Première expédition Charcot
La première expédition française en Antarctique conduite par Jean-Baptiste Charcot à bord du trois-mâts goélette le Français s'est déroulée du au .
Préparation et financement de l'expédition
Au printemps 1903, Charcot renonce à ses projets en Arctique pour se tourner vers le continent Antarctique dont la France semble alors ne pas vouloir se soucier. L'écho de la perte de l'expédition Antarctic d'Otto Nordenskjöld joue aussi un rôle de ce changement[1], puisqu'il est décidé à essayer de lui venir en aide[2].
Il rencontre des difficultés pour réunir les fonds nécessaires et finance une importante partie du budget de l'expédition sur sa fortune personnelle[1], notamment à cause du coût du navire[2]. Il obtient toutefois des subventions du ministère de l'Instruction publique, de la Société de géographie, de l'Académie des sciences et du Muséum national d'histoire naturelle[2]. Il lance une souscription dans le journal Le Matin qui récolte 150 000 francs-or[2]. Le succès de cette souscription donne l'envie à Charcot de renommer le navire en construction le Français en guise de reconnaissance. Le budget total s'élève à 450 000 francs-or[2].
L'expédition est patronnée par le président de la République Émile Loubet[2]. Charcot prit conseil auprès de Adrien de Gerlache de Gomery dont l'expédition avait eu lieu entre 1897 et 1899 dans l'Antarctique[2].
Objectifs scientifiques
Le but de l'expédition est de procéder à l'exploration des côtes nord et nord-ouest de la terre de Graham, et de réaliser en même temps des observations scientifiques (zoologiques, météorologiques, hydrographiques, etc.) comme celle de déterminer si l'Antarctique est une île ou un archipel[2].
La liste des membres du Français
- État-major
- Dr Jean-Baptiste Charcot, commandant, bactériologie
- A. Matha, commandant en second, lieutenant de vaisseau, hydrographie et navigation
- J. Rey, enseigne de vaisseau, météorologie, océanographie
- Dr Ernest Gourdon[2], géologie et glaciologie
- Jean Turquet[2], naturaliste
- Paul Pléneau[2], photographie
- Adrien de Gerlache de Gomery, pilote — quittera l'expédition lors d'une escale au Brésil[2].
- Équipage
- E. Cholet, patron
- J. Jabet, maître d'équipage
- J. Guégen, matelot
- F. Rolland, matelot
- F. Hervéou, matelot
- J. Besnard, matelot
- Raymond Rallier du Baty (1881-1978), élève de la marine marchande
- E. Goudier, chef mécanicien
- L. Poste, second mécanicien
- F. Libois, chauffeur et charpentier
- F. Guégen, chauffeur
- M. Rozo, cuisinier
- R. Paumelle, maître d'hôtel
- P. Dayné, guide des Alpes
L'expédition
L'expédition quitte le Havre le mais la mort accidentelle d'un des membres d'équipage, Maignan, retarde le départ au [2]. Le navire passe par Madère au Portugal, l'État du Pernambouc au Brésil et arrive le à Buenos Aires en Argentine avant de continuer de poursuivre sa route vers le sud[2]. Adrien de Gerlache de Gomery quitte l'expédition lors de l'escale au Brésil pour des raisons personnelles[2]. C'est à Buenos-Aires que Charcot apprend le sauvetage de l'expédition Antarctic et rencontre ses membres[2]. Otto Nordenskjöld, impressionné par son projet lui donne cinq chiens de traîneaux, des Groenlandais[2].
L'expédition continue et fait escale à Ushuaïa en Terre de Feu pour repartir le ; décidé à explorer la partie occidentale de la péninsule Antarctique, il passe les îles Shetland du Sud le 1er février[2] et découvre Port Lockroy fin février. Le moteur du Français de 125 chevaux ne se montra pas assez puissant pour les eaux polaires[1], ce qui limita les possibilités sur place.
Jean-Baptiste Charcot a décidé d'hiverner dans une baie de 1,5 mille nautique de large au nord de l'île Booth. Ce lieu, à 62° 59′ S, 60° 33′ O, fait partie de l'archipel Wilhelm et est nommé Port-Charcot en l'honneur du père de Jean-Baptiste Charcot, le Docteur Jean-Martin Charcot, célèbre neurologiste français.
Retour et postérité
Au retour, le Français, abîmé, est vendu au gouvernement argentin[1]. Charcot rentre en France et devient un héros national grâce à la publicité du Matin[1]. Sa femme utilise son absence pour demander le divorce[1].
Charcot envisage de monter une autre expédition avec un nouveau navire, plus puissant, le Pourquoi-Pas ?[1]. La Seconde expédition Charcot aura lieu entre 1908 et 1910.
Bibliographie
- Jean-Baptiste Charcot, Voyage au pôle Sud (1903-1905), Librairie Gelly, 1971.
- Serge Kahn, Jean-Baptiste Charcot explorateur des mers, navigateur des pôles, Glénat, 2006, 192 pages.
- Voir les pages 1079 à 1081 du livre Les Explorateurs, Robert Laffont, collection Bouquins, 2004 (ISBN 2-221-10171-5)
- Geographic Names of the Antarctic, 2e édition, United States Board on Geographic Names, 1995
- (en) Beau Riffenburgh, Encyclopedia of the Antarctic, New York, Routledge, , 1146 p. (ISBN 978-0-415-97024-2, lire en ligne)
Liens externes
- Le texte intégral du journal de l'expédition et des documents scientifiques produits à cette occasion est en ligne sur le site Archimer (IFREMER) :
- Journal de l'expédition (1906)
- Géographie physique, glaciologie, pétrographie (1906)
- Flore microbienne (1906)
- Hydroïdes (1906)
- Mollusques (1906)
- Spongiaires et cœlentérés (1906)
- Crustacés (1908)
- Hexactinides et Bryozoaires (1908)
- Arthropodes, Pycnogonides (1908)
- Vers et brachiopodes (1908)
- Diatomacées, mousses, algues (1908)
- Poissons (1908)
- Nombreuses photographies de l'expédition
Notes et références
- Beau Riffenburgh, Encyclopedia of the Antarctic, p. 221
- « Jean-Baptiste Charcot, 1867-1936 », sur south-pole.com (consulté le )