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Poilu mourant

Le poilu mourant est une œuvre rendant hommage aux soldats morts au combat durant la première guerre mondiale, que l'ont surnommé les poilus.

Monument aux morts de Céaux, représentant un poilu défendant le drapeau monté sur un piédestal.

Ce type de monument dit "poilu mourant" découle d'un type particulier de monument : funéraire-patriotique, que définit essentiellement l’usage allégorique du drapeau.

Ainsi de nombreuses stèles funéraires sont érigées d'un poilu mourant, serrant contre son cœur un drapeau tricolore.

Histoire

La Première Guerre mondiale a profondément meurtri la Nation. La France est un des pays qui a subi, parmi les principaux belligérants, la plus forte mortalité au combat. D'ailleurs, l'importance des pertes subies par les troupes françaises a été gardée secrète jusqu'au rapport établi en 1920 par Louis Marin, rapporteur du budget à la Chambre et chargé de chiffrer la proposition de loi visant à attribuer une somme de 1000 francs aux familles des soldats morts pour la France. La France est frappée par un deuil de masse. Mais ce travail de deuil est ralenti par l'absence de dépouille des soldats qui sont enterrés directement sur le champ de bataille ou dans les cimetières militaires ou civils situés dans la zone armée, voire impossible quand le corps du défunt ne peut être retrouvé.

Afin de donner aux familles privées de la dépouille de leurs proches la possibilité de faire leur deuil, l'idée émerge de donner à tous ces soldats « disparus » une sépulture symbolique. Un projet une première fois évoqué à Rennes le 20 novembre 1916 par François Simon qui parle alors d'ouvrir « les portes du Panthéon à l’un de ces combattants ignorés morts bravement pour la patrie ». Puis le 12 juillet 1918, Maurice Maunoury propose l'inhumation d'un fantassin français inconnu au panthéon et dépose un projet de loi le 19 novembre 1918 en ce sens. C'est ainsi que le principe de l'inhumation d'un « déshérité de la mort » est adopté par la Chambre le 12 septembre 1919 de manière à incarner le sacrifice de tous les poilus et à donner un corps à pleurer à toutes les familles de soldats « disparus ». Dès lors, un véritable « culte de l'inconnu » se met en place afin d'honorer ces soldats morts pour la France.

Des monuments aux morts sont ainsi édifiés Sous la pression de l'opinion publique dans la quasi-totalité des communes de France qui font office de « tombe de substitution » en l'absence de corps à enterrer. On va pour la première fois inscrire sur ces monuments le nom des soldats mort, inaugurant ainsi ce que Thomas W. Laqueur[1] appelle une « démocratie de la mort ».

L'état vient même à accorder aux communes qui en font la demande des subventions proportionnelle au nombre de leurs habitants tués à la guerre.

Sous la direction généralement des conseils municipaux sont ainsi édifiés ces monuments funéraires Qui prennent diverses formes. Ainsi le monument aux morts de l'église Saint-Nicolas de Craon à Mayenne prend la forme originale d'un livre d'or de 121 noms. Quand le monument aux morts de la commune de Craon lui représente un poilu mourant en défendant le drapeau.

Chaque 11 novembre, jour d'anniversaire de l'amnistie, devenu férié sous la pression des anciens combattants, la République célèbre « la commémoration de la victoire et de la paix » (loi du 24 octobre 1922). Le cérémonial prévoit ainsi, avant ou après une minute de silence, l'appel de tous les morts, où après chaque nom, un enfant des écoles ou un ancien combattant répondra « mort pour la France ».

Les différentes versions

Cette stèle funéraire d'un poilu mourant est ainsi érigée en France avec de nombreuses variantes.

La version avec un buste de poilu

Une version un peu plus riche est constituée par un buste de poilu qui embrasse le drapeau à la façon d’un mourant embrassant un crucifix, comme la sculpture de C. Breton qui couronne le monument d’Arsure-Arsurette.

La version de Gourdon

La statue de Gourdon est le modèle le plus répandu de poilu mourant au drapeau[2], mais il existe des variantes légèrement différentes.

« Poilu mourant en défendant le drapeau » associé à une statue de la Victoire

Cette statue provient également des Marbreries générales de Paris. Certaines communes, comme Azur ou Sainte-Marie-de-Ré, ont fait le choix d'une composition associant au modèle du « poilu mourant en défendant le drapeau » une statue de la Victoire.

De plus, on a une autre version de cette statue, toujours des Marbreries générales, où la Victoire vient couronner un poilu mourant avec un drapeau.

La version de J. DĂ©chin

Jules Déchin a ainsi sa propre version du poilu mourant. Sa statue représente un poilu en uniforme couché, tête nue, tenant son fusil dans sa main droite, sa main gauche sur la poitrine. Il regarde en l'air. Sa jambe droite est fléchie.

Elle orne les monuments aux morts de Athies, Aumont-Aubrac, Béthencourt (dans le cimetière), Bief-du-Fourg, Boisleux-au-Mont, Brunembert, Chaulnes, Corcieux, Elven, Herly (dans l'église Saint-Pierre), Jouey, Juvigny-sous-Andaine, Lézardrieux, Ligny-en-Cambrésis, Les Vans, Loos-en-Gohelle, Mercatel, Ohain, Origny-en-Thiérache, Pleines-Œuvres, Ploumagoar, Pont-Farcy, Saint-Just,, Saint-Porchaire, Saint-Romain-de-Colbosc, Tannois, Thiembronne et Urcel.

Galerie

  • Sculpture de C. Breton d'un buste de poilu qui embrasse le drapeau qui couronne le Monument aux morts d’Arsure-Arsurette, "1914-1919, Arsure-Arsurette A ses enfants morts pour la France"
    Sculpture de C. Breton d'un buste de poilu qui embrasse le drapeau qui couronne le Monument aux morts d’Arsure-Arsurette, "1914-1919, Arsure-Arsurette A ses enfants morts pour la France"
  • Monument aux morts de Saint-Julien-sur-Reyssouze (01560), Statue sur socle reprĂ©sentant un poilu - intitulĂ©e Poilu mourant en dĂ©fendant le drapeau
    Monument aux morts de Saint-Julien-sur-Reyssouze (01560), Statue sur socle représentant un poilu - intitulée Poilu mourant en défendant le drapeau
  • Monument aux morts d'Azur (40140), Poilu - Mourant en dĂ©fendant son drapeau avec la Victoire ailĂ©e.
    Monument aux morts d'Azur (40140), Poilu - Mourant en défendant son drapeau avec la Victoire ailée.
  • Monument aux morts d'Arques (62510), Statue de la Victoire couronnant un Poilu avec Drapeau
    Monument aux morts d'Arques (62510), Statue de la Victoire couronnant un Poilu avec Drapeau
  • Monument aux morts de Juvigny-sous-Andaine (61140), Statue d'un poilu mourant couchĂ© (J. Dechin) se tient devant un obĂ©lisque surmontĂ© d'une boule et d'un coq.
    Monument aux morts de Juvigny-sous-Andaine (61140), Statue d'un poilu mourant couché (J. Dechin) se tient devant un obélisque surmonté d'une boule et d'un coq.

Notes et références

  1. "Le travail des morts, Une histoire culturelle des dépouilles mortelles", 6 septembre 2018, de Thomas Walter Laqueur
  2. Monument communal de Gourdon (46300), Poilu mourant dans les bras d'une femme en deuil, 1920.

Voir aussi

Bibliographie

  • SĂ©miologie et typologie des monuments aux morts, II. CommĂ©morations collectives. Le culte du souvenir, Antoine Prost, Dans Les anciens combattants et la sociĂ©tĂ© française 1914-1939 (1977), pages 35 Ă  75.
  • La RĂ©publique « malade de la guerre », Le temps du deuil, Chapitre V. La RĂ©publique au dĂ©fi de la paix, Jean-Michel Guieu, Dans Gagner la paix (2016), pages 251 Ă  349.

Articles connexes

Liens externes


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