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Pi-Ramsès

Pi-Ramsès (ou Per-Ramsès), situé à l'emplacement de l'actuelle Qantir, fut la capitale de l'Égypte sous les XIXe et XXe dynasties.

Pi-Ramsès
Ville d'Égypte antique
Nom actuel Qantir
Administration
Pays Drapeau de l'Égypte Égypte
Région Basse-Égypte
Nome 19e : Nome inférieur de l'Enfant royal
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 30° 48′ 00″ nord, 31° 50′ 00″ est
Localisation
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Pi-Ramsès
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Pi-Ramsès

    Signifiant Maison de Ramsès, cette cité riche et prospère fut le centre du pouvoir à l'époque ramesside. Établie sur la branche pélusiaque du Nil, son emplacement fut choisi sur le site de l'actuelle localité de Qantir, à proximité immédiate d'Avaris, l'ancienne capitale des Hyksôs, qui avaient régné sur la Basse-Égypte lors de la Deuxième Période intermédiaire. Séthi Ier y avait bâti un premier palais qui sera agrandi par son fils Ramsès II, quand celui-ci y établit la capitale dynastique.

    On peut comparer la ville Ă  une Venise Ă©gyptienne.

    Choix du site

    Le choix de l'emplacement de Pi-Ramsès n’était certainement pas dû au hasard. En effet, le site présentait des avantages évidents, qui décidèrent Ramsès II à déplacer la cour royale dans le delta :

    • La rĂ©gion d’Avaris Ă©tait le berceau des Ramessides. En effet, non seulement SĂ©thi Ier y avait fait construire un palais, mais en plus le site de la future Pi-Ramsès comprenait un sanctuaire dĂ©diĂ© Ă  Seth, le dieu dynastique. Rappelons que le père de Ramsès II portait comme nom « SĂ©thi », ce qui veut dire « Celui qui appartient Ă  Seth ».
    • La volontĂ©, après la fin chaotique de la XVIIIe dynastie, d'Ă©loigner le pouvoir royal du clergĂ© thĂ©bain, dont l’emprise s'Ă©tait renforcĂ©e après les rĂ©formes avortĂ©es d’Akhenaton et la restauration des anciens cultes par Horemheb notamment. En effet, le clergĂ© d'Amon, qui s'Ă©tait vu octroyer tant de richesses sous le règne des ThoutmĂ´sis, dut exercer une influence de plus en plus pesante sur la royautĂ©. Cette influence fut d'ailleurs l’une des raisons probables de l'Ă©pisode amarnien, mais après le retour Ă  l’ordre Ă©tabli sous Horemheb, le dieu thĂ©bain, richement dotĂ©, retrouva tout son pouvoir et ses privilèges d’antan.
    • La nĂ©cessitĂ© de se rapprocher du terrain des opĂ©rations militaires : en effet, SĂ©thi Ier, qui avait rĂ©ussi Ă  reconstituer en partie l’empire des ThoutmĂ´sis au Levant, dut sans cesse faire barrage aux dĂ©sirs de conquĂŞte des Hittites, et son fils après lui. Il est d'ailleurs prouvĂ© que ThoutmĂ´sis III, près d'un siècle plus tĂ´t, avait compris l’importance stratĂ©gique du site en y construisant un palais fortifiĂ© Ă  l'emplacement de l'ancienne ville des HyksĂ´s.
    • Enfin, le fait que Ramsès II se soit lui-mĂŞme divinisĂ© de son vivant, instaurant son propre culte au milieu de celui des grands dieux de l'Égypte. Nous possĂ©dons des descriptions antiques de la ville qui attestent qu'elle ne comprenait pas moins de trois grands temples dĂ©diĂ©s aux trois principaux dĂ©miurges du panthĂ©on Ă©gyptien : RĂŞ, Amon et Ptah, chacun placĂ© Ă  trois points cardinaux de la citĂ©, le quatrième Ă©tant dĂ©jĂ  occupĂ© par le temple de Seth. Au milieu se trouvait le palais royal, vĂ©ritable temple royal, entièrement consacrĂ© au culte de Pharaon. Tout ceci dĂ©montre avec quelle habiletĂ© Ramsès II rĂ©ussit lĂ  oĂą Akhenaton avait Ă©chouĂ©. Non seulement il dĂ©veloppa le culte de pharaon divinisĂ©, mais il inaugura la synthèse du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel dont il avait la charge. Il put retarder ainsi pour un temps la montĂ©e en puissance des grands prĂŞtres d'Amon, qui ne prendront le pouvoir que pendant les troubles de la Troisième PĂ©riode intermĂ©diaire, Ă  la mort du dernier des Ramsès.

    Cent-cinquante ans après la mort de Ramsès II, l'assèchement de la branche pélusiaque amènera les Égyptiens à déplacer la capitale vers l'actuelle localité de Tanis sur la branche tanique du fleuve, en réutilisant les statues et blocs de pierre de l'ancien site de Pi-Ramsès.

    Pi-Ramsès serait le point de départ depuis lequel le peuple d'Israël partit en Exode[1].

    La ville

    Plan reconstitué d'Avaris / Pi-Ramsès
    Pieds d'une statue colossale de Ramsès II trouvée à Pi-Ramsès

    D'après les textes, Pi-Ramsès Ă©tait la « Ville Turquoise », tant cette couleur fut employĂ©e pour encadrer les portes et les fenĂŞtres des demeures blanchies Ă  la chaux. Depuis plus de trente ans, Manfred Bietak y mène des fouilles, rĂ©vĂ©lant peu Ă  peu le plan de la ville et son histoire. Ainsi, outre le grand palais dont l'enceinte s'Ă©tendait sur plus de 500 mètres de cĂ´tĂ©, les archĂ©ologues y ont retrouvĂ© les casernes des cĂ©lèbres charreries et Ă©curies de pharaon, fer de lance de l'armĂ©e Ă©gyptienne. Un temple d'Amon a Ă©tĂ© fouillĂ© un peu plus au nord de l'enceinte tandis que la ville d'Avaris, devenue un quartier de la capitale ramesside, a Ă©tĂ© localisĂ©e au sud avec le temple de Seth et un quartier palatial dĂ©jĂ  signalĂ© plus haut.

    EntourĂ©e sur trois cĂ´tĂ©s par des bras secondaires de la branche pĂ©lusiaque du Nil, la capitale ramesside se trouvait au nĹ“ud des rĂ©seaux marchands et de circulation de l'empire. Elle Ă©tait la première grande citĂ© que l'on dĂ©couvrait en arrivant en Égypte par l'est, et son aspect monumental devait impressionner, tant elle comportait de monuments imposants Ă  la gloire de Pharaon. S'Ă©tendant sur près de 15 km2, la ville pouvait accueillir environ 300 000 personnes[2].

    En raison de la mise en culture systématique du delta depuis la construction du grand barrage d'Assouan, le site est méconnaissable. Au milieu des champs sont éparpillés des socles de colonnes et des restes de statues en granit abandonnés là depuis des millénaires. Le soubassement d'un colosse dont il ne reste que les pieds et qui devait dépasser dix mètres de haut confirme les descriptions grandioses de la cité qui marqua les imaginations de l'époque.

    On a retrouvé à Tanis, capitale de la XXIe dynastie, de très nombreux blocs et statues qui proviennent certainement de Pi-Ramsès. Les grands obélisques qui s'y trouvent et qui portent presque tous le nom de Ramsès II devaient être initialement dressés sur les parvis des temples et du palais royal. D'ailleurs Ramsès II avait également remployé de nombreux monuments de ses prédécesseurs. Étrange retournement de situation où les spolia se trouvèrent à leur tour réutilisés pour de nouvelles constructions pour de nouveaux pharaons...

    Ces déplacements de monuments firent penser aux archéologues et aux exégètes bibliques que Tanis était l'emplacement de Pi-Ramsès. Cependant, des excavations récentes à Tell el-Dab'a et Qantir ont identifié à cet endroit l'emplacement de la capitale Hyksôs, Avaris, et la capitale ramesside Pi-Ramsès.

    Le Palais dit « G » du temps de Thoutmôsis III

    Reconstitution de la fresque minoenne dĂ©couverte dans le palais de la XVIIIe dynastie Ă  partir des dĂ©bris retrouvĂ©s sur le site

    Le palais « G » était un grand complexe daté du temps du pharaon Thoutmôsis III.

    Il était bâti sur un socle fort haut pour éviter les inondations liées aux crues du Nil, comme tous les bâtiments importants de Pi-Ramsès.

    À l'étage se trouvaient les pièces d'apparat. Un plan du palais a été réalisé, d'après les fouilles retrouvées des fondations.

    Après avoir montĂ© le grand escalier extĂ©rieur, le visiteur arrivait dans la grande cour. Il passait par trois colonnades superposĂ©es pour arriver dans la grande galerie, composĂ©e de vingt-quatre colonnes monumentales, d'une superficie de 830 m2. La galerie Ă©tait Ă©clairĂ©e dans son pourtour tout en hauteur. De cette dernière pièce, le visiteur dĂ©couvrait sur la droite la salle du trĂ´ne, immense pièce carrĂ©e composĂ©e Ă©galement de vingt-quatre colonnes. La superficie de cette salle du trĂ´ne Ă©tait de 850 m2.

    La découverte la plus spectaculaire constitue en ce que les palais « G » et « F » étaient décorés, en tout ou partie, de fresques minoennes, fort différentes des peintures égyptiennes.

    • Restitution 3D de la grande cour du palais de ThoutmĂ´sis (Palais « G ») Ă  Avaris / Pi-Ramsès.
      Restitution 3D de la grande cour du palais de Thoutmôsis (Palais « G ») à Avaris / Pi-Ramsès.
    • Restitution de la grande galerie du Palais « G » d'Avaris / Pi-Ramsès
      Restitution de la grande galerie du Palais « G » d'Avaris / Pi-Ramsès
    • Restitution de la salle du trĂ´ne du Palais « G » d'Avaris / Pi-Ramsès
      Restitution de la salle du trône du Palais « G » d'Avaris / Pi-Ramsès

    Le palais « F »

    Le palais « F » reproduit presque à l'identique le plan du palais « G », mais d'une taille plus modeste. Aussi pouvons-nous envisager qu'il s'agisse du palais de la reine ou du harem royal. En effet, il est attenant au palais « G » et n'en est séparé que par un lac et des jardins.

    Le temple de Seth

    Seth était le dieu tutélaire de la ville d'Avaris / Pi-Ramsès.

    Le temple d'Amon

    Il devait se situer près du palais royal de Ramsès II.

    Le palais royal de Ramsès II

    Le palais de Ramsès II se situait dans la zone centrale de la ville, sur une grande île, au Nord d'Avaris.

    Les Ă©curies

    Le plan des écuries (du Palais ?) a été retrouvé. Il permet de comprendre l'organisation des boxes.

    La fin de la cité, la fin d'un empire

    C'est certainement en raison du déplacement de la branche pélusiaque du Nil que Pi-Ramsès fut peu à peu abandonnée à la fin de la XXe dynastie pour des sites plus propices comme Tanis par exemple. De plus, la crise dynastique qui suivit le règne de Ramsès II (XIXe dynastie), et les largesses que ce dernier offrit aux temples, favorisèrent l'emprise du clergé thébain qui finit par usurper le pouvoir pendant la Troisième Période intermédiaire. Le centre du pouvoir se trouvait désormais à Thèbes, au cœur du sanctuaire d’Amon, d’où les grands prêtres dirigeront la Haute-Égypte par la voie oraculaire de la statue du dieu. L'empire des Ramsès se disloquera : la Palestine échappera à l’Égypte, la Nubie et le pays de Kouch recouvreront leur indépendance. Jamais plus les pharaons ne seront à la tête d’un empire aussi vaste, malgré les tentatives des dynasties suivantes.

    La fondation de Tanis, la Thèbes du Nord, confirme que l'expérience de Pi-Ramsès et des ramessides était bel et bien achevée, même si cette dernière grande capitale du delta en gardera le souvenir dans ses monuments (voir plus haut). Abandonnée, désaffectée, Pi-Ramsès deviendra une vaste carrière comme beaucoup d’autres sites, pour disparaître définitivement sous le coup des inondations et des cultures humaines, à la fin de la Basse époque mais surtout quand les Romains occuperont cette terre fertile. Sa disparition fut si complète que l'on rechercha longtemps en vain son emplacement parmi les grands sites ruinés du delta. Il faudra attendre les années trente du XXe siècle pour que des archéologues égyptiens mettent au jour les restes des palais de Séthi Ier et de Ramsès II. Depuis les années 1970, des fouilles régulières y sont menées par l'Institut archéologique autrichien du Caire, en collaboration avec l’institut d’égyptologie de l’université de Vienne, sous la direction de l'égyptologue autrichien Manfred Bietak. Elles éclairent un peu plus chaque année ce que fut cette cité et son influence.

    Notes et références

    1. "Ra'amses" (Hébreu : רַעְמְסֵס) est mentionnée quatre fois dans la Bible : Genèse 47:11 ; Exode 1:11 et 12:37 et Nombre 33:3,5. C'est un synonyme de Goshen (Genèse 47:1), le pays où Joseph s'établit avec ses descendants. D'où probablement l'anachronisme de Genèse 47:11, référence possible à Avaris.
    2. (en) Joshua J. Mark, « Per-Ramesses », sur ancient.eu, .

    Liens externes

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