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Pour un Québec lucide

Pour un Québec lucide est un manifeste signé par douze personnalités québécoises, dont l'ancien premier ministre Lucien Bouchard. Publié le , le texte se veut un « cri d'éveil » face aux problèmes qui guettent le Québec de demain, dont le déclin démographique et la concurrence asiatique, et dénonce l'omniprésence du statu quo. Ses conclusions ont soulevé une controverse dans la population québécoise et une farouche opposition de la part des milieux altermondialistes, écologistes et, plus largement, de la gauche québécoise qui ont, en guise de réponse, publié le Manifeste pour un Québec solidaire.

Points saillants

Le texte du manifeste s'ouvre sur cette phrase : « Alors que notre avenir est menacé par le déclin démographique et la concurrence mondiale, le Québec ne peut se permettre d'être la république du statu quo. »

Les auteurs soulignent quatre problèmes auxquels le Québec fait ou devra faire face :

  • Le retard Ă©conomique : d'après les auteurs, le QuĂ©bec fait partie des 25 % les moins riches parmi les provinces et États d'AmĂ©rique du Nord, et son Ă©conomie croĂ®t moins rapidement que celle des provinces et États voisins ;
  • Le poids de la dette publique : le gouvernement du QuĂ©bec consacre 16 % de ses dĂ©penses au service de la dette, soit plus que toute autre province ;
  • Le dĂ©clin dĂ©mographique : toujours d'après les auteurs, le QuĂ©bec s'apprĂŞte Ă  vivre le dĂ©clin dĂ©mographique le plus rapide de tous les pays industrialisĂ©s Ă  l'exception du Japon. Non seulement le vieillissement de la population aura un impact majeur sur l'Ă©conomie, mais le QuĂ©bec verra son poids dĂ©mographique diminuer en AmĂ©rique du Nord : « […] dans 40 ans, les 7,8 millions de QuĂ©bĂ©cois seront entourĂ©s par près de 1,2 milliard de personnes, parlant pour la plupart anglais et/ou espagnol. » ;
  • La concurrence asiatique : « Ce ralentissement dĂ©mographique se produit au pire moment qui soit, Ă  une Ă©poque oĂą les pays occidentaux sont appelĂ©s Ă  faire face Ă  une concurrence inĂ©dite venant des pays asiatiques, tout particulièrement les gĂ©ants chinois et indien. […] Dans 10, 20 ans, que fabriquerons-nous, nous, QuĂ©bĂ©cois, mieux que les Chinois et les Indiens ? »

Bien que n'offrant pas de solution miracle (« Nous n'avons pas de programme à vendre », se défendent les auteurs), le manifeste avance tout de même « quelques pistes qu'il faudrait explorer d'urgence » :

  • L'allègement du fardeau de la dette publique ;
  • Un investissement massif en Ă©ducation et en formation ;
  • Le dĂ©gel des frais de scolaritĂ© ;
  • La crĂ©ation d'un rĂ©gime de remboursement des prĂŞts Ă©tudiants proportionnel au revenu ;
  • La mise en place de mesures pour inciter les QuĂ©bĂ©cois Ă  maĂ®triser plusieurs langues ;
  • Une hausse des tarifs d'Ă©lectricitĂ© d'Hydro-QuĂ©bec, dont une partie pourrait ĂŞtre consacrĂ©e au remboursement de la dette publique ;
  • Une rĂ©forme majeure du système de taxation, qui privilĂ©gie les taxes sur la consommation plutĂ´t que celles sur le revenu ;
  • La crĂ©ation d'un rĂ©gime de revenu minimum garanti ;
  • Une plus grande ouverture au secteur privĂ©.

Certaines de ces mesures, en particulier l'ouverture de la porte au privé, sont susceptibles d'être mal reçues de la part de la société québécoise, préviennent les auteurs : « D'autres que nous ont fait des propositions de ce genre dans les dernières années. On s'est empressé de les clouer au pilori, de monter contre eux des procès d'intention sans jamais prendre la peine d'étudier objectivement leurs idées. […] Pourquoi accuse-t-on les grandes firmes québécoises de tous les maux lorsqu'elles veulent investir chez nous, par exemple dans un partenariat public-privé, alors qu'on s'enorgueillit de leurs succès internationaux ? Si un pays aussi social-démocrate que la France a recours au privé pour financer la construction de ses infrastructures, on voit mal selon quelle logique le Québec se priverait de faire de même. »

En fait, le manifeste dénonce le statu quo et la pensée unique, réfractaire aux changements : « […] la moindre évolution dans le fonctionnement de l'État, le moindre projet audacieux, le moindre appel à la responsabilité, la moindre modification dans nos confortables habitudes de vie sont accueillis par une levée de boucliers, une fin de non-recevoir, au mieux par l'indifférence. » Les syndicats sont particulièrement pointés du doigt : « À l'heure actuelle, le discours social québécois est dominé par des groupes de pression de toutes sortes, dont les grands syndicats, qui ont monopolisé le label « progressiste » pour mieux s'opposer aux changements qu'impose la nouvelle donne. »

Les auteurs se défendent bien de vouloir s'en prendre au modèle québécois : « […] il n'est pas du tout nécessaire de jeter notre modèle de société à la poubelle pour faire face à ces défis. Seulement, le monde a changé et il nous faut nous adapter aux nouvelles réalités. »

Finalement, ils soulignent que ni l'abolition du « déséquilibre fiscal » ni la souveraineté du Québec ne constituent une panacée : « […] quel que soit le choix des Québécois, les défis qui confrontent le Québec resteront entiers. »

Les Québécois : lucides ou solidaires?

Au début de l'année 2007 fut mené par CROP et le Cercle Canadien (Canadian Club) un sondage visant à déterminer si les Québécois étaient plus lucides ou solidaires. Voici les principaux éléments qui en sont ressortis :

  1. Une majorité estime « que le Québec se doit d'être le plus généreux possible dans ses programmes sociaux » ;
  2. La moitié des répondants (49 %) « considère que la société se porterait mieux si les gouvernements jouaient un rôle plus important ». Il s'agit du plus fort taux au Canada ;
  3. 57 % croit que « l'État a aussi un rĂ´le prĂ©pondĂ©rant Ă  jouer pour faciliter « l'accès aux services », pour « la rĂ©partition de la richesse et pour l'encadrement de l'Ă©conomie » » ;
  4. 83 % s'oppose à la hausse des frais d'électricité ;
  5. Seulement le tiers est en faveur d'un dégel des frais de scolarité universitaires ;
  6. les jeunes (15 à 24 ans) sont encore plus solidaires que les générations plus âgées.

Les résultats de ce sondage ont visiblement déçu le président de la maison de sondage CROP, Alain Giguère, mais ont plutôt réjoui Françoise David, porte-parole femme de Québec solidaire et cosignataire du Manifeste pour un Québec solidaire[1].

Signataires

Notes et références

  1. Shields, Alexandre. Les Québécois plus «solidaires» que «lucides»—Les jeunes sont encore plus attachés que leurs aînés au modèle social-démocrate, 11 janvier 2007. Le Devoir, mardi 18 novembre 2014. Page consultée le 18 novembre 2014.

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