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Pierre Baragnon

Pierre Baragnon, né le , au château de Servanes à Mouriès et mort le à Paris 8e, est un journaliste et homme politique.

Pierre Baragnon
Portrait photographique de Baragnon par Brion, Ă  Marseille.
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Nom de naissance
Pierre Paul Louis Baragnon
Pseudonyme
Singulus
Nationalité
Activités
Parentèle
Numa Baragnon (oncle)
Louis-Numa Baragnon (cousin germain)
Autres informations
A travaillé pour
Archives conservées par
Archives nationales (F/1bI/156/3, F/1a/150/6)[1]

Biographie

Neveu du député bonapartiste Numa Baragnon et cousin du député légitimiste Louis Baragnon, il fit ses études à Toulouse et n’avait que dix-sept ans lorsqu’il fonda, à Nîmes, en 1847, le journal humoristique, le Grelot[2]. L’année suivante, en 1848, il collaborait au Palais Bourbon, dans la Salle de bois, au compte rendu sténographique du Courrier Français et du Moniteur du Soir, avant de prendre la direction de visita l’Italie où il séjourna deux ans et s’intéressa au magnétisme animal[3]. À son retour, en 1850, il se lança délibérément dans la presse, et créa le journal les Tablettes de Toulouse, collaborant simultanément au Journal de Toulouse et dirigeant ensuite le Courrier de Montauban, puis il devint rédacteur scientifique à la Patrie, en 1851, sous son fondateur, Théodore-Casimir Delamarre[2]. Ensuite nommé à la direction de la Normandie de Rouen, il la quitta en 1853, à cause de graves dissentiments politiques[2].

En 1855, il représente, à Paris, la presse belge, au choix de laquelle son opposition l’a désigné, tandis que le baron Cotta le charge de la correspondance de la Gazette d'Augsbourg, après la mort de Heinrich Heine[4]. Ensuite appelé en Moldavie en qualité de Directeur de la Chancellerie, par le prince Vogoridès, il prend part aux travaux des assemblées locales qui préparèrent l’union des Principautés de Moldavie et de Valachie[2].

Au cours de ses voyages en Europe, il crĂ©a, Ă  cette mĂŞme Ă©poque, le journal le Levant, de Bruxelles, Ă  la collaboration duquel il appela ses vieux camarades rĂ©publicains proscrits : Testelin, Bancel, Madier-Montjau, Pelletan, dont les articles firent interdire l’entrĂ©e du journal en France ; Tavernier, Castelnau, dont, plus tard, Édouard Durranc fut le secrĂ©taire[2]. Le Levant, administrĂ© par un autre proscrit, Houllier, de l’Eure, vĂ©cut neuf annĂ©es[2].

Après le Congrès de Paris, au cours duquel il publia des travaux diplomatiques très remarquĂ©s : la Civilisation musulmane, les Capitulations, la Turquie devant l’Europe, ce dernier et important ouvrage en collaboration avec Musurus et Rustem Pacha, il est appelĂ© Ă  Constantinople, Ă  la direction du journal officiel français de l’empire turc et de l’imprimerie ottomane[2].

Revenu Ă  Paris, en 1864, il collabora successivement Ă  la Presse achetĂ©e par Mirès, oĂą il suivit, jour par jour, la campagne de Sadowa ; au MĂ©morial diplomatique, dont il devient propriĂ©taire et qu’il est obligĂ© d’abandonner Ă  l’issue d’un procès survenu Ă  l’instigation du gouvernement impĂ©rial[2]. Il Ă©crivit, Ă  cette occasion, une brochure cĂ©lèbre, Lettre au marquis de Lavalette, ministre de l’IntĂ©rieur, qui est un des premiers pamphlets publiĂ©s contre l’Administration de l’Empire[2]. Ainsi dĂ©pouillĂ©, il fonde immĂ©diatement le Bulletin international, organe publiĂ© simultanĂ©ment Ă  Bruxelles, Bucharest, Dresde, Florence et en France[2]. Ă€ l’occasion de l’application de la loi sur les rĂ©unions privĂ©es, de 1868, l’édition imprimĂ©e Ă  NĂ®mes prit une part active aux luttes de l’Union libĂ©rale rĂ©publicaine et dĂ©termine l’échec de la candidature officielle[2]. C’est alors qu’il participe Ă  la rĂ©union Sagnier, qui fut suivie de nombreuses arrestations et de poursuites[5] tandis que le Bulletin International de Dresde (Saxe) Ă©tait supprimĂ©, au moment de l’annexion, par Bismarck, et le gĂ©rant poursuivi pour haute trahison[2].

Il participa à Paris, avec son Bulletin, au mouvement électoral de 1868, et fit partie, avec Camescasse comme secrétaire, sous la présidence de Jules Dufaure, du comité Thiers, siégeant dans la maison de Berryer et de Marie, rue Croix-des-Petits-Champs[2]. Il dirigea le mouvement de la section de la rue de Ponthieu et assura le succès de cette élection au second tour de scrutin avec quelques voix de majorité, contre Devinck et d’Alton-Shée, grâce au concours des électeurs du quartier, où il habitait un petit hôtel bâti en 1860[2].

Dès le mois de , au moment de la tentative de l’empire libéral, il édita le grand quotidien le Centre Gauche, fondé sous l’inspiration d’Ernest Picard, de Spuller, qui en a écrit la préface, dont il essaya de faire l’organe du parti auquel il empruntait son nom, pour lutter contre le cabinet Émile Ollivier, séparer l’élément monarchique et libéral, représenté par le marquis d’Andelarre, de la fraction républicaine et ouvrir campagne contre le plébiscite[2]. Lorsque le Centre Gauche fut supprimé, le , le 17 aout, il fonda la Tache noire, sorte de pamphlet anti-prussien qui vécut peu[2].

Le , Gambetta l’envoya, comme Commissaire gĂ©nĂ©ral, avec pouvoirs civils et militaires, Ă  la prĂ©fecture de Nice, oĂą il forme la phalange des francs-tireurs des Alpes-Maritimes, qu’il envoie Ă  Tours et qui participe glorieusement Ă  la dĂ©fense de Châteaudun[2]. Puis, rappelĂ© par Gambetta, il part en mission du dĂ©lĂ©guĂ© de la Guerre, Charles de Freycinet ; il parcourt les dĂ©partements du Midi pour organiser, prĂ©fecture par prĂ©fecture, le dĂ©part des mobilisĂ©s ; il visite ainsi quatorze dĂ©partements et termine, au cours de l’hiver terrible, par le Vaucluse, la DrĂ´me, l’Ardèche et la Lozère, jusqu’au moment de la retraite de Bourbaki[2]. Revenu alors dans les Bouches-du-RhĂ´ne, il est poursuivi par le gĂ©nĂ©ral Espivent, gouverneur de l’état de siège de Marseille, pour avoir participĂ© Ă  l’organisation du banquet du , Ă  La Ciotat[2]. Le Conseil de guerre prĂ©sidĂ© par le colonel Thomassin l’acquitta, ainsi que la municipalitĂ© ouvrière de ce canton, qui le nomma conseiller gĂ©nĂ©ral, en remplacement de l’ancien ministre BĂ©hic et, après le retrait forcĂ© de la candidature de CrĂ©mieux, condamnĂ© Ă  mort par ce mĂŞme conseil de guerre et fusillĂ©[2].

Aux Ă©lections lĂ©gislatives du , il se porta candidat rĂ©publicain radical dans la première circonscription de NĂ®mes, mais il n’obtint qu’une faible minoritĂ©. Candidat au siège municipal laissĂ© vacant dans le IIe arrondissement de Paris, par la mort de Charles Loiseau-Pinson, ayant obtenu au premier tour du , grâce Ă  l’appui bienveillant des leaders du parti rĂ©publicain radical, 1 150 voix, il n’en rĂ©unit, au second tour du , que 903 voix, contre 1 645 donnĂ©es Ă  son concurrent, le nĂ©gociant Marais, autre candidat radical. Dans l’intervalle des deux scrutins, des doutes s’étaient Ă©levĂ©s dans l’esprit des Ă©lecteurs sur l’énergie de ses convictions rĂ©publicaines, et on leur avait donnĂ© la preuve qu’en tout cas ces convictions Ă©taient de date relativement rĂ©cente.

Occupant le siège de conseiller gĂ©nĂ©ral, il fut nommĂ© deux fois prĂ©sident du conseil et de la commission dĂ©partementale, et rĂ©Ă©lu pendant vingt-deux ans sans concurrent[2]. Après cette date, voulant se consacrer Ă  ses travaux de presse, il se fait remplacer par son conseiller d’arrondissement, dont il soutient, avec son propre comitĂ©, la candidature[2]. Au cours de cette pĂ©riode, il collabore, Ă  Paris, Ă  la LibertĂ©, Ă  l’Opinion nationale, oĂą il signait des articles très remarquĂ©s sur la Turquie qu’il connaissait bien, Ă  la France, publie sous la signature « Paul SalomĂ© Â», dans le Bien public, des portraits remarquĂ©s (Consciences et Visages ; les Lettres d’un isolĂ© ; lutte, sous le pseudonyme de « Singulus Â», contre les progrès de l’opportunisme.) Il publia, Ă  l’occasion des Ă©lections municipales, sa brochure : Lettre Ă  Gambetta, et fonda le Courrier du Soir, en 1878, Ă  la date mĂŞme de la promulgation de la loi sur le colportage, qui poursuivit sans relâche ses campagnes radicales, anti-boulangistes et de concentration rĂ©publicaine[2]. Au cours des annĂ©es 1879-1882, la publicitĂ© de l’Opinion nationale fut reprise, la petite Feuille d’Avis, quotidienne, publiĂ©e[2]. En 1879, le Parisien, organe d’information, paraissant chaque jour, Ă  deux heures, fut fondĂ©[2]. En 1878, il fonde, Ă  Grenoble, Le Petit Dauphinois, journal quotidien Ă  grand tirage, ensuite l’Imprimerie gĂ©nĂ©rale, oĂą se tirent les grands journaux de la rĂ©gion dauphinoise, en mĂŞme temps qu’à ChambĂ©ry, le Savoyard rĂ©publicain, Ă©dition spĂ©ciale du Petit Dauphinois[2].

Baragnon était, par ailleurs, membre syndic de l’Association des directeurs de la presse parisienne, membre syndic de l’Association des journalistes républicains, membre d’honneur de l’Association des journalistes parlementaires[2].

Il est mort le [6] en son domicile, 17 bis, avenue Beaucour, il est inhumé au cimetière de Montmartre[7], avec son épouse, Émilie Christich, qui était artiste peintre[8], et sa belle sœur Marie Christich épouse Mirabello.

Notes et références

  1. « http://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/UD/FRAN_IR_001514/d_83 »
  2. Henri Avenel, La Presse française au vingtième siècle, Paris, E. Flammarion, , x-631, 23 cm (lire en ligne), p. 110-13.
  3. Il publiera une Étude du magnétisme animal sous le point de vue d’une exacte pratique, Pise, Vannucchi, 1852, traduit en français sous le titre Étude du magnétisme animal sous le point de vue d'une exacte pratique, suivie d'un mot sur la rotation des tables, Paris, Germer-Bailliere, 1853.
  4. Sa correspondance Ă©tait traduite en allemand par Valdemar et Haeffner.
  5. Il est défendu par Ernest Picard et les autres inculpés par Jules Favre.
  6. Acte de décès de Pierre Baragnon sur le site des Archives de Paris 8e, vue 18/20.
  7. 26e division, au centre de la division, orientée Nord.
  8. Mme Pierre Baragnon, reçoit la décoration du Chefakat à la suite de l'hommage par elle fait au sultan de Turquie d'un tableau dont elle était l'auteure et qui a figuré au dernier Salon. Voir « Distinction honorifique », La Presse, Paris,‎ (lire en ligne).

Article connexe

Sources

  • Henri Avenel, La Presse française au vingtième siècle, Paris, E. Flammarion, , x-631, 23 cm (lire en ligne), p. 110-13.
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