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Paul Jaspar

Paul Jaspar, né le à Liège, et décédé le à l'âge de quatre-vingt-six ans, est un architecte belge de style éclectique puis moderne.

Paul Dieudonné Jaspar
Image illustrative de l'article Paul Jaspar
Présentation
Naissance
Liège, Drapeau de la Belgique Belgique
Décès (à 85 ans)
Liège, Drapeau de la Belgique Belgique
Nationalité belge
Mouvement Art nouveau
Élèves Victor Rogister
Entourage familial
Père Joseph Jaspar
Famille • Emile et Albert (frères)
• Robert Jaspar (petit-neveu)

Biographie

Vie et carrière architecturale

Paul Jaspar et sa famille vers 1896 : son épouse Anasthasie Libert et leurs filles, Jeanne, Lucie et Hélène.

Paul Dieudonné Jaspar est issu d’une famille de huit enfants. Il est le fils de l’industriel Joseph Jaspar, fondateur de l’industrie électrique en Belgique et des Ateliers Jaspar (surtout connus pour la fabrication d’ascenseurs).

Jaspar suit ses études supérieures à Bruxelles, à l’académie royale des Beaux-Arts où il étudie d’abord de 1878 à 1879 les cours de dessin d’après l’Antique et de 1879 à 1880 la Figure. Il entame ensuite des études d’architecture en 1880 et sera finalement diplômé en 1883.

Pendant ses études, Jaspar apprend également le métier chez l’architecte Henri Beyaert, dont il profitera de l’enseignement pendant cinq ans (1879 à 1884). Paul le considère d’ailleurs comme son « maître vénéré et tendrement aimé »[1] Au sein de cet atelier, il aura la chance de travailler sur des projets tels que l’église Saint-Joseph de Faulx-les-Tombes (1879-1882), le château de Wespelaer (1881-1883), la gare de Tournai (1879), le square du Petit Sablon à Bruxelles (1879-1899) ou encore sur des habitations ou hôtels particuliers.

Jaspar complète son apprentissage en partant pendant un mois à Paris, suivi de plusieurs mois à visiter l’Italie. C’est en Italie qu’il reçoit sa première commande, une villa pour l’avocat Clochereux. Jaspar rejoint la Belgique en 1884 tout en passant par plusieurs villes du Nord de la France.

À son retour à Liège, il s’installe rue Jonfosse où il collabore avec son frère, le décorateur Émile Jaspar. À deux, ils participeront aux expositions universelles de Paris (1900) et de Liège (1905) ainsi qu’à l’exposition internationale de Charleroi (1911). A cette période, la pratique architecturale de Jaspar est encore très influencée par celle d’Henri Beyaert : style historique, néo-Renaissance italienne et Flamande.

Grâce à ses études sur les villes wallonnes, le ministre Renkin le place à la direction des travaux de reconstruction du centre historique de la ville de Dinant, travaux effectués en 1920.

Il réalise après 1895 quelques bâtiments d'inspiration Art nouveau sous l'influence de Paul Hankar, devenu son beau-frère. À partir de ces années-là, il se tourne également vers les villas de campagne fortement influencées par les modèles anglais appelés Cottage. En 1931, après le décès de son épouse, Jaspar délaisse peu à peu l’architecture pour se tourner vers la conservation des monuments anciens ainsi que vers le dessin et la peinture.

Paul Jaspar décède le des suites d’un accident vasculaire cérébral. Il est inhumé au cimetière de Robermont (caveau Libert - parc 131-12)

Style en architecture

Villa Henrijean (1896).

Au cours de son début de carrière, Jaspar conçoit principalement des réalisations éclectiques, historiques, influencé par ses années passées dans les bureaux de Beyaert. En 1891, avec la maison Questienne, Jaspar fait ses premiers pas vers une architecture moderne et rationnelle. Fin des années 1890, il prend le chemin d’une modernité plus affirmée dans son architecture grâce au style Art nouveau, ce qui lui permet de se détacher peu à peu des écritures historiques pour en être totalement libéré dès 1901, il entame alors sa période « moderniste »[2] Jaspar se prête également à la réalisation de meubles, vitraux, portes, et tous autres types d’éléments de mobilier de style Art nouveau.

Début des années 1900, en plein essor avec le modernisme, Jaspar continue parallèlement une production de bâtiments enracinés dans l’histoire. C’est dans ce double visage que ce profilera toute sa carrière.

Vie privée

Paul Jaspar épouse Anasthasie Olympe Anna Libert en 1886. Ensemble, ils ont trois filles: Jeanne (1887), Lucie (1889) et Hélène (1896).

Fonctions

Maison Magnette (1897).

En 1884, Jaspar devient membre correspondant de la Société centrale d’Architecture de Belgique[3]. À la mort de son père en 1899, Paul Jaspar devient le président du conseil d’administration de la société Ateliers Jaspar .

En 1902, il devient membre correspondant de l’institut archéologique liégeois

En 1905, il est choisi comme rapporteur au congrès Wallon pour développer le thème « Le sentiment wallon dans l’art de l’architecture »

En 1916, il participe à la fondation du Musée de l’Architecture du Pays de Liège ainsi qu’à la fondation du Musée de la vie wallonne où il en devient président de la Commission administrative.

De 1920 à 1945 il est membre correspondant de la Commission royale des Monuments et Sites. En 1921, il est nommé correspondant de l’Académie royale de Belgique, Classe des Beaux-Arts.

Maison Clochereux (1884)

C’est ainsi qu’en 1884, Jaspar réalise sa première commande, le projet d’une maison de campagne pour Mr Clochereux. La maison comporte 4 niveaux et s’implante sur une dénivellation de terrain existante. Elle peut être qualifiée de style renaissance flamande tout en étant influencée par les villas italiennes qu’il vient de visiter durant son voyage en Italie. Il utilise des matériaux de revêtements locaux tels que la brique, provenant de Sprimont. Dès le début de sa carrière il se soumet à l’utilisation de matériaux locaux, ce qui lui vaudra plus tard, de défendre le rôle des matériaux dans la définition d’une identité wallonne en architecture[4].

Maison Questienne (1891)

Maison Janssens-Lycops (1902).
La Renommée, intérieur (1903).

Différents éléments participent à l’allure moderne de la maison. Jaspar utilise une structure métallique pour différents éléments, les tailles des différentes baies sont en accord avec la fonction à l’intérieur de l’habitation, ou encore l’absence de symétrie. De plus, il utilise la ligne en coup de fouet dans la ferronnerie, élément très caractéristique de l'Art nouveau mais encore très peu utilisé en région liégeoise. Jaspar n’abandonne pas pour autant le style éclectique, ainsi, dans le travail de la façade on y trouve toujours des éléments d’influence renaissance[5].

Maison Bénard (1895)

Jaspar reçoit commande de l’imprimeur Bénard pour construire une habitation personnelle, mitoyenne à son atelier existant (1888) rue Lambert-le-Bègue. Le plan de la maison est traditionnel contrairement à la façade qui tire son influence de l'Art nouveau, plus particulièrement dans le style Hankar. Les éléments décoratifs de celle-ci indiquent la profession de Mr Bénard grâce à des sgraffites réalisés par Armand Rassenfosse. Cette construction intervient quelques années après la construction des hôtels Tassel, premières expressions de l’Art nouveau à Bruxelles [6].

Maison Rassenfosse (1898)

Le peintre Armand Rassenfosse, commande une maison rue Saint-Gilles près de son atelier[7]. Pour la façade, il utilise toujours des matériaux locaux tels que la briques, la pierre et les moellons, et applique les caractéristiques de l’architecture ancienne liégeoise. Il y apporte une touche personnelle et moderne dans le traitement des vitraux qu’il dessine lui-même. Le bâtiment est classé dans sa totalité depuis 2009[8].

Maison Janssens-Lycops (1902)

La façade est garnie d’éléments inédits dans l’architecture liégeoise. il n’y affiche que très peu d’éléments décoratifs et tend vers une réduction des formes architecturales. Le bâtiment est classé en 1987, une première pour l’architecte.

Reconstruction de La Renommée (1903)

La renommée est une salle qui accueille des bals, des foires, des expositions,… et est un lieu très apprécié de tous les habitants. À la suite d'un incendie en 1902, Jaspar est choisi pour reconstruire cet espace mythique du paysage liégeois. Projet culminant dans les théories modernes de Jaspar. Programme fonctionnel avec une conception totalement affranchie de toute référence historique et régionaliste. Jaspar utilise de nouveaux matériaux innovateurs tels que le béton armé brut, fortement mis en avant dans le projet. A cause d’une maitrise encore peu connue dans les techniques de mise en œuvre du béton, le bâtiment se dégrade assez rapidement. On y rencontre notamment des infiltrations d’eau. À la suite de ces désagréments, le projet subit un changement de fonction et devient un dépôt durant la première guerre mondiale et sera finalement démoli en 1938.

Un fonds Jaspar bien documenté existe à la bibliothèque Chiroux de Liège.

Liste de ses réalisations principales

Maison Charles Magnette (1897).
Bâtiment du Regina au début du XXe siècle (1904).
Les Maisons Jaspar (1906).

Notes et références

  1. Jaspar Paul, op. cit., autobiographie non publiée, p.80.
  2. Jaspar Paul, op.cit., autobiographie non publiée, p.107
  3. Martiny Victor Gaston, La société centrale d'Architecture de Belgique depuis sa fondation (1872-1974), Bruxelles, S.C.A.B., 1974, p. 263.
  4. Jaspar Paul, « le sentiment wallon dans l’art de l’architecture » dans l’Émulation, op. cit., octobre 1905, col. 89-91.
  5. Jaspar Paul, op. cit.,autobiographie non publiée, p. 101.
  6. Sébastien Charlier (dir.), Paul Jaspar, Architecte 1859-1945, Liège, CRMSF, 2009, p.51.
  7. Sébastien Charlier (dir.), Paul Jaspar, Architecte 1859-1945, Liège, CRMSF, 2009, p.70.
  8. Sébastien Charlier (dir.), Paul Jaspar, Architecte 1859-1945, Liège, CRMSF, 2009, p.73.
  9. Source : Liège et l'exposition universelle de 1905, Christine Renardy

Voir aussi

Bibliographie

  • Sébastien Charlier, « L'Art nouveau », dans Jean-Patrick Duchesne, Catalogue de l'exposition Vers la modernité. Le XIXe siècle au Pays de Liège, Liège, Musée de l'Art wallon, , 565 p., p. 126-130
  • Bénédicte Goessens-Dewez et Flavio Di Campli, Liège, dans la collection Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Sprimont, Pierre Mardaga et ministère de la Région wallonne - Direction générale de l'Aménagement du territoire, du Logement et du Patrimoine, 2004, p. 43, 56, 154, 163, 173, 175, 198, 199, 206, 223, 226, 243, 249, 299, 310, 341, 344, 357, 358, 360, 371.
  • Art&Fact, Une histoire de l'architecture à Liège vers 1900. L'Art nouveau, Liège, Échevinat de l'Urbanisme, de l'Environnement, du Tourisme et du Développement durable, , 31 p.
  • Sébastien Charlier (dir.), Monique Merland et Carole Carpeaux, Catalogue de l'exposition Paul Jaspar architecte (1859-1945) : patrimoine et modernité, Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles, 276 p. (ISBN 9782507004668, présentation en ligne)
  • Sébastien Charlier, « Victor Rogister et Clément Pirnay Deux interprétations de l’enseignement de Paul Jaspar », Les Cahiers de l’Urbanisme, no 72,‎ , p. 58-66 (lire en ligne)
  • Sébastien Charlier et Monique Merland, « L'architecte Paul Jaspar (1859-1945): patrimoine et modernité : Une exposition au Grand Curtius de Liège », Les Cahiers de l'Urbanisme, no 73,‎ , p. 78-80 (lire en ligne)
  • Anne Van Loo, Dictionnaire de l'architecture en Belgique de 1830 à nos jours, Anvers, Fonds Mercator, 2003
  • S. Charlier et T. MOOR, Guide architecture moderne et contemporaine 1895-2014 Liège, Bruxelles, Mardaga, 2014.
  • Sébastien Charlier (dir.), Paul Jaspar, Architecte 1859-1945, Liège, CRMSF, 2009

Articles connexes

Liens externes

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