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Philippe Mohlitz

Philippe Mohlitz est le nom d'artiste d'Émile Philippe Magaudoux[1], graveur français né le à Saint-André-de-Cubzac[2] - [1] - [3] (Gironde) et mort le à Bordeaux[2].

Philippe Mohlitz
Philippe Mohlitz en 2010.
Naissance
Décès
(Ă  78 ans)
Bordeaux
Nom de naissance
Émile Philippe Magaudoux
Nationalité
Activité
Formation
Maître

Biographie

Originaire de Saint-AndrĂ©-de-Cubzac, Philippe Mohlitz grandit dans cette ville au nord de Bordeaux et s’intĂ©resse au dessin très jeune. Il se forme Ă  Paris de 1960 Ă  1965 dans l’atelier de celui qu’il revendiquait comme son maĂ®tre, Jean Delpech, grand prix de Rome de gravure en 1948[4]. Il fait ses premières armes dans le dessin technique Ă  l’Institut gĂ©ographique national et chez Mobil Oil qui lui ont laissĂ© l’amour du « trait et du croisement des traits ». Pour lui, « le dessin ne s’apprend pas, la perspective non plus[5] », et l’une de ses premières Ĺ“uvres publiques, Alice (1963), montre sa maĂ®trise en ce domaine.

Une exposition à Rueil-Malmaison en 1964 lui fait connaître le graveur Pierre Guastalla, membre du jury, qui le remarque et lui conseille d’apprendre la gravure. Il entre alors en octobre 1965 dans l’atelier de Jean Delpech[6] boulevard du Montparnasse, qui sera son maître, et où il restera cinq ans. Mais il se rend aussi dans d’autres ateliers parisiens où il côtoie des artistes comme Georges Rubel.

En 1967, il expose à la galerie Paul Prouté, rue de Seine, et fréquente la Société des peintres-graveurs français (fondée en 1889). Dès 1970, la société Les Impénitents le contacte pour illustrer Ville volante de Marcel Béalu. Cinq ans plus tard, il met en images pour deux sociétés de bibliophiles un poème composé fin XVIIIe par Samuel Taylor Coleridge, La Chanson du vieux marin, déjà gravé par Gustave Doré.

À partir de 1967, les expositions se succèdent partout en France (Antibes, Paris, Avignon, Dax, Fontainebleau, Bordeaux…) et à l’étranger (Hautervie, Stuttgart, Bruxelles, New York, Tokyo, Madrid, Los Angeles, Stockholm, Oslo, Helsinki…).

En 1971, il obtient le prix Florence Gould avant d’être admis Ă  la Casa de Velázquez Ă  Madrid, qui n’accueille que des artistes dĂ©jĂ  confirmĂ©s.

En 2000, il reçoit le grand prix Léon Georges Baudry de gravure de la fondation Taylor.

L’œuvre de Philippe Mohlitz, reconnu Ă  l'Ă©chelle internationale, est principalement composĂ© de gravures, mais comporte aussi de nombreux dessins, des sculptures et des bijoux. Ses travaux sont prĂ©sents dans de nombreuses collections privĂ©es du monde entier et dans plusieurs musĂ©es ou galeries (New York, Brooklyn, Philadelphie, Paris…). Ă€ Bordeaux, le cabinet des dessins et estampes de la ville abrite douze gravures dont cinq proviennent d’un don de l’artiste fait en 1978 et sept autres qui font partie d’une collection de Robert Coustet mise en dĂ©pĂ´t au musĂ©e en 2005.

Mohlitz vivait à Bordeaux et y a travaillé jusqu’aux derniers jours de sa vie .

L'Ĺ“uvre

Technique

Les prĂ©fĂ©rences de Philippe Mohlitz vont au burin plutĂ´t qu’à l’eau-forte en raison de la rigueur et la nettetĂ© du trait qui exclut le hasard. Il grave ses planches en suivant avec plus ou moins de fidĂ©litĂ© ses dessins Ă  la plume[7]. La technique qu'il utilise pour rĂ©aliser ses estampes est celle de la taille-douce sur cuivre comme les anciens : « Si DĂĽrer revenait aujourd’hui et se mettait Ă  ma table, il saurait parfaitement utiliser les outils actuels[5] ! »

Son travail, très minutieux dans sa rĂ©alisation, consiste Ă  rĂ©aliser directement sur le mĂ©tal un dessin Ă  la pointe sèche, partiellement effaçable car celle-ci n’égratigne le mĂ©tal qu’en surface, avant de reprendre chaque trait et de le creuser en dĂ©gageant des copeaux plus ou moins profonds avec des burins de diffĂ©rentes formes qui, après encrage, font apparaĂ®tre des valeurs plus ou moins fortes allant du blanc au noir. Il n’y a pas de repentirs possibles car les erreurs sont quasiment irrattrapables.

Les tirages sous presse, de 100 exemplaires au maximum, sont faits par des professionnels sur des papiers de qualitĂ© parfois teintĂ©s : Arches, Rives, HahnemĂĽhle, Moulin Richard de Bas voire Japon. Les formats vont de 5 Ă— 5 cm Ă  39,5 Ă— 49,5 cm.

Certaines gravures complexes peuvent demander jusqu’à six mois de travail. Pour les amateurs d’art sa finesse d’exécution fait qu’il « apparaît comme un buriniste hors pair, orpailleur et orfèvre, qui poursuit et trouve au bout de sa recherche la pépite d'or donnant à sa gravure l'éclat d'un incomparable joyau[7]. »

Influences

Les sujets extrĂŞmement variĂ©s choisis par Mohlitz lui donnent une place Ă©minente dans l’histoire de la gravure oĂą il apparaĂ®t souvent comme un chef de file du courant fantastique contemporain, du moins comme celui de l'Ă©cole fantastique de Paris[7].

Il se dĂ©finit lui-mĂŞme comme un « artisan illustrateur », ou un « fabricant d’images[5] » capable de reprĂ©senter tout ce qui est figurable. Plantes, animaux, personnages, architectures ou machineries complexes sont montrĂ©s avec un rĂ©alisme puissant dans des situations imaginaires surprenantes. Cela explique que de multiples liens et affinitĂ©s semblent traverser son Ĺ“uvre très riche. Il se dit lui-mĂŞme inspirĂ© par des artistes comme « DĂĽrer, dont on ne peut pas rester insensible, mais aussi Silvestre, Rembrandt, Schongauer[5]. »

On peut Ă©galement Ă©voquer JĂ©rĂ´me BoschPieter Brueghel l'AncienGiovanni Battista Piranesi, Jacques CallotFrancisco GoyaRodolphe Bresdin[6], Odilon Redon, les surrĂ©alistes, Edgar Allan PoeFranz KafkaLewis Carroll dont il reprend souvent le personnage d’Alice, Edvard Munch, James Ensor ou, aujourd'hui, Érik Desmazières[8] et Jean-Pierre Velly.

Un créateur libre

Dans la prĂ©face du livre publiĂ© en 2010[9], Gravures et dessins 1965-2010, Maxime PrĂ©aud prĂ©vient d’emblĂ©e :

« Philippe Mohlitz, quand on ne le connaît pas très bien, n’est pas un interlocuteur facile, il jette les mots. Ce qu’il veut bien qu’on sache de lui, il le met dans ses gravures, ce qui ne simplifie pas la tâche du curieux[9]. »

Tout semble dit sur ce personnage secret, voire ombrageux, sur lequel de très rares interviews ou documents ne jettent qu’une faible lumière en dépit d’une longue carrière de graveur, commencée en 1965 avec Vierge à la sarbacane. Mohlitz est un libre graveur comme d’autres sont libres-penseurs.

Christophe Loubes retrace brièvement ce cheminement dans un article intitulĂ© « 50 ans d’indĂ©pendance Â»[10], lors d’une rĂ©trospective de son Ĺ“uvre que lui consacrait l’Atelier 109 Ă  Bordeaux. Dans ce billet Mohlitz prĂ©cise ce qui le caractĂ©rise :

« Je reprĂ©sente de façon prĂ©cise des choses qui n’existent pas […] Je n’ai que ces traits pour m’exprimer. Â»

Et non sans malice il ajoute : « Mais c’est peut-ĂŞtre le signe d’un dĂ©règlement. Les grands psychopathes sont obsĂ©dĂ©s par le fait de remplir l’espace dont ils disposent[10]. »

On ne peut comprendre Philippe Mohlitz sans un humour qu’il applique d’abord à lui-même, mais pour connaître son travail, il n’y a pas d’autre moyen que de regarder en détail ses œuvres. Si l’artiste récuse toute interprétation psychologisante de son travail, car « le discours tue l’émotion », il est néanmoins utile de s’efforcer d’en pénétrer les richesses :

« Ă€ tenter de saisir la dĂ©marche et la signification de l’œuvre, on s’y plonge, loupe Ă  la main, on regarde, lentement, et on dĂ©couvre un monde […] On prend plaisir Ă  se perdre dans les marais, Ă  s’égarer dans la jungle, Ă  fouiner dans les dĂ©chetteries, Ă  chiner dans les vide-greniers, Ă  errer dans des lieux Ă©tranges oĂą il se passe des choses Ă©tranges. On a peur, parfois, de ce qu’on voit […] Bref, avec les images de Mohlitz, on ne s’ennuie pas. L’énigme est lĂ , dans chaque estampe… et en plus c’est beau[9]. »

Les thèmes

Son goĂ»t le porte vers des thèmes imaginaires ou fantastiques souvent reprĂ©sentĂ©s dans un style qui Ă©voque la bande dessinĂ©e. Rien ne lui est Ă©tranger : religion, mythologie, art, Ă©rotisme, guerre, architectures variĂ©es, dĂ©combres et bric-Ă -brac, machineries sophistiquĂ©es, animaux divers, avions et navires en ruine, personnages bizarres et dĂ©calĂ©s, ciels chargĂ©es de nuĂ©es, paysages apaisĂ©s ou jungles farouches… 

Il n’illustre habituellement pas de sujets choisis à l’avance par d’autres, mais crée en revanche de toutes pièces des univers de fiction insolites et complexes, parfois angoissants, en dépit d'un humour décalé qui adoucit la force. Il faut parfois beaucoup de temps pour découvrir la richesse de son travail et l’on se perd souvent dans ses gravures, lui y compris (Planche où je me suis perdu, 1972).

Tout est mystère et dépaysement chez Mohlitz car les personnages et les situations, souvent absurdes ou voués à l’anéantissement, apparaissent dans des lieux étranges avec une temporalité incertaine qui emprunte librement aux différentes époques de l’histoire pour nous faire perdre nos repères habituels (Les Navigateurs, 1992).

Les architectures sont classiques (L'Église, 1975), mais peuvent ĂŞtre radicalement imaginaires (Fuite en Égypte, 1967 ; La Ligne, 1990). Et les machineries anciennes ou les navires en rade qu’il affectionne prĂ©sentent un dĂ©labrement souvent inquiĂ©tant. La vĂ©gĂ©tation elle-mĂŞme, qui pourrait rassurer de prime abord au milieu des ruines ou des Ă©paves, apparaĂ®t finalement menaçante telle une jungle indomptable qui Ă©tendrait partout son emprise, comme si en dĂ©finitive le dĂ©bordement de la vie Ă©tait aussi dangereux que la mort (12 ans après, 1978).

Des raz-de-marée ou des animaux étranges surgissent de nulle part comme dans un cauchemar (L'Arrivée de l'iguane, 1974). Les poursuites infernales n’ont ni commencement ni fin (Cavalier poursuivi, 1970), les assauts sont dantesques, et les batailles, féroces (La Tour, 1978).

Dans cette gravure, qui est l’une des plus célèbres de l’artiste, une multitude de guerriers armés jusqu’aux dents montent à l’assaut de cet édifice qui touche le ciel telle une tour de Babel, affublés de képis, bicornes, casques ou même scaphandre, pendant que des civils hagards et désemparés sont aux prises avec cette soldatesque violente et confuse.

« Que reste-t-il après que les barbares ont pris la ville… Paysage bordelais nous le dit… Il n’y a plus âme qui vive dans la cité… La vengeance, la malédiction, la colère de Dieu ont eu raison d’une folie des hommes[11]. »

Dans d’autres travaux (Les Pilleurs d’épaves, 1977 ; Dogger Bank, 1975), ce sont peut-ĂŞtre aussi les guerres, ou les tempĂŞtes, qui ont rĂ©ussi Ă  dĂ©truire en grande partie ces vaisseaux Ă©chouĂ©s dans d’obscurs cimetières marins parfois surplombĂ©s de nuĂ©es menaçantes : « Ils se sont enlisĂ©s dans les sables, leur lourdeur les a trahis[11]. »

Mais les personnages figurĂ©s par Mohlitz ne sont pas plus Ă©pargnĂ©s que les machineries qu’il aime reprĂ©senter avec force dĂ©tails. Sous son burin les hommes comme les femmes sont multiples, dont lui-mĂŞme (Autoportrait pluriel, 1987). Dans Le Ministère de la SantĂ©, 1977 une surveillante affublĂ©e d’une curieuse coiffe, sans doute la marque de son pouvoir, tient son petit monde de grabataires mâles Ă  sa merci. Un malade Ă  l’agonie, proche de la mort, a dĂ©jĂ  son aurĂ©ole de bĂ©atitude. Au-dessus de lui trĂ´ne un portrait de saint qui ressemble Ă  Mohlitz, mais un autre « assis sur son lit est en Ă©veil. Tous ses membres et organes sont branchĂ©s Ă  une tuyauterie complexe, elle-mĂŞme reliĂ©e Ă  un poumon gĂ©ant en suspension. Cet homme est bien vivant, il sourit, bouche grande ouverte, yeux exorbitĂ©s, sexe turgescent. L’expĂ©rimentation a rĂ©ussi. La cheftaine est satisfaite, elle rayonne, en blanc sur le fond sombre des arcatures piranĂ©siennes du vieil hĂ´pital[11]. »

Toutefois Françoise Garcia souligne que le monde de cet artiste « n’est pas fait que de dévastations, d’apparitions de bêtes immondes, d’iguanes démesurés, de scarabées rampants, de batailles, d’entre-chocs et d’émeutes, de vierges persécutées ou de femmes castratrices[11]. »

Car chaque estampe est une Ĺ“uvre unique par sa conception comme son expression grâce aux nombreux points de vue dans l’espace et le temps qui se combinent et dialoguent librement entre eux. Certaines sont plus apaisĂ©es que d’autres mĂŞme si souvent les oppositions entre les valeurs claires et sombres renforcent l’aspect surprenant de l’image pour crĂ©er chez le spectateur une « inquiĂ©tante Ă©trangetĂ© Â» qui le dĂ©loge de ses certitudes habituelles. Mais grâce Ă  la poĂ©sie si prĂ©sente dans son Ĺ“uvre — Les Compteurs d'Ă©toiles, 1979 par exemple —, les chaos potentiels peuvent s’adoucir comme par enchantement, ou se teinter d’humour noir comme celui qui transparaĂ®t dans l’une de ses plus surprenantes gravures, La Noce menacĂ©e (1978).

Dans celle-ci, le jeune couple en contrebas qui vient de se marier ne sait encore rien d’une créature démoniaque et lubrique embusquée derrière l’église qui pourrait entamer son innocence, mais que l’observateur mis en position de spectateur connaît déjà parce qu’il domine l’ensemble de la scène tel un démiurge, grâce à un sidérant effet de perspective plongée.

L’homme révolté

L’imaginaire est pour Mohlitz le plus court chemin d’accès au rĂ©el, particulièrement aux vicissitudes d’un monde dans lequel les hommes font des guerres meurtrières, colonisent et convertissent de force leurs semblables, pillent, tuent, violent ou exercent toutes sortes de pression qui avilissent l’humanitĂ©. Alors tel un Don Quichotte qu’il semble affectionner (Le Cavalier et le cul de jatte, 1968) il lutte Ă  sa manière seulement armĂ© d’une plume ou d’un burin contre les ignominies de l’Histoire qui dĂ©naturent ou subvertissent les rĂŞves les plus nobles des hommes, ou qui les empĂŞchent d’exister. Et face aux changements incessants d’artistes soucieux de la mode ambiante Mohlitz a retenu ce que lui avait dit son maĂ®tre Jean Delpech : « C’est un bombardement. Le seul moyen de survivre c’est de rester dans la tranchĂ©e[10]. » Mohlitz est un rĂ©sistant.

Alors il se rĂ©volte contre la folie d’un monde oĂą des guerres absurdes et dĂ©vastatrices ensevelissent les choses et pervertissent l’humanitĂ© (Le Violon, 1965 ; La Mobilisation, 1977 ; La Relève, 1980 ; DĂ©sertion, 1980 ; La Cour martiale, 1993 ; Bataille, 2000 ; Bastion, 2004). Il nous montre le chef-d’œuvre de bĂŞtise qu’est la violence aveugle et partiale des hommes (Le GoĂ»ter des bourreaux, 1979 ; Les Enchères, 1990 ; L’ExĂ©cution, 1990 ; La Fleur, 1995). Il critique au passage l’emprise de la religion quand elle abuse de son pouvoir, et aussi le colonialisme (L’Église, 1975 ; Sainte famille observant un groupe d’anthropophages, 1983 ; Bâtir, 1989 ; La Mission, 1995). Il dĂ©nonce mĂŞme la compassion quand elle se cache derrière la technique ou l’intĂ©rĂŞt (Le Ministère de la santĂ©, 1977 ; Ambulance, 2008). Et ni la dĂ©mesure (La Tour, 1978 ; New York, 1982) ni la vanitĂ© (Icare, 1980 ; L’Atelier, 1989) n’échappent Ă  son regard acĂ©rĂ©. Il pointe de mĂŞme la puissance des pulsions sexuelles et leurs effets (Brunehaut, 1968 ; Vive la mariĂ©e, 1968 ; Le Sommeil, 1969 ; Escalade, 1980 ; Embuscade, 1991). Et s’il nous montre parfois le vertige existentiel (Le Pendu, 1968) c’est qu’il s’attarde encore sur le temps qui passe et altère les choses comme les ĂŞtres (L’Attente, 1966 ; Dogger bank, 1975 ; 12 ans après, 1978 ; Paysage bordelais, 1980 ; Rade, 2000).

Les liens avec sa ville

En dehors de ses périodes de formation, et malgré une carrière internationale, Philippe Mohlitz a principalement vécu et travaillé dans sa ville de Bordeaux à laquelle il est très attaché et où il exposait régulièrement, même si, dans les derniers temps, il a dû renoncer à la gravure pour se consacrer plutôt au dessin, « faute de moyens techniques[10] ».

Françoise Garcia rappelle dans son article que « Philippe Mohlitz a pour Bordeaux une tendresse native[11] » comme le montre son Paysage bordelais de 1980, et Le Lapin sur la ville, 1979, oĂą le corps de cet animal Ă©corchĂ© Ă©pouse de façon protectrice le plan de cette ville dĂ©limitĂ©e Ă  l’autre extrĂ©mitĂ© par la Garonne et le port de la Lune qui sont les lieux emblĂ©matiques de la citĂ©.

« Ainsi parallèlement à son œuvre au noir, dont la vision anticipe les récits post-apocalyptiques d’écrivains comme Vincent Ravalec, Michel Houellebecq ou, plus proche, ceux du bordelais Jacques Abeille, l’artiste manie la dérision, l’humour, un humour grinçant, souvent bienveillant, qu’il faut découvrir en entrant soi-même dans les planches qui mêlent imagination et raison[11]… »

Peut-ĂŞtre est-il possible de faire le lien avec ce commentaire figurant dans le manuscrit du musĂ©e du Prado au sujet de la cĂ©lèbre gravure no 43 des Caprichos de Francisco de Goya — Le sommeil de la raison engendre des monstres — qui rĂ©vèle le sens profond de cette estampe : « L'imagination sans la raison produit des monstres impossibles : unie avec elle, elle est mère des arts et Ă  l'origine des merveilles[12] », ce qui prend aussi tout son sens pour Mohlitz.

Expositions

  • 1969 : Paris, SociĂ©tĂ© des peintres-graveurs français
  • 1970 : Bibliothèque nationale de France
  • 1972 :
    • Stuttgart, Kunsthaus Fischinger
    • Columbia, Maison française de l'universitĂ©
    • Sindelfingen, galerie Tendenz
    • Paris, galerie Fontaine
    • Bruxelles, galerie Continents
  • 1973 :
    • New-York, Fitch-Febvrel Gallery
    • Madrid, Casa de Velasquez
    • Tokyo, Galerie Bancho
  • 1974 : Stuttgart, Kunsthaus Fischinger
  • 1975 :
    • Stockholm, centre culturel français
    • Göteborg, Museum
  • 1976 :
    • Orebrol Länsmuseum
    • Las Palmas de Gran Canaria, Galeria Balos
    • Oslo, centre culturel français
    • Gävle, galerie Larsson
    • Columbus, Merton G.Boyd Gallery
  • 1977 :
    • Genève, galerie Bernard Letu
    • Bordeaux, galerie Huguerie
    • Paris, galerie Jacques Casanova
  • 1978, 1986, 1988, 1989, 1991 :
  • 2002 : « Victor Hugo et les artistes contemporains Â»[13], galerie municipale d'art contemporain de Chamalières
  • 2012 : Atelier 109, « Carnet 2012 Â», Bordeaux
  • 2014 : Atelier 109, Bordeaux
  • 2015 : Atelier 109, « Dessins - Estampes - Bronzes - 1965/2015 Â», Bordeaux
  • 2011-2015 : Galerie Mader, Paris
  • 2018 :
  • 2019 :

Publications

  • Dessins 1965-1977 (prĂ©f. Bernard Letu), Bernard Letu Éditeur, , 79 p. (ISBN 2-88051-01-5 (Ă©ditĂ© erronĂ©), BNF 34782746)[14]
  • Gravures et dessins 1963-1982, Natiris, (ISBN 978-2-903792-04-6)
  • Gravures 1982-1992, Ramsay, coll. « Visions », , 95 p. (ISBN 978-2-908652-60-4)
  • Dessins (prĂ©f. Michèle Delaunay), Mollat, , 155 p. (ISBN 978-2-909351-08-7)
  • Carnet 2010, Claude Lada,
  • (fr + en) Gravures et dessins 1965-2010 (prĂ©f. Maxime PrĂ©aud), Mader, , 311 p. (ISBN 978-90-76831-08-4)
  • Carnet de dessins, Mader, 2012, 170 p., 85 reproductions de dessins

Livres illustrés

Notes et références

  1. « Fiche de Philippe Mohlitz », Bibliothèque nationale de France (consulté le ).
  2. Céline Musseau, « Bordeaux : disparition du graveur Philippe Mohlitz », sur Sud Ouest, (consulté le ).
  3. Bordeaux d’après Bénézit, 1999, p. 700, et BnF.
  4. Christophe Meynard, « Saint-André-de-Cubzac : disparition d'un des plus grands graveurs français, Philippe Mohlitz », sur hautegironde.fr, Haute Gironde, (consulté le ).
  5. Marie Akar, « Mohlitz, libre graveur », Arts et métiers du livre,‎ nº 287, novembre-décembre 2011, p. 64 à 73.
  6. Philippe Mohlitz sur le site consacré à Jean-Pierre Velly.
  7. Bernard Letu, Mohlitz, dessins, Paris, 1977.
  8. Qui a aussi étudié avec Jean Delpech.
  9. Gravures et dessins 1965-2010, éditions Mader, préface de Maxime Préaud (conservateur général des bibliothèques au Département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France, 308 p., 2010 ; disponible chez Graphics Corner Art Gallery.
  10. Christophe Loubes, « 50 ans d’indĂ©pendance Â», Sud-Ouest, 20 octobre 2015.
  11. Françoise Garcia (conservatrice honoraire au musée des beaux-arts de Bordeaux), « Les prémonitions de Philippe Mohlitz », Le Festin,‎ nº 100, hiver 2017, p. 128 à 132.
  12. (es) Edith Helman, Transmundo de Goya, Madrid: Alianza editorial, , 238 p. (ISBN 84-206-7032-4), p. 221.
  13. Présentation de l'exposition sur amac-chamalieres.com.
  14. ISBN figurant dans le livre et dans le catalogue de la BnF.
  15. Notice bibliographique.
  16. Notice bibliographique.
  17. Notice bibliographique.

Annexes

Bibliographie

Documentaires

Articles connexes

Liens externes

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