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Philippe Stamma

Philippe Stamma, dit « le Syrien » (né à Alep vers 1705 - 1755) est un joueur d'échecs, et compositeur d'études d'échecs.

Philippe Stamma
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Champion officieux du « noble jeu », il se produisait à Londres au Slaughter's Coffee House dans St. Martin's Lane, l'équivalent anglais du Café de la Régence à Paris. Il était considéré comme l'un des meilleurs joueurs du monde jusqu'à sa défaite face à François-André Danican Philidor à Londres en 1747.

Stamma Ă©tait en Angleterre traducteur pour l'arabe[1].

Parcours

Quartier Jdeïdé d'Alep vers 1920

Selon le chercheur et historien originaire d’Alep Jean Fathi, qui a retrouvĂ© des documents sur Philippe Stamma et sa famille (un manuscrit en arabe et syriaque lui ayant appartenu en 1721), le nom oriental du joueur d'Ă©chec est Fathallah fils de Safar Shtamma[2]. Il serait nĂ© au dĂ©but du XVIIIe siĂšcle dans une famille de notables catholiques de la communautĂ© suryānÄ«, installĂ©e dans le quartier chrĂ©tien de JdeĂŻdĂ©[2]. Alep est Ă  l'Ă©poque considĂ©rĂ©e comme la troisiĂšme citĂ© la plus importante de l'Empire ottoman aprĂšs Contantinople et Le Caire, un carrefour des cultures, ainsi qu'un pont idĂ©al d’échanges commerciaux entre l'Orient et l'Occident, oĂč la famille Stamma prospĂšre dans la nĂ©goce international de Marseille Ă  la Chine[2].

Philippe rejoint le CollĂšge romain dans le but de suivre une formation d’ecclĂ©siastique, mais renonce rapidement et voyage vers l'Europe en commençant par l'Italie oĂč il latinise son prĂ©nom arabe Fathallah pour embrasser celui de Filippo qui devient plus tard Philippe[2]. Il se rend ensuite en Espagne, oĂč il sĂ©journe plusieurs mois dans la ville de Madrid, avant de bifurquer vers Paris oĂč il frĂ©quente le cĂ©lĂšbre CafĂ© de la RĂ©gence, lieu de rencontre d'intellectuels et joueurs d'Ă©chec frĂ©quentĂ© notamment par Kermur de Legal, François-AndrĂ© Danican Philidor, Denis Diderot ou Benjamin Franklin[2]. C'est dans cette ambiance que Philippe Stamma attire les regards en rĂ©pĂ©tant que l’on joue mieux aux Ă©checs en Orient qu’en Occident[2]. Cette affirmation participe Ă  construire le mythe de ce voyageur dĂ©barquĂ© de Syrie, considĂ©rĂ© comme prĂ©curseur de la notation Ă©chiquĂ©enne moderne, auteur des fameuses « cent positions dĂ©sespĂ©rĂ©es », des fins de partie qui semblent perdues mais que l’on retourne soudainement Ă  son avantage avec Ă©clat[2]. Il se marie avec femme prĂ©nommĂ©e Esther, et a deux fils, Louis et William[2].

En 1739, Philippe Stamma quitte Paris pour Londres, se convertit Ă  l'anglicanisme, et se met au service du roi George II de Grande-Bretagne comme interprĂšte des langues orientales[2]. Sa carriĂšre de joueur franchit un nouveau pallier, ses succĂšs faisant de lui le meilleur joueur du pays jusqu’en 1747, lorsqu'il est battu Ă  Londres par François-AndrĂ© Danican Philidor[2].

Compositeur d'Ă©tudes

Philippe Stamma : Essai sur le jeu des echecs
Les blancs jouent et gagnent[3]. Une Ă©tude de Philippe Stamma.

Sa réputation tenait pour une large part à son recueil d'études intitulé Essai sur le jeu des echecs ou Les secrets des échecs (1737), qui fut traduit en anglais (1745) sous le titre The Noble Game of Chess[2] et en allemand (Breslau, 1784). Ce livre, le premier à utiliser la notation algébrique, popularisa en Europe l'art des finales d'échecs, fort appréciées depuis des siÚcles au Moyen-Orient. Il a été réédité au XXe siÚcle sous le titre « Cent positions désespérées[4] » car il contient une centaine de fins de parties.

Philippe Stamma n'hĂ©site pas dans son ouvrage Ă  encenser les joueurs d’Alep, mais aussi Ă  Ă©dulcorer les histoires de BĂ©douins dessinant un Ă©chiquier sur le sable et utilisant des pierres comme piĂšces, pour appĂąter le lecteur en mal d’exotisme Ă  qui il s’adresse[2]. Selon Jean Fathi, chercheur et historien lui-mĂȘme originaire d’Alep Philippe Stamma[2] :

« Philippe Stamma se prĂ©sente comme le passeur d’une longue tradition des Ă©checs en Orient. Il a dĂ©barquĂ© en Europe avec des richesses Ă©chiquĂ©ennes antiques. Un positionnement gĂ©nial, sauf qu’il s’agit d’une mystification plutĂŽt que d’une rĂ©alitĂ©. Car son gĂ©nie, il le doit Ă  lui-mĂȘme. Il n’y a pas dans tout l’Orient du XVIIIe siĂšcle d’autres joueurs d’échecs qui se soient distinguĂ©s comme il l’a fait. »

Dans son Analyse du jeu des Ă©checs, publiĂ©e en 1777, François-AndrĂ© Danican Philidor rend hommage Ă  son ancien adversaire syrien en donnant au gambit dame (coup qui consiste, en dĂ©but de partie d’échecs, Ă  sacrifier un pion pour gagner un avantage en position) le nom de gambit d’Alep, puisque Stamma le recommandait[2].

En parait une nouvelle édition de l'essai de Philippe Stamma de 1737 adapté en français contemporain intitulé Les cent fins de parties de Philippe Stamma[5].

ƒuvre

(fro) Philippe Stamma, Essai sur le jeu des echecs : oĂč l'on donne quelques Regles pour le bien joĂŒer, & remporter l'avantage par des Coups fins & Ćżubtils, que l'on peut appeller les Secrets de ce Jeu, Paris, impr. Emery, (lire en ligne)

Notes et références

  1. D'aprÚs Klaus Lindörfer, intr. à l'édition de Moses Hirschel « Die Schachspiel-Geheimnisse des Arabers Philipp Stamma » pour les éd. Olms (Hildesheim).
  2. « Philippe Stamma : des faubourgs d’Alep au Slaughter’s House de Londres », sur L'Orient-Le Jour, (consultĂ© le )
  3. Les blancs gagnent par 1. Tg1 ! qui fait perdre aux noirs un tempo décisif dans la course des pions passés
  4. François Le Lionnais et Ernst Maget, Dictionnaire des échecs, éd. PUF, 1967
  5. Philippe Stamma, Les cent fins de parties de Philippe Stamma : histoire du jeu d'Ă©checs, Paris, Books on Demand, , 132 p. (ISBN 978-2-322-04370-5)

Liens externes

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