Accueil🇫🇷Chercher

Plafond de verre

Le plafond de verre (de l'anglais glass ceiling) désigne le fait que, dans une structure hiérarchique, les niveaux supérieurs ne sont pas accessibles à certaines catégories de personnes essentiellement en raison de mépris de classe, de discrimination raciale ou de sexisme. Il peut, de manière intersectionnelle, être le résultat de plusieurs de ces discriminations subies simultanément.

Histoire

C'est une notion apparue aux États-Unis à la fin des années 1970. Elle reprend une notion présente dans le film d'Elia Kazan, Le Mur invisible (1947). Elle s'est fait connaître en 1986 à la suite d'un article publié dans le Wall Street Journal.

Conceptualisations

La ségrégation à l'œuvre sur le marché du travail est double pour les femmes : à la fois horizontale (elles sont concentrées dans certains secteurs, confinées à certaines tâches)[1] et verticale (elles peinent à accéder aux postes à responsabilité)[2]. La notion de « plafond de verre » s'est progressivement imposée dans la sociologie du travail et dans les sciences de gestion pour étudier la ségrégation verticale qui contraint les femmes dans leur carrière.

À la fin des années 1980, Ann M. Morrison, Rendall P. White et Ellen Van Velsor, universitaires américains, publient l'ouvrage Breaking the Glass Ceiling[3] - [4]. Le terme est ensuite importé en France sous la plume de la sociologue Jacqueline Laufer[5], laquelle constate l'universalité du concept :

« Ce constat s'applique à tous les pays, à des degrés divers, et à toutes les organisations. Partout on constate que les femmes sont de plus en plus rares au fur et à mesure que l'on s'élève dans la hiérarchie et qu'elles demeurent minoritaires dans les postes de décision et de responsabilité de haut niveau. En France en particulier, la rareté des femmes en position élevée dans les entreprises, dans la fonction publique, dans les universités, au CNRS et dans les lieux de décision est désormais soulignée.»[5] (p. 117-118)

Bien que dans l'article initial du Wall Street Journal, l'expression ait été utilisée pour souligner la difficulté d'accès des femmes aux postes supérieurs, elle est utilisée depuis pour d'autres catégories de personnes. Cette expression est maintenant répandue pour désigner tout cas où un individu est confronté à un réseau de pouvoir tacite, implicite, voire occulte, qui l'écarte d'un niveau de pouvoir ou de rémunération ou hiérarchique auquel il pourrait prétendre.

En France

Le « plafond de verre » connaît un certain succès depuis son importation dans les travaux français. Nombre de secteurs d'activité ont été, depuis les années 2000, analysés au prisme de ce concept, parfois rebaptisé pour mieux correspondre au milieu étudié. En 2009, Béatrice de Gasquet[6] décrit le « plafond de vitrail » auquel se heurtent les femmes dans les organisations religieuses[7]. Pour décrire l'accès des femmes aux postes à responsabilité à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), Isabelle Backouche[8], Olivier Godechot et Delphine Naudier[9] préfèrent quant à elles et lui l'appellation « plafond à caissons »[10].

Exemples dans le monde

  • Le , en France, 51 chefs d’entreprises du SBF 120 et deux secrĂ©taires d’État, signent une tribune pour lutter pour l’égalitĂ© des sexes et briser le plafond de verre.  Les signataires de la tribune annoncent deux engagements: la publication systĂ©matique du taux de femmes aux postes d’encadrement et s’inspirer de la loi Pacte pour les mandataires sociaux, en s’assurant que pour chaque poste d’encadrement ou de direction une femme se trouvera toujours en phase finale du processus de recrutement[11].
  • Selon une Ă©tude du CNRS, les critères d'Ă©valuation pour une ascension hiĂ©rarchique semblent seulement prendre en compte les travaux thĂ©oriques et les dossiers. Les tâches de gestion de groupe et la logistique seraient pour les auteurs Ă  intĂ©grer dans les dits critères[12].
  • La firme Ernst & Young au Canada remarqua en 2003 que 50 Ă  60 % de leurs professionnels de niveau junior Ă©taient des femmes. Au niveau supĂ©rieur (dit associĂ©), ce pourcentage descendait Ă  16 %[13].
  • L'Ă©tude de la composition des conseils d'administration des entreprises du CAC 40 dĂ©montre en outre qu'en 2013 les femmes ne reprĂ©sentent que 27 % des reprĂ©sentants des conseils d'administration[14].
  • Aux États-Unis, en 2009, 17 % des sièges parlementaires (75 sur 435) et 14 % des postes de gouverneur (7 sur 50) Ă©taient occupĂ©s par des femmes. Les États-Unis n'ont pas encore Ă©lu de femme Ă  la tĂŞte de leur gouvernement[17]. La première femme candidate Ă  la vice-prĂ©sidence dans un grand parti fut Geraldine Ferraro en 1984.

Les militantes du groupe La Barbe « remettent en cause le plafond de verre qui cantonne les femmes, et même les plus brillantes, à des positions subalternes »[18].

On peut aussi considĂ©rer la discrimination cachĂ©e envers les personnes issues de la « diversitĂ© Â», ou encore les personnes handicapĂ©es.

Dans l'entreprise, le plafond de verre peut prendre des formes diverses : notamment le diplôme d'origine (grandes écoles contre université, telle grande école réputée contre d'autres grandes écoles), appartenance à un cercle, à une obédience ou loge ou encore un parti politique.

Le plafond de verre peut être très localisé, un corporatisme, un cercle d'amis régionaux, être de la bonne vallée, etc.

L'expression est souvent employée dans les médias français, pour indiquer la difficulté du Front national à accéder à une majorité, suggérant un plafond invisible qu'il ne pourrait pas franchir[19].

Voir aussi

  • Le film Le Plafond de verre, les dĂ©fricheurs (2005) de Yamina Benguigui qui reprend l'expression dans son titre.
  • Le livre Brisez le plafond de verre : 12 clĂ©s pour rĂ©ussir au fĂ©minin de Florence Sandis (2017 - Editions Michel Lafon) explore ce syndrome du plafond de verre en interrogeant celles qui l'ont percĂ© et en fournissant des exercices pratiques pour aider les femmes Ă  trouver le dĂ©clic, Ă  dĂ©passer leurs propres freins et Ă  oser viser les plus hautes marches[20]
  • Falaise de verre

Notes et références

  1. « Seulement 17% des métiers sont mixtes, et c’est un vrai problème », sur Les Echos Start, (consulté le )
  2. Kim Hullot-Guiot, « Qu'est-ce que le «plafond de verre» ? », sur Libération.fr, (consulté le )
  3. books.google.fr/books
  4. Morrison, Ann M., Van Velsor, Ellen. et Center for Creative Leadership., Breaking the glass ceiling : can women reach the top of America's largest corporations?, Addison-Wesley Pub. Co, (ISBN 0-201-15787-X et 978-0-201-15787-1, OCLC 15162493, lire en ligne)
  5. Jacqueline Laufer, « Femmes et carrières: la question du plafond de verre », Revue française de gestion, vol. 30, no 151,‎ , p. 117–128 (DOI 10.3166/rfg.151.117-128, lire en ligne, consulté le )
  6. ehne.fr
  7. BĂ©atrice de Gasquet, « La barrière et le plafond de vitrail. Analyser les carrières fĂ©minines dans les organisations religieuses », Sociologie du travail, vol. 51, no 2,‎ , p. 218–236 (ISSN 0038-0296 et 1777-5701, DOI 10.4000/sdt.16426, lire en ligne, consultĂ© le )
  8. crh.ehess.fr
  9. cresppa.cnrs.fr
  10. Isabelle Backouche, Olivier Godechot et Delphine Naudier, « Un plafond à caissons : les femmes à l’EHESS », Sociologie du travail, vol. 51, no 2,‎ , p. 253–274 (ISSN 0038-0296 et 1777-5701, DOI 10.4000/sdt.16493, lire en ligne, consulté le )
  11. Le JDD, « TRIBUNE. Egalité femmes-hommes : "Brisons le plafond de verre!" », sur lejdd.fr (consulté le )
  12. Les mille visages de l'inconscient, in Journal du CNRS, no 194 Mars 2006.
  13. Salez, Nicole. Briser le "plafond de verre". ToutPourLesFemmes.com. 19 avril 2008
  14. Représentation des femmes dans les industries scientifiques
  15. Site de l'École Polytechnique
  16. Azar Khalatbari, « Claudine Hermann, La cause des femmes »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), www.larecherche.fr
  17. Dannheisser, Ralph. Des politiciennes retracent leur chemin vers le succès. Bureau des programmes d'information internationale (IIP). 11 mars 2009
  18. « La Barbe… du plafond de verre, dossier par Charlotte Arce, Lilia Blaise, Quentin Molinier et Pierre Testard, 07/03/11, sur le site de nonfiction.fr, consulté le 11 /01/2013
  19. Par exemple dans Béatrice Bouniol, « Front national : « Le plafond de verre existe encore » », La Croix,‎ (lire en ligne).
  20. michel-lafon.fr
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.