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Quintus Mucius Scævola (consul en -95)

Quintus Mucius Scævola dit le Pontife, né vers et mort assassiné en , figure éminente et jurisconsulte, homme politique durant la République romaine, est le fils de Publius Mucius Scævola, consul en .

Quintus Mucius Scævola
Fonctions
Consul
Édile
à partir de
Tribun de la plèbe
à partir de
Sénateur romain
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
Quintus Mucius Scaevola
Époque
République romaine tardive (en)
Activités
Famille
Mucii Scaevolae (d)
Père
Mère
Inconnue
Conjoint
Licinia Crassa (d)
Enfant
Gens
Statut

Biographie

Scævola naît vers col. 1_1-0">[1]. Son nom complet est Q. Mucius P. f. P. n. Scævola[2] (« Quintus Mucius Scævola, fils de Publius et petit-fils de Publius »). Il est membre des Mucii Scævolae, la branche plébéienne de la gens Mucia prétendant descendre de C. Mucius Scævola[3]. Il est le fils de P. Mucius Scævola, consul en [2] et le petit-fils de P. Mucius Scævola, consul en [2].

Carrière

À la mort de son père, Scævola entre dans le collège des pontifes[4]. En , il est élu tribun de la plèbe.

La suite de la carrière politique de Scævola est liée à celle de L. Licinius Crassus, né en et marié en à une fille de Q. Mucius Scævola dit l'Augure[4].

Vers -, Scævola est édile avec Crassus[4]. Au cours de leur édilat, ils donnent des jeux avec, pour la première fois, des combats de lions[4] - VIII,_53_5-0">[5].

En , Scævola est consul avec Crassus pour collègue[4]. Ils proposent et font adopter la lex Licinia Mucia de civibus redigendis, qui refuse la citoyenneté romaine à certaines cités latines et italiennes, ce qui est un prélude à la guerre sociale. Lorsque Crassus demande à célébrer le triomphe, Scævola s'y oppose[4].

En -§ 18_6-0">[6] - [7] ou en -n. 52_8-0">[8], Scævola est gouverneur de la province d'Asie[4]. Son gouvernorat est resté célèbre pour avoir sévi sévèrement contre les percepteurs d'impôt corrompus, ainsi que pour avoir promulgué un édit qui plus tard est devenu un modèle pour l'administration provinciale. Les cités d'Asie prennent alors la décision exceptionnelle de célébrer, en son honneur, des concours pentétériques : les Sôteria kai Moukieia§ 18_6-1">[6] - [7]. Il semble que des cités libres telle Pergame, où le début d'une lettre de Scævola acceptant cet honneur a été retrouvé aient participé à cette décision§ 18_6-2">[6]. D'après Cicéron, ils seront maintenu sous la domination de Mithridate VI[7].

À la mort de Cn. Domitius Ahenobarbus en , Scævola succède à celui-ci comme pontifex maximus[9]. Il en profite pour remettre un peu d'ordre, et faire suivre plus scrupuleusement les rituels traditionnels.

Mort

En , lors des funérailles de Marius, C. Flavius Fimbria tente d'assassiner Scævola. Celui-ci est blessé.

En , C. Marius est élu consul ; et L. Junius Brutus Damasippus, préteur urbain. Marius, assiégé par Sylla à Préneste, donne à Damasippus l'ordre de tuer Scævola ainsi que P. Antistius, C. Papirius Carbo Arvina et L. Domitius Ahenobarbus. Scævola meurt [9] - col. 1_1-1">[1]. Il est tué dans le temple de Vesta[9][10].

Descendants

Scævola est le père de Mucia Tertia, troisième épouse de Pompée[2].

Œuvre

Scævola est l'auteur des Iuris civilis libri, un traité de droit civil en dix-huit livres[11]. La tradition lui attribue le Liber singularis horon[11].

Dans un texte transmis par Varron[12] et cité par saint Augustin[13], Scævola distingue trois catégories de dieux : ceux qui sont introduits par les poètes (il s'agit de fictions qu'il ne faut pas prendre au sérieux), ceux qui viennent de la théologie philosophique, notamment stoïcienne, théologie qu'il ne condamne pas en soi mais dont il redoute les effets néfastes sur le système religieux de Rome[14], et enfin ceux qui sont introduits par les hommes d'État et dont il défend l'utilité : « La religion officielle de la cité, inspirée, contrôlée et transmise par l'élite politique, les principes civitatis, est privilégiée parce qu'elle est un facteur puissant – le plus puissant – de cohésion du système politique[15]. » Cette distinction s'inscrit dans la réflexion antique sur la theologia tripartita (de), qui plonge ses racines chez Platon, Aristote et le stoïcien Panétios de Rhodes et qui a été clairement formulée par Varron[16].

Ses 18 livres de droit civil sont la seule œuvre préclassique que l'on ait continué à lire pendant toute la période classique : il est vrai qu'elle innovait fondamentalement en introduisant une certaine systématique (par la classification des questions juridiques en catégories) dans des matières exposées jusque-là de manière casuistique.

Cicéron suivit ses enseignements, après avoir assisté à ceux de son cousin Q. Mucius Scævola l'Augure[17].

Notes et références

  1. col. 1-1" class="mw-reference-text">Howatson 2013, p. 512, col. 1.
  2. Seguin 1970, p. 112.
  3. Seguin 1970, p. 97.
  4. Seguin 1970, p. 106.
  5. VIII,_53-5" class="mw-reference-text">Pline, Hist. nat., VIII, 53.
  6. § 18-6" class="mw-reference-text">Ferarry 2001, § 18.
  7. Ferrary 1997, p. 217.
  8. n. 52-8" class="mw-reference-text">Delrieux 2001, n. 52.
  9. Seguin 1970, p. 107.
  10. Cicéron, Pro Sesto Roscio, 12 ; Lucain, Pharsale, livre II
  11. Ferrary, Schiavone et Stolfi 2018.
  12. Antiquités divines, fr. 7.
  13. La Cité de Dieu, 4, 27.
  14. Cette orientation philosophique peut instiller le doute dans le peuple à l'égard de la religion traditionnelle, gage de stabilité de la république.
  15. John Scheid, Religion et piété à Rome, Paris, La Découverte, 1985, p. 104-107.
  16. Godo Lieberg, « Die theologia tripartita in Forschung und Bezeugung », Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, I, 4, 1973, p. 63-115.
  17. Cicéron, Laelius de Amicitia, 1.

Voir aussi

Éditions

Sources épigraphiques

  • OGIS, 438-439

Sources antiques

Bibliographie

  • [Behrends 2012] Okko Behrends, « La lex Licinia Mucia de civibus redigundis de a. C. : une loi néfaste d'auteurs savants et bienveillants », dans Stéphane Ratti (éd. et av.-prop.), Antiquité et citoyenneté (actes du colloque international organisé par l'Institut des sciences et techniques de l'Antiquité (ISTA), et tenu à Besançon du au ), Besançon, Presses universitaires franc-comtoises (diff. Paris, les Belles Lettres), coll. « ISTA / Littératures et civilisations antiques », , 1re éd., 1 vol., 398, ill., 15,5 × 22 cm (ISBN 2-84627-076-7, OCLC 470207807, BNF 38930755, SUDOC 06944367X, présentation en ligne), 1re part., chap. 1er, p. 15-34 (lire en ligne).
  • [Bresson et Descat 2001] Alain Bresson et Raymond Descat (dir.), Les cités d'Asie mineure occidentale au IIe siècle a.C, Pessac, Ausonius, coll. « Études » (no 8), , 1re éd., 1 vol., 294, ill., 24 cm (ISBN 2-910023-13-3, EAN 9782910023133, OCLC 468697667, BNF 37652552, DOI 10.4000/books.ausonius.7128, SUDOC 059052287, lire en ligne) :
  • [David 1992] Jean-Michel David, Le patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome, École française de Rome (diff. Paris, de Boccard), coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome » (no 277), , 1re éd., 1 vol., XXI-952-[6], ill., 25 cm (ISBN 2-7283-0237-1 (édité erroné), OCLC 468793080, BNF 37664493, SUDOC 002717905).
  • [Ferrary 1997] Jean-Louis Ferrary, « De l'évergétisme hellénistique à l'évergétisme romain », dans Michel Christol et Olivier Masson (éd.), Actes du Xe Congrès international d'épigraphie grecque et latine (Nîmes, -), Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire ancienne et médiévale » (no 42), , 1re éd., 1 vol., 499, ill., 24 cm (ISBN 2-85944-281-2, EAN 9782859442811, OCLC 489579360, BNF 35868921, SUDOC 004149939, lire en ligne), p. 199-225.
  • [Frija 2014] Gabrielle Frija, « Les Grecs et les autorités romaines au Ier siècle av. J.-C. : réflexions sur l'évolution du langage honorifique », dans Julien Dubouloz, Sylvie Pittia et Gaetano Sabatini (dir.), L'imperium Romanum en perspective : les savoirs d'empire dans la République romaine et leur héritage dans l'Europe médiévale et moderne (actes du colloque tenu à Paris du au ), Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, coll. « Institut des sciences et techniques de l'Antiquité », , 1re éd., 1 vol., 483, ill., 16 × 22 cm (ISBN 978-2-84867-498-8, EAN 9782848674988, OCLC 903556354, BNF 44237515, SUDOC 182786447, présentation en ligne), 1re part., chap. 4, p. 81-94 (lire en ligne).
  • [Howatson 2013] (en) Margaret C. Howatson, The Oxford companion to classical literature [« Dictionnaire encyclopédique d'Oxford de littérature classique »], Oxford, OUP, coll. « Oxford paperback reference », , 3e éd., 1 vol., VI-632, ill., 12,9 × 19,6 cm (ISBN 978-0-19-954855-2, EAN 9780199548552, OCLC 868566750, SUDOC 172263638, présentation en ligne, lire en ligne), s.v.Scae'vola, 4. Quintus Mucius Scaevola, p. 512.
  • [Roby 2000] (en) Henry John Roby, An introduction to the study of Justinian's Digest [« Une introduction à l'étude du Digeste de Justinien »], Union, Lawbook Exchange, , réimpr. en fac-sim. de la 1re éd. (Cambridge, University Press, ), 1 vol., CCLXXIX, 22 cm (ISBN 978-1-58477-073-2, OCLC 183338663, présentation en ligne, lire en ligne).
  • [Seguin 1970] Roger Seguin, « Sacerdoces et magistratures chez les Mucii Scaevolae », Revue des études anciennes, t. LXII, nos 1-2, , p. 1re part., art. no 5, p. 97-112 (DOI 10.3406/rea.1970.3864, lire en ligne).
  • [Thériault 2012] Gaétan Thériault, « Culte des évergètes (magistrats) romains et agônes en Asie Mineure », dans Koray Konuk (éd.), Stephanèphoros : de l'économie antique à l'Asie Mineure. Hommages à Raymond Descat, Pessac, Ausonius, coll. « Mémoires » (no 28), , 1re éd., 1 vol., 421, in-4o (ISBN 978-2-35613-063-1, EAN 9782356130631, OCLC 800745018, BNF 42756107, SUDOC 16105045X), p. 377-388.
  • [Tuori 2014] (en) Kaius Tuori, « The myth of Quintus Mucius Scaevola : founding father of legal science ? » [« Le mythe de Quintus Mucius Scævola : père fondateur de la science juridique ? »], Revue d'histoire du droit, vol. 7, nos 3-4, , art. no 4, p. 243-262 (DOI 10.1163/1571819042872663).

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