Pays celtiques
Les pays celtiques ou nations celtiques sont des régions d'Europe qui s'identifient avec les cultures celtiques et de manière plus spécifique avec les locuteurs des langues celtiques. Les anglophones désignent ces régions, à l'exception des Basses-Terres d'Écosse (Lowlands), et de la Bretagne[1] - [2] - [3], par le terme de Celtic Fringe (« Frange celtique »), car elles sont situées aux extrémités nord et ouest de la Grande-Bretagne. Leurs résidents préfèrent parler de « pays celtiques » ou « nations celtiques ».
Un nom global leur est également donné en français : Celtie (en breton Keltia). Toutefois, ce concept n'existe ni en anglais ni dans les langues gaéliques.
Jusqu'à la conquête romaine et germanique, les îles Britanniques et une grande partie de l'Europe occidentale étaient majoritairement celtophones[4]. Seules les extrémités nord-ouest du continent ont pu conserver leur langue et leur culture celtique, car la romanisation y fut tardive ou absente et les invasions germaniques y furent arrêtées ou n'aboutirent que trop tard pour que les populations locales soient pleinement assimilées. Ainsi, la culture celtique reste encore aujourd'hui présente (de façon plus ou moins forte) dans ces territoires.
Six pays de la Ligue celtique
Pays | Nom celtique | Langue | Peuple | Population | Nombre de locuteurs compétents |
Écosse | Alba | Écossais (Gà idhlig) | Écossais | 5 463 300 | 92 400 (1,8 %) |
Irlande | Éire | Irlandais (Gaeilge) | Irlandais | 6 953 000 | 538 283 - 1,8 million (9 %) |
ĂŽle de Man | Ellan Vannin | Mannois (Yn Ghaelg) | Mannois | 83 314 | < 1 700 (< 2,4 %) |
Pays de Galles | Cymru | Gallois (Cymraeg) | Gallois | 3 139 000 | > 750 000 (> 25 %) |
Cornouailles | Kernow | Cornique (Kernewek) | Corniques | 568 210 | 3 500 (0,7 %) |
Bretagne | Breizh | Breton (Brezhoneg) | Bretons | 4 829 968 | > 257 000 (5,7 %) |
Seuls ces six pays, dont seule l'Irlande a le statut d'État indépendant (sur le territoire de la République d'Irlande, l'Irlande du Nord étant une nation constitutive du Royaume-Uni) sont considérés comme celtes par la Ligue celtique, le Congrès celtique et certaines organisations panceltiques, car chacun d'entre eux possède une langue celtique propre.
Dans quatre de ces régions (Bretagne, Irlande, pays de Galles, Écosse), des langues celtiques sont parlées dans certaines zones, généralement situées dans l'ouest, dans des îles ou dans les hautes-terres. Dans les deux autres (Cornouailles britanniques et Île de Man), la langue celtique locale est considérée comme éteinte, mais elle est cependant enseignée et conserve une importante documentation et une littérature.
Il existe par ailleurs des communautés celtophones d’origine galloise en Patagonie (Cymru Newydd) et d'origine écossaise à l’Île du Cap-Breton. L'irlandais était lui aussi parlé hors de l'Irlande, notamment à Terre-Neuve (qui possède un nom irlandais authentique : Talamh an Éisc, « la Terre du poisson ») mais aussi en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Argentine. Toutefois, la langue y est aujourd'hui en fort déclin, quand elle n'est pas complètement éteinte. La seule gaeltacht officielle hors de l'Irlande se trouve en Ontario[5].
Autres mouvements celtiques
- Noyau territorial Hallstatt, au VIe siècle av. J.-C.
- Expansion celtique maximale, en 275 av. J.-C.
- Domaine lusitanien de l'Ibérie où la présence celtique est incertaine
- Les six nations celtiques officielles aujourd'hui et qui pratiquaient le langage celtique au Moyen Âge (Bretagne, pays de Galles, Cornouailles, île de Man, Irlande, Écosse)
- Zones où les langues celtiques restent largement parlées aujourd'hui
La plupart des pays d'Europe occidentale et septentrionale ont été influencés, dans l'Antiquité, par les Celtes, mais définir l'importance de l'héritage celtique est délicat et sujet à évaluation.
Dans un certain nombre d'entre eux, on observe des « mouvements celtiques » qui cherchent à faire reconnaître la celtitude de leur pays.
Historiquement, la définition de la « celtitude », inventée par les Gallois et les Bretons[6], a été basée sur la linguistique (présence d'une langue celtique encore vivante) et c'est donc une cause de controverse[7].
Le gaélique canadien est un dialecte du gaélique écossais, parlé au Canada dans les provinces maritimes (Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard) par environ un millier de personnes, au point d'être à présent menacée d'extinction.
Une minorité de Celtes habite dans la province de Chubut en Argentine.
Galice, Asturies et Cantabrie
Les habitants de ces communautés autonomes du nord-ouest de l'Espagne revendiquent depuis le XIXe siècle des racines celtiques. Ils participent à certains événements comme le Festival interceltique de Lorient. La ville de Ortigueira en Galice est connue pour son Festival international du monde celte (Festival Internacional do Mundo Celta) créé en 1978. C’est un des plus grands festivals de la péninsule ibérique, dépassant certaines années les 100 000 spectateurs[8].
Vallée d'Aoste
En Italie, les habitants de la Vallée d'Aoste, les Valdôtains francophones et locuteurs du francoprovençal valdôtain se réclament également d'un héritage celtique en raison de l'origine celtique des Salasses, les anciens habitants de la Vallée ayant résisté aux Romains qui ne les ont soumis que partiellement sous Auguste (dont vient le nom d'Augusta Prætoria Salassorum, aujourd'hui Aoste). Quelques expressions indiscutablement celtiques (gauloises), telles que Blétsé (traire les vaches), Berrio (pierre), Modze (génisse), Bren (son de la farine), Verna (aulne), Breuill (plan lacustre alpin marécageux), Baou (étable)[9] ont été conservées dans le patois francoprovençal valdôtain actuel. Pour célébrer son héritage celtique, la région autonome Vallée d'Aoste organise chaque année un festival appelé Festival Celtica.
Le paradoxe français
La France ne se revendique pas officiellement comme une nation celtique. Cependant, le passé gaulois y a été exalté depuis la Révolution française et surtout du XIXe siècle à la Seconde Guerre mondiale. Il s'agissait alors de revendiquer une identité nationale fondée sur une ethnie distincte des autres nations européennes. Or, les Gaulois sont des Celtes et, en dehors du monde celtophone à proprement parler, c'est l'Hexagone (si l'on exclut la Corse, le Pays basque et la Catalogne) qui recèle le plus grand nombre de sites archéologiques identifiés avec certitude comme celtiques (cf. Bibracte) et l'on a mis au jour plus de 250 inscriptions en langue gauloise[10]. La langue française est aussi la langue romane qui comprend le plus grand nombre de mots celtiques, de même que quelques influences phonétiques, inconnus dans les autres langues romanes[11].
Conséquences politiques et sociales
Le panceltisme, le celtisme et l'interceltisme sont des expressions équivalentes pour désigner les idées et les pratiques sociales générées par l'intérêt pour le monde celtique, les pays celtiques et les pays où a eu lieu une émigration des Celtes, y compris à l'époque moderne.
Bibliographie
- Jean-Christophe Cassard et Jean-René Le Quéau, Toute l'histoire des pays celtiques, Morlaix, Skol Vreizh, 2002. (ISBN 9782911447181)
Notes et références
- « Celtic fringe: définition de Celtic fringe dans le dictionnaire Oxford (anglais américain) », sur www.oxforddictionaries.com (consulté le ).
- « Dictionary and Thesaurus | Merriam-Webster », sur www.merriam-webster.com (consulté le ).
- « the Celtic fringe definition and synonyms | Macmillan Dictionary », sur www.macmillandictionary.com (consulté le ).
- La Gaule n'a été complètement conquise par Jules César qu'en -52 et l'Île de Bretagne, moins l'Écosse, par Julius Agricola ne l'a été qu'en 84.
- (en) « The only official Gaeltacht outside of Ireland is in Ontario », sur Irish Central, (consulté le ).
- Les précurseurs de l'idée d'un lien entre les Celtes des pays où est parlé une langue celtique, sont le Breton, Paul-Yves Pezron, en 1703, et le Gallois, Edward Lhuyd, en 1707.
- Pour ce motif-là , en 1933, le Congrès celtique a rejeté la candidature de la Galice et, en 1986, la Ligue celtique l'a fait aussi.
- « Festival de Ortigueira », sur terresceltes.net, Terres Celtes, (consulté le ).
- Les parlers valdĂ´tains.
- Laurent Dubois « compte-rendu du Recueil des inscriptions gauloises (RIG), I, Textes gallo-grecs de Michel Lejeune » in L'Antiquité Classique, Persée Année 1987, 56, pp. 428-429. .
- Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise, Ă©ditions Errance, 2018, p. 46-47.