Piscicide
Un piscicide est un produit ou une molécule (naturelle ou synthétique) qui tue les poissons. Les plus connus sont la roténone et l'antimycine[1].
Usages
Des produits piscicides semblent avoir Ă©tĂ© utilisĂ©s depuis longtemps pour certaines techniques de pĂȘche traditionnelle dite « PĂȘche au poison ». MĂȘme quand ils agissent in vitro Ă faible ou trĂšs faible dose, ils ne sont efficaces qu'Ă certaines conditions, notamment pour contrĂŽler des espĂšces de poissons introduites[2] et ils tuent aussi de espĂšces non-cibles[3]. Ce type d'usage est aujourd'hui interdit pour la pĂȘche commerciale et de loisir, mais peut encore ĂȘtre pratiquĂ© par des populations autochtones dans leur environnement naturel (dont amĂ©rindiennes en Guyane).
En tant que pesticides, en 1975 une trentaine[4] de molécules piscicides avaient déjà été testées ou utilisées (généralement inefficacement) pour éliminer ou tenter d'éliminer une espÚce dominante ou invasive[5] (ex : Neogobius melanostomus[6]) dans certains milieux aquatiques d'eau douce (bassins d'élevage, réservoirs), ou pour éliminer des poissons parasités. Les produits utilisés ou qui ont été autorisés sont notamment :
- la roténone[7] - [8]
- des saponines[9],
- le TFM[9],
- le niclosamide[9]
- l'antimycine A (Fintrol)[9].
Piscicides végétaux ou inspirés de molécules produites par des végétaux
De nombreuses plantes, alors dites ichtyotoxiques synthĂ©tisent pour se dĂ©fendre de leurs prĂ©dateurs herbivores ou lignivores des molĂ©cules toxiques pour de nombreux animaux, dont les poissons[10]. Plusieurs techniques traditionnelles de pĂȘche ont consistĂ© Ă utiliser des poisons piscicides extraits de plantes, diffusĂ©s dans l'eau, pour ensuite rĂ©cupĂ©rer les poissons morts. Beaucoup de ces plantes sont des sources naturelles de rotĂ©none et de saponines, trĂšs toxiques pour les poissons. Parmi ces plantes figurent notamment celles qui sont classĂ©es dans les genres suivants :
- Tephrosia
- Wikstroemia
- Barringtonia
- Maesa (Maesa ramentacea utilisé en Thaïlande[11])
Différentes classes de molécules chimiques (souvent également insecticides), provenant de divers phylums végétaux ont déjà été découvertes, dont :
- Ranuncoside VIII (présente chez Barringtonia asiatica)
- Roténone (Derris eliptica)
- Sacculatal (Pellia endiviifolia)
- Dryofragin (Dryopteris fragrans)
- Vibsanine A (Viburnum odoratissimum)
- 1-Alkyldaphnmane ortho-ester (Pimela ssp)
- Furanocoumarin
- 2-Hydroxy-5-méthoxy-3-undecyl-1,4-benzoquinone (Aegiceras corniculatum)
- Wutaiensal (Xanthoxylum wutaiense)
- Stérol acylglucoside (Edgeworthia chrysantha)[12].
Certaines des molécules piscicides (parfois trÚs actives) sont aussi utilisées par des médecines traditionnelles ou pour faire du savon (ce qui peut poser problÚme s'il est utilisé en bordure de cours d'eau), dont par exemple en Angola[13].
Certains auteurs estiment qu'il est possible de produire des pesticides bio-inspirĂ©s ou d'origine vĂ©gĂ©tale moins nocifs pour la nature (respectueux de l'environnement) que certaines molĂ©cules de synthĂšse[14], ces molĂ©cules naturelles Ă©tant susceptibles de mieux ĂȘtre biodĂ©gradĂ©es, ou photodĂ©composĂ©es[15].
Toxicologie
Peu de données semblent disponibles concernant certains produits traditionnels. Les pesticides piscicides actuellement mis sur le marché ont dû faire l'objet de certaines études toxicologiques et écotoxicologiques[16].
Ăcotoxicologie
Les effets de ces molĂ©cules sur les poissons adultes, leurs larves ou leurs Ćufs sont souvent directs et importants. Des effets secondaires peuvent ĂȘtre induits par la disparition des poissons, qui bouleverse Ă©ventuellement le rĂ©seau trophique. Divers auteurs ont estimĂ© que des piscicides comme la rotĂ©none et l'antimycine ont peu d'effets directs sur les populations de mollusques et d'invertĂ©brĂ©s aquatiques, alors que d'autres estiment que ces effets ne sont pas nĂ©gligeables[17] ; une revue d'Ă©tudes publiĂ©es du milieu du XXe siĂšcle Ă 2010 montre que pour les suivis de moins de 3 mois, les effets sur les assemblages d'invertĂ©brĂ©s varient de « mineurs » à « substantiels », mais qu'il n'existait alors pas d'Ă©valuation ayant portĂ© sur une durĂ©e de plus d'un an[17].
Résilience du milieu : le temps et les conditions de détoxication du milieu aquatique et du sédiment aprÚs utilisation de piscicides, dépend de divers facteurs (doses et molécules utilisées, température, éclairement, courant, etc.) ; ils sont encore mal connus[18].
Références
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Voir aussi
Article connexe
Bibliographie
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