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Porcius Festus

Porcius Festus était procurateur de Judée d'environ 60[1] à 62[2], succédant à Antonius Félix[3].

Porcius Festus
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Fonction
Procurateur
Biographie
Décès
Époque
Activité
Gens
Festus (en jaune) s'adressant à Saint-Paul au cours de son procès à Césarée. À droite Bérénice est représentée avec son frère Agrippa.
(Vitrail de la cathédrale Saint Paul, à Melbourne.)

Éléments de biographie

Lorsqu'il est nommé procurateur de Judée en 60, Festus hérite des problèmes rencontrés par son prédécesseur. « En dépit des efforts de Felix, la confusion et l'insécurité règnent toujours en Judée. Outre le fort sentiment anti-romain qui pousse les Juifs à se révolter contre l'occupant, c'est aussi une guerre civile qui couve entre les différentes factions juives[3]. » En raison de l'insécurité, chaque groupe prend les armes, les personnalités des différents partis s'entourent de gardes du corps[3] et chacune des quatre familles de grand-prêtre possède sa propre bande armée.

Les troubles entre Juifs et Samaritains renaissent sur le statut des Juifs à Césarée. Régulièrement, entre les populations juive et grecque de la ville on passe des insultes aux jets de pierres et parfois à des affrontements plus importants[3]. Lorsque Néron décide que Césarée est une ville grecque — ce qui a pour effet de déchoir du droit de citoyenneté les Juifs de la ville, qui faisait d'eux les égaux des Grecs[3] — les affrontements reprennent de plus belle. Malgré la répression que les forces de Festus et de ses successeurs exercent, les affrontements sur cette question se poursuivront jusqu'au déclenchement de la grande révolte juive en 66.

Sous le gouvernorat de Festus, les querelles n'épargnent même pas l'administration du Temple[4]. En 59 Agrippa II, roi de Batanée et de Trachonitide, qui est aussi chargé de la nomination du grand-prêtre, désigne Ishmael ben Phabi pour remplacer Ananias de Zébédée qui avait été désigné par son oncle Hérode de Chalcis[4]. Fait exceptionnel, le choix est contesté par les prêtres de moindre importance et les lévites[4]. Les causes du conflit semblent principalement économiques[4] et concerner la perception des dîmes. « Le grand prêtre envoie ses hommes de main piller les granges des lévites pour y dérober les grains de blé contestés[4]. »

Même si les légions romaines ont réussi à les réduire, des bandes de Zélotes, que Flavius Josèphe appelle des « brigands[5] », contrôlent encore certaines zones reculées de la province et font régulièrement des incursions dans des zones plus riches.

Selon les Actes des Apôtres, un mouvement de contestation houleux, soulevé par des Juifs d'Asie, entraîne l'arrestation de Paul de Tarse alors qu'il se trouve dans le Temple[6] - [7] (58). Apparemment, Jacques le Juste le frère de Jésus, ainsi que les anciens « ne font rien pour lui venir en aide, ni pour lui éviter son transfert à Césarée puis à Rome[7]. » Un prêtre de haut rang, probablement Hanan ben Hanan, soutient l'accusation contre Paul à Césarée devant Felix, le prédécesseur de Porcius Festus. Toutefois celui-ci n'a pas statué sur son sort et l'a maintenu en prison à Césarée[8]. Pour décider du sort de Paul, Porcus Festus organise en 60 une autre comparution devant lui, en y associant Agrippa II et sa sœur Bérénice[8]. Le verdict d'Agrippa est de rendre sa liberté à Paul[9]. Toutefois selon les Actes des Apôtres, Paul ayant fait « appel à César » en tant que citoyen romain, il est renvoyé à Rome pour y être jugé (Actes 25-26). Marie-Émile Boismard et André Lamouille estiment que Paul est libéré à ce moment-là et que c'est en homme libre qu'il s'est rendu à Rome. Ce serait le deuxième rédacteur des Actes des Apôtres — peut-être Luc l'évangéliste — qui aurait transformé ce récit de voyage vers Rome en voyage de la captivité. Indépendamment de cette analyse textuelle de Boismard et Lamouille, un consensus semble se dégager chez les historiens, pour placer le voyage de la captivité six ans plus tard et son point de départ dans la province romaine d'Asie et pas depuis la Syrie-Palestine[10].

« Les conflits qui secouent la Judée sont donc multiples : Grecs contre Juifs, Juifs contre Romains, haut clergé juif contre prêtres ordinaires, Sadducéens et Pharisiens contre chrétiens[8]. »

Dans ce contexte compliqué, Agrippa II provoque un inutile regain de tension, lorsqu'au sommet de son palais de Jérusalem, il se fait emménager un somptueux appartement, d'où il observe souvent ce qui se passe dans le Temple[8]. Les juifs indignés et le grand prêtre Ishmaël font alors édifier un haut mur pour préserver le sanctuaire du regard d'Agrippa, mais ce dernier ordonne qu'il soit abattu[8]. Ishmael ben Phabi qui a pourtant été nommé par le roi, se rend alors à Rome, à la tête d'une délégation pour demander l'arbitrage de l'empereur. Néron désavoue alors Agrippa, mais probablement à sa demande, il empêche le grand-prêtre de retourner en Judée[8].

En 62, Festus meurt dans l'exercice de ses fonctions. Il est remplacé par Lucceius Albinus[8].

Voir aussi

Notes et références

  1. Pour FF Bruce « la date du rappel de [Felix] et son remplacement par Porcius Festus est contestée ». Un changement dans le monnayage provincial de Judée ayant eu lieu la cinquième année de Néron lui permet de le situer en 59 (cf. F. F. Bruce, (1983). New Testament History, éd. Doubleday, pp. 345s). Toutefois W. J. Conybeare, J. S. Howson, Jean-Pierre Lémonon, Christian-Georges Schwentzel estiment que ce remplacement a eu lieu en 60.
  2. Jean-Pierre LĂ©monon, Ponce Pilate, Ă©d. Atelier, 2007, p. 264, extrait en ligne
  3. Christian-Georges Schwentzel, "HĂ©rode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 257.
  4. Christian-Georges Schwentzel, "HĂ©rode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 258.
  5. E. Mary Smallwood, utilise le terme de terroristes pour parler de ceux que Flavius Josèphe appelle des « brigands » (grec lestaï).
  6. Ac 21. 27-36
  7. Mimouni 2004, p. 137.
  8. Christian-Georges Schwentzel, "HĂ©rode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 259.
  9. Christian-Georges Schwentzel, "HĂ©rode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 269.
  10. Marie-Françoise Baslez, Saint Paul, Paris, 2012, éd. Pluriel, p. 291.
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