Ouvrage du Bambesch
L'ouvrage du Bambesch est un ouvrage fortifié de la ligne Maginot situé dans le secteur fortifié de Faulquemont, dans le département de la Moselle, près de la commune de Bambiderstroff qui en est maintenant propriétaire. Le Bambesch est régulièrement ouvert aux visiteurs.
Ouvrage du Bambesch | |
Le bloc 3 du Bambesch en mai 2011. | |
Type d'ouvrage | Petit ouvrage d'infanterie |
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Secteur └─ sous-secteur |
secteur fortifié de Faulquemont └─ sous-secteur de Zimming |
Numéro d'ouvrage | A 35 |
Année de construction | 1932- |
Régiment | 156e RIF, 2e RG et 18e RT |
Nombre de blocs | 3 |
Type d'entrée(s) | Entrée par un bloc (casemate) |
Effectifs | 112 et 4 officiers |
Coordonnées | 49° 07′ 01″ nord, 6° 36′ 22″ est |
Position sur la ligne
Le Bambesch et son voisin immédiat, le Kerfent (au nord) sont les sentinelles de la route nationale 3. À eux deux, ils protégeaient ce passage important sur le plateau de Zimming où on se proposait de stopper l'ennemi. Il est en liaison vers le sud avec le groupe des « casemates de Bambiderstroff » qui assure la continuité des feux avec le prochain ouvrage : l'Einseling. À noter que le bois du Bambesch était occupé par des unités d'intervalles, qui y ont construit des blockhaus et creusé des tranchées que l'on peut toujours observer de nos jours.
Description
L'ouvrage est composé en surface de trois blocs de combat, dont l'un sert aussi de bloc d'entrée, avec en souterrain des magasins à munitions (M 2), des stocks d'eau, de gazole et de nourriture, des installations de ventilation et de filtration de l'air, une usine électrique et une caserne, le tout relié par des galeries profondément enterrées. L'énergie est fournie par deux groupes électrogènes, composés chacun d'un moteur Diesel Renault 6-115 (six cylindres, délivrant 54 ch à 750 tr/min) couplé à un alternateur. Le refroidissement des moteurs se fait par circulation d'eau.
Les blocs sont numérotés de 1 à 3 :
- bloc 1 : bloc de combat cuirassé, équipé d'une tourelle de mitrailleuses modifiée pour arme mixte en 1940 (par ajout d'un canon de 25 mm antichar). Une cloche GFM (guetteur fusil-mitrailleur) complète sa défense et permet l'observation des alentours ;
- bloc 2 : bloc casemate situé au sud, équipé de deux créneaux pour jumelages de mitrailleuses dont l'un peut être remplacé par un canon antichar de 47 mm, d'une cloche GFM et d'une cloche lance-grenades. Il possède aussi deux créneaux pour fusil mitrailleur pour sa défense rapprochée. Une entrée (porte blindée) est installée vers l'arrière et le fossé diamant abrite une sortie de secours.
- bloc 3 : bloc casemate équipé d'une entrée (porte blindée). Il est équipé de deux créneaux pour jumelages de mitrailleuses dont l'un peut être remplacé par un canon antichar de 47 mm, et de deux cloches GFM. Pour sa défense rapprochée, il dispose de trois créneaux pour fusil mitrailleur (dont un à l'intérieur du sas d'entrée). Un fossé diamant abrite également une sortie de secours.
Selon les plans d'origine, le Bambesch aurait dû recevoir une entrée séparée et un bloc pour une tourelle de mortiers de 81 mm. L'absence de cet armement se fera cruellement ressentir en 1940.
- Étage intermédiaire de la tourelle de mitrailleuses du bloc 1.
- Dessus du bloc 1 : tourelle de mitrailleuses éclipsée et cloche GFM.
Histoire
La défense du secteur fortifié de Faulquemont est totalement remise en question quand, dans la nuit du 13 au , les régiments d'intervalles qui protégeaient les abords des ouvrages reçoivent l'ordre d'évacuer leurs positions et de se replier vers les Vosges. Le lendemain, le , l'ensemble des casemates du secteur sont également évacuées. Les ouvrages restent seuls et les hommes entendent à la radio l'annonce d'un prochain armistice demandé par le maréchal Pétain.
Les Allemands de la 167. Infanterie Division allemande parviennent sans encombre sur les arrières de la position et passent à l'attaque le . Pendant plusieurs heures, des canons de 88 mm Flak s'en prennent au malheureux bloc 2 qui ne peut pas faire grand-chose pour se défendre et encaisse les coups. Malgré les tirs de soutien du Kerfent et de l'Einseling, le bloc est démoli et les hommes doivent l'abandonner pour se réfugier dans les galeries souterraines.
Dans l'ouvrage, la situation devient critique, le système de ventilation est endommagé et les hommes s'en inquiètent. Des soldats allemands parviennent jusqu'aux abords du bloc 3. Au bloc 1, la tourelle de mitrailleuses connaît des défaillances. Au vu de ces faits, le lieutenant André Pastre, commandant du Bambesch, décide de se rendre, voulant éviter de risquer inutilement la mort de l'équipage par asphyxie, comme cela s'était produit à l'ouvrage de La Ferté en .
Profitant de ce succès, les Allemands attaqueront le lendemain le Kerfent et l'Einseling, avec des résultats variables.
En novembre 1944, des combats auront lieu au même endroit lors de l'arrivée des forces américaines qui fonçaient vers Saint-Avold. De nombreux soldats allemands seront capturés dans le bois du Bambesch. Le bloc 3, d'où devait émaner une certaine résistance, a reçu plusieurs obus américains qui expliquent l'état dans lequel il se trouve aujourd'hui, les combats de ne l'ayant pratiquement pas endommagé (des photos d'époque montrent le bloc 3 intact après les combats de 1940, portant un ou deux impacts au-dessus de la chambre de tir et un au-dessus de la porte ; de même, la niche blindée abritant le projecteur était toujours debout).
Visite de l'ouvrage
L'ouvrage du Bambesch, entretenu par le Génie après la guerre, est finalement racheté par la commune de Bambiderstroff. En 1974, pour la première fois, un ouvrage de la ligne Maginot est ouvert au public.
Les visites sont assurées dans un premier temps par les Sapeurs pompiers de Bambiderstroff. C'est ensuite l’Association des Guides du Bambesch qui prend le relais. L'ouvrage est ouvert deux dimanches sur quatre au printemps et en été, ou sur rendez-vous pour les groupes. On peut également se renseigner auprès de la commune de Bambiderstroff.
Voir aussi
Bibliographie
- Roger Bruge, Histoire de la ligne Maginot, 2 On a livré la ligne Maginot : et 25000 hommes invaincus partent en captivité, Paris, Fayard, , 383 p. (ISBN 2-213-00188-X).
- Raymond Gangloff, La tragédie de la ligne Maginot : victoires, résistance et sacrifice des soldats sans gloire, Paris, Albatros, , 224 p..
- Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 1, Paris, éditions Histoire & collections, coll. « L'Encyclopédie de l'Armée française » (no 2), (réimpr. 2001 et 2005), 182 p. (ISBN 2-908182-88-2).
- Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 2 : Les formes techniques de la fortification Nord-Est, Paris, Histoire et collections, , 222 p. (ISBN 2-908182-97-1).
- Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 3 : Le destin tragique de la ligne Maginot, Paris, Histoire et collections, , 246 p. (ISBN 2-913903-88-6).
Liens externes
- Association
- Site de l'Association des Guides du Bambesch, sur http://www.lebambesch.com
- Localisation
- « Cartographie vectorielle », sur http://www.cartomaginot.com.
- « Photographie satellite », sur http://wikimapia.org/.
- Descriptions et photos