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Peter Sloterdijk

Peter Sloterdijk [ˈpeːtɐ ˈsloːtɐˌdaÉȘk][1], nĂ© le Ă  Karlsruhe, est un philosophe et essayiste allemand. Professeur de philosophie et d’esthĂ©tique Ă  la Hochschule fĂŒr Gestaltung de Karlsruhe, il fut recteur (Rektor) du mĂȘme Ă©tablissement entre 2001 et 2015. Il enseigne aussi Ă  l’AcadĂ©mie des beaux-arts de Vienne.

Peter Sloterdijk
Peter Sloterdijk en 2009.
Naissance
Nationalité
Formation
École/tradition
Principaux intĂ©rĂȘts
Idées remarquables
anthropotechnique, biosophie, « domestication de l'Être », immunologie, « le monstrueux », sphĂ©rologie
Influencé par
A influencé
Distinctions
Liste détaillée
Prix Ernst-Robert-Curtius (en) ()
Prix Friedrich-MĂ€rker (en) ()
Prix Sigmund-Freud pour la prose scientifique ()
DĂ©coration autrichienne pour la science et l'art (en) ()
Prix de l'orateur Cicéron (d) ()
Prix international Mendelssohn de Leipzig (d) ()
Prix européen de l'essai Charles-Veillon ()
Prix BDA de la critique architecturale (d) ()
Berliner BĂ€r ()
Prix Ludwig-Börne (en) ()
Prix Helmuth-Plessner (d) ()
Commandeur des Arts et des Lettres‎

Biographie

Son pĂšre est nĂ©erlandais et sa mĂšre allemande. De 1968 Ă  1974, Sloterdijk suit des Ă©tudes de philosophie, d’histoire et de littĂ©rature allemande Ă  l’universitĂ© de Munich. En 1975, il soutient une thĂšse sur la philosophie et l’histoire de l’autobiographie[2] Ă  l’universitĂ© de Hambourg. Par la suite, il entreprend, avec succĂšs, une carriĂšre d’écrivain Ă  quoi s’ajoutent, Ă  partir de 1992, des enseignements aux universitĂ©s de Vienne et de Karlsruhe.

Son premier essai philosophique, Critique de la raison cynique (Kritik der zynischen Vernunft), publiĂ© en 1983, bat le record de vente pour un livre de philosophie Ă©crit en allemand et fut traduit en trente-deux langues[2]. L’ouvrage est saluĂ© par JĂŒrgen Habermas qui le considĂšre comme l’« Ă©vĂ©nement le plus important depuis 1945 »[3]. Sloterdijk reçoit le prix littĂ©raire Ernst-Robert-Curtius en 1993 et accroĂźt sa renommĂ©e en enseignant, entre autres, Ă  Paris, Zurich et New York.

À partir de 1998, Sloterdijk commence sa trilogie SphĂšres, qui fait de lui un personnage reconnu dans le monde des lettres germaniques. À cela s’ajoutent des capacitĂ©s pĂ©dagogiques et une clartĂ© de propos qui lui permettent d’animer, de 2002 Ă  2012, en collaboration avec RĂŒdiger Safranski, l’émission tĂ©lĂ©visuelle philosophico-littĂ©raire Glashaus: Philosophische Quartett (« Maison de verre : le quatuor philosophique ») sur la chaĂźne ZDF.

En , il publie le texte d’une confĂ©rence intitulĂ©e « RĂšgles pour le parc humain : une lettre en rĂ©ponse Ă  la Lettre sur l’humanisme de Heidegger » dans l’hebdomadaire Die Zeit, ce qui donne lieu Ă  un scandale trĂšs mĂ©diatisĂ©. Le philosophe y propose une rĂ©flexion sur l’humanisme, la gĂ©nĂ©tique et les problĂšmes posĂ©s par ce qu’il nomme la « domestication de l’ĂȘtre humain ». L’emploi du mot « Selektion » (trĂšs chargĂ© de connotations en Allemagne depuis le nazisme) dans son texte lui vaut d’ĂȘtre sĂ©vĂšrement critiquĂ©, notamment par Habermas[4]. Le terme est employĂ© deux fois dans la confĂ©rence, dans le contexte de la « sĂ©lection natale », et mis en parallĂšle avec le mot « Lektion » (« leçon »), par analogie avec « Auslesen » (le « choix » de l’anthologie)[5].

La controverse s’est Ă©galement poursuivie en France oĂč Sloterdijk — qui s'exprime parfaitement en français — reçoit l’appui notamment de son traducteur Olivier Mannoni, de Bruno Latour, Éric Alliez, Jean Baudrillard et RĂ©gis Debray[6].

Il est nommĂ© prĂ©sident (Rektor) de l’AcadĂ©mie des arts et des mĂ©dias (Hochschule fĂŒr Gestaltung) de Karlsruhe en 2001. En 2005 lui est confiĂ©e la chaire Emmanuel-Levinas Ă  Strasbourg pour deux semestres[7]. La mĂȘme annĂ©e, il dĂ©nonce le « non » français Ă  la constitution europĂ©enne.

En 2006, il gravit le mont Ventoux Ă  vĂ©lo[8], sport qu’il pratique en amateur, roulant plusieurs milliers de kilomĂštres par an. Cette passion l’a conduit Ă  rĂ©flĂ©chir sur le dopage et la « thĂ©ologie » du cyclisme Ă©voquĂ©s par Roland Barthes dans ses Mythologies.

Il est, en 2007, nommĂ© membre de l’AcadĂ©mie des arts de Berlin[9] dans la section LittĂ©rature.

Prix

  • 1993 : Ernst-Robert-Curtius-Preis fĂŒr Essayistik (prix attribuĂ© Ă  un essai) ;
  • 2000 : Friedrich-MĂ€rker-Preis fĂŒr Essayistik (prix attribuĂ© Ă  un essai) ;
  • 2001 : Christian-Kellerer-Preis fĂŒr die Zukunft philosophischer Gedanken (prix pour la pensĂ©e philosophique de l’avenir) ;
  • 2005 : Wirtschaftsbuchpreis der Financial Times Deutschland (prix du livre d’économie) ;
  • 2005 : Prix Sigmund-Freud pour la prose scientifique ;
  • 2008 : Lessing-Preis fĂŒr Kritik (prix pour la critique) ;
  • 2008 : Cicero-Rednerpreis (prix attribuĂ© Ă  un confĂ©rencier) ;
  • 2008 : Prix europĂ©en de l’essai Charles-Veillon.

Pensée

La Critique de la raison cynique s'inspire de la philosophie de Martin Heidegger, critique des LumiĂšres, au profit du cynisme. Dans ColĂšre et Temps (2007), il juge les partis politiques et les syndicats, dĂ©positaires de la colĂšre, comme l'argent dans une banque[10]. Il refuse, en revanche, dans La Folie de Dieu (2008), de faire de la religion une « banque de vengeance mĂ©taphysique ». Dans Tu dois changer ta vie ! (2011), il en appelle a une anthropotechnique de la vie en exercice.

Publications

Ouvrages traduits en français

  • Critique de la raison cynique, 1987 (Kritik der zynischen Vernunft, 1983), Ă©d. Christian Bourgois, 2000 (ISBN 2267005271)
  • L’Arbre magique. La naissance de la psychanalyse en l’an 1785, 1987, traduit par Jeanne EtorĂ© (Der Zauberbaum. Die Entstehung der Psychoanalyse im Jahr 1785)
  • Le Penseur sur scĂšne, 1990 (Der Denker auf der BĂŒhne. Friedrich Nietzsches Materialismus, 1986)
  • La Mobilisation infinie : vers une critique de la cinĂ©tique politique, 2000 (Eurotaoismus. Zur Kritik der politischen Kinetik, 1989)
  • Dans le mĂȘme bateau : essai sur l’hyperpolitique, 1997, traduit par Pierre Deshusses (Im selben Boot. Versuch ĂŒber die Hyperpolitik, 1993)[11]
  • Si l’Europe s’éveille : rĂ©flexions sur le programme d’une puissance mondiale Ă  la fin de l’ùre de son absence politique, Mille et une nuits, 2003, traduit par Olivier Mannoni (Falls Europa erwacht. Gedanken zum Programm einer Weltmacht am Ende des Zeitalters ihrer politischen Absence, 1994)
  • RĂšgles pour le parc humain, Mille et une nuits, 2000, traduit par Olivier Mannoni (Regeln fĂŒr den Menschenpark. Ein Antwortschreiben zu Heideggers Brief ĂŒber den Humanismus, 1999)
  • La Domestication de l’Être : pour un Ă©claircissement de la clairiĂšre, Mille et une nuits, 2000 (Die Domestikation des Seins : FĂŒr eine Verdeutlichung der Lichtung) ; traduit par Olivier Mannoni
  • La CompĂ©tition des bonnes nouvelles, Mille et une nuits, 2002, traduit par Olivier Mannoni (Über die Verbesserung der guten Nachricht. Nietzsches fĂŒnftes ’Evangelium’, 2000)
  • L’Heure du crime et le temps de l’Ɠuvre d’art, 2000, traduit par Olivier Mannoni (Nicht gerettet. Versuche nach Martin Heidegger, 2000)
  • SphĂšres[12]
  1. Bulles, microsphérologie, Pauvert, 2002
  2. Globes, macrosphérologie, Maren Sell, 2010
  3. Écumes, sphĂ©rologie plurielle, Maren Sell, 2005
  • Derrida, un Égyptien, Maren Sell, 2006, traduit par Olivier Mannoni
  • Le Palais de Cristal. À l’intĂ©rieur du capitalisme planĂ©taire, Maren Sell, 2006, traduit par Olivier Mannoni (Im Weltinnenraum des Kapitals. FĂŒr eine philosophische Theorie der Globalisierung, Francfort/M., Suhrkamp, 2005)
  • ColĂšre et Temps. Essai politico-psychologique, Ă©ditions Maren Sell, 2007, traduit par Olivier Mannoni

Prix européen de l'essai Charles-Veillon en 2008.

  • ThĂ©orie des aprĂšs-guerres, remarque sur les relations franco-allemandes depuis 1945 (Theorie der Nachkriegszeiten: Bemerkungen zu den deutsch-französischen Beziehungen seit 1945), Ă©ditions Maren Sell, 2008, traduit par Olivier Mannoni
  • La Folie de Dieu. Du combat des trois monothĂ©ismes, Libella-Maren Sell, 2008 (Gottes Eifer. Vom Kampf der drei Monotheismen. Verlag der Weltreligionen im Insel Verlag, 2007), traduit par Olivier Mannoni
  • Essai d’intoxication volontaire, suivi de L’Heure du crime et le temps de l’Ɠuvre d’art, Ă©ditions Fayard, 2010 ; traduit par Olivier Mannoni
  • Tu dois changer ta vie ! [« Du mußt dein Leben Ă€ndern »] (trad. Olivier Mannoni), Maren Sell,
  • Repenser l'impĂŽt. Pour une Ă©thique du don dĂ©mocratique [« Die nehmende Hand und die gebende Seite: BeitrĂ€ge zu einer Debatte ĂŒber die demokratische NeubegrĂŒndung von Steuern »] (trad. Olivier Mannoni), Libella-Maren Sell,
  • Les Lignes et les Jours (notes 2008-2011) [« Zeilen und Tage. Notizen 2008–2011 »] (trad. Olivier Mannoni), Libella-Maren Sell,
  • Ma France (trad. Olivier Mannoni), Buchet Chastel, , 400 p. (ISBN 978-2-2830-2813-1)
  • AprĂšs nous le dĂ©luge. Les Temps modernes comme expĂ©rience antigĂ©nĂ©alogique [« Die schrecklichen Kinder der Neuzeit »] (trad. de l'allemand par Olivier Mannoni), Paris, Payot, coll. « Essais Payot », , 512 p. (ISBN 978-2-228-91640-0)[13]
  • RĂ©flexes primitifs : considĂ©rations psychopolitiques sur les inquiĂ©tudes europĂ©ennes (trad. de l'allemand par Olivier Mannoni), Paris, Payot, (ISBN 978-2-228-92361-3)
  • Faire parler le ciel : de la thĂ©opoĂ©sie [« Den Himmel zum Sprechen bringen: Elemente der Theopoesie »] (trad. de l'allemand par Olivier Mannoni), Éditions Payot & Rivages, , 400 p. (ISBN 978-2-228-92798-7)[alpha 1]
  • Gris : une thĂ©orie politique des couleurs [« Wer noch kein Grau gedacht hat. Ein Farbenlehre. »] (trad. de l'allemand par Olivier Mannoni), Éditions Payot & Rivages, , 336 p. (ISBN 978-2-228-93296-7)

Ouvrages en collaboration

Ouvrages non traduits

  • Ein epischer Versuch zur Philosophie der Psychologie, 1985
  • Kopernikanische Mobilmachung und ptolemĂ€ische AbrĂŒstung, 1987
  • Zur Sprache kommen - Zur Welt kommen, Frankfurter Poetik-Vorlesungen, 1988
  • Versprechen auf Deutsch. Rede ĂŒber das eigene Land, 1990
  • Medien-Zeit. Drei gegenwartsdiagnostische Versuche, 1993
  • Weltfremdheit, 1993
  • Der starke Grund, zusammen zu sein. Erinnerungen an die Erfindung des Volkes, 1998
  • Die Verachtung der Massen. Versuch ĂŒber KulturkĂ€mpfe in der modernen Gesellschaft, 2000
  • Das Menschentreibhaus. Stichworte zur historischen und prophetischen Anthropologie, 2001
  • Luftbeben. An den Wurzeln des Terrors, 2002
  • Streß und Freiheit, Suhrkamp (Sonderdruck, Text der fĂŒnften Berliner Rede zur Freiheit), Berlin 2011  (ISBN 978-3-518-06207-4)
  • Im Schatten des Sinai. Fußnote ĂŒber UrsprĂŒnge und Wandlungen totaler Mitgliedschaft, Berlin, Suhrkamp, 2013 (ISBN 978-3-518-12672-1)
  • Was geschah im 20. Jahrhundert?, Berlin, Suhrkamp, 2017 (ISBN 978-3518467817)
  • Die Reue des Promotheus. Von der Gabe des Feuers zur globalen Brandstiftung, Berlin, Suhrkamp. 2023 (ISBN 978-3-518-02985-5)

Notes et références

Notes

  1. QuatriĂšme de couverture : « La religion, dans les temps archaĂŻques, c’est un rituel et un sacrifice. Mais depuis l’AntiquitĂ©, ce sont des procĂ©dĂ©s littĂ©raires plus ou moins Ă©laborĂ©s, le plus souvent poĂ©tiques, qui rapportent les actions, paroles et pensĂ©es des dieux. Pourquoi avons-nous fait parler les dieux ? D’oĂč vient notre besoin de textes religieux ? Comment intĂ©riorisons-nous le divin ? Au sommet de son art, alliant Ă©rudition et mordant, l’un des penseurs les plus stimulants de notre Ă©poque explore tous les rouages du thĂ©Ăątre de la parole divine. ».

Références

  1. Prononciation en haut allemand standardisé retranscrite selon la norme API.
  2. D'aprĂšs Hans JĂŒrgen Heinrichs, « Peter Sloterdijk », dans le Magazine littĂ©raire, 2005, notice reprise sur Sloterdijk.net.
  3. CitĂ© dans « Peter Sloterdijk : "Il faut ĂȘtre dĂ©chirĂ© par quelque chose qui nous dĂ©passe pour penser" », entretien avec Nicolas Truong, dans Philosophie magazine, n° 6, 2007.
  4. « L'affaire Sloterdijk », la polĂ©mique entre Sloterdijk et JĂŒrgen Habermas disponible sur le site de Multitudes
  5. Voir Olivier Mannoni, « Note du traducteur », dans RÚgles pour le parc humain, Paris, Mille et une nuits, 2006 [2000], p. 6.
  6. Olivier Mannoni, « Peter Sloterdijk », dans EncyclopÊdia Universalis, en ligne.
  7. Information disponible sur Sloterdijk.net.
  8. (en) « Philosopher Peter Sloterdijk on the Tour de France. "The Riders are Just Regular Employees" », interview par Lothar Gorris et Dirk Kurbjuweit, dans Der Spiegel online international, 10 juin, 2008.
  9. (de) Peter Sloterdijk - Seit 2007 Mitglied der Akademie der KĂŒnste, Berlin, Sektion Literatur sur le site de l'AcadĂ©mie des arts de Berlin.
  10. https://www.radiofrance.fr/franceinter/philo-les-banques-de-colere-avec-le-controverse-philosophe-allemand-peter-sloterdijk-2495932
  11. RĂ©sumĂ© de Dans le mĂȘme bateau sur betapolitique.fr.
  12. Les premier et troisiÚme volumes ont été traduits en 2002 et 2005, tandis que le second est paru ultérieurement, en 2010, à la demande de l'auteur. Voir la présentation aux extraits de SphÚres III, dans Multitudes, 2005.
  13. Podcast sur AprÚs nous le déluge de Sloterdijk.

Voir aussi

Bibliographie

  • Yves Michaud, Humain, inhumain, trop humain rĂ©flexions philosophiques sur les biotechnologies, la vie et la conservation de soi Ă  partir de l’Ɠuvre de Peter Sloterdijk, Castelnau-le-Lez, Climats, « Micro-climats », 2002 (ISBN 2-84158-202-7) ; nouvelle Ă©dition revue et augmentĂ©e, suivi de Le Diable dans les dĂ©tails, 2006 (ISBN 2-08-213126-2)
  • Dominique Quessada, Court traitĂ© d’altĂ©ricide, prĂ©cĂ©dĂ© de À tombeau ouvert, dialogue avec Peter Sloterdijk, Paris, Verticales/phase deux ; Gallimard, 2007 (ISBN 978-2-07-078412-7)
  • Jean-Hugues BarthĂ©lĂ©my, La « rĂ©volution de l’espace » et l’architecture comme « rĂ©alisation de la philosophie » dans Écumes de Sloterdijk, sur Appareil
  • Dominic Desroches, « Sur la proximitĂ© de Dieu », sur le site de Espacestemps.net,
  • Dominic Desroches, « La politique du temps », sur le site de La vie des IdĂ©es,
  • Slavoj ĆœiĆŸek, « La colĂšre, le ressentiment et l’acte. À propos de ColĂšre et temps. Essai politico-psychologique de Peter Sloterdijk », dans La Revue internationale des livres et des idĂ©es, n° 3, janvier-

Articles connexes

Liens externes

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