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RĂ©serve naturelle nationale de l'estuaire de la Seine

La rĂ©serve naturelle nationale de l'Estuaire de la Seine (RNN137) est une rĂ©serve naturelle nationale situĂ©e en rĂ©gion Normandie. ClassĂ©e en 1997, elle occupe une surface de 8 528 hectares et protège les espaces naturels de l'estuaire aval de la Seine (slikke, schorre, roselière, prairies humides saumâtres et douces…).

RĂ©serve naturelle nationale de l'Estuaire de la Seine
GĂ©ographie
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Coordonnées
49° 26′ 26″ N, 0° 14′ 08″ E
Ville proche
Superficie
8 528 ha[1]
Administration
Type
Catégorie UICN
IV
WDPA
Création
Administration
Maison de l'Estuaire
Site web
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Cet espace « naturel » est au centre de divers intĂ©rĂŞts divergents. Ainsi, aux frontières de la rĂ©serve, on trouve le grand port maritime du Havre et tout le complexe industriel qui lui est liĂ©, la Seine et son chenal artificialisĂ© par le grand port maritime de Rouen, des infrastructures lourdes : le pont de Normandie, Port 2000. Ă€ l'intĂ©rieur, d'autres acteurs influent Ă©galement sur le fonctionnement biologique de la rĂ©serve : les agriculteurs, les coupeurs de roseau et, mĂŞme, les chasseurs.

Localisation

Périmètre de la réserve naturelle.

Le territoire de la rĂ©serve naturelle est dans les dĂ©partements de l'Eure et de la Seine-Maritime, sur les communes de Berville-sur-Mer, Conteville, La Cerlangue, Saint-Samson-de-la-Roque, Saint-Vigor-d'Ymonville, Sandouville et Tancarville. Il occupe plus de 8 500 hectares entre le pont de Tancarville et la baie de Seine.

Histoire du site et de la réserve

Jusque dans la fin des années 1970, la plaine de débordement aval de la Seine n'avait pas d'autre intérêt que de réserve foncière pour l'extension de la zone industrialo-portuaire. L'air du temps est alors à l'augmentation de la production industrielle, c'est l'époque des trente glorieuses.

En 1984, une zone d'intĂ©rĂŞt communautaire pour les oiseaux (ZICO) est crĂ©Ă©e. C'est Ă  la mĂŞme Ă©poque qu'on commence Ă  envisager une vocation naturelle des prairies, de la roselière et des vasières. En 1985, un pas de plus dans la conservation est franchi avec la crĂ©ation d'une rĂ©serve conventionnelle sur les terrains des Ports Autonome du Havre et de Rouen. En 1990, en application de la directive europĂ©enne Oiseaux, une zone de 2 750 ha est dĂ©clarĂ©e zone de protection spĂ©ciale (ZPS).

Sous la pression de l'Europe, l'État français prend un dĂ©cret le qui entĂ©rine la crĂ©ation de la RĂ©serve naturelle nationale de l'Estuaire de la Seine[2]. Cette dernière ne fait alors que 3 768 ha et ses limites n'ont Ă©tĂ© fixĂ©es qu'après d'âpres nĂ©gociations entre les diffĂ©rents acteurs politiques, Ă©conomiques et naturalistes prĂ©sents sur cet espace. Il faut encore attendre l'arrĂŞt de la Cour de Justice EuropĂ©enne du oĂą l'État français est mis en demeure d'Ă©tendre la ZPS de l'estuaire de la Seine et de renforcer son statut juridique.

La ZPS se voit Ă©tendre Ă  18 840 ha (ZPS "Estuaire et marais de la Basse Seine") et le , un nouveau dĂ©cret porte la rĂ©serve Ă  sa surface actuelle : 8 528 ha[3].

Écologie (biodiversité, intérêt écopaysager…)

La partie terrestre de la réserve naturelle de l'Estuaire de la Seine est un espace fortement anthropique. À l'origine espace de divagation du cours de la Seine, l'endiguement progressif du fleuve a transformé au fil des années les vasières et bancs de sable en prairies humides et roselières. Aujourd'hui, le fonctionnement hydraulique de la réserve est en grande partie géré par l'homme par l'intermédiaire de différents ouvrages : vannes, fossés, buses... Un grand nombre d'acteurs, aux intérêts souvent divergents, cohabitent sur la réserve.

L'écotone mouvant qui fait transition entre terre, fleuve et mer, les estuaires est un milieu écologiquement très complexe. L'espace estuarien relève en outre de nombreuses disciplines et de plusieurs dispositifs institutionnels, qui selon certains auteurs expliquent la dégradation de l'estuaire (« L'état actuel de dégradation de l'estuaire de la Seine met en évidence de manière significative les lacunes dans la gestion des milieux estuariens. Douze mesures réglementaires ou incitatives y sont appliquées, et un même secteur de l'estuaire, du fait de la présence d'un grand nombre d'acteurs, peut relever de neuf mesures. Cette accumulation de contraintes dessert plus qu'elle ne sert les intérêts de l'estuaire »[4]). Les ports autonomes n'ont cessé de s'agrandir, dont le Havre « Port 2000 », en proposant des mesures compensatoires insuffisantes pour minimiser l'impact hydro-sédimentaire et pour restaurer les milieux dégradés, sans garanties de pérennité des écosystèmes et pouvant même in fine être plus dommageables que bénéfiques, car constituant un « alibi » pour faire approuver de nouveaux aménagements et destructions de milieux[4]. Le programme scientifique Seine-Aval a impulsé un plan de gestion plus intégrée de l'estuaire[4].

L'une des grandes mesures compensatoires à la destruction de milieux a été la création en 1990 de « vasières artificielles »[5].

Faune

L'estuaire de la Seine est un lieu de halte pour de nombreuses espèces d'oiseaux migrateurs. Butor étoilé, Phragmite aquatique, Spatule blanche ou Râle des genêts sont quelques exemples des espèces qui font de la réserve un haut lieu pour la biodiversité.

Administration, plan de gestion, règlement

La réserve naturelle est gérée par la Maison de l'Estuaire. Cette association loi de 1901 a été créée en 1992 pour constituer un espace de dialogue entre tous les acteurs de l'estuaire : ports, industriels, agriculteurs, chasseurs, naturalistes... C'est avec le lancement du débat sur Port 2000 qu'elle devient un médiateur incontournable. En 1999, l'État confie à la Maison de l'estuaire le rôle de gestionnaire de la toute nouvelle réserve naturelle nationale de l'estuaire de la Seine. Dès lors, l'association portera deux casquettes pas toujours évidentes à accorder : médiateur du développement et gestionnaire d'un espace naturel protégé.

La Maison de l'Estuaire possède une équipe salariée d'une quinzaine de personnes. Ces employés sont chargés d'appliquer le plan de gestion de la réserve naturelle validé par le préfet.

L'agriculture au sein de la réserve

On compte plus de 120 exploitants agricole sur la réserve qui se partagent une surface agricole utile de plus de 2000 ha. On peut distinguer trois types d'utilisation du sol en termes d'agriculture sur la réserve : la culture, le pâturage et la fauche.

Les cultures se font principalement sur la partie la plus déconnectée des fluctuations de la Seine : le Marais de Cressenval (situé au nord du canal de Tancarville). Les semences sont variées : blé, colza, escourgeon, maïs... On trouve également quelques parcelles de maïs sur des terrains inondables dans les prairies du Hode (situées entre le canal de Tancarville et la Seine), cela ne va pas sans poser de problèmes car la culture du maïs est en totale inadéquation avec une inondation des prairies. Le deuxième plan de gestion prévoyait un retour progressif à l'herbe des surfaces cultivées, cette intention a été reprise dans le troisième plan de gestion[6].

Le pâturage et la fauche sont pratiqués sur l'ensemble des prairies de la réserve (Marais de Cressenval, prairies du Hode, prairies Sub-halophiles et prairies rive Sud). Une parcelle peut être utilisée exclusivement pour une seule de ces activités ou bien les accueillir successivement au cours de la même saison : fauche puis pâturage de regain. La date de fauche sur la réserve est tardive : le plan de gestion impose une date postérieure au 1er juillet.

Exploitation de la roselière

La roselière de l'estuaire de la Seine est une des plus grandes de France, elle s'Ă©tend sur un peu plus de 1 000 ha. Elle est de formation rĂ©cente (apparition au cours des annĂ©es 1980) et rĂ©sulte de l'atterrissement de l'estuaire Ă  la suite de l'endiguement du fleuve dans sa partie aval.

Une partie de la roselière est gérée par des exploitants privés qui coupent le roseau en période hivernale. Cette fauche commerciale a lieu chaque année dans des lots fixés dans le plan de gestion. À l'intérieur de ces lots, les coupeurs laissent sur pied une partie du roseau de manière à conserver des bandes refuges pour l'avifaune et en particulier pour le butor étoilé.

Le roseau coupé dans l'estuaire est utilisé pour la confection du toit des chaumières.

La chasse au gabion

RĂ©colte des roseaux.

L'estuaire de la Seine fait figure d'exception dans le paysage des rĂ©serves naturelles en France puisqu'il s'agit d'une des seules oĂą la chasse est tolĂ©rĂ©e (la chasse est pratiquĂ©e dans environ 50 % des rĂ©serves naturelles Françaises. source la chasse dans les rĂ©serves naturelles, 2001 par Magalie Provence). On compte environ 2 000 chasseurs sur le territoire de la rĂ©serve. La plupart pratiquent la chasse au gibier d'eau dans des gabions. Les gabions sont des sortes de bunkers enterrĂ©s au pied d'une mare artificielle. Les chasseurs s'y enferment pendant la nuit après avoir posĂ© des cages sur les bords de la mare contenant des « appelants » (canards d'Ă©levages qui invitent les individus sauvages Ă  se poser sur la mare). Dès qu'un canard se pose sur la mare, le chasseur se poste au guichet pour pouvoir tirer l'animal.

Bien que critiquable du point de vue écologique, cette pratique permet l'entretien de près de 200 mares artificielles sur la réserve. Ces milieux participent à la biodiversité de la réserve.

Gestion des conflits

À la suite des conflits qui ont opposé divers acteurs sur l'estuaire de la Seine (Natura 2000, Port 2000), un rapport de l'inspection générale de l'environnement, au titre de la prévention d'autres contentieux [7], recommande notamment la mise en place de « comités d’estuaire » dans les grands estuaires.

Outils et statut juridique

La réserve naturelle a été créée par un décret du [2] modifié [3].

Voir aussi

Bibliographie

  • R. Lafite, M. Desprez, T. Leboulanger RĂ©actualisation de la cartographie bio-sĂ©dimentaire de la Grande Vasière Nord de l'Estuaire de la Seine, ; GEMEL/ CCILH.
  • C. Leneveu Étude d'impact du Pont de Normandie, aspect floristique, ; CEDENA / CCILH.
  • C. Leneveu, T. Lecomte La gestion de la grande roselière de l'estuaire de la Seine par le pâturage extensif, ; CEDENA / CCILH.
  • C. Bessineton Étude hydrosĂ©dimentaire de l'extension d'une vasière dans le marais du Hode,
  • C. Bessineton Le Pont de Normandie, incidences sur les ressources halieutiques et la pĂŞche artisanale, ; CSLHN /CCILH
  • C. Bessineton, R. Lafite, S. Simon Étude ichtyologique des abords du Pont de Normandie, ; CSUlN/ CCILH..
  • G. Beteille Avifaune de l'Estuaire de la Seine, situation actuelle des populations d'oiseaux, ; GON / CCILH.
  • C. Larsonneur, J. Avoine Observations sur l'Ă©volution morphologique et sĂ©dimentologique de l'estuaire de la Seine, Laboratoire de gĂ©ologie marine de l'UniversitĂ© de Caen 1; CCILH.
  • L. Hamm Pont de Normandie, reconquĂŞte des vasières, Ă©tude hydraulique d'une alvĂ©ole, 1989 ; SOGREAH / CCILH.
  • Bellessort Étude sur plan du devenir de la vasière nord de l'estuaire de la Seine, ; Sogreah 1; CCILH.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. « Décret n°97-1329 du 30 décembre 1997 portant création de la réserve naturelle de l'estuaire de la Seine », sur Legifrance
  2. « Décret n° 2004-1187 du 9 novembre 2004 portant extension de la réserve naturelle de l'estuaire de la Seine et modifiant le décret n° 97-1329 du 30 décembre 1997 », sur Legifrance
  3. DESROY Nicolas; BARON Manuel; PAYEN Christelle; DAUVIN Jean-Claude ; L'estuaire de la Seine : zone de conflit entre développement économique et préservation de l'environnement = Linking economical development and environmental conservation in the Seine estuary ; vOcéanis ; ISSN 0182-0745
  4. C. Bessineton, « La création de vasières artificielles dans l'estuaire de la Seine », dans Paralia (Génie côtier et Gestion intégrée des zones côtières), télécharger, PDF, 11 pages).
  5. voir le cahier des charges pour l'agriculture en p. 255 du 3e plan de gestion
  6. Rapport de la mission d’expertise sur la gestion durable des estuaires dans une approche communautaire (PDF, 72 pages, par l'inspection générale de l'environnement et le Conseil général des ponts et chaussées)
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