AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

RĂ©acteur (chimie)

En chimie, un réacteur est une enceinte ou récipient apte à la réalisation et l'optimisation de réactions chimiques et généralement de procédés de transformation de la matiÚre (génie des procédés). Le but recherché dans un réacteur est l'homogénéité du milieu réactionnel du point de vue de la température et du mélange des réactifs.

Par exemple :

  • cuve : rĂ©acteur ouvert Ă  l'atmosphĂšre permettant de faire une transformation chimique ;
  • biorĂ©acteur : rĂ©acteur permettant de faire une transformation biologique. Dans le cas d'une fermentation, on utilise aussi le terme de fermenteur ;
  • grignard : rĂ©acteur permettant de travailler sous lĂ©gĂšre pression ou dĂ©pression ;
  • autoclave : rĂ©acteur permettant de travailler sous forte pression.

En fonction des limitations imposées par la sécurité, la thermodynamique ou la cinétique, l'ingénieur-chimiste est chargé de dimensionner le réacteur afin d'optimiser la performance du procédé. Comme il n'est pas possible d'obtenir un taux de conversion de 100 %, un bon dimensionnement permet de réduire les coûts de séparation et de réduire la quantité de déchets.

Généralités

Il existe des réacteurs de toutes tailles et de toutes formes. Dans les procédés continus, le réacteur est en général construit sur mesure, en fonction des spécificités de la réaction. Dans les procédés discontinus, on utilise des réacteurs polyvalents normés.

Les réacteurs sont construits en acier inoxydable (le plus courant), en émail (pour des réactions avec des acides ou autres produits corrosifs), voire en titane ou en hastelloy pour des réactions particuliÚrement corrosives.

La structure générale des réacteurs est une cuve avec un systÚme de contrÎle de température. Il existe différentes configurations pour le contrÎle de température :

  • un manteau situĂ© tout autour de la cuve oĂč circule le fluide caloporteur ;
  • le demi-tube soudĂ© autour de la cuve oĂč circule de maniĂšre forcĂ©e le fluide caloporteur ;
  • l'Ă©changeur de chaleur interne (serpentin placĂ© dans la cuve) et l'Ă©changeur de chaleur externe (le mĂ©lange rĂ©actionnel de la cuve est pompĂ© Ă  l'extĂ©rieur de la cuve, passe dans un Ă©changeur de chaleur, puis est renvoyĂ© dans la cuve).
Dimensions générales pour réacteur en inox construit selon normes DIN 28136
Volume nominal (l) Volume de travail max. (l) Volume total (l) Poids Ă  vide (kg) Surface d'Ă©change (double enveloppe) (m2) Surface d'Ă©change (demi-coquilles) (m2)
63 87,5 100 350 0,63 -
100 126 138 400 0,86 -
160 198 218 450 1,2 -
250 330 363 750 1,48 1,1
400 465 512 900 2,04 1,63
630 800 900 1 100 2,73 2,05
1 000 1 380 1 550 1 400 3,86 2,93
2 500 3 265 3 665 2 300 7,64 6,0
10 000 10 815 12 160 6 000 22,0 13,5
16 000 18 980 21 120 8 000 32,0 20,0
Le poids est donnĂ© pour un rĂ©acteur Ă  double manteau (63-2 500 l) respectivement pour rĂ©acteur avec demi-tube (10 000-16 000 l). Le poids Ă  vide concerne les rĂ©acteurs avec leur Ă©quipement (capteur, agitateur, etc.). Valeurs indicatives selon DIN 28136.

Réacteurs idéaux

Dans le domaine du génie chimique, on trouve trois grandes classes de réacteurs :

  • les rĂ©acteurs qui travaillent avec des flux continus :
    • les rĂ©acteurs continus ou ouverts (en anglais CSTR - Continuous Stirred-Tank Reactor) ;
    • les rĂ©acteurs Ă  Ă©coulement piston (PFTR - Plug Flow Tubular Reactor) ;
  • les rĂ©acteurs discontinus ou fermĂ©s (batch reactor) ;
  • les rĂ©acteurs semi-continus ou semi-fermĂ©s (fed-batch) qui se situent entre le rĂ©acteur fermĂ© et le rĂ©acteur ouvert.

Ces réacteurs sont appelés aussi réacteurs idéaux, car ils servent de modÚle de base pour le design de procédés chimiques. Ils sont définis par un certain nombre d'hypothÚses qui facilitent la modélisation du procédé.

RĂ©acteur continu

RĂ©acteur continu

Les hypothÚses liées au modÚle du réacteur continu sont les suivantes :

  • mĂ©lange homogĂšne au niveau molĂ©culaire ;
  • tempĂ©rature homogĂšne du milieu ;
  • volume et densitĂ© constants (dĂ©bit d'entrĂ©e = dĂ©bit de sortie) ;
  • concentrations et tempĂ©rature du flux de sortie sont les mĂȘmes que celles dans le rĂ©acteur.

Il satisfait au bilan suivant : ENTRÉE + SOURCE + PUITS = SORTIE.

Un tel bilan est dit stationnaire (propriété du réacteur continu aprÚs sa phase de démarrage c'est-à-dire dans sa phase de production), c'est-à-dire que la température ainsi que les concentrations des composants du milieu ne changent pas avec le temps. Mathématiquement il en résulte :

bilan de matiĂšre : ;
bilan d'Ă©nergie : .

Avantages :

  • Peu de variation dans la qualitĂ© d'un produit sur une longue pĂ©riode de temps.
  • Haute performance.
  • Bon pour des Ă©tudes cinĂ©tiques.
  • Travaille Ă  des faibles concentrations de rĂ©actifs (meilleure sĂ©curitĂ©, meilleure conversion pour des ordres de rĂ©actions infĂ©rieurs Ă  1 ou en cas d'inhibition par le substrat).

DĂ©savantages :

  • Moins bonne conversion pour des ordres de rĂ©actions supĂ©rieurs Ă  1 ou en cas d'inhibition par le produit.
  • NĂ©cessite un excellent contrĂŽle des flux (entrĂ©e et sortie).
  • Ne permet pas des rĂ©actions nĂ©cessitant des variations des conditions opĂ©ratoires.

RĂ©acteur discontinu

RĂ©acteur batch

Les hypothÚses liées au modÚle du réacteur discontinu sont les suivantes :

  • mĂ©lange homogĂšne au niveau molĂ©culaire ;
  • tempĂ©rature homogĂšne du milieu ;
  • volume constant (dĂ©bit d'entrĂ©e = dĂ©bit de sortie = 0).

Il satisfait au bilan suivant : SOURCE + PUITS = ACCUMULATION.

Un tel bilan est dit transitoire, c'est-à-dire que les concentrations des composants du milieu changent avec le temps. La température peut rester constante (réacteur isotherme) ou non. Mathématiquement cela donne :

bilan de matiĂšre : ;
bilan d'énergie (trois possibilités) :
  • mode polytropique : ,
  • mode isotherme : ,
  • mode adiabatique : .

Avantages :

  • Installation simple et offrant une trĂšs grande polyvalence.
  • Permet des rĂ©actions nĂ©cessitant des variations des conditions opĂ©ratoires (notamment changement de la tempĂ©rature).

DĂ©savantages :

  • Travaille Ă  des concentrations de rĂ©actifs Ă©levĂ©es au dĂ©but de la rĂ©action (problĂšme de sĂ©curitĂ©, moins bonne conversion en cas d'inhibition par le substrat).
  • NĂ©cessite un temps mort entre chaque opĂ©ration (remplissage, vidange, nettoyage) qui nuit Ă  la performance.

RĂ©acteur Ă  Ă©coulement piston

RĂ©acteur piston

Les hypothÚses liées au modÚle du réacteur piston sont les suivantes :

  • le mĂ©lange radial est considĂ©rĂ© comme parfait ;
  • l'Ă©coulement est de type piston ;
  • la densitĂ© constante ;
  • pas de mĂ©lange axial.

Il satisfait au bilan suivant : ENTRÉE + SOURCE + PUITS = SORTIE.

Le réacteur est considéré à l'état stationnaire, mais possÚde un profil de température et de concentration en fonction de son axe. On considÚre non pas le réacteur dans sa totalité, mais on le divise en fine tranche, ce qui permet d'écrire :

bilan de matiĂšre : pour une tranche d'Ă©paisseur dL et de volume dV ;
bilan d'Ă©nergie : .

Avantages :

  • Peu de variation dans la qualitĂ© d'un produit sur une longue pĂ©riode de temps.
  • Haute performance.

DĂ©savantages :

  • NĂ©cessite un excellent contrĂŽle des flux (entrĂ©e et sortie).

RĂ©acteur Ă  lit fixe

Le réacteur à lit fixe est un type de réacteur à écoulement piston. Il est principalement utilisé pour des réactions catalytiques hétérogÚnes en phase gazeuse: la réaction a lieu à la surface d'un catalyseur solide, les réactifs et les produits étant des gaz. Le catalyseur est déposé à la surface de supports inertes (grilles métalliques ou éléments en silice) qui forment une structure fixe (lit fixe) placé dans le réacteur. Les réactifs circulent dans le réacteur autour des éléments du lit (voire dans les éléments du lit si ce dernier est constitué d'éléments poreux) et réagissent à la surface de ce dernier avec le catalyseur.

RĂ©acteur semi-continu

RĂ©acteur semi-continu

Le réacteur semi-continu est trÚs semblable au réacteur discontinu. Le principal changement provient du fait que le volume change durant la réaction. Les principales hypothÚses du modÚle sont ainsi :

  • mĂ©lange homogĂšne au niveau molĂ©culaire ;
  • tempĂ©rature homogĂšne du milieu.

Il satisfait au bilan suivant : ACCUMULATION = ENTRÉE + SOURCE + PUITS.

Bilan de matiĂšre : .
Bilan d'énergie (trois possibilités) :
  • mode polytropique : ;
  • mode isotherme : ;
  • mode adiabatique : .
Bilan de volume : .

Avantages :

  • Permet un contrĂŽle de la concentration (meilleure sĂ©curitĂ©).
  • Permet des rĂ©actions nĂ©cessitant des variations des conditions opĂ©ratoires (notamment changement de la concentration des rĂ©actifs).
  • Meilleure conversion en cas d'inhibition par le substrat.
  • Permet d'atteindre de trĂšs hautes densitĂ©s cellulaires en biotechnologie.

DĂ©savantages :

  • NĂ©cessite un excellent contrĂŽle du flux d'entrĂ©e (danger d'accumulation des rĂ©actifs).
  • NĂ©cessite un temps mort entre chaque opĂ©ration (remplissage, vidange, nettoyage) qui nuit Ă  la performance.

Autres réacteurs

RĂ©acteur avec recyclage

Il s'agit en général d'un réacteur à écoulement piston dont une partie du flux de sortie est réinjectée dans le réacteur par mélange avec le flux d'entrée. Ce type de réacteur est couramment utilisé lorsque la conversion est faible dans le réacteur, afin d'augmenter les rendements.

Cascade de réacteurs

Ce type de réacteur est caractérisé par une succession de réacteurs (plusieurs réacteurs continus ou un duo réacteur continu-réacteur à écoulement piston. Le flux de sortie du premier réacteur sert de flux d'entrée au second réacteur et ainsi de suite. Cette configuration permet d'atteindre des conversions trÚs élevés. Les réacteurs peuvent s'associer en série ou en parallÚle.

Réacteurs non idéaux

Dans la réalité, les hypothÚses ne sont pas respectées et ceci d'autant plus si le réacteur est volumineux. Ainsi, dans un réacteur de plusieurs milliers de litres, la température n'est pas uniforme, ce qui engendre des profils de concentrations, car la vitesse de réaction, dépendante de la température, n'est pas uniforme dans la masse réactionnelle.

Afin de mesurer l'idéalité d'un réacteur, il existe une technique, la distribution de temps de séjour (DTS). Cette technique permet, via la mesure de la concentration d'un traceur à différents endroits du réacteur, de comparer un réacteur avec les modÚles ci-dessus et le cas échéant de corriger le modÚle pour tenir compte des déviations.

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.