Popeye (personnage)
Popeye (prononciation américaine : ˈpɑːpaɪ[n. 1], Mathurin dans d'anciennes traductions françaises) est un personnage de fiction créé par l'Américain Elzie Crisler Segar en 1929 pour son comic strip The Thimble Theatre. Sa première apparition est dans la bande quotidienne du . Marin brut et susceptible mais généreux et loyal, doué d'une force extraordinaire, il est devenu l'un des personnages emblématiques de la culture populaire américaine à la suite des adaptations en dessin animé à partir de 1933. Dans la plupart des pays du monde, il est dans le domaine public[1].
Popeye | |
Statue de Popeye à Chester (Illinois) | |
Sexe | Masculin |
---|---|
Activité | Marin |
Entourage | Olive Oyl, Mimosa (fils adoptif) |
Créé par | Elzie Crisler Segar |
Description
Origine et nom du personnage
Popeye aurait été inspiré à Segar par Frank Fiegel, dit « Rocky » (1868-1947), habitant haut en couleur de Chester, la ville de l'Illinois où l'auteur a grandi[2]. Ce grand Américain d'origine polonaise à la mâchoire anguleuse, amateur de bagarres réputé pour sa force extrême dans sa jeunesse et fumeur de pipe invétéré par la suite, était bien connu de Segar, mais celui-ci n'a jamais confirmé directement qu'il ait inspiré Popeye[3] - [4] - [5]. Fiegel meurt le sans avoir été marié. Sa tombe est gravée d'une image de Popeye[6] et la ville de Chester erige une statue en son honneur, toujours debout aujourd'hui[7]. Selon l'historien Michael Brooks, Segar envoyait régulièrement de l'argent à Fiegel[8] - [9]. Popeye est à l'origine de la création de Mario, la mascotte de Nintendo, car pour des raisons de droits d'auteur, la firme japonaise créa à la place le personnage de Jumpman rebaptisé Mario dans le jeu Donkey Kong sortit en 1981.
En 2015, l'homme d'affaires Greg Morena a réfuté l'affirmation selon laquelle Popeye serait originaire de Chester. Au lieu de cela, il a déclaré que Santa Monica, en Californie, était le lieu de naissance du personnage et qu'un marin norvégien du nom d'Olaf «cap» Olsen avait donné l'impulsion au personnage[10]. Les recherches présentées dans l'édition 2009 de Jim Harris intitulée «Santa Monica Pier: A Century of the Last Great Pleasure Pier» ont donné à penser que, tout en vivant à Santa Monica, Segar fondait ses attributs physiques sur Olsen ; même si Harris n’a jamais formulé de revendication définitive[11].
Le nom de Popeye vient de son œil « éclaté » (pop eye). Il est appelé ainsi par Ham Gravy dans le strip du . Segar ne donne jamais le prénom originel de Popeye, qui lui-même ne s'en souvient plus, pas plus que son père[12]. En France, Popeye est appelé « Mathurin » dans les albums publiés par Tallandier de 1935 à 1938, mais le nom originel, utilisé dans les hebdomadaires Robinson et Hop-là ! à partir de 1937 s'impose dès la fin de la décennie.
« Popeye » est également utilisé dans les pays hispanophones, néerlandophones, lusophones et germanophones, ainsi que sous forme transcrite dans les langues slaves (Попай ou Попај), en hébreu (פופאי), japonais (ポパイ), coréen (뽀빠이) ou bengali (পপাই)[13]. L'arabe (باباي, « bābāy ») et l'hindi (पोपी, « pōpī ») utilisent des transcriptions plus éloignées. En serbo-croate et en tchèque (« Popaj ») ainsi qu'en lituanien (« Popajus ») des graphies adaptées sont utilisées.
Dans d'autres langues, Popeye prend un nom local : « Kalle » en finnois, « Karl-Alfred » en suédois, « Skipper'n » en norvégien, « Zebl » (زبل) en persan et « Temel » en turc[13]. Enfin, d'autres langues insistent sur sa force : en mandarin il se nomme « dàlì shuǐshǒu » (大力水手, « marin vigoureux ») et en italien « Braccio di Ferro » (« Bras de fer »).
Popeye dans les bandes dessinées
Popeye est un marin bourru, susceptible et qui réagit violemment s'il est provoqué, faisant alors étalage de sa force et de sa résistance physique qui confine à l'invulnérabilité[14]. Peu éduqué, il est ponctué d'éclairs de lucidité, mais ne brille généralement pas par son intelligence, comme le montre son langage très particulier. Il confond en effet les personnes et les temps verbaux, fait de nombreuses erreurs de vocabulaire et de syntaxe, et préfère aux grandes explications les sentences définitives, comme « Blow me down! » (« J'en suis soufflé ! », « Nom d'une pipe ! ») et son fameux « I yam what I yam and that's what I yam. » (« Je suis c'que j'suis et c'est tout c'que j'suis ! »).
Cependant, Popeye est également brave, loyal, proche des pauvres, voire sentimental concernant Olive Oyl[14]. Bien qu'il soit habillé en marin, et que ce soit son métier lors de sa première apparition, Popeye devient vite un héros aventurier à tout faire, passant de boxeur à fermier, de journaliste à dictateur éclairé. Dans les bandes dessinées, sa consommation d'épinards est épisodique, Popeye étant naturellement fort.
Popeye porte en général une chemise de marin noir et rouge à boutons jaunes, un pantalon bleu, une casquette blanche et tient continuellement pincée entre ses lèvres une petite pipe en maïs. Au-delà de sa grande force, ce n'est pas à proprement parler un modèle de superhéros : il est borgne, a des avant-bras surdéveloppés avec une ancre tatouée sur chacun, le menton proéminent, marche comme un canard et ses coudes ressortent.
À la suite du succès de Popeye, Hearst demande à Segar d'édulcorer son langage et de diminuer sa violence[12]. L'auteur obtempère, sans cependant dénuer Popeye de ce qui fait sa personnalité. Ses successeurs y parviennent avec plus ou moins de bonheur, certains en faisant un simple héros de family strip.
Popeye dans les dessins animés
Dans le dessin animé, Popeye, habillé comme dans la bande dessinée, joue là encore de très nombreux rôles. Quand il est en difficulté (en général, pour sauver sa fiancée), il ingurgite des épinards, son plat préféré, qui lui donnent la force de terrasser le méchant Brutus. Les dessins animés insistent plus sur sa force que son inventivité langagière. Dans la version originale, il parle avec un fort accent de marin, dû à Jack Mercer.
Dans les dessins animés de Hanna-Barbera, Popeye forme avec Olive un tandem qui se livre à diverses enquêtes. Cela le conduit une nouvelle fois à exercer un grand nombre de métiers. Dans Popeye, Olive et Mimosa, éphémère série animée de 1987, Popeye est marié avec Olive, gère une salle de sport à Hawaï, a un fils, et est ami avec Brutus.
Incarnations
- Popeye (dessins animés, 1933-1957) : Jack Mercer (VO) et Pierre Trabaud (VF) (voix)
- Popeye the Sailor (série animée, 1960-1962) : Jack Mercer (VO) et Pierre Trabaud (VF) (voix)
- Popeye Meets the Man Who Hated Laughter (téléfilm animé, 1972) : Jack Mercer (VO) et Pierre Trabaud (VF) (voix)
- The All-New Popeye Hour (série animée, 1978-1983) : Jack Mercer (VO) et Pierre Trabaud (VF) (voix)
- Popeye de Robert Altman (film, 1980) : Robin Williams (VF : Jacques Balutin).
- Popeye, Olive et Mimosa (série animée, 1987) : Maurice LaMarche (VO) et Pierre Trabaud (VF) (voix)
- Le Voyage de Popeye (téléfilm animé, 2004) : Billy West (voix)
Documentation
- Fred Grandinetti, Popeye: An Illustrated Cultural History, McFarland, 2004.
- Thierry Groensteen (dir.), Popeye est c'qu'il est et voilà tout c'qu'il est !, Angoulême : Musée de la bande dessinée, 2001.
- (en) Susan Honeyman, « Transforming Segar's Progressive Everyman Into Fleischer's Depression-Era Supersalesman: The Hidden Powers Of Popeye's Spinach », International Journal Of Comic Art vol. 10:2, 2008, p. 437-450.
- Yves-Marie Labé, « Popeye nous appartient », dans Le Monde, .
Liens externes
- Ressources relatives à la bande dessinée :
- (en) Comic Vine
- (es) Tebeosfera
- (en) Courts-métrages dans leurs versions originales sur le site d'Internet Archive.
Voir aussi
Notes et références
Notes
- Approximativement « PÂpaye » tandis qu'en anglais britannique, la prononciation est plus proche de « POpaye », selon l’English Pronouncing Dictionary.
Références
- Labé (2009)
- Pour ce paragraphe : Grandinetti (2004), p. 4-5.
- Grandinetti, p. 4.
- Where They Really Knew Popeye and Co
- The Real People Behind Famous Children’s Characters
- Frank “Rocky” Fiegel Find-a-Grave
- Roadside America - Popeye Statue
- Popeye the Sailor Man Fan Site
- Gregory Ted, Popeye's home fussin', fightin' A Downstate town that gave birth 75 years ago to the spinach-chompin' sailor is in a Bluto-type of brawl, Chicago Tribune, 17 janvier 2004
- Was ‘Popeye’ born in Santa Monica?
- Jim Harris, 2009, Santa Monica Pier : A Century of the Last Great Pleasure Pier, Angel City Press, USA, (ISBN 9781883318826)
- Groensteen (2001), p. 12.
- Liste basée sur les pages à Popeye dans Wikipédia en d'autres langues.
- Pour ce paragraphe : Groensteen (2001), p. 12.