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Pellia endiviifolia

Pellia endiviifolia est une espĂšce d’hĂ©patiques Ă  thalle, de la famille des Pelliaceae. Par rapport Ă  d'autres espĂšces proches ayant besoin d'humiditĂ© mais tolĂ©rant une certaine dĂ©shydratation, cette espĂšce est considĂ©rĂ©e comme « aquatique », car ne tolĂ©rant pas la dĂ©shydratation [1] - [2], mais elle peut ĂȘtre trouvĂ©e dans des tufs ou travertins en formation si le film d'eau est permanent[3] - [4]. Cette espĂšce est prĂ©sente en Eurasie et Ă©tait connue dans l'ouest de l'AmĂ©rique du Nord, et n'a Ă©tĂ© "dĂ©couverte" (signalĂ©e pour la 1re fois) que rĂ©cemment au QuĂ©bec (introduite ?)[5]. Elle est rĂ©putĂ©e produire un poison pour les poissons (ce qui pourrait ĂȘtre une dĂ©fense contre des espĂšces herbivores)[6].

Aire de répartition

Pellia endiviifolia est considĂ©rĂ©e comme une espĂšce de l'hĂ©misphĂšre nord, prĂ©sente sur les continents et certaines Ăźles de toute l'AmĂ©rique du Nord, de l’ouest de l’Europe et dans l'Asie orientale.

En 1981, Schuster dĂ©crit pour l'est de l’AmĂ©rique du Nord l'espĂšce Pellia megaspora et considĂšre qu'il n'y a pas de Pellia endiviifolia dans cette mĂȘme partie du continent (ou qu'il y a eu confusion avec Pellia megaspora)[5]. Selon lui, Pellia endiviifolia ne vit qu'Ă  l'ouest de l'AmĂ©rique du Nord, mais depuis des populations de Pellia endiviifolia sensu stricto ont rĂ©cemment Ă©tĂ© identifiĂ©es au sud-QuĂ©bec (introduites ou naturelles ?) oĂč elle peut cĂŽtoyer les trois autres espĂšces du genre, Faubert et al. notent en 2012 qu'elles sont alors « nettement diffĂ©rentes les unes des autres. L’abondance des propagules produites par la plante incite Ă  spĂ©culer sur l’introduction possible de l’espĂšce par l’activitĂ© humaine ou les oiseaux migrateurs. Le peu de donnĂ©es prĂ©sentement disponibles ne permet pas de pousser la question plus loin. Un immense travail de rĂ©vision de spĂ©cimens d’herbier, dĂ©jĂ  anticipĂ© par Schuster (1981) mais non rĂ©alisĂ©, reste Ă  faire »[5].

Description

Un premier critĂšre d'identification sont les petites ramifications dichotomiques prĂ©sentes au bout des thalles. Elles sont si nombreuses qu'elles peuvent parfois ĂȘtre source de confusion avec un Riccardia. Il a Ă©tĂ© souvent Ă©crit que ces ramifications apparaissent surtout Ă  l’automne, mais les populations rĂ©cemment dĂ©couvertes au QuĂ©bec prĂ©sentaient d'abondantes ramifications dĂšs le dĂ©but ou au milieu de l'Ă©tĂ©[5].

Les spécimens mùles ont des thalles plus étroits et souvent colorés sur la face dorsale le long de la nervure[5].

Les chambres anthéridiales sont nettement brunes à rougeùtres ; elles contrastent fortement avec la surface du thalle[5].

Les spécimens stériles présentent parfois une ramification plus forte sur leur partie distale, bien que les dichotomies ne sont parfois pas isolées et sont de petite taille. La forme de ces plantes évoque alors de petits éventails[5].

C'est une espÚce dont les thalles sont toujours immergés ou mouillés par un film d'eau ou des éclaboussures.
Leurs rhizoïdes sont plus ou moins foncés (c'est l'un des critÚres d'identification) et leurs parois cellulaires ne sont pas particuliÚrement minces (autre critÚre)[5].
A l’extrĂ©mitĂ© du thalle, les papilles mucigĂšnes sont portĂ©es par un poil formĂ© de (1-) 2-8 cellules[5].

Symbioses

Comme d'autres espÚces proches, elle est considérée comme pouvant développer une mycorhization de type « arbusculaire » (arbuscular mycorrhiza), un type qui est considéré comme ancestral chez les espÚces terrestres, et qui est prédominant chez les hépatiques[7]. Une hypothÚse est que l'apparition de ce type de mycorhization a été contemporain de l'établissement des premiÚres plantes sur le milieu terrestre[7].

Génétique

Ce bryophyte volontiers subaquatique a fait l'objet d'études génétiques[8], qui ont notamment montré qu'elle présente génétiquement certains traits communs aux algues et aux plantes terrestres[9]. Une étude de 2011 a porté sur la découverte de nouveaux gÚnes spécifiquement exprimés lors du développement du thalle mùle et de l'antéthioïde chez cette espÚce[10].

Biochimie

La plante a aussi fait l'objet d'études biochimiques, dont sur les composés qu'elle synthétise[11] ; sesquiterpénoïdes notamment[12].

On s'est aussi intéressé à sa capacité à synthétiser des antioxydants[13].

Écotoxicologie

Les thalles de P. endiviifolia ont aussi fait l'objet au Japon d'une Ă©tude poussĂ©e de leur teneur/composition en certains Ă©lĂ©ments physicochimiques (B, Na, Mg, Al, P, K, Ca, Ti, Mn, Fe, Cu, Zn, Sr, Cd, Pb), donnant des indices sur leur capacitĂ© Ă  intĂ©grer ou bioaccumuler des mĂ©taux lourds ou mĂ©talloĂŻdes Ă©cotoxiques (ou Ă  les tolĂ©rer)[14]. Cette Ă©tude a montrĂ© que les thalles de ce vĂ©gĂ©tal prĂ©sentent un taux moyen de 49 600 ÎŒg/g de K, 9 140 ÎŒg/g de Na, 6 740 ÎŒg/g de Ca, 3 840 ÎŒg/g de P et 3 060 ÎŒg/g de Mg.
L'Ă©tude a confirmĂ© qu'en zone polluĂ©e par des mĂ©taux, ces mĂȘmes thalles pouvaient bioaccumuler d'importantes quantitĂ©s de cuivre, zinc ou plomb (Cu, Zn, Pb) et contenait des concentrations Ă©levĂ©es de ces Ă©lĂ©ments (maxima 0,88% de Cu, 0,55% de Zn et 0,36% de Pb dans le thalle ancien), ce qui dĂ©montre la potentialitĂ© de cette hĂ©patique comme indicateur de la contamination par les mĂ©taux lourds. Cette espĂšce peut facilement ĂȘtre confondue avec d'autres espĂšces proches[15].

Une autre étude a voulu tester l'hypothÚse qu'une variation de composition élémentaire au cours de l'année présentait un schéma saisonnier (en cherchant alors si de tels changements sont contrÎlés par des facteurs internes de la plante ou par des facteurs environnementaux[16]. Les auteurs ont montré qu'un cycle annuel est effectivement observé pour N, P, Na et Fe, avec comme tendance temporelle la plus fréquente : de moindres concentrations au printemps et les plus élevées en automne. Les résultats de ce travail ont suggéré que « les cycles saisonniers dépendent de l'interaction des facteurs internes et environnementaux : 1) un cycle annuel de croissance végétative propre aux bryophytes aquatiques, lequel provoque un cycle concomitant de dilution / concentration d'éléments dans leurs tissus ; 2) des changements annuels de sclérophyllie au sein de certaines espÚces (ex : J. cordifolia) ; et 3) une variation temporelle des caractéristiques physiques et chimiques du milieu[16]. » Néanmoins, l'étude n'a pu mettre en évidence que des corrélations dispersées entre les taux d'un élément donné dans les bryophytes et son taux dans l'eau du milieu aquatique, ce qui montre que les bryophytes ne se comportent pas comme de simples éponges passives vis-à-vis des éléments, mais comme des organismes plus complexes[16].

Synonyme :

  • Apopellia endiviifolia (Dicks.) Nebel & D.Quandt

Utilisations

Elle est parfois utilisée comme espÚce bioindicatrice, au sein de communautés (dites « bryocénoses »)[17].

Habitats

Rochers calcaires suintants.

Notes et références

  1. Pentecost A & Zhaohui Z (2006). Response of bryophytes to exposure and water availability on some European travertines. Journal of bryology, 28(1), 21-26 |résumé.
  2. Deltoro, V.I, Calatayud A, Gimeno C, AbadĂ­a A & Barreno E (1998). Changes in chlorophyll a fluorescence, photosynthetic CO 2 assimilation and xanthophyll cycle interconversions during dehydration in desiccation-tolerant and intolerant liverworts. Planta, 207(2), 224-228.
  3. Couderc J. M. (1977). Les groupements muscinaux des tufs de Touraine. Documents phytosociologiques NS, 1, 37-50.
  4. Pentecost, A., & Zhaohui, Z. (2006). Response of bryophytes to exposure and water availability on some European travertines. Journal of bryology, 28(1), 21-26.
  5. Faubert, J., Bastien, D. F., Lapointe, M., & Roy, C. (2012). Cinq hépatiques nouvelles pour le Québec. Carnets de bryologie, 2, 12-16.
  6. Cannon J.G, Burton R.A, Wood S.G & Owen N.L (2004). Naturally occurring fish poisons from plants. J. Chem. Educ, 81(10), 1457.
  7. Read DJ, Duckett JG, Francis R, Ligrone R, Russell A (2000) Symbiotic fungal associations in ‘lower’ land plants. PhilosTrans R Soc Lond B 355:815–831
  8. Grosche, C., Funk, H. T., Maier, U. G., & Zauner, S. (2012). The chloroplast genome of Pellia endiviifolia: gene content, RNA-editing pattern, and the origin of chloroplast editing. Genome biology and evolution, 4(12), 1349-1357.
  9. Alaba, S., Piszczalka, P., Pietrykowska, H., Pacak, A. M., Sierocka, I., Nuc, P. W., ... & Karlowski, W. M. (2015). The liverwort Pellia endiviifolia shares microtranscriptomic traits that are common to green algae and land plants. New Phytologist, 206(1), 352-367.
  10. Sierocka, I., Rojek, A., Bielewicz, D., Karlowski, W., Jarmolowski, A., & Szweykowska-Kulinska, Z. (2011). Novel genes specifically expressed during the development of the male thalli and antheridia in the dioecious liverwort Pellia endiviifolia. Gene, 485(1), 53-62.
  11. Hashimoto, T., Suzuki, H., Tori, M., & Asakawa, Y. (1991). Bis (bibenzyl) ethers from Pellia endiviifolia. Phytochemistry, 30(5), 1523-1530 |résumé.
  12. Asakawa, Y., Toyota, M., Takeda, R., Suire, C., & Takemoto, T. (1981). Sesquiterpenoids of Riccardia and Pallavicinia species. Phytochemistry, 20(4), 725-728
  13. Dey, A., De, A., Ghosh, P., & Mukherjee, S. (2013). Altitude and tissue type influence antioxidant potential of Pellia endiviifolia from Darjeeling Himalaya. Journal of Biological Sciences, 13(8), 707
  14. Satake, K., Nishikawa, M., & Shibata, K. (1987). Elemental composition of the sub-aquatic liverwort Pellia endiviifolia (Dicks.) Dum. in relation to heavy metal contamination. Hydrobiologia, 148(2), 131-136 | résumé.
  15. Newton M.E (1981). Evolution and speciation in Pellia, with special reference to the Pellia megaspora-endiviifolia complex (Metzgeriales), II. Cytology. Journal of Bryology, 11(3), 433-440. | résumé
  16. NUNEZ-OLIVERA, E., GarcĂ­a-Álvaro, M., BEAUCOURT, N., & MARTINEZ-ABAIGAR, J. (2001). Changes in element concentrations in aquatic bryophytes over an annual cycle. Archiv fĂŒr Hydrobiologie, 152(2), 253-277. rĂ©sumĂ© Inist-CNRS
  17. Hugonnot V (2010). Les bryophytes et les bryocĂ©noses du site d’Entraygues (Var, France) comme outil d’évaluation d’un projet de renaturation hydrologique. Revue internationale d’écologie mĂ©diterranĂ©enne International Journal of Mediterranean Ecology.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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