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Pelote valencienne

La pelote valencienne (en valencien Pilota valenciana) est un sport de balle Ă  main pratiquĂ© essentiellement dans la CommunautĂ© valencienne (communautĂ© autonome d'Espagne), et comportant diffĂ©rentes rĂšgles, dans lequel un ou plusieurs joueurs formant deux Ă©quipes s’affrontent en lançant une pelote. Celle-ci est envoyĂ©e Ă  main nue ou lĂ©gĂšrement protĂ©gĂ©e.

Pelote valencienne
Picto
Fédération internationale Confédération Internationale du Jeu de Balle
Image illustrative de l’article Pelote valencienne
Partie de Galotxa Ă  Meliana

Histoire

Joc de pilota, de Josep Bru i Albinyana. 1881
Trinquet.

Le nom « Pelote valencienne » est utilisé pour la distinguer de la pelote basque qui se joue généralement contre un mur ou un fronton.

Les origines de la pelote valencienne ne sont pas connues prĂ©cisĂ©ment. On pense qu’elle provient de l’ancien jeu de paume, tout comme le laxoa et le rebot basques, la longue paume française ou la pallone italienne ; le llargues valencien en est d’ailleurs trĂšs proche.

En 1292 Ă  Paris il y avait 13 fabricants de balles et les tripots (aires de jeu) Ă©taient nombreux. Le jeu de paume fut d’abord pratiquĂ© Ă  la main et le dĂ©compte des points Ă©tait trĂšs proche de celui de la pelote valencienne. Il y a tant de ressemblances entre le jeu de paume et la pelote valencienne qu’au XVIe siĂšcle l’humaniste Jean Louis VivĂšs les comparait dans ses Dialogues et dĂ©clarait « qu’ils Ă©taient identiques hormis quelques points de dĂ©tails ».

Ce fut un jeu trĂšs populaire dans la Couronne d'Aragon oĂč il Ă©tait pratiquĂ© par les nobles et mĂȘme le roi. En 1305, l’humaniste Arnaud de Villeneuve recommanda mĂȘme sa pratique au roi Jacques II d'Aragon. Le succĂšs du jeu fut aussi Ă  l’origine de son dĂ©clin. Pour Ă©viter les accidents, sa pratique fut interdite dans les rues par le conseil communal de Valence le . Elle fut seulement autorisĂ©e dans les lieux fermĂ©s que seuls les plus fortunĂ©s purent construire ; au XVIe siĂšcle, on en comptait 13 dans la seule ville de Valence. Au Royaume de Valence, on utilisait une aire de jeu spĂ©cialement dĂ©diĂ©e Ă  la pelote : le trinquet. Cela permit au jeu de se maintenir alors que dans les autres parties de la Couronne sa pratique finit par disparaĂźtre.

MalgrĂ© cette interdiction, le jeu continua donc de se dĂ©velopper dans le Royaume de Valence. Vers le milieu du XVIe siĂšcle, on comptait jusqu'Ă  treize trinquets dans la capitale. PĂ©riodiquement, on revoit des arrĂȘtĂ©s d’interdiction de jouer dans la rue.

Vers le milieu du XIXe siĂšcle, les Basques cessent de jouer face Ă  face et commencent Ă  jouer contre un fronton. À la mĂȘme Ă©poque, le tennis apparaĂźt. Ce sport similaire mais moins dur physiquement limita la diffusion de la pelote Ă  main Ă  la rĂ©gion de Valence et quelques petites rĂ©gions de Belgique, de Hollande, du nord de la France et de l’Italie.

À partir de ce moment, et jusqu’au milieu du XXe siĂšcle, on entre dans l’ñge d’or de la pelote valencienne. Les matchs font l’objet de paris considĂ©rables. Les joueurs sont alors considĂ©rĂ©s comme des hĂ©ros populaires. Roquet de PenĂ guila, Bandera, Melero, Bota, El Nene, El Paler ou El Pilotero furent les plus cĂ©lĂšbres.

Dans les annĂ©es 1960, on crut que ce sport allait disparaĂźtre. Plusieurs raisons en Ă©taient la cause : le succĂšs des sports de masse (en particulier le football), l’expansion urbaine qui provoquait la destruction de nombreux trinquets, l’augmentation de la circulation automobile dans les rues qui rendait impossible le jeu en ville et l’influence de la culture castillane qui ne reconnaissait pas Ă  ce jeu un vĂ©ritable statut.

C’est un pelotari, Fancisco Cabanes dit « El GenovĂšs », qui relança l’engouement pour la pelote valencienne. Le renouveau de ce sport s’est produit en mĂȘme temps que l’épanouissement des rĂ©gions autonomes en Espagne. La FĂ©dĂ©ration de Pelote Valencienne se sĂ©para de la fĂ©dĂ©ration espagnole qui ne reconnaissait que le jeu basque. Cela permit d’organiser de nombreux tournois officiels qui augmentĂšrent l’intĂ©rĂȘt des compĂ©titions et une plus grande professionnalisation des joueurs. La tĂ©lĂ©vision publique valencienne fit un rĂ©el effort de diffusion de ce sport tant au niveau de la retransmission des matchs que de la couverture journalistique. Le gouvernement local fit entrer l’instruction de ce sport dans les Ă©coles et les collĂšges. Ainsi, tous les nouveaux Ă©tablissements scolaires doivent maintenant ĂȘtre Ă©quipĂ©s pour la pratique de la pelote.

On peut dire qu’aujourd’hui la pelote valencienne connaüt un renouveau exceptionnel et qu’elle a devant elle un avenir certain.

Installations

Il est possible de jouer à la pelote valencienne dans différents endroits.

La galotxeta, Cancha des galotxetes

Le trinquet

C’est sans doute le lieu le plus adaptĂ© Ă  ce sport. C’est une enceinte fermĂ©e de forme rectangulaire faisant environ 40 Ă  60 mĂštres de long et 9 Ă  11 mĂštres de large. La piste s’appelle la « cancha ». Les deux murs les plus larges ont une hauteur Ă©gale Ă  la largeur de l’enceinte. Une des deux parois est Ă©quipĂ©e de quatre gradins rĂ©servĂ©s au public : l’escalier ou gradins. La premiĂšre marche, plus haute que les autres fait un mĂštre de haut et deux Ă  deux mĂštres cinquante de large.

La rue

Traditionnellement, les parties se jouaient dans la rue. Chaque village avait une rue spĂ©cialement destinĂ©e au jeu. Cette rue devait ĂȘtre plane et avoir les dimensions approximatives d’un trinquet. Avec l’accroissement de la circulation automobile, il fut de plus en plus difficile d’y jouer. Aussi a-t-on vu se crĂ©er des rues artificielles spĂ©cialement dĂ©diĂ©es Ă  la pratique de la pelote. On les appelle des « rues de la pelote » (carrer de la pilota). On y a reproduit tous les aspects d’une rue normale : fenĂȘtres, balcon, portes, etc. On trouve ces fausses rues dans de nombreuses villes, en particulier Ă  Monserrat, Torrent, Beniparrell, La Eliana, Meliana, Foyos, Albuixech, Xirivella, Calp ou Benidorm.

Le Fronton

Ses caractĂ©ristiques sont celles d’un fronton de Pelote basque mais avec une largeur rĂ©duite (20 Ă  30 mĂštres). Ils sont de plus en plus utilisĂ©s Ă  cause de la difficultĂ© de jouer dans la rue ou les trinquets.

La Galotxeta

C’est une enceinte de 20 mĂštres de large par 3,50 mĂštres de haut avec un filet central, quatre renfoncements dans les coins et une sorte de marche inclinĂ©e entre le sol et le mur du fond. On y pratique une modalitĂ© de jeu appelĂ©e « galotxetes ».

Modalités de style direct

Il y a plusieurs façons de jouer à la pelote valencienne. On peut les regrouper en deux familles : le style direct et le style indirect.

Dans les modalitĂ©s de style direct, les Ă©quipes se font face, les joueurs envoient la balle Ă  l’opposĂ© de leur terrain de jeu.

  • Un pelotari disputant une partie d’Escala i corda.
    Un pelotari disputant une partie d’Escala i corda.
  • Partie de llargues Ă  Benimagrell (San Juan de Alicante)
    Partie de llargues Ă  Benimagrell (San Juan de Alicante)
  • Partie de Raspall dans la rue.
    Partie de Raspall dans la rue.
Partie de Galotxa dans la rue

Escala i corda

C’est sans doute la modalitĂ© la plus connue et qui compte le plus de joueurs professionnels. On y joue dans un trinquet dans lequel on ajoute une corde au milieu de la cancha Ă  un mĂštre de haut. Deux Ă©quipes de un, deux ou trois joueurs s’affrontent de part et d’autre. C’est un jeu en hauteur qui n’autorise qu’un seul rebond Ă  la balle avant qu’elle n’aille dans le camp adverse (les rebonds sur les escaliers ne sont pas comptĂ©s). Le jeu consiste, comme au tennis, Ă  renvoyer la balle dans le camp adverse en passant par-dessus la corde. Le point est perdu si la balle ne passe pas de l’autre cĂŽtĂ©, si elle passe par-dessous la corde ou si elle touche une autre partie de corps que la main. Les points se comptent comme au tennis.

Galotxa

C’est un jeu comparable Ă  l'Escala i corda mais il se joue dans la rue ou une rue artificielle. Les rĂšgles s’adaptent au terrain mais l’esprit reste le mĂȘme.

Llargues

C’est une modalitĂ© de jeu en hauteur, pratiquĂ©e dans la rue et qui n’autorise qu’un seul rebond. Les deux Ă©quipes sont constituĂ©es de 3, 4 ou 5 joueurs. Il faut faire rebondir la balle au-delĂ  d’une ligne imaginaire sans que l’équipe adverse ne puisse la renvoyer. En gĂ©nĂ©ral les Ă©quipes sont en bleu et en rouge. Le systĂšme de point peut ĂȘtre Ă  « pujar i baixar », l’équipe perdante soustrayant des points au gagnant. Les joueurs portent des noms diffĂ©rents selon leur position dans la rue.

Sélection Valencienne de Pelote contre la sélection néerlandaise

Raspall

C’est l’autre modalitĂ© qui compte des joueurs professionnels. On y joue dans un trinquet ou dans la rue. Elle doit son nom Ă  la façon qu’a le joueur de racler (« raspar ») le sol avec la main pour renvoyer la balle. Ce n’est pas un jeu en hauteur car la balle roule frĂ©quemment sur le sol. Pour gagner un point, il faut arriver Ă  faire passer la balle derriĂšre une ligne qui se trouve derriĂšre le joueur adverse ou Ă  toucher le fond du trinquet. C’est la modalitĂ© la plus dure physiquement.

Galotxetes

Cette modalitĂ© se joue dans une « galotxeta », les Ă©quipes comptent un Ă  deux joueurs. C’est un jeu en hauteur : le but est de placer la balle dans un des deux renfoncements (« cajones ») de l’équipe adverse et de ne pas perdre la balle sur le filet.

Jeu international

Il s’agit de la modalitĂ© pratiquĂ©e dans les tournois internationaux. Elle est comparable au llargues mais avec certaines variantes. C’est un compromis entre les diffĂ©rentes façons de jouer de chaque pays.

Modalités du style indirect

Les deux Ă©quipes s’affrontent en lançant la pelote contre un mur appelĂ© « fronton ».

Fronton

Cette modalitĂ© se diffĂ©rencie de la Pelote basque par les dimensions de l’aire de jeu (cancha) et les caractĂ©ristiques des pelotes. Chaque joueur envoie alternativement la balle sur le mur et doit le toucher en haut d’une marque dessinĂ©e. Le fronton valencien a de nombreuses similitudes avec le fronton international.

Frare

Cette modalité est comparable à celle du Fronton mais elle se dispute sur une cancha légÚrement plus petite et avec un fronton équipé de « biseaux » sur les cÎtés. Lorsque la pelote les frappe, elle rebondit de façon surprenante.

Parmi toutes ces modalitĂ©s, les plus rĂ©pandues sont l’Escala i corda et le Raspall. Ce sont les seules qui comptent des joueurs professionnels. La Galotxa est trĂšs populaire dans les provinces de CastellĂłn et de Valence. Le Llargues est trĂšs prisĂ© dans la province d'Alicante. Le jeu sur fronton connaĂźt de plus en plus de succĂšs car les installations se multiplient ainsi que les compĂ©titions entre pelotaris basques et valenciens. Le galotxetes et le frare sont limitĂ©s Ă  des compĂ©titions locales.

Équipement

Les pelotes

Chaque modalité de jeu a son type de pelote.

De gauche Ă  droite : pelote de vaqueta, de badana, de tec et de galotxetes. Au-dessous un gant
  • La pelote de vaqueta : Elle est utilisĂ©e pour l’Escala i corda, le Raspall et la Galotxa. C’est une balle trĂšs rapide et qui rebondit bien. Elle est faite de façon artisanale avec du bois, de la bourre et 8 triangles de cuir trĂšs dur. Son poids est dĂ©fini de façon prĂ©cise : 40 Ă  42 g, pour un diamĂštre de 42 mm. Son prix est relativement Ă©levĂ© (environ 800 €).
  • La pelote de badana : C’est une balle souple utilisĂ©e au llargues. Elle ne nĂ©cessite pas de protections. Ses rebonds sont irrĂ©guliers et peu prĂ©visibles. Elle est recouverte de cuir de gĂ©nisse, son diamĂštre est de 38 mm pour un poids de 39 grammes. On l’utilise aussi pour les loisirs, le jeu de rue et l’entraĂźnement des juniors.
  • La pelote de Tec : Cette pelote tient son nom du bruit qu’elle produit, on l’utilise pour le Fronton valencien. Elle est trĂšs rapide et rebondit trĂšs bien, son utilisation nĂ©cessite l’usage d’équipements de protection. Elle est formĂ©e d’un noyau de bois recouvert de bourre et doublĂ© de cuir de chĂšvre. Son poids est de 40 Ă  42 g pour un diamĂštre de 50 mm.
  • La pelote de Galotxetes : Elle n’est utilisĂ©e que pour ce jeu. Bien qu’elle soit plus grosse et plus lourde que les autres elle ne nĂ©cessite pas l’usage de protections. Elle est faite avec des chiffons et n’a aucune facultĂ© de rebond. Son diamĂštre est de 70 mm pour un poids de 60 grammes.

Les gants

Ils servent Ă  protĂ©ger les mains au moment oĂč le joueur frappe la pelote. Ils sont en cuir d’agneau. Ils sont formĂ©s d’un triangle de peau destinĂ© Ă  couvrir la pomme de la main. Pour les fixer, on les attache Ă  la main avec des rubans. Leur lĂ©gĂšretĂ© ne permet pas une protection suffisante, c’est pour cela que les joueurs ajoutent derriĂšre des plaquettes d’acier ou mĂȘme des Ă©ponges qu’ils fixent avec des sparadraps ! Ces protections se placent aussi au niveau des doigts.

Les dés

On s’en sert pour jouer au raspall. Ils sont faits de peau ou d’intestins de cerfs. Il faut mettre un peu de coton pour les ajuster à la taille des doigts.

Joueurs

Les joueurs de Pelote valencienne sont appelĂ©s « pelotaris ». Le plus souvent les joueurs amateurs sont spĂ©cialisĂ©s dans une modalitĂ© du jeu alors que les professionnels sont souvent amenĂ©s Ă  se produire dans d’autres modalitĂ©s. Il n’y a que deux modalitĂ©s Ă  avoir des joueurs professionnels : l’Escala i corda et le Raspall.

Traditionnellement, les joueurs gĂ©raient eux-mĂȘmes leur agenda et leurs contrats, mais en 2005, une nouvelle compagnie, ValNet, dirigĂ©e par l’ancien pelotari Fredi, a pris sous contrat la plupart des joueurs professionnels.

Pelotaris en activité les plus célÚbres

Pelotaris retirés de la compétition

  • Paco Cabanes Pastor(GenovĂ©s I)
  • Julio Palau Lozano (Juliet d'Alginet)
  • JosĂ© Vicente Riera Calatayud (Nel de Murla)
  • Alberto Arnal (Quart)
  • Antonio Reig (Rovellet)
  • Enric Sarasol (Sarasol I)

Les paris

Les spectateurs peuvent parier sur les Ă©quipes.

Aspects sociaux

Les parties de pelote, les rĂ©unions au trinquet et tout ce qui touche ce jeu se fait en utilisant la langue valencienne. On a continuĂ© Ă  l'utiliser mĂȘme sous la dictature de Franco. La pelote valencienne fut donc un bastion de cette langue rĂ©gionale.

La pelote valencienne est devenue pour de nombreux Valenciens un sport national.

Certaines expressions en langue valencienne sont passĂ©es Ă  l’espagnol par le biais de ce jeu. Ainsi, l’expression «va de bo» qui signifie que l’échauffement est terminĂ© et que le jeu va commencer est maintenant utilisĂ©e en espagnol pour dire que « les choses deviennent sĂ©rieuses ».

Voir aussi

Sources

Liens externes

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