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RĂ©serve nationale Tambopata

La rĂ©serve nationale Tambopata (espagnol : Reserva nacional Tambopata) est une rĂ©serve nationale du PĂ©rou situĂ©e dans la rĂ©gion de Madre de Dios. La rĂ©serve actuelle est issue d'une zone rĂ©servĂ©e fondĂ©e en 1977 et gĂ©rĂ©e par l’amĂ©ricain Max Gunther. Elle a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e le et occupe une superficie de 274 690 ha. Elle exerce un attrait touristique et scientifique majeurs grâce Ă  sa biodiversitĂ© remarquable. L'Ă©cosystème est localement menacĂ© par l'orpaillage et la surexploitation de la forĂŞt, d'oĂą son rĂ´le majeur dans la protection de l'environnement. Le statut de la rĂ©serve permet aux peuples autochtones, principalement les Esse Ejja, de conserver une certaine autonomie et Ă  une agriculture contrĂ´lĂ©e de perdurer.

RĂ©serve nationale Tambopata
Lac Sandoval.
GĂ©ographie
Pays
RĂ©gion
Province
Coordonnées
12° 55′ 14″ S, 69° 16′ 55″ O
Ville proche
Superficie
2 746,90 km2
Administration
Catégorie UICN
VI
WDPA
Création
Administration
Carte

Histoire

Vers 1975, deux hommes d'affaires, l'amĂ©ricain Max Gunther et Pepe Rada, dirigent Peruvian Safaris, une compagnie qui organise des expĂ©ditions de chasseurs Ă  travers la jungle pĂ©ruvienne. Lorsque le gouvernement interdit la chasse des trois plus gros gibiers (le jaguar, l'ours Ă  lunettes et le cerf des Andes), ils dĂ©cident de se tourner vers le tourisme et de s'implanter Ă  Puerto Maldonado, dotĂ© d'un aĂ©roport, proche de Cuzco et situĂ© au cĹ“ur d'une forĂŞt encore prĂ©servĂ©e. Après l’acquisition d'une parcelle de 105 hectares, Max Gunther achète la quasi-totalitĂ© des parts de la sociĂ©tĂ© et fonde en 1976 un lieu d'hĂ©bergement, Explorer's Inn (l'auberge de l'explorateur), inaugurĂ© par le prĂ©sident Francisco Morales BermĂşdez. Il sollicite des scientifiques nord-amĂ©ricains dont les Ă©tudes prĂ©liminaires attestent de l'intĂ©rĂŞt du site, ce qui permet de soutenir la crĂ©ation d'une zone rĂ©servĂ©e auprès du gouvernement en 1977, qui en confie alors la garde Ă  la Peruvian Safaris. Le projet touristique se double alors d'un volet scientifique et d'un engagement en faveur de la protection de la nature[1]. Une première Ă©tude biotique est menĂ©e sous la direction de l'Ă©cologue David. L. Pearson en 1979[2].

La gouvernance collective de la réserve est issue d'un compromis entre l'État, les défenseurs de l’environnement, les acteurs économiques et les populations indigènes. En effet, le biologiste Charles Munn (en) et des environnementalistes militent dans les années 1990 pour que la zone réservée élargie de Tambopata-Candamo, approuvée en 1990, bénéficie d'un niveau de protection supérieur, tandis que les agriculteurs forestiers et les autochtones, ces derniers notamment regroupés au sein de la Federación Nativa del Río Madre de Dios y Afluentes (Fenamad), défendent le droit de rester sur le territoire qu'ils occupent et d'y maintenir des activités marchandes. Les autorités locales du département marquent leur désaccord avec le gouvernement. Le processus prend fin au terme de négociations houleuses et avec la création du Parc national Bahuaja Sonene en 1996 et de la Réserve nationale Tambopata en 2000[3].

Gestion

La loi forestière de 1975 définit définit quatre types d'unités de conservation : les parcs nationaux, les réserves nationales, les sanctuaires nationaux et les sanctuaires historiques. Le statut de zone réservée accordé en 1977 correspond à un cadre de protection intermédiaire pour des aires susceptibles d'en devenir une si l’évaluation le justifie. Celui de réserve nationale, obtenu en 2000, autorise le maintien d'une exploitation marchande de la forêt, comme la culture de noix. Le comité de gestion de Tambopata, notamment composé d'agriculteurs, constitue une force d'opposition civile à l’expansion des chercheurs d'or et plus généralement, un acteur de l'éducation à la protection de la nature[3].

GĂ©ographie

La rĂ©serve se situe Ă  la jonction des rivières Tambopata et de La Torre, Ă  290 mètres d'altitude et Ă  environ 100 kilomètres des Andes. Des collines lĂ©gèrement ondulĂ©es se subdivisent en de petits ruisseaux, qui se jettent dans les cours d'eau, les lacs et les marĂ©cages. Deux saisons peuvent se distinguer, avec une pĂ©riode de forte pluviomĂ©trie entre septembre et mars-avril, mĂŞme si les prĂ©cipitations varient fortement d'une annĂ©e sur l’autre[2].

Biodiversité

Faune

La biodiversité de Tambopata est réputée dès les années 1970 pour son caractère exceptionnel. En 1988 sont recensées, dans un périmètre de km autour du parc, 548 espèces d'oiseaux, un record mondial, 1222 papillons, 151 libellules, 29 cicindèles et 73 taons. Au nombre des espèces menacées se trouvent la loutre géante, le saïmiri à tête noire et la podocnémide de Cayenne. La présence du jaguarondi, du margay, du caïman noir et du chien des buissons est aussi attestée[4]. En 2002, 91 espèces de mammifères, 94 poissons, ainsi que 127 reptiles et amphibiens sont dénombrés[5].

Flore

Plusieurs classifications sont envisageables selon les critères retenus. En 1985, Terry L. Erwin distingue neuf catégories de forêts caractérisées selon le sol et le drainage, analysant trois forêts non inondables, quatre partiellement inondables et une inondée de manière permanente[2]. Une étude publiée en 1994 et focalisée sur une aire géographique plus large, la zone réservée de Tambopata-Candamo, aboutit cependant à la conclusion que sur douze types de forêts tropicales, quatre groupes sont nettement séparées à la lumière de l'observation spatiale des cimes[6]. La végétation est représentative du sud-ouest du bassin de l’Amazone. Des espèces forestières sont exploitées telles que le cèdre (Cedrela odorata) , l'acajou (Swietenia macrophylla), le Cedrelinga cateniformis et le noyer du Brésil[5].

Lutte contre les risques environnementaux

Installation d'orpailleurs sur le Rio Tambopata.

L'orpaillage clandestin, l’extraction de bois, la pression sur les terres agricoles et les ressources forestières sont des activitĂ©s propices Ă  la dĂ©forestation dans la rĂ©gion, provoquant ou ayant provoquĂ© des dĂ©gâts sur la rĂ©serve[5]. Après avoir envahi la zone tampon, les mineurs ont pĂ©nĂ©trĂ© la rĂ©serve et dĂ©truits 759 hectares de forĂŞt primaire. Après leur Ă©vacuation par les forces de l'ordre et l'armĂ©e en 2019, un programme de reforestation est entrepris en concertation avec le Centre de l'Innovation Scientifique de l'Amazonie et d'anciens mineurs. Les 30 000 arbres livrĂ©s fin 2019 comprennent des espèces pionnières Ă  croissance rapide, comme le pashaco (Schizolobium amazonicum), et des lignes de diversitĂ©, comme le kapokier (Ceiba pentandra)[7].

Notes et références

  1. (en) « Max Gunther (1925-2018) », sur http://tambopata.org.uk/ (consulté le ).
  2. (en) Terry L. Erwin, « Tambopata Reserved Zone, Madre de Dios, Peru : History and Description of the Reserve », Revista peruana de entomologia, vol. 27,‎ , p. 1-8 (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) José Carlos Orihuela, « Assembling participatory Tambopata : Environmentality entrepreneurs and the political economy of nature », Forest Policy and Economics, vol. 80,‎ , p. 52-62 (DOI 10.1016/j.forpol.2017.03.010)
  4. (en) Paul D. Stewart, « Tambopata Reserve Zone, South-East Peru », Oryx, vol. 22, no 2,‎ (ISSN 0030-6053, e-ISSN 1365-3008, DOI 10.1017/s0030605300027563)
  5. (en) « Park Profile – Peru Tambopata National Reserve and Bahuaja-Sonene National Park », sur http://parkswatch.org/, (consulté le )
  6. (en) R.A. Hill et G.M. Foody, « Separability of tropical rain-forest types in the Tambopata-Candamo Reserved Zone, Peru », International Journal of Remote Sensing, vol. 15, no 13,‎ , p. 2687–2693 (DOI 10.1080/01431169408954276)
  7. Marie-Laure Théodule et Olivier Donnars, « Reforester l’Amazonie, le pari fou du Pérou », sur https://www.sciencesetavenir.fr/, (consulté le ).
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