Premier triumvirat
Le premier triumvirat est une alliance politique privée de la fin de la République romaine rassemblant Jules César (Caius Iulius Caesar), Crassus (Marcus Licinius Crassus) et Pompée le Grand (Cnaeus Pompeius Magnus) entre 60 et 53 av. J.-C.
Les protagonistes
En 70 av. J.-C., sont élus consuls Crassus, populaire par sa victoire sur Spartacus et ses esclaves (71 av. J.-C.) et Pompée, qui a éliminé Sertorius en Hispanie.
Jules César s'est signalé comme avocat audacieux en attaquant en justice un consul à sa sortie d'exercice. César et Crassus se placent politiquement du cÎté des populares, opposants à l'aristocratie sénatoriale conservatrice, et démagogues ambitieux, tandis que Pompée s'appuie d'abord sur les optimates mais change pour aller vers les populares. Plus tard, en 52 av. J.-C, il reviendra chez les optimates[1].
Pompée se couvre de gloire dans ses campagnes contre les pirates ciliciens et contre Mithridate VI entre 67 et 63 av. J.-C., tandis que César se fait élire en 63 au titre de pontifex maximus par une campagne financée par Crassus.
Une alliance privée
Ce n'est pas un « triumvirat officiel », mais bien une alliance privée conclue entre ces trois ambitieux en 60 av. J.-C., secrÚtement, car l'échec de la conjuration de Catilina en 63 av. J.-C. est récent. Leur accord, valable pour cinq ans, a pour premier objectif l'élection de Jules César au consulat de 59 av. J.-C., objectif réussi grùce, de nouveau, à la campagne électorale financée par Crassus.
AprĂšs son consulat, CĂ©sar obtient le proconsulat en Gaule narbonnaise, Gaule cisalpine et Illyrie. Il entame aussitĂŽt la conquĂȘte de la Gaule chevelue.
En 56 av. J.-C., l'accord est renouvelĂ© Ă Lucques en Gaule cisalpine (accords de Lucques), car Jules CĂ©sar ne peut quitter le territoire dont il a l'administration sans risquer d'ĂȘtre mis en accusation par ses adversaires politiques. Cette fois les objectifs convenus sont l'Ă©lection de PompĂ©e et Crassus Ă un second consulat, et la prolongation du mandat de CĂ©sar pour la Gaule. Soutenus par les partisans de CĂ©sar, PompĂ©e et Crassus sont Ă©lus pour l'annĂ©e 55 av. J.-C., et font voter la prolongation du mandat de CĂ©sar jusqu'en 50 av. J.-C. Ă la fin de leur magistrature, chacun reçoit un proconsulat : Crassus en Syrie, PompĂ©e en Hispanie.
Fin du triumvirat
Mais en 53 av. J.-C., Crassus est battu et tuĂ© par les Parthes. De plus, Julia, fille de CĂ©sar et femme de PompĂ©e, est morte, ce qui a rompu l'un des liens unissant ces deux hommes. MalgrĂ© la demande de CĂ©sar d'une nouvelle union, PompĂ©e refuse[2]. Une certaine anarchie s'installe Ă Rome[3]. Pendant sept mois, les consuls ne peuvent ĂȘtre Ă©lus. Finalement, en 52 avant J.-C PompĂ©e est Ă©lu seul au consulat. Cette mesure visait Ă rĂ©tablir l'ordre. TrĂšs vite, le sĂ©nat lui donne beaucoup de pouvoir. Ces Ă©vĂ©nements coĂŻncident avec le passage de PompĂ©e des populares au optimates.[4] CĂ©sar et PompĂ©e se brouillent alors pour le pouvoir : en 50 av. J.-C., CĂ©sar en fin de proconsulat refuse de libĂ©rer ses lĂ©gions, tandis que les partisans de PompĂ©e font obstacle Ă sa candidature Ă un second consulat pour 49 av. J.-C. CĂ©sar entame alors une campagne contre PompĂ©e pour prendre le pouvoir[5]. Il le vainc Ă Pharsale en 48 av. J.-C. PompĂ©e fuit vers l'Ăgypte oĂč il est assassinĂ© avant l'arrivĂ©e de CĂ©sar. CĂ©sar est nommĂ© dictateur mais il est assassinĂ© le 15 mars 44 av. J.-C., Ćuvre d'une conjuration menĂ©e par Marcus Junius Brutus.
Traitement historique
Ce triumvirat entre Pompée, César et Crassus, est purement privé. Il a vocation à rester secret, et n'est pas reconnu officiellement par le Sénat. Les historiens l'ont nommé « premier triumvirat » à la suite du second triumvirat de 43 av. J.-C., entre Marc Antoine, Octave et Lépide, qui est au contraire un « triumvirat constituant », reconnu par le Sénat comme magistrature nouvelle (comme l'était par exemple la dictature constituante de Sylla).
Notes et références
- (de) Burckhardt, Leonhard Alexander., Politische Strategien der Optimaten in der spaáșen romÌischen Republik, Stuttgart, F. Steiner Wiesbaden, , 296 p. (ISBN 3-515-05098-1 et 978-3-515-05098-2, OCLC 642297018, lire en ligne)
- Bruce A. Marshall, « The Engagement of Faustus Sulla and Pompeia », Ancient Society, no 0,â , p. 91â101 (ISSN 0066-1619, DOI 10.2143/AS.18.0.2011358, lire en ligne, consultĂ© le )
- Jean-Louis Brunaux, Les Gaulois, Les Belles Lettres, , p. 65.
- (en) Richard Evans et University of South Africa, « Pompey's consulships: the end of electoral competition in the late Roman Republic », Acta Classica, vol. 59, no annual,â , p. 80â100 (ISSN 0065-1141, DOI 10.15731/AClass.059.04, lire en ligne, consultĂ© le )
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