Pyrrhocoridae
Les Pyrrhocoridae forment une famille qui regroupe plus de 450 espÚces d'insectes du sous-ordre des hétéroptÚres, c'est-à -dire des punaises. En France, 3 espÚces sont présentes[3].
- Pyrrhocorinae Fieber, 1860[2]
Description
Punaises de taille moyenne Ă grande (8 Ă 30 mm), de coloration souvent vive, Ă antennes de 4 articles, Ă tĂȘte sans ocelles. Le pronotum est explanĂ© latĂ©ralement, et ses marges latĂ©rales sont tranchantes (Ă©moussĂ©es chez les Largidae). Les hĂ©mĂ©lytres sont sans cunĂ©us, et les membranes (partie membraneuse des ailes supĂ©rieures) ont 2 cellules basales et 7 Ă 8 veines. Les tarses ont 3 articles. L'ouverture de la glande odorante mĂ©tathoracique est rĂ©duite[4]. Elles ressemblent Ă des Lygaeidae, Ă des Serinethinae (Rhopalidae), ou aux Largidae. Chez les juvĂ©niles, les glandes odorantes s'ouvrent entre les tergites 3 et 4, 4 et 5 et 5 et 6[5] - [6].
En France, les espĂšces sont rouges Ă taches noires ou entiĂšrement noires et mesurent entre 6 et 10 mm[3].
RĂ©partition et habitat
Elles se rencontrent dans toutes les zones biogĂ©ographiques, mais principalement dans les rĂ©gions tropicales et subtropicales[7]. Certaines atteignent les zones tempĂ©rĂ©es holarctiques. Un seul genre, Dysdercus, est prĂ©sent Ă la fois dans les hĂ©misphĂšres Est et Ouest. Une espĂšce mĂ©diterranĂ©enne, Scantius aegyptius, a Ă©tĂ© introduite dans le Sud de la Californie, oĂč elle est bien Ă©tablie et est devenue invasive[6].
Biologie
La plupart des espĂšces Ă©tudiĂ©es se nourrissent de graines et de fruits, surtout de Malvales, mais elles peuvent complĂ©ter leur alimentation en s'alimentant sur des charognes (petits lĂ©zards, insectes) si la ressource d'alimentation vĂ©gĂ©tale devient insuffisante[3]. Probergrothius angolensis se nourrit sur la cĂ©lĂšbre Welwitschia de Namibie[8]. Toutefois, certaines espĂšces sont connues pour ĂȘtre prĂ©datrices[7], comme Dindymus pulcher, des Philippines, malacophage, alors que Antilochus coqueberti[9], A. russus et Raxa nishidai s'en prennent Ă d'autres Pyrrhocoridae[6]. La majoritĂ© des espĂšces vit dans des plantes basses, mais d'autres comptent parmi la faune de la litiĂšre du sol, se nourrissant de graines mĂ»res tombĂ©es[6].
Le mimétisme entre les juvéniles de Scantius aegyptius avec ceux de Pyrrhocoris apterus, qui produisent des répulsifs à prédateurs, les aide à échapper aux attaques des araignées sauteuses, qui tendent à les éviter aprÚs les avoir goutées[10]. D'ailleurs, de nombreuses espÚces ont des couleurs aposématiques, rouge, jaune, ou noir[11].
Des études menées en Afrique de l'Ouest ont montré que certaines espÚces vivent en grandes colonies comptant plus d'une espÚce. Elles y ont associé des Reduviidae du genre Phonoctonus[7]. Le regroupement de plusieurs individus sur des fruits, qui s'opÚre sur la base de repÚres visuels, olfactifs et tactiles, permet d'optimiser l'alimentation, par la génération d'un "pool enzymatique" qui rend l'alimentation plus profitable pour tout le groupe[12].
Certaines espĂšces de Dysdercus de Malvales arborescentes, se nourrissant de graines riches en huile, sont migratrices, leur permettant une meilleure survie pour la diapause. Les femelles gravides absorbent les muscles du vol, ce qui ne leur permet plus de migrer d'un hĂŽte Ă un autre[6].
Beaucoup d'espĂšces de Dysdercus se nourrissent de graines de Malvales dont la pĂ©riode de maturation est trĂšs courte. Les Ćufs sont pondus dans un temps trĂšs court afin de permettre aux juvĂ©niles de maturer avant que les graines soient Ă©puisĂ©es. Chez certaines espĂšces, les femelles, probablement Ă©puisĂ©es par la ponte en grand nombre, ont une durĂ©e de vie beaucoup plus courte que celle des mĂąles. Chez d'autres, les femelles vivent plus longtemps que les mĂąles[6] - [13] - [14] - [15].
Lors de la copulation, qui se fait en position « cul Ă cul », le mĂąle reste accrochĂ© souvent longtemps Ă la femelle, jusqu'Ă peu avant la ponte, pour empĂȘcher d'autres mĂąles de fĂ©conder la femelle[16]. Chez Pyrrhocoris apterus, la copulation est frĂ©quente, car les rĂ©serves de sperme sont Ă©puisĂ©es aprĂšs la ponte de 3 Ă 5 groupes dâĆufs[17].
Des études ont été menées sur leur microbiote intestinal, montrant que celui-ci se serait adapté pour leur permettre de se nourrir des graines de Malvales, souvent toxiques, leur permettant ainsi de se diversifier pour en tirer profit dans une niche avec peu de concurrence[18] - [19].
Impact sur l'agriculture
Quelques espÚces de Dysdercus ont un impact sérieux sur les cultures de coton, en leur inoculant un champignon lorsqu'elle piquent les graines, impact augmenté du fait qu'elles tentent à former de grandes colonies. On peut les retrouver également sur des cultures de Malvaceae comme les Hibiscus ou les Ceiba[6].
Systématique
Le statut de famille a été reconnu en 1843 par Amyot et Audinet-Serville, mais est souvent attribué à Fieber, 1860[6]. Pendant longtemps, les Largidae ont été compris à l'intérieur de cette famille, comme une sous-famille, mais sont aujourd'hui reconnu par tous les auteurs modernes comme une famille séparée, groupe-frÚre des Pyrrhocoridae avec lesquels ils forment ensemble la superfamille des Pyrrhocoroidea, au sein des Pentatomomorpha.
Cette famille ne comprend pour l'instant pas de subdivisions infĂ©rieures (sous-familles, tribus), bien que des sous-groupes monophylĂ©tiques aient pu ĂȘtre identifiĂ©s[6].
Elle compte 46 genres et plus de 450 espÚces[6], les genres les plus diversifiés étant Antilochus, Dysdercus, Dindymus et Ectatops.
En anglais, elles sont souvent appelées « firebugs », « punaises de feu », « red bugs », « punaises rouges », ou « cotton stainers », les « teinturiers du coton ».
Des espÚces fossiles ont été classées dans les Pyrrhocoridae, dans les genres actuels Dysdercus et Pyrrhocoris et dans le genre fossile Mesopyrrhocoris[22]. Mais une révision de 2021 a contesté cette attribution, si bien qu'à ce jour, aucun fossile de Pyrrhocoridae n'aurait été trouvé[23].
- Dysdercus decussatus, Mozambique
- Dysdercus koenigii, ßle Maurice, agrégation avec adultes et juvéniles.
- Dysdercus nigrofasciatus, Afrique du Sud, adulte avec des juvéniles de différents stades.
- Melamphaus faber, ThaĂŻlande.
- Probergrothius varicornis, Sri Lanka
- Accouplements de Gendarmes.
- « Gendarmes » se nourrissant sur un insecte mort.
- Scantius aegyptius, Espagne
- Dysdercus cingulatus en train de manger, Inde
- Roscius sp., Afrique du Sud
Liste des genres
Selon BioLib (30 juillet 2022)[2], complété de divers travaux[24] - [25] - [26] :
- genre Aderrhis Bergroth, 1906
- genre Antilochus StÄl, 1863
- genre Armatillus Distant, 1908
- genre Australodindymus StehlĂk & Jindra, 2012
- genre Brancucciana Ahmad & Zaidi, 1986
- genre Callibaphus StÄl, 1868
- genre Cenaeus StÄl, 1861
- genre Dermatinus StÄl, 1853
- genre Dindymus StÄl, 1861
- genre Dynamenais Kirkaldy, 1905
- genre Dysdercus Guérin-Méneville, 1831
- genre Ectatops Amyot & Audinet-Serville, 1843
- genre Euscopus StÄl, 1870
- genre Gromierus Villiers, 1951
- genre Guentheriana StehlĂk, 2006
- genre Heissianus StehlĂk, 2006
- genre Jourdainana Stehlik 2007
- genre Melamphaus StÄl, 1868
- genre Myrmoplasta GerstÀcker, 1892
- genre Neodindymus Stehlik, 1965
- genre Neoindra Stehlik, 1965
- genre Odontopus Laporte, 1832
- genre Paradindymus StehlĂk, 1966
- genre Paraectatops StehlĂk, 1965
- genre Probergrothius Kirkaldy, 1904
- genre Pyrrhocoris Fallén, 1814, dont le « gendarme » (Pyrrhocoris apterus)
- genre Pyrrhopeplus StÄl, 1870
- genre Raxa Distant 1919
- genre Roscius StÄl, 1866
- genre Scantius StÄl, 1866
- genre Schaeferiana StehlĂk, 2008
- genre Schmitziana Stehlik, 1977
- genre Sericocoris Karsch, 1892
- genre Siango Blöte, 1933
- genre Sicnatus Villiers & Dekeyser, 1951
- genre Silasuwe StehlĂk, 2006
- genre Stictaulax StÄl, 1870
- genre Syncrotus Bergroth, 1895
Voir aussi
Liens externes
- (en) Référence BioLib : Pyrrhocoridae Amyot & Audinet-Serville, 1843 (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Pyrrhocoridae Fieber, 1860
- (en) Référence Paleobiology Database : Pyrrhocoridae Stal
- (en) Référence Paraneoptera Species Files : Pyrrhocoridae
- (en) Référence Tree of Life Web Project : Pyrrhocoridae
- (en) Référence Animal Diversity Web : Pyrrhocoridae
- (en) Référence uBio : site déclaré ici indisponible le 7 avril 2023
- (en) Référence Fauna Europaea : Pyrrhocoridae (consulté le )
- (en) Référence Catalogue of Life : Pyrrhocoridae (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Pyrrhocoridae (taxons inclus)
Notes et références
- Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 30 juillet 2022
- BioLib, consulté le 30 juillet 2022
- Pierre Moulet, HémiptÚres Coreoidea, Pyrrhocoridae, et Stenocephalidae Euro-Méditerranéens,
- (en) VladimĂr Hemala, Petr Kment, Eva TihlaĆĂkovĂĄ et VilĂ©m NedÄla, « External structures of the metathoracic scent gland efferent system in the true bug superfamily Pyrrhocoroidea (Hemiptera: Heteroptera: Pentatomomorpha) », Arthropod Structure & Development, vol. 63,â , p. 101058 (DOI 10.1016/j.asd.2021.101058, lire en ligne, consultĂ© le )
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