Qatar Charity
Connue autrefois sous le nom de Qatar Charitable Society, Qatar Charity est l'une des principales organisations non gouvernementales dâaide au dĂ©veloppement et dâaide humanitaire au Moyen-Orient.
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Forme juridique | association Ă but non lucratif |
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Zone dâinfluence | Qatar, monde |
Fondation | 1992 |
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SiĂšge | Doha |
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Site web | www.qcharity.com |
Ces projets sont menĂ©s soit directement par Qatar Charity, par lâintermĂ©diaire de ses 24 filiales dans le monde entier, soit par des partenariats avec des ONG internationales ou locales. Elle a Ă©tĂ© accusĂ©e Ă plusieurs reprises de financer des mouvements intĂ©gristes voire terroristes.
Ăquipe dirigeante
Le prĂ©sident de lâassociation est le cheikh Hamad ben Nasser Al Thani ; Yousef bin Ahmed al-Kuwari tient le rĂŽle de directeur gĂ©nĂ©ral. Son siĂšge est Ă Doha.
Projets
Lâune des actions de lâassociation est son Projet Iftar, qui consiste Ă offrir des repas aux musulmans dĂ©munis pendant le mois de Ramadan.
Qatar Charity est aussi prĂ©sent dans le domaine du secours aux sinistrĂ©s lors de catastrophes naturelles. Ainsi, lâassociation a distribuĂ© de la nourriture ainsi que dâautres produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ© tels que des couvertures et des matelas dâune valeur de plus de $100 000 USD aux victimes du tremblement de terre au NĂ©pal en [1]. Lâassociation a Ă©galement jouĂ© un rĂŽle dans la mission dâassistance humanitaire dans la bande de Gaza en 2008 et 2009, en livrant Ă la population sous embargo du matĂ©riel mĂ©dical.
Qatar Charity est prĂ©sent en Afrique. En parallĂšle, lâorganisation investit dans la modernisation du secteur agroalimentaire. Au Burkina Faso, Qatar Charity a remis en 2012 une aide humanitaire dâune valeur de plus de 3 millions de Francs CFA aux rĂ©fugiĂ©s maliens[2].
Avec la rĂ©volution tunisienne de 2011 et la levĂ©e de lâembargo sur les associations Ă vocation religieuse, Qatar Charity a investi en Tunisie. LâONG a ainsi allouĂ© 7,5 millions dâeuros Ă la Tunisie Ă travers trois structures : Tunisia Charity, Marhama (conduite par Mohsen Jendoubi, membre du conseil consultatif dâEnnahdha) et lâAssociation tunisienne de coopĂ©ration et de communication sociale. Outre les activitĂ©s humanitaires classiques (aide alimentaire et assistance aux dĂ©munis), lâenveloppe financiĂšre a Ă©tĂ© accordĂ©e pour financer des projets de dĂ©veloppement, notamment la rĂ©habilitation dâinfrastructures, le rĂ©amĂ©nagement de terres agricoles ou la construction de logements sociaux, dâĂ©coles et de structures sanitaires[3].
Financement de lâislamisme et du terrorisme
La Qatar Charity fait l'objet d'une surveillance de l'autorité de contrÎle des associations au Royaume-Uni tout comme des autorités américaines, notamment à cause de suspicions de financement du terrorisme. Qatar Charity, notamment sa filiale britannique Nectar Trust, finance des groupes djihadistes et fondamentalistes islamistes dans le monde entier sous couvert d'aide humanitaire. Les groupes terroristes Al-Qaïda, Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), Ansar Dine, mais aussi Aqmi et le Mujao ont reçu un soutien financier de la part de Qatar Charity. Les FrÚres musulmans sont également financés par l'association[4].
Pays arabes
Selon Fox News, la Qatar Charity a été placée sur leur liste des organisations terroristes par quatre pays arabes menés par l'Arabie saoudite, qui l'accuse de liens avec l'Iran et de soutien financier à des groupes terroristes, dont Al-Qaïda, Daech et les frÚres musulmans[5].
Grande Bretagne et Europe
Fondé en , Nectar Trust est connu jusqu'en octobre 2017 sous le nom de Qatar Charity UK (ou QCUK). Nectar Trust est la filiale britannique de la Qatar Charity, grùce à laquelle elle a reçu plus de £28 millions en 2016/17[6] - [7] - [8]. Saleh Mohammed Fahad Gharrab Al-Marri, né en , est un ressortissant qatari administrateur du Nectar Trust depuis . Al-Marri est également le conseiller exécutif du président de l'organisation mÚre Qatar Charity[9].
Elle fait l'objet d'une surveillance de l'autorité de contrÎle des associations au Royaume-Uni, en raison de son manque d'indépendance vis-à -vis de sa maison-mÚre, et en raison d'« allégations de financement du terrorisme » portées contre Qatar Charity Qatar et de son rÎle dans le financement de mosquées dirigées par des intégristes[10] - [11] - .
Le Nectar Trust a également fait don de plus de 1,5 million £ en 2015/16 à la Human Relief Foundation, organisation interdite par Israël en raison de son soutien au groupe terroriste Hamas[12] - [13].
Le Nectar Trust continue de soutenir les groupes des FrÚres musulmans en Europe, notamment l'UCOII (la principale association islamique d'Italie) et le Fonds de Dotation Passerelles, une organisation régionale islamique française[8] - [6] - [14].
Les médias britanniques ont révélé que le responsable qatari qui dirigeait la branche britannique de Qatar Charity avait également créé un site internet antisémite[6].
Ătats-Unis
Les chercheurs Daveed Gartenstein-Ross et Aaron Y. Zelin, du think tank amĂ©ricain Washington Institute for Near East Policy classent Qatar Charity parmi les organisations caritatives qui financent les mouvements islamistes sous couvert dâaide humanitaire. Selon eux, Qatar Charity et dâautres associations caritatives du pays auraient fourni une aide financiĂšre aux groupes djihadistes agissant dans le Sahel tels que le Mouvement national de libĂ©ration de l'Azawad (MNLA), Ansar Dine, mais aussi Aqmi et le Mujao[15]. Ces accusations ont Ă©tĂ© reprises par le Canard EnchaĂźnĂ© et le maire de la ville de Gao, Sadou Diallo, ainsi que par Taoufik Bourgou, spĂ©cialiste en gĂ©opolitique Ă lâuniversitĂ© Lyon 3, tandis que pour un autre spĂ©cialiste du Qatar, Nabil Ennasri, ces accusations n'Ă©taient pas Ă©tayĂ©es, bien qu'il puisse exister une certaine porositĂ© entre associations financĂ©es et groupes terroristes[16]. Il ajoute que le Qatar nâa pas soutenu lâopĂ©ration anti-terroriste française dans le Sahel dite « Serval », et que les rumeurs persistantes pourraient rĂ©sulter du trop grand interventionnisme passĂ© du pays et sa dĂ©sormais mauvaise rĂ©putation[17].
Selon le gouvernement amĂ©ricain, Qatar Charity a Ă©tĂ© citĂ© par Oussama ben Laden en 1993 comme l'une des associations caritatives finançant les opĂ©rations d'Al-QaĂŻda au niveau international[18]. Jamal Ahmed al â Fadl, ancien membre d'Al-QaĂŻda et de la Qatar Charitable Society (lâentitĂ© prĂ©dĂ©cesseure de Qatar Charity),entendu lors d'un procĂšs, a confirmĂ© la relation entre les deux organisations[19].
Gartenstein - Ross et Zelin, déjà cités, ont affirmé que le Front islamique syrien, un groupe de six organisations djihadistes au sein de l'opposition syrienne, a bénéficié de financements et de dons de matériel de la part de Qatar Charity. En effet, le groupe a diffusé une vidéo montrant des combattants du mouvement en train de distribuer des vivres aux civils syriens provenant de boßtes portant le logo de Qatar Charity[15].
En , Yahia Sadam, un responsable de lâaide humanitaire dans le mouvement de libĂ©ration soudanais Minni Minnawi, a accusĂ© le Qatar d'avoir assistĂ© les troupes gouvernementales soudanaises dans leurs actions violentes et illĂ©gales Ă lâencontre de la population civile, en « blanchissant » les fonds issus de lâindustrie pĂ©troliĂšre soudanaises par le biais de Qatar Charity[20].
France
En France, Qatar Charity a Ă©tĂ© Ă plusieurs reprises accusĂ©e de financer la promotion dâun islam militant et extrĂ©miste. Un documentaire de la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision Canal Plus a rĂ©vĂ©lĂ© que, contrairement aux affirmations de l'ambassadeur du Qatar en France, Mohamed Al-Kuwari, selon lequel son pays n'aurait jamais financĂ© de mosquĂ©e et n'aurait pas de visĂ©e prosĂ©lyte en France, Qatar Charity a financĂ© sept projets de centres islamiques sur le territoire français. La mosquĂ©e de Mulhouse a notamment bĂ©nĂ©ficiĂ© d'un million d'euros du Qatar. L'association des musulmans d'Alsace, Ă l'origine du projet, se rĂ©clame des FrĂšres musulmans et a reçu le soutien de lâimam al-Qaradawi, prĂ©dicateur extrĂ©miste sur la chaĂźne Al Jazeera auquel Nicolas Sarkozy avait interdit le territoire français en 2012[21].
Qatar Charity a par ailleurs financĂ© en grande partie le lycĂ©e AverroĂšs, un Ă©tablissement privĂ© musulman Ă Lille. En , un professeur de philosophie de lâĂ©tablissement a rĂ©vĂ©lĂ© dans une tribune, publiĂ©e dans le journal LibĂ©ration, les liens de lâĂ©tablissement avec lâUnion des organisations islamiques de France, proche de lâidĂ©ologie des FrĂšres musulmans[22]. Les affirmations du professeur Sofiane Zitouni (selon lesquelles le contenu de ses cours avait dĂ» ĂȘtre modifiĂ© pour se conformer à « lâĂ©thique » musulmane du lycĂ©e, etc.) ont Ă©tĂ© confirmĂ©es dans une enquĂȘte de lâorganisation de journalisme dâinvestigation Mediapart[23].
L'Europe semble ĂȘtre une prioritĂ© de Qatar Charity. L'association finance plusieurs projets notamment en France. Des projets financĂ©s Ă Mulhouse, Strasbourg, Lille, Reims, Le Havre, Clermont-Ferrand, NĂźmes, Longwy, Montpellier, Poitiers, Nantes, DĂ©cines, Saint-Denis, Saint-LĂ©ger-de-Fougeret ont Ă©tĂ© recensĂ©s[4].
Références
- (en) Peter Kovessy, « Qatar relief workers arrive in Nepal, extend mission to three months - Doha News », sur Doha News, (consulté le ).
- BrĂšve : http://fr.allafrica.com/stories/201207270954.html
- « Qatar : la raison du plus riche⊠est souvent la meilleure â Jeune Afrique », Jeune Afrique,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- Christian Chesnot et Georges Malbrunot, Qatar papers, Michel Lafon, (ISBN 9782749940137, lire en ligne).
- (en-US) Ben Evansky, « Qatari charity on new terror list has ties to USAID, UN », sur Fox News, (consulté le )
- (en-GB) Edward Malnick, « Charity boss's links to online hate », The Telegraph,â (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) « Charity Details », sur beta.charitycommission.gov.uk (consulté le )
- (en) « NECTAR TRUST - Filing history (free information from Companies House) », sur beta.companieshouse.gov.uk (consulté le ), (voir comptes complets constitués au 31 mars 2017)
- « Ù Ű°Ù۱۩ ŰȘÙۧÙÙ ŰšÙÙ "Ù۷۱ ۧÙŰźÙ۱ÙŰ©" ÙÙ Ű€ŰłŰłŰ© ۧÙŰŰłÙÙ ÙÙŰłŰ±Ű·Ű§Ù Â», ۏ۱ÙŰŻŰ© ۧÙێ۱Ù,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (en-GB) Edward Malnick, « Charity's links to Qatar raised fears », The Telegraph,â (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consultĂ© le ).
- (en) Andrew Norfolk, « Al Rayan Bank: Clients include âterrorâ group and Abu Hamzaâs former mosque », The Times,â (ISSN 0140-0460, lire en ligne, consultĂ© le ).
- (en) Andrew Norfolk, « A shadowy web traced back to Bradford », The Times,â (ISSN 0140-0460, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en-GB) Camilla Turner, « Government donation to Muslim Charities Forum denounced as "madness" », The Telegraph,â (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consultĂ© le )
- « Mulhouse, un palais pour lâUOIF », Valeurs actuelles,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- « Uncharitable Organizations », sur Washingtoninstitute.org (consulté le ).
- Jean Comte, Au Sahel, le rĂŽle flou du Qatar, la-croix.com, 16 juillet 2014
- Nabil Ennasri, Le Qatar, soutien des jihadistes du Nord-Mali ? Cinq choses Ă savoir, sur nouvelobs.com, 19 janvier 2013.
- http://www.investigativeproject.org/documents/case_docs/2517.pdf
- (en) « United States of America v. Usama bin Laden/Day 2 6 February 2001 », sur wikisource.org (consulté le ).
- (en) « Darfur rebels accuse Qatar of supporting government military campaign », sudantribune.com, 11 février 2015.
- Comment le Qatar finance les mosquées de France, 20 mai 2013 à 18h47, lopinion.fr, 20 mai 2013.
- « Pourquoi jâai dĂ©missionnĂ© du lycĂ©e AverroĂšs », liberation.fr, 6 fĂ©vrier 2015.
- « CollÚge-Lycée AverroÚs de l'UOIF : L'arbre qui cache le désert ! », mediapart.fr.
Voir aussi
Bibliographie
- Christian Chesnot et Georges Malbrunot, Qatar, les secrets du coffre-fort, Paris, Michel Lafon, 2013 (ISBN 978-2-7499-1919-5)
- Christian Chesnot et Georges Malbrunot, Qatar papers. Comment l'Ă©mirat finance l'islam de France et d'Europe, Paris, Michel Lafon, 2019, 188 p. (ISBN 978-2749936369)
Filmographie
- Qatar, guerre d'influence sur l'Islam d'Europe, documentaire de JérÎme Sesquin, écrit par Georges Malbrunot et Christian Chesnot, production Arte, France, 2019, présentation sur le site de la chaßne