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Population de petite taille

Une population de petite taille se comporte différemment des grandes populations. Ce type de population est souvent le résultat d'un goulet d'étranglement, qui a des conséquences dramatiques pour la survie de cette population.

Effets de la démographie

L'influence de la variation stochastique des taux démographiques (taux de reproduction et de mortalité) est beaucoup plus élevée dans les petites populations que dans les grandes. Cette variation stochastique cause une fluctuation aléatoire de la taille des petites populations : plus la population est petite, plus la probabilité que ces fluctuations conduisent à l'extinction est grande.

Une des consĂ©quences dĂ©mographiques d'une petite taille de population est la probabilitĂ© que tous les descendants d'une gĂ©nĂ©ration soient du mĂȘme sexe (voir sex-ratio). Le calcul est simple : en supposant que la probabilitĂ© masculin/fĂ©minin pour les nouveau-nĂ©s soit de , la chance que tous les nouveau-nĂ©s soit du mĂȘme sexe est de . Cela est problĂ©matique dans les trĂšs petites populations. En 1977, les dix-huit derniers kakapo de l'Ăźle Fiordland en Nouvelle-ZĂ©lande Ă©taient tous de sexe masculin, bien que la probabilitĂ© que cette situation advienne soit de 0,0000076. Avec une population de trois individus, la probabilitĂ© qu'ils soient tous du mĂȘme sexe est de 0,25. Si la population garde cette taille sur plusieurs gĂ©nĂ©rations, sa disparition est inĂ©luctable.

Effets de l'environnement

La variation stochastique de l'environnement (variation d'une année sur l'autre de la pluviométrie, de la température...) peut produire une corrélation avec les taux de natalité et de mortalité (c'est-à-dire que les "bonnes" années, les taux de natalité sont élevés et les taux de mortalité faibles ; de fait, les "mauvaises" années, les taux de natalité sont faibles et les taux de mortalité élevés) qui cause aussi des fluctuations dans la taille de la population. Encore une fois, les petites populations sont plus susceptibles de disparaßtre en raison de ces fluctuations liées à l'environnement de l'ensemble des populations.

Conséquences génétiques

Les conservateurs sont souvent inquiets de la perte de variation génétique chez les populations de petite taille. Deux types de variations génétiques sont particuliÚrement importantes lorsque l'on étudie les petites populations :

  • Le degrĂ© d'homozygotie au sein des individus dans une population ; c'est-Ă -dire le fait d'avoir une proportion d'allĂšles homozygotes, plutĂŽt qu'hĂ©tĂ©rozygotes. De nombreux allĂšles nocifs le sont uniquement sous la forme homozygote.
  • Le degrĂ© de monomorphisme/polymorphisme au sein d'une population; c'est-Ă -dire combien d'allĂšles diffĂ©rents d'un mĂȘme gĂšne existent dans le patrimoine gĂ©nĂ©tique d'une population.

Deux mécanismes opérant dans les petites populations influencent ces deux variations génétiques :

  • La dĂ©rive gĂ©nĂ©tique : la variation gĂ©nĂ©tique est dĂ©terminĂ©e par l'action conjointe de la sĂ©lection naturelle et de la dĂ©rive gĂ©nĂ©tique, qui relĂšve de la chance. Dans les petites populations, l'importance relative de la dĂ©rive gĂ©nĂ©tique (la chance) sur la sĂ©lection naturelle est le plus Ă©levĂ© (moins de choix) ; les allĂšles nocifs peuvent donc devenir plus frĂ©quents et communs Ă  toute une population du fait du hasard. Tout allĂšle nocif, bĂ©nĂ©fique ou neutre est plus susceptible de disparaitre dans une petite population qu'une grande. La consĂ©quence directe est une nette rĂ©duction des formes d'allĂšles possibles dans une petite population ; et dans les cas extrĂȘmes, un monomorphisme, c'est-Ă -dire une situation oĂč une seule forme de l'allĂšle existe. La fixation continue des allĂšles nocifs dans les petites populations est appelĂ©e cliquet de Muller et peut conduire Ă  l'effondrement des mutations.
  • La consanguinitĂ© : dans une petite population, les individus sont plus enclins Ă  se reproduire entre eux, ne bĂ©nĂ©ficiant pas d'apports extĂ©rieurs. La progĂ©niture issue de mĂȘme ascendance a un nombre beaucoup plus Ă©levĂ© d'homozygotes que la progĂ©niture Ă©trangĂšre de parents.

On dénombre deux types de conséquences possibles de la perte de variation génétique :

  • La dĂ©pression endogamique : ce terme est gĂ©nĂ©ralement employĂ© pour signifier tout effet nocif immĂ©diat (sur des individus ou sur la population) d'une diminution d'un type de variation gĂ©nĂ©tique. La dĂ©pression endogamique ne se trouve presque jamais dans le dĂ©clin de populations qui n'ont jamais Ă©tĂ© de grande taille ; elle est en revanche assez commune chez les grandes populations qui deviennent petites. La cause est la sĂ©lection nĂ©gative, trĂšs effective dans les populations Ă  consanguinitĂ© importante.
  • La capacitĂ© de la population Ă  s'adapter ou Ă©voluer face aux changements (“sans variabilitĂ©, l'Ă©volution est impossible”). La taille absolue de la population limite le degrĂ© absolu de diversitĂ© allĂ©lique. Cela signifie aussi que si une mutation avantageuse survenait, il est probable qu'elle soit effective plus rapidement.

La taille effective d'une population est généralement plus faible que la taille réelle de cette population.

Les conséquences génétiques dans les populations consanguines sont par exemple : des anomalies osseuses, une importante mortalité périnatale, la diminution du taux de natalité...

Certaines populations connaissant ces symptÎmes sont les guépards, qui souffrent d'une faible capacité de survie infantile et d'une diminution des taux de natalité car ils ont subi une trÚs forte baisse de leur population. Les éléphants de mer, qui ont aussi connu un goulet d'étranglement de population, ont eu des modifications de la structure de leurs os crùniens, sur la partie inférieure de la rangée dentaire de la mandibule. Les loups de l'Isle Royale, une population restreinte et isolée du lac Supérieur, ont des malformations osseuses de la colonne vertébrale ainsi qu'une syndactylie (fusion des tissus mous entre les orteils des pieds de devant). Ces types de malformations sont causées par des pertes de patrimoine génétique et/ou une consanguinité[1].

Voir aussi

Références

  1. Raikkonen, J. et al. 2009.
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