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Polar BEAR

Polar BEAR ou P87-1 est un petit satellite scientifique militaire américain développé pour étudier l'ionosphère. L'objectif de sa mission est d'analyser les interférences dans les communications créées par les éruptions solaires et les aurores boréales pour fournir des pistes permettant d'améliorer le fonctionnement des communications militaires dans les régions polaires. Cette mission succède à HILAT qui remplit les mêmes objectifs. Le satellite est conçu par le laboratoire Applied Physics Laboratory de l'université Johns-Hopkins pour répondre aux besoins du Département de la Défense américain et placé en orbite en 1987. Il a été réalisé en modifiant le satellite Transit-O17 développé initialement pour le système de positionnement par satellites Transit.

Données générales
Organisation Drapeau des États-Unis DoD
Constructeur Drapeau des États-Unis APL
Programme Space Test Program
Domaine Étude de l'ionosphère et des aurores boréales
Lancement 14 novembre 1986
Lanceur Scout G1
Identifiant COSPAR 1986-088A
Principaux instruments
AIRS Imageur ultraviolet/visible
x Balise radio
x Magnétomètre

Caractéristiques techniques

Polar BEAR est un petit satellite de 118 kilogrammes conçu en modifiant un satellite Transit-O16 dĂ©veloppĂ© initialement pour le système de positionnement par satellites Transit. Il est stabilisĂ© 3 axes par gradient de gravitĂ© mais le satellite ne dispose d'aucun moyen actif pour compenser les forces de trainĂ©e ou la dĂ©rive de son orbite. Une roue Ă  rĂ©action permet de contrĂ´ler les mouvements de lacet. Le satellite dispose d'une mĂ©moire de masse de 24 960 bits qui est mise Ă  jour deux fois par jour par une station d'injection. Quatre panneaux solaires longs de 168 centimètres pour 25,4 centimètres de large sont dĂ©ployĂ©s en orbite fournissent 50 watts en dĂ©but de vie qui sont stockĂ©s dans une batterie nickel-cadmium de 12 A-h. Le corps du satellite a la forme d'un prisme octogonal de 45,7 centimètres de cĂ´tĂ© et de 25,4 centimètres de haut. Les panneaux solaires dĂ©ployĂ©s portent son envergure Ă  4,05 mètres. Le système de stabilisation par gradient de gravitĂ© est constituĂ© par une perche longue de 22,86 mètres dĂ©ployĂ©e en orbite qui porte Ă  son extrĂ©mitĂ© une masse de 1,36 kilogramme. Des aimants sont utilisĂ©s pour orienter le satellite prĂ©alablement au dĂ©ploiement de la perche. Le satellite est mis en rotation au cours de son lancement (pour stabiliser l'orientation durant le fonctionnement des Ă©tages du lanceur). Une fois en orbite la rotation est annulĂ©e par un yoyo[1].

Instrumentation

L'instrumentation scientifique comprend trois instruments :

  • AIRS (Auroral Ionospheric Remote Sensor) est un imageur multi-spectral dĂ©veloppĂ© par le laboratoire APL et effectuant ses observations en lumière visible et dans l'ultraviolet. Il produit des images des aurores borĂ©ales de jour comme de nuit et se caractĂ©rise par une grande sensibilitĂ©. L'instrument fonction selon plusieurs modes. Il produit des images et des spectres dans les longueurs d'onde d'une part de 630, 391,4, 337,1 et 225 nanomètres (rĂ©solution spatiale de 26 km dans le plan orbital et de 39 km Ă  la perpendiculaire) et d'autre part dans une combinaison de deux canaux compris entre 115 Ă  180 nanomètres (rĂ©solution spatiale de 6,5 km dans le plan orbital et de 27 km Ă  la perpendiculaire)[2].
  • Le magnĂ©tomètre vectoriel dĂ©veloppĂ© par le laboratoire APL cartographie avec une haute rĂ©solution le champ magnĂ©tique terrestre. L'instrument peut mesurer un champ magnĂ©tique de ±63,OOO nT avec une rĂ©solution de 15.2 nT . Il effectue 20 mesures par seconde Les donnĂ©es collectĂ©es sont Ă©galement utilisĂ©es pour le contrĂ´le d'attitude [3].
  • L’émetteur-rĂ©cepteur radio dĂ©veloppĂ© par le laboratoire de physique de SRI International mesure les scintillations dans l'ionosphère des rĂ©gions polaires qui sont associĂ©es aux aurores borĂ©ales. L'Ă©quipement fonctionne en VHF, UHF et en bande L. L'Ă©metteur en bande L est Ă©galement utilisĂ© pour transmettre les tĂ©lĂ©mesures aux stations terriennes.

Historique du projet

Le développement de Polar BEAR est initié en 1984 à la suite du succès rencontré par la mission HILAT placée en orbite en 1983 pour étudier l'ionosphère et les aurores boréales.

Construction du satellite

Comme dans le cas du satellite HILAT, pour réduire le cout de développement, le laboratoire APL choisit de développer le satellite en modifiant un satellite inutilisé du système de positionnement Transit (prédécesseur du Global Positionning System). Mais le seul satellite encore disponible a été cédé au Smithsonian Air and Space Museum lors de son ouverture en 1976 et est désormais exposé dans une des salles du musée suspendu à son plafond. Oscar-17 est un satellite de rechange fabriqué en 1963. APL négocie avec le musée pour récupérer Oscar-17 en échange d'un modèle plus ancien (Transit-5A) qui faisait partie d'une exposition permanente du laboratoire. Mais les ingénieurs d'APL, qui espéraient récupérer toute l'instrumentation épargnant ainsi des millions de dollars, constatent qu'ils ne disposent que d'une coquille vide ne comprenant que la structure et les panneaux solaires. Après de longues recherches ils parviennent à retrouver dans les stocks de son constructeur (RCA) certaines pièces détachées du satellite qui n'avaient jamais été assemblées. Les économies réalisées grâce à leur utilisation permet d'obtenir un accord pour le développement de la mission[4]. La structure du satellite est renforcée pour prendre en compte le doublement de la masse en remplaçant son axe en aluminium par une pièce en titane. Une pièce est ajoutée pour permettre l'installation d'instruments tournés vers le nadir[1].

Mise en orbite

Le satellite est placĂ© le sur une orbite polaire quasi circulaire (1 000 km, inclinaison orbitale de 90°) par un petit lanceur Scout G1 dĂ©collant de la base de lancement de Vandenberg en Californie. L'orbite de la sonde est animĂ© d'un mouvement de prĂ©cession qui fait pivoter son plan orbital qui fait le tour du globe en six mois. Cela permet d'observer les phĂ©nomènes auroraux Ă  toutes les heures de la journĂ©e[5].

DĂ©roulement de la mission

Trois mois après son lancement, en , le satellite montre des signes d'instabilitĂ© avec des oscillations importantes autour de ses trois axes et dĂ©but mai le satellite pivote de 180°. Ses instruments sont dĂ©sormais pointĂ©s vers le ciel au lieu de l'ĂŞtre vers la surface de la Terre. Les ingĂ©nieurs parviennent Ă  rĂ©tablir l'orientation du satellite quelques semaines plus tard en utilisant la roue de rĂ©action. Ă€ l'Ă©poque une piste d'explication, non validĂ©e, est Ă©voquĂ©e. La perche servant de support Ă  la masse maintenant l'axe du satellite perpendiculaire Ă  la surface de la Terre est sujette Ă  des mouvements de dilatation l'allongeant de 1 mètre lors des passages de la face nocturne Ă  la face Ă©clairĂ©e. Un phĂ©nomène de rĂ©sonance dĂ©clenchĂ© par ce processus serait alors Ă  l'origine de la culbute du satellite[6]

Notes et références

  1. (en-US) M. R. Peterson et D. G. Grant, « The Polar BEAR Spacecraft », Johns Hopkins APL Technical Digest, Applied Physics Laboratory (université Johns-Hopkins), vol. 8, no 3,‎ , p. 295-302 (lire en ligne)
  2. (en) F. W. Schenkel et B. S. Ogorzalek, « Auroral Images from Space: Imagery, Spectroscopy, and Photometry », Johns Hopkins APL Technical Digest, Applied Physics Laboratory (université Johns-Hopkins), vol. 8, no 3,‎ , p. 308-317 (lire en ligne)
  3. (en) P. F. Bythrow, T. A. Potemr, L. J. Zanetti, F. F. Mobley, L. Scheer, et al., « The Polar BEAR Magnetic Field Experiment », Johns Hopkins APL Technical Digest, Applied Physics Laboratory (université Johns-Hopkins), vol. 8, no 3,‎ , p. 318-323 (lire en ligne)
  4. (en-US) W. McCloskey, « The Flight of Polar BEAR: A Successful Satellite Program Grows from Parts and Details », Johns Hopkins APL Technical Digest, Applied Physics Laboratory (université Johns-Hopkins), vol. 8, no 3,‎ , p. 329-339 (lire en ligne)
  5. (en) Gunter Krebs, « Polar Bear (P87-1) », sur Gunter's Space Page (consulté le )
  6. (en) J. W. Hunt et C. E. Williams, « Anomalous Attitude Motion of the Polar BEAR Satellite », Johns Hopkins APL Technical Digest, Applied Physics Laboratory (université Johns-Hopkins)., vol. 8, no 3,‎ , p. 324-328 (lire en ligne)

Bibliographie

  • (en) M. R. Peterson et D. G. Grant, « The Polar BEAR Spacecraft », Johns Hopkins APL Technical Digest, Applied Physics Laboratory (universitĂ© Johns-Hopkins), vol. 8, no 3,‎ , p. 295-302 (lire en ligne)
    Caractéristiques techniques du satellite.
  • (en) C. I. Meng et R. E. Huffman, « Preliminary Observations from the Auroral and Ionospheric Remote Sensing Imager », Johns Hopkins APL Technical Digest, Applied Physics Laboratory (universitĂ© Johns-Hopkins), vol. 8, no 3,‎ , p. 303-307 (lire en ligne)
    Techniques utilisées pour étudier les aurores polaires et l'ionosphère et premiers résultats.
  • (en) F. W. Schenkel et B. S. Ogorzalek, « Auroral Images from Space: Imagery, Spectroscopy, and Photometry », Johns Hopkins APL Technical Digest, Applied Physics Laboratory (universitĂ© Johns-Hopkins), vol. 8, no 3,‎ , p. 308-317 (lire en ligne)
    L'imageur AIRS.
  • (en) P. F. Bythrow, T. A. Potemr, L. J. Zanetti, F. F. Mobley, L. Scheer, et al., « The Polar BEAR Magnetic Field Experiment », Johns Hopkins APL Technical Digest, Applied Physics Laboratory (universitĂ© Johns-Hopkins), vol. 8, no 3,‎ , p. 318-323 (lire en ligne)
    Expérience de mesure du champ magnétique.
  • (en) J. W. Hunt et C. E. Williams, « Anomalous Attitude Motion of the Polar BEAR Satellite », Johns Hopkins APL Technical Digest, Applied Physics Laboratory (universitĂ© Johns-Hopkins), vol. 8, no 3,‎ , p. 324-328 (lire en ligne)
    Analyse du problème de contrôle d'attitude rencontré au début de la mission.
  • (en) W. McCloskey, « The Flight of Polar BEAR: A Successful Satellite Program Grows from Parts and Details », Johns Hopkins APL Technical Digest, Applied Physics Laboratory (universitĂ© Johns-Hopkins), vol. 8, no 3,‎ , p. 329-339 (lire en ligne)
    Historique du développement du satellite.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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