Pierre Morel-Danheel
Pierre-François Morel-Danheel (Zandvoorde, - Dixmude, ) est un homme politique, membre du Congrès national belge.
Parcours de vie
Morel est issu d'une famille qui, même avant la Révolution française en 1789, vivait principalement dans et autour des villages frontaliers linguistiques de Houthem, Warneton, Hollebeke et Zandvoorde. En raison de leur pragmatisme "syndicaliste" et de leur libre entreprise, il est parfois difficile de donner aux Morel une place bien définie dans les contradictions politiques et les grandes mutations sociales de leur époque, tant en termes de rapport entre Église et État qu'en termes d'éducation et d'emploi des langues.
Il est le fils de Gilles Morel (Hollebeke 1737- Zandvoorde 1815) et de Marie Bille (1747-1821), qui ont vécu à Zandvoorde, où Gilles est connu comme cultivateur et maître d'école. Ils ont trois enfants : Pierre, Catherine (1771-1845) et Jean-Baptiste (1775-1841). Ce dernier est maître d'école pendant 50 ans et sacristain à Zandvoorde pendant 25 ans.
Pierre Morel épouse Marie-Elisabeth Danheel (1773-1848) de Warneton le 7 mars 1796. Ils ont dix enfants, dont cinq meurent prématurément.
- Maria ou soeur Gertrude des 'Sœurs de Notre-Dame' (1802 - Namur, 25 octobre 1831).
- Antonia ou soeur Antoinette, des 'Sœurs de la Présentation de Marie' (17 novembre 1803 - Sint-Eloois-Winkel, au presbytère, 11 décembre 1879).
- Maria Begga Joanna Francisca (9 janvier 1806 - Dixmude, 2 mai 1890). Elle épouse Gustave Vander Belen (1807) à Dixmude le 11 septembre 1833. Il est le fils du juge de paix (Louvain) Michel van der Belen (Louvain, 13 août 1770 - 11 avril 1844), qui devient membre de l'Assemblée constituante belge et député jusqu'à sa mort. Il est donc un collègue et un proche de Pierre-François Morel. Le couple reste sans enfant.
- François, prêtre et jésuite (8 mai 1808 - 27 juillet 1877).
- Fidèle (11 novembre 1809 - 27 août 1891), prêtre.
De 1796 à 1831, Pierre Morel-Danheel dirige un pensionnat pour l'enseignement primaire et secondaire (pensionnat Morel-Danheel) à Dixmude, où l'un des élèves est Johan Joseph Faict (1813-1894), qui devient plus tard évêque de Bruges. En 1826-1827, Ferdinand Van de Putte (1807-1882), y travaille comme précepteur. De futurs contremaîtres libéraux comme Pierre De Breyne et le docteur Auguste Woets (1800-1879) sont également élèves dans ce pensionnat.
La pension Morel-Danheel joue un rôle dans le développement des écoles de Dixmuide au XIXe siècle. Le changement d'activité professionnel de Pierre s'opère alors. Il devient conseiller municipal à Dixmude (1837-1856) et juge de paix suppléant (1832-1856). Il est également président de la fabrique d'églises de Diksmuide.
Assemblée constitutionnelle et représentative
En 1830, il est élu membre du Congrès national aux côtés de Victor Buylaert pour le district de Dixmude.
Il engage le débat sur la liberté d'enseignement. Le désaccord s'intensifie sur la possibilité que le gouvernement puisse exercer une surveillance sur les établissements d'enseignement. C'est le franc-maçon Pierre Van Meenen qui propose un amendement sur ce point, soutenu par Morel.
Lors de l'élection du chef d'État, il vote dans un premier temps pour le duc de Leuchtenberg. Il ne participe pas au vote pour élire Surlet de Chokier comme régent et dans la phase de débat ultérieure, il vote pour Léopold de Saxe-Cobourg. Il vote également, comme la grande majorité (161 voix contre 28), l'exclusion perpétuelle des Orange-Nassau de tout poste de pouvoir en Belgique.
De 1831 à 1845, il est député du district de Dixmude.
Fidèle Morel
Son fils, Fidelis Martinus Ludovicus Morel (Dixmude, 11 novembre 1809 - Waregem, 27 août 1891), entre au séminaire de Gand et est ordonné prêtre le 22 décembre 1832. Il devient professeur de poésie à Bruges et à Poperinge et devient en 1839 « principal » du collège de Furnes. En 1851, il devient curé à Kerkhove et en 1858 à Winkel-Saint-Eloi.
François Morel
Franciscus Joannes Jacobus Morel (Diksmuide, 8 mai 1808 - 27 juillet 1877) étudie à Fribourg (Suisse), avec Pierre De Decker et Jules Malou. De retour en Belgique, il entre au séminaire du diocèse de Gand et est ordonné prêtre le 22 décembre 1832, avec son jeune frère Fidèle et avec son cousin Prosper Morel. Pendant quelques années, il enseigne la philosophie au petit séminaire de Roulers. Il entre ensuite dans la Compagnie de Jésus, mais ne persévère pas. Ce sont peut-être des problèmes de santé qui le font revenir dans le clergé séculier diocésain. Dès lors, il séjourne à Dixmude, où il sert comme «habitant» ou prêtre assistant. Il est également cofondateur de la branche locale de la Fraternité Franciscus-Xaverius, qui se consacre à la jeunesse du peuple. Il est atteint de cécité en 1873 et mourut à l'âge de 69 ans.
Bibliographie
- Isidore VAN OVERLOOP, Exposé des motifs de la constitution belge, Bruxelles, 1864, p. 278.
- Alphonse DE LEYN, Esquisse biographique de monsieur Ferdinand Van De Putte, vice-président de la Société d'Emulation, in : Handelingen van het Genootschap voor historie te Brugge, 1884, pp. 269-394.
- Leopold SLOSSE, Rond Courtrai ou esquisses sur le prochien de l'ancien diocèse de Doornyk situé dans les anciennes dunes de Helkyn, Kortryk et Wervick, partie 4, Roeselare, De Meester, 1914-1916, p. 2125.
- Carl BEYAERT, Biographies des membres du Congrès national, Bruxelles, 1930, p. 86.
- Marcel DENECKERE, Histoire de la langue française dans les Flandres (1770-1823), Gand, 1954, pp. 140, 172, 178, 288, 289.
- Ignace MASSON, L'Archifraternité Saint François Xavier en Belgique, Principalement dans le Diocèse de Gand (1853-1896), Mémoire de licence (inédit), Katholieke Universiteit Leuven, 1966.
- Ferdinand BRUNOT, Histoire de la langue française : le français au dehors sous la Révolution, le Consulat et l'Empire, Paris, 1969, p. 69.
- Dirk VANDEPITTE, Le parti libéral dans cinq villes du Westhoek (Ypres, Dixmude, Furnes, Nieuport, Poperinge) 1830-1848, traité de licence (inédit), Université de Gand, 1971.
- Philippe MARCHAND, Un modèle éducatif original à la veille de la Révolution : les maisons d'éducation particulière, in : Revue d'histoire moderne et contemporaine, tome 22 N°4, Octobre-décembre 1975, pp. 549-567.
- Jean MOREL, Généalogie famille Morel (inédit), Knokke, 1975.
- Michel MAGITS, La composition socio-politique du Volksraad (10 novembre 1830 - 21 juillet 1831), in : Revue belge d'histoire récente, 1981, pp. 581-608.
- Maurits DE VROEDE, Education and upbringing in the Southern Netherlands 1794-1814, in : Algemene Historisch der Nederlanden, volume 11, 1983, pp. 60-69.
- Emiel LAMBERTS, La croisade contre le libéralisme : facettes de l'ultramontanisme en Belgique au XIXe siècle, Louvain, 1984, pp. 11-63.
- Herwig CALLEWAERT, Contribution à l'histoire du Collège Sint-Aloysius et de l'éducation à Diksmuide, Diksmuide, 1985, pp. 18-20 et 45.
- Karin VANDEWALLE, L'élite socio-politique de Furnes et Dixmude 1830-1914, Gand, RUG, mémoire (inédit), 1986.
- Lucien VAN ACKER, Les pensionnats de Flandre occidentale en 1823, in : Biekorf, 1987 n° 3 p. 239.
- Maurits DE VROEDE, Maîtres & Maîtresses. Partie I L'ancien régime, Louvain, 1999.
- Maurits DE VROEDE, Maîtres & Maîtresses. Tome II L'âge français, Louvain, 2001.
- Herman DEMOEN, Dixmude, ville sur l'Yser, Dixmude, 2004, pp. 60 et 93.
- Mario DUJARDIN, 175 ans Belgique, 25 ans Fédéralisme, Zandvoordenaar a aidé à trouver la constitution et le roi du jeune Etat belge (1830 - 1831), in: Het Zonneheem, 2005
- Mario DUJARDIN, Miettes du passé de Zandvoorde 1750-1794, in : Het Zonneheem, jg. 35, 2006 n° 1, p. 7-8.
- Jürgen VANHOUTTE, Les écoles latines des Pays-Bas méridionaux (XVIe-XVIIIe siècle), Répertoire et guide des archives, Flandre et Bruxelles (Etude 116), Bruxelles, 2007, p. 265.
- Eddy PUT, Les internats dans les campagnes du XVIIIe siècle : engouement ou phénomène marginal, in : Marc DEPAEPE, ea, Du beau et de l'utile, contributions sur l'histoire de l'éducation et de l'éducation : liber amicorum offert à Mark D'Hoker, Anvers, 2008, pp.59-69.
- Isabelle DE KEYSER, L'histoire du Collège Saint-Louis en mots et en images, Dixmude, 2009, pp. 14-15.
- Edwin VANDENBERGHE & Chris VANDEWALLE, Dixmude. Images d'archives, Gloucestershire, 2010, p. 22.
- Mario DUJARDIN, Het Lindekruis, deux fois la chance à Zandvoorde, dans : Het Zonneheem, jg. 41 n° 2, 2012, p. 4.
- Mathias EL BERHOUMI, Le régime juridique de la liberté d'enseignement à l'épreuve des politiques scolaires, Bruxelles, 2013, pp. 50, 176, 177.
- Johan LIEVENS, La liberté d'enseignement, Anvers, 2019, pp. 35+36.
Références
- (nl) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en néerlandais intitulé « Pierre Morel-Danheel » (voir la liste des auteurs).
Liens externes
- Ressource relative à plusieurs domaines :
- (nl + en) ODIS
- Morel-Danheel sur le site Syndicalisme
- Carte prière Pierre Morel-Danheel
- Berceau "Institut Morel" Zandvoorde