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Panhard 24

La Panhard 24 est une automobile de la marque Panhard produite de 1963 à 1967 ; dernier modèle produit par le constructeur, elle marque la fin de production de la « doyenne des marques » automobiles françaises, doyenne au plan mondial.

Panhard 24
Panhard 24
Panhard 24 CT.

Marque Panhard
Années de production 1963[1] - 1967
Production 28 651 exemplaire(s)
Classe coupé
Usine(s) d’assemblage Porte d'Ivry, Paris
Moteur et transmission
Moteur(s) flat-twin
Transmission traction avant
Poids et performances
Poids Ă  vide 24 C : 795 kg
24 BT : 840 kg
Châssis - Carrosserie
Carrosserie(s) Coupé et coach deux portes
Dimensions
Longueur 4 260 / 4 490 mm
Largeur 1 620 mm
Hauteur 1 220 mm
Chronologie des modèles

Apparition de la 24

Petit rappel historique

Panhard 24 CT de 1963.

La Panhard 24 est la dernière voiture créée par la société Panhard et Levassor. Cette firme fut la première au monde à se lancer dans la construction en série d’automobiles en 1890. Après la Seconde Guerre mondiale, Panhard obtient de l'État français la possibilité de produire une voiture en aluminium (pour créer un débouché à ce matériau) par l'intermédiaire du plan Pons (Paul-Marie Pons) et Jean Albert Grégoire, ce sera la Dyna X suivie de la Dyna Z. Vers 1957, l’aluminium cèdera la place à l’acier sur les Dyna Z puis sur les PL 17 leurs héritières.

Rapprochement avec la firme Citroën

La branche automobile de Panhard se trouvait en grande difficultĂ© financière Ă  cause d’une gamme de modèles inexistante et une gestion trop frileuse et paternaliste. Un rapprochement avec CitroĂ«n amorcĂ© en 1955, scellera le destin de la marque dix ans plus tard, avec sa prise de contrĂ´le totale. CitroĂ«n, gĂ©rĂ© Ă  l'Ă©poque par Pierre Michelin, depuis sa faillite et sa liquidation judiciaire du 21 dĂ©cembre 1934, doit compter sur des moyens financiers dĂ©livrĂ©s parcimonieusement, par le groupe Michelin en articulant sa production de berlines sur deux modèles seulement, diamĂ©tralement opposĂ©s, la 2CV et la DS/ID. Panhard n’a seulement qu’un modèle, la Dyna Z, modèle de milieu de gamme lancĂ© en 1954, typĂ©e sportive, dotĂ©e du traditionnel bicylindre Ă  plat refroidi par air de 848 cm3, faisant une quarantaine de chevaux SAE, mais datant de 1947. Les deux gammes se complètent "parfaitement", et la Dyna Z devrait concurrencer sur le marchĂ© les Simca Aronde et Peugeot 403, puisque la concurrence Ă©trangère reste bloquĂ©e aux frontières par les taxes d'importation. L'avenir semblait souriant pour Panhard, mais le niveau de production de la 24 chute Ă  5224voitures en 1966 et Ă  2 456 en 1967. Les ventes s'effondrent, l'arrĂŞt de la production est annoncĂ© par communiquĂ© de presse le . Il fut fabriquĂ© un total de 28 651 voitures du type 24[2]. La dernière Panhard est produite le . C'est un coupĂ© 24 B de couleur Bleu. 78 ans de production se termine ce jour. CitroĂ«n organise dès lors une petite production de 2 CV camionnette, Ă  cause de l'organisation de l'usine construite sur plusieurs niveaux, ce qui entrave la chaĂ®ne de montage et le dĂ©bit de fabrication.

Naissance de la 24

En 1959, au moment du lancement de la PL 17, Panhard pense déjà à son avenir et au modèle futur qui succédera à la nouveauté. Citroën s’oppose formellement à l’étude d’une nouvelle berline de la marque, qui risquerait de concurrencer ses ID et la future Ami 6. Il est donc décidé de lancer un coupé. C'est une merveille de design et d’ingéniosité si l'on considère le peu de moyens de Panhard et l’impossibilité d’étudier un nouveau moteur, notamment un projet de moteur à 4 cylindres en X. Louis Bionier, dessinateur des Panhard depuis les années 1930, assisté de René Ducassou-Pehau et André Jouan, réalisera là son dernier chef-d’œuvre. Les doubles optiques de phares avant (non orientables) sont protégées par une vitre, principe qui sera repris par la DS à partir de 1967. Le toit est plat, la face avant est lisse, avec une fine entrée d'air intégrée au pare-chocs et un jonc chromé ceinture toute la carrosserie. La silhouette très basse et élancée est une réussite.

Le modèle est présenté à la presse le : une 24 C bicolore quetsche / gris capelinos.

Le coupé fut baptisé « 24 » en référence aux 24 heures du Mans, auxquelles Panhard participa pendant de nombreuses années, et y a gagné plusieurs victoires à l'indice de performance.

Conception : Une voiture ultra-moderne

La sécurité, une priorité

Toute la conception de la voiture est axée sur la sécurité. Y participent la caisse ultra rigide, des phares doubles optiques, un pare-chocs enveloppant en inox, des feux arrière débordant sur les flancs, mais protégés par les rebords du coffre, des bourrelets de protection intérieurs, sur le tableau de bord et autour du pavillon, un volant, creusé et rembourré. Les plis de tôle des ailes, du capot, du toit et du coffre augmentent la rigidité de l'ensemble de la carrosserie. Le système d'essuie-glace est puissant. Des ceintures de sécurité sont disponibles en option. Des feux asservis aux feux de position s'allument en bout des accoudoirs quand on ouvre une portière. Enfin, des flèches-tubes en acier, sont intégrées dans les montants du toit pour éviter un écrasement du pavillon en cas de retournement du véhicule.

Une gamme développée

La gamme est répartie en 5 modèles.

Panhard 24 BT.

Au lancement, les châssis courts coupé 2+2 C et CT sont respectivement qualifiés de coach 4 places et coupé 2+2[3].

  • La C est plutĂ´t typĂ©e bourgeoise avec une sellerie en velours de nylon, elle sera abandonnĂ©e après 1964.
  • La CT est plus sportive avec un tableau de bord plus complet (compte-tours) et une sellerie en vinyle. Elle possède un moteur plus puissant

Apparus en septembre 1964 peu avant l'arrêt de la berline Panhard 17, les châssis longs coach 4-5 places BA, B et BT sont abusivement dénommés berlines.

  • La B a un Ă©quipement simplifiĂ© par rapport Ă  la C et la BT un Ă©quipement Ă©quivalent Ă  la CT.
  • La BA est une tentative de relance du modèle avec une finition très dĂ©pouillĂ©e, trop dĂ©pouillĂ©e mĂŞme, car les clients ne suivent pas.

La structure est considérablement modifiée à l'arrière pour obtenir un châssis long :

  • Le plancher est abaissĂ© de cm au niveau des pieds des passagers arrière.
  • L'empattement est rallongĂ© de 25 cm, mais la banquette ne recule que de 11 cm. Le coffre gagne donc 14 cm de profondeur en partie basse.
  • De plus, le dossier est plus inclinĂ© vers l'arrière, l'Ă©cart avec le siège avant augmente donc de 16 cm Ă  ce niveau. Le gain en profondeur du coffre est ainsi de cm en partie haute.

Les roues ne forment donc plus d'arches encombrantes Ă  l'arrière sur les cĂ´tĂ©s de l'assise et du dossier. La garde au toit est meilleure et le coffre est plus volumineux : son volume passe de 350 Ă  385 dm3.

Un Ă©quipement luxueux

L’équipement est très riche (sauf sur la BA), les sièges avant sont réglables en hauteur, longueur et inclinaison. La banquette des finitions T est rabattable, le miroir de courtoisie du pare-soleil passager est éclairé. La roue de secours se trouve à l'abri de la saleté, dans une trappe sous le coffre très vaste. Les accoudoirs des portes sont prolongés par une lampe s'allumant à l'ouverture. Il y a même un thermomètre d'ambiance sur le couvercle de la boîte à gants. Le volant est réglable en profondeur.

Le chauffage, très ingénieux, est assuré par des prises d'air au niveau des cylindres (comme 2 CV et Ami 6) mais est distribué grâce à des canalisations ceinturant l’habitacle, soufflant l'air vers le pare-brise, ou la lunette arrière. Il est dirigé par une commande rotative sur le tableau de bord.

Caractéristiques techniques

24 CT vue de l'avant.
24 CT vue de l'arrière.

Moteurs

  • Bicylindre Ă  plat en porte-Ă -faux avant refroidi par air avec turbine et carĂ©nage intĂ©gral. cylindrĂ©e : 848 cm3
    • C, B et BA : moteur M8N, 42 ch DIN (50 ch SAE) Ă  5 250 tr/min, 67 N m Ă  3 000 tr/min, vitesse maxi : 140 km/h (C) ou 135 km/h (B et BA)
    • CT et BT : moteur Tigre M8S, 50 ch DIN (60 ch SAE) Ă  5 750 tr/min, 74 N m Ă  3 300 tr/min, vitesse maxi : 150 km/h ou 147 km/h (BT)
    • CT : moteur Tigre M10S (après 1965), 50 ch DIN (60 ch SAE) Ă  5 800 tr/min, 78 N m Ă  3 650 tr/min, vitesse maxi : 160 km/h
  • Transmission : boĂ®te de vitesses Ă  4 rapports synchronisĂ©s, marche arrière.

Châssis

  • Caisse autoporteuse soudĂ©e, avec une structure en caissons, tubes d'acier et plancher plat. Toit rigide portĂ© par 4 flèches-tubes d’acier qui plongent dans cette structure. Les montants de l’habitacle sont donc fins et rĂ©duits Ă  leur plus simple expression, et la visibilitĂ© est optimale.
  • suspension Avant : roues indĂ©pendantes, deux ressorts Ă  lames transversaux superposĂ©s, amortisseurs tĂ©lescopiques ;
  • suspension Arrière : roues indĂ©pendantes Ă  barres de torsion, amortisseurs tĂ©lescopiques.

Freins

  • freins : 4 tambours non assistĂ©s Ă  Ă©vacuation thermique accĂ©lĂ©rĂ©e ETA : les tambours dĂ©passent de la roue et sont dotĂ©s d’ailettes de refroidissement.

Le freinage est notoirement insuffisant (car non assisté), et entraîne des vibrations dans le train avant, trop peu guidé par une forte pression du pied sur la pédale, à cause d'un simple bras de guidage du pivot, ancré par simple boulonnage sur la coque de chaque côté.

À partir des modèles 1965, Les BT et CT sont équipées de freins à disques[1], les roues avant ont même 2 étriers par disque. Le freinage, bien que nécessitant un effort important sur la pédale, devient bien plus rigoureux.

Évolution et fin de la voiture

Panhard 24 CT/DS, prototype de 1967 (au Conservatoire Citroën N°109).
Une Panhard 24 cabriolet, de réalisation artisanale.
  • 1963 : Lancement des C et CT
  • 1964 : ArrĂŞt de la C. ArrivĂ©e des versions longues berlines B et BT. La CT reçoit le moteur M10S.
  • 1965 : Lancement de la berline BA.
  • 1966 : ArrĂŞt des BA. La production des 24 cessera le .

Panhard avait prévu une berline 4 portes, espérant un revirement de Citroën, et aussi envisagé un cabriolet et un break. Tous ces projets tomberont à l’eau. Les bureaux d’étude se verront même refuser des projets d’hybridation, moteur DS et châssis mixte DS et 24 sous caisse de 24[4] ; ou encore DS avec moteur de 24. Il fut même testé un véhicule équipé du moteur et des suspensions de la Citroën SM et carrossé avec une caisse de 24 développant 240 ch DIN pour près de 240 km/h[4].

Rares sont les marques automobiles dont l'ultime modèle fut un dernier véhicule aussi inédit et abouti mais avec des défauts par manque d'essais et de développement.

Certains amateurs verront dans la Citroën GS, une héritière directe de l'union Panhard-Citroën. Ce fut en effet une voiture dotée d’un 4 cylindres à plat refroidi par air (dont le projet dérivait de deux flat twin Panhard ou Citroën Ami 6 accolés mais à deux simples arbres à cames en tête commandés par des courroies crantées comme les Glas et Fiat 124 Sport), équipée de la suspension hydropneumatique simplifiée et habillée d’une carrosserie aérodynamique inspirée des projets de Pininfarina.

Chiffres de production

Production par modèle

  • C : 1 623
  • CT : 14 181
  • B : 2 037
  • BA : 161
  • BT : 10 649

Production par année

  • 1964 : 10 091
  • 1965 : 10 880
  • 1966 : 5 224
  • 1967 : 2 456

Conduite et entretien

Globalement, la 24 est une voiture très apprĂ©ciĂ©e : elle est assez vive et dynamique (sur l' horizontal !), consomme environ 6 l/100 km et son comportement routier est impĂ©rial. Le problème vient de sa motorisation, très bruyante Ă  haut rĂ©gime, modeste en regard de sa ligne sportive et Ă©lĂ©gante. Techniquement, ce moteur datant de 1947 a Ă©tĂ© poussĂ© dans ses derniers retranchements par les ingĂ©nieurs Panhard, c'est un moteur Ă  haut rendement, permettant de hautes performances, dĂ©veloppant 60 ch SAE pour 850 cm3, (soit 70 ch au litre de cylindrĂ©e, donc 140 ch pour 2000 cm3, en extrapolant , ce qui est remarquable), mais avec des Ă©conomies de moyens entraĂ®nant une baisse progressive de la fiabilitĂ© au fur et Ă  mesure de son Ă©volution. A titre de comparaison , la Renault Dauphine dĂ©veloppait 30 ch SAE pour la mĂŞme cylindrĂ©e. Le moteur ne s'exprime que dans les hauts rĂ©gimes et manque beaucoup de souplesse, cela est dĂ» Ă  un manque de couple Ă  bas rĂ©gime. Cette mĂ©canique est Ă  la fois très sophistiquĂ©e et archaĂŻque. On peut dire que ce magnifique coupĂ© n'a pas bĂ©nĂ©ficiĂ© du moteur qu'il aurait mĂ©ritĂ©. Le respect de l'entretien est primordial, ne pas maĂ®triser toutes ses subtilitĂ©s entraĂ®ne une dĂ©gradation rapide du moteur et de la boĂ®te.

Ces autos nĂ©cessitaient un entretien scrupuleux. Par exemple, elles Ă©taient dĂ©pourvues de filtre Ă  huile, la filtration se faisant par un système centrifuge efficace, cependant les larmiers (orifices d’évacuation) se bouchaient progressivement avec les impuretĂ©s. Le nettoyage des larmiers devait se faire tous les 50 000 km, ce qui entraĂ®nait la dĂ©pose et le dĂ©montage complet du moteur. La vidange et les graissages se faisaient environ tous les 5 000 km.

Le synchro de première et celui de quatrième étaient extrêmement faibles, ce qui entrainait des passages de vitesses difficiles et aléatoires, dignes d'un pilote de courses.

Les caisses des "Panhard" souffraient d'une corrosion typique des autos de cette époque, (pas de traitement par cataphorèse), accentuée par la présence d'une structure en caissons de tôles non traitées et non perforées pour évacuer l'humidité.

Cote actuelle

Les prix des 24 selon leur état : de l’épave au véhicule en état concours, cela donne[5] :

  • C : 1 200 Ă  7 000 euros
  • CT : 1 800 Ă  9 000 euros
  • BA : 900 Ă  4 800 euros
  • B : 900 Ă  5 500 euros
  • BT : 1 100 Ă  6 500 euros

Notes et références

  1. Dominique Pagneux, Guide Panhard - Tous les modèles de 1945 à 1967, éditions E/P/A, 1993.
  2. « Simi9 », sur leroux.andre.free.fr (consulté le ).
  3. Bernard Vermeylen et Yann Le Lay, Le Guide Panhard Dyna Z et PL17, E.T.A.I., 1999.
  4. (en) « Citroën-Panhard prototypes », sur citroen-ds-id.com, (consulté le ).
  5. Source : http://www.lva-auto.fr/cote.php?idMarque=MA105&idModele=MO575&rechercheType=1

Bibliographie

  • Benoit PĂ©rot, PANHARD, la doyenne d'avant garde, EPA 1982
  • Bernard Vermeylen, PANHARD, ses voitures d'après-guerre, ETAI 1995
  • Bernard Vermeylen, PANHARD&LEVASSOR entre tradition et modernitĂ©, ETAI 2005
  • Panhard 24, Hors-sĂ©rie Gazoline Votre auto, no 13, 2000
  • Yann Le Lay et Bernard Vermeylen, La Panhard 24 de mon père, ETAI, 1996.

Liens externes

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