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Cliquet de Muller

Le « cliquet de Muller » est une hypothèse, proposée en 1932 par le généticien américain Hermann Joseph Muller, qui se fonde sur le fait que des mutations défavorables se produisent régulièrement dans toutes les espèces vivantes. L'accumulation des séquences défavorables au sein d'une lignée se reproduisant par multiplication asexuée aboutirait à sa disparition[1] - [2], au contraire de celle pratiquant une reproduction sexuée. Chez cette dernière, la sélection naturelle arriverait à ne conserver dans les populations que des individus qui ne portent pas de mutations défavorables, c'est-à-dire celles qui les élimineraient par recombinaison génétique dues à ce mode de reproduction.

Cette hypothèse ne prend pas en compte le fait que « les populations naturelles ne sont pas infinies. Ă€ chaque gĂ©nĂ©ration, un nombre restreint de descendants est produit, et donc un nombre restreint de gĂ©notypes. Par consĂ©quent, il arrive rĂ©gulièrement que les gĂ©notypes qui portaient le moins de mutations dĂ©favorables dans la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente ne soient plus reprĂ©sentĂ©s dans la gĂ©nĂ©ration suivante, juste par le fait du hasard des types de gĂ©notypes produits[3]. » L'hypothèse de Muller ne prend pas non plus en compte le phĂ©nomène de transfert horizontal de gènes permettant Ă  un organisme asexuĂ© aussi bien que sexuĂ© d'acquĂ©rir de nouveaux gènes lesquels peuvent interagir avec les gènes mutĂ©s. Cet apport de gènes Ă©trangers a Ă©tĂ© mis en Ă©vidence chez les rotifères bdelloĂŻdes[4]. De mĂŞme, une mutation sur un gène peut ĂŞtre dĂ©favorable au dĂ©part et finir par avoir un effet bĂ©nĂ©fique si elle est accompagnĂ©e d'autres mutations concernant soit le mĂŞme gène, soit l'allèle correspondant soit tout autre gène du gĂ©nome. Chez les rotifères bdelloĂŻdes, l'accumulation de mutations sur deux allèles les ont conduits Ă  diverger en deux gènes diffĂ©rents qui travaillent de concert pour prĂ©server l'organisme de la dĂ©shydratation[5].

Notes et références

  1. Muller HJ, « Some genetic aspects of sex », American Naturalist, vol. 66, no 703,‎ , p. 118–138 (DOI 10.1086/280418) (Muller's original paper)
  2. Muller HJ, « The relation of recombination to mutational advance », Mutat Res, vol. 106,‎ , p. 2–9 (PMID 14195748) (original paper as cited by, e.g.: (en) Maynard Smith J, Szathmary E, The major transitions in evolution, Oxford, New York, Tokyo, Oxford University Press, ; (en) Futuyma DJ, Evolutionary biology, Sunderland, Mass., Sinauer Associates, )
  3. Tatiana Giraud, Pierre-Henri Gouyon, « Évolution du sexe, évolution des sexes », Atala, no 15,‎ , p. 80.
  4. Chiara Boschetti, Adrian Carr et Alastair Cris, « Biochemical Diversification through Foreign Gene Expression in Bdelloid Rotifers », PLOS Genetics,‎ (DOI 10.1371/journal.pgen.1003035)
  5. N. N. Pouchkina-Stantcheva, B. M. McGee, C. Boschetti, D. Tolleter, S. Chakrabortee, A. V. Popova, F. Meersman, D. Macherel, D. K. Hincha et A. Tunnacliffe, « Functional Divergence of Former Alleles in an Ancient Asexual Invertebrate », Science, vol. 318, no 5848,‎ , p. 268–271 (PMID 17932297, DOI 10.1126/science.1144363)

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