remise au jour à cette époque par suite de la mise en application de consignes de surveillance nettement accrues. Il est à noter que ce séisme n'est ni le seul, ni le plus intense que la région ait connu au cours des trente dernières années.

De fin 2022 à fin 2023, d'importants travaux seront réalisés pour mettre l'ouvrage aux normes actuelles en termes de capacité d'évacuation du trop-plein. Toute la partie de l'ouvrage concernée sera reconstruite (seuil écrêteur, coursier, passerelle) et un bassin de dissipation sera crée dans le thalweg. L'étanchéité sera renforcée et les joints de dilatations rénovés. Un vannage permettant une vidange rapide au sens de la réglementation sera crée sur le bief d'alimentation du Canal des Vosges. D'autres travaux sont également au programme tels que des injections de béton dans la fondation et la modernisation des appareillages de surveillance.

  • DĂ©tail du barrage.
    DĂ©tail du barrage.
  • Rives boisĂ©es et ombragĂ©es.
    Rives boisées et ombragées.
  • RĂ©servoir plein avril 2008.
    RĂ©servoir plein .
  • Crète et parement aval du barrage - coursier du dĂ©versoir de crue du rĂ©servoir.
    Crète et parement aval du barrage - coursier du déversoir de crue du réservoir.
  • Vue aĂ©rienne du barrage.
    Vue aérienne du barrage.
  • Vue aĂ©rienne du rĂ©servoir.
    Vue aérienne du réservoir.

Activités

Sa situation en pĂ©riphĂ©rie immĂ©diate d'Épinal en fait un domaine très apprĂ©ciĂ© pour les promenades familiales de la population avoisinante, et pour les activitĂ©s nautiques et de plein air. Une piste cyclable et pĂ©destre, longue de 13,5 km relie le rĂ©servoir au port de la CitĂ© de l'Image d'Épinal, longeant en grande partie le canal de l'Est. Bouzey offre une vĂ©ritable base de loisirs Ă  10 kilomètres d'Épinal, prĂ©fecture des Vosges : un camping, des restaurants, un lieu de promenade avec les 8 kilomètres de sentiers qui l'entourent, lieu de dĂ©tente pour les activitĂ©s nautiques : 2 plages, dont une surveillĂ©e en saison pour les plaisirs de la baignade, ainsi que l'Ă©cole de voile pour l'apprentissage du nautisme.

Le réservoir de Bouzey est également intéressant pour l'avifaune, attirée par la grande superficie de ce plan d'eau dont la moitié des berges est boisée. C'est ainsi un lieu de passage pour de nombreuses espèces migratrices : chevalier guignette, chevalier gambette, chevalier aboyeur, bécasseau variable et cocorli ainsi que le petit gravelot. On peut observer de nombreux canards colverts et foulques macroules au milieu desquels se dissimulent quelques canards chipeaux et sarcelles d'hiver.

Bouzey est aussi un plan d'eau de deuxième catégorie très prisé des pêcheurs de brochets en barque à l'aide de la méthode dite « à la traîne ».

On trouve Ă©galement Ă  300 mètres Ă  l'Est du rĂ©servoir, l'Ă©tang de la Comtesse[10], sur la commune des Forges, gĂ©rĂ© et surveillĂ© par le Conservatoire des sites lorrains. Il offre l'une des rares tourbières de plaine, oĂą il est possible d'observer la flore typique des tourbières acides ainsi que de nombreux batraciens (salamandres, tritons et divers grenouilles et crapauds).

Bibliographie

Voir aussi

Notes et références

  1. « La rigole d’alimentation de Bouzey », Voies navigables de France (consulté le )
  2. Le Canal d’alimentation du réservoir de Bouzey (CARB).
  3. Rapports et délibérations du Conseil général des Vosges, p. 46, août 1875.
  4. La rigole d’alimentation de Bouzey.
  5. Extrait de « Le canal de l'Est, branche sud » par M. Boulet, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées du département des Vosges, Science et industrie, 1935.
  6. Le canal d'alimentation de Bouzey, panneau de signalétique sur le sentier pédagogique de la moraine de Noirgueux.
  7. Ch. T., « La rupture du réservoir de Bouzey », Le génie civil, no 674,‎ (lire en ligne)
  8. CFBR, « Leçons d’histoire », Comité français des barrages et réservoir,‎ (lire en ligne).
  9. « Le canal de l’Est et le réservoir de Bouzey », association À la découverte de Chaumousey (consulté le ).
  10. Tourbière et étang de la Comtesse sur les communes de Sanchey, Les Forges et sur le bois de Darnieulles.
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