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Ouvrage des Rochilles

L'ouvrage des Rochilles est une fortification faisant partie de la ligne Maginot, située dans le massif des Cerces, au seuil des Rochilles, sur la commune de Névache dans le département des Hautes-Alpes.

Ouvrage des Rochilles
Répartition des blocs perchés sur le versant rocheux : à gauche (l'ouest) l'entrée, en haut la cloche du bloc 1, à droite (l'est) les casemates des blocs 3 et 2.
Répartition des blocs perchés sur le versant rocheux : à gauche (l'ouest) l'entrée, en haut la cloche du bloc 1, à droite (l'est) les casemates des blocs 3 et 2.

Type d'ouvrage Petit ouvrage d'infanterie
Secteur
└─ sous-secteur
secteur fortifié de la Savoie
└─ sous-secteur de Basse-Maurienne,
quartier de Valloire
Année de construction 1931-1939 (inachevé)
RĂ©giment 91e BAF
Nombre de blocs 5
Type d'entrée(s) Entrée des hommes (EH)
Effectifs 54 hommes et un officier
CoordonnĂ©es 45° 05′ 06,69″ nord, 6° 29′ 11,45″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : Savoie

Il s'agit d'un petit ouvrage d'infanterie (POI) qui devait assurer l'interdiction du col du même nom, un passage reliant la vallée de la Maurienne et la vallée de la Clarée vers Briançon.

Description

Position sur la ligne

L'ouvrage fait partie de la ligne principale de défense qui se compose d'ouvrages petits ou grands. Les avant-postes ne font pas partie de cette ligne.

Souterrains

Comme tous les autres ouvrages de la ligne Maginot, celui des Rochilles est conçu pour résister à un bombardement d'obus de gros calibre. Les organes de soutien sont donc aménagés en souterrain, creusés sous plusieurs mètres de roche, tandis que les organes de combat, dispersés en surface sous forme de blocs, sont protégés par d'épais cuirassements en acier et des couches de béton armé.

L'ouvrage n'est pas achevĂ© : tous les locaux souterrains n'ont mĂŞme pas Ă©tĂ© bĂ©tonnĂ©s. Il devait ĂŞtre dotĂ© de deux groupes Ă©lectrogènes, composĂ©s chacun d'un moteur Diesel CLM 2 PJ 65 de 25 chevaux[1], couplĂ© Ă  un alternateur. L'Ă©clairage Ă©tait assurĂ© par lampe Ă  pĂ©trole. Aucune ventilation n'a Ă©tĂ© installĂ©e. La caserne de temps de guerre, un bout de galerie amĂ©nagĂ© en dortoir, Ă©tait conçu pour 40 hommes[2].

Blocs

L'ouvrage se compose de trois blocs de combat, d'un bloc d'entrée, d'une sortie de secours et d'un bloc cheminée.

Le bloc d'entrée est défendu par un créneau pour fusil-mitrailleur, avec une goulotte lance-grenades pour le fossé diamant, et par une porte blindée.

Le bloc 1 est un bloc observatoire composĂ© d'une cloche VDP (« vue directe et pĂ©riscopique ») et d'un crĂ©neau pour fusil-mitrailleur.

Les bloc 2 et 3 sont cĂ´te-Ă -cĂ´te : ce sont des casemates d'infanterie Ă©quipĂ©e chacune d'un crĂ©neau pour un jumelage de mitrailleuses et une goulotte lance-grenades.

L'issue de secours est défendue par un fusil-mitrailleur pour porte ; sa porte est blindée[2].

Armement

La cloche d'observation du bloc 1, près du seuil des Rochilles.

Les mitrailleuses et fusils mitrailleurs de l'ouvrage Ă©taient chacun protĂ©gĂ© par une trĂ©mie blindĂ©e et Ă©tanche (pour la protection contre les gaz de combat). Ils tirent la mĂŞme cartouche de 7,5 mm Ă  balle lourde (modèle 1933 D de 12,35 g au lieu de g pour la modèle 1929 C)[3].

Les mitrailleuses Ă©taient des MAC modèle 1931 F, montĂ©es en jumelage (JM) pour pouvoir tirer alternativement, permettant le refroidissement des tubes. La portĂ©e maximale avec cette balle (Vo = 694 m/s) est thĂ©oriquement de 4 900 mètres (sous un angle de 45°, mais la trĂ©mie limite le pointage en Ă©lĂ©vation Ă  15° en casemate et Ă  17° dans une cloche GFM), la hausse est graduĂ©e jusqu'Ă  2 400 mètres et la portĂ©e utile est plutĂ´t de 1 200 mètres. Les chargeurs circulaires pour cette mitrailleuse sont de 150 cartouches chacun, avec un stock de 50 000 cartouches pour chaque jumelage[4]. La cadence de tir thĂ©orique est de 750 coups par minute[5], mais elle est limitĂ©e Ă  450 (tir de barrage, avec trois chargeurs en une minute), 150 (tir de neutralisation et d'interdiction, un chargeur par minute) ou 50 coups par minute (tir de harcèlement, le tiers d'un chargeur)[6]. Le refroidissement des tubes est accĂ©lĂ©rĂ© par un pulvĂ©risateur Ă  eau ou par immersion dans un bac.

Les fusils mitrailleurs (FM) Ă©taient des MAC modèle 1924/1929 D, dont la portĂ©e maximale est de 3 000 mètres, avec une portĂ©e pratique de l'ordre de 600 mètres[7]. L'alimentation du FM se fait par chargeurs droits de 25 cartouches, avec un stock de 14 000 par cloche GFM, 7 000 par FM de casemate et 1 000 pour un FM de porte ou de dĂ©fense intĂ©rieure[4]. La cadence de tir maximale est de 500 coups par minute, mais elle est normalement de 200 Ă  140 coups par minute[8] - [9].

Histoire

Construction

L'ouvrage fait partie des travaux réalisés par la main-d'œuvre militaire (MOM), fourni par les hommes de la 27e division d'infanterie alpine. Les travaux débutent en 1931, mais ne sont pas achevés en 1940.

Combat

L'ouvrage n'est pas concerné par les combats de , ni par ceux de l'hiver 1944-1945[10].

État actuel

L'État cède l'ouvrage en 2011 à la commune de Névache.

Notes et références

  1. Le nom du petit moteur Diesel CLM 2 PJ 65 correspond au fabricant (la Compagnie lilloise de moteurs, installĂ©e Ă  Fives-Lille), au nombre de cylindres (deux fonctionnant en deux temps, mais chacun avec deux pistons en opposition), au modèle (PJ pour « type Peugeot fabriquĂ© sous licence Junkers ») et Ă  son alĂ©sage (65 mm de diamètre, soit 700 cm3 de cylindrĂ©e).
  2. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 21.
  3. « Munitions utilisées dans la fortification », sur http://wikimaginot.eu/.
  4. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 58.
  5. Stéphane Ferrard, France 1940 : l'armement terrestre, Boulogne, ETAI, , 239 p. (ISBN 2-7268-8380-X), p. 58.
  6. Mary et Hohnadel 2001, tome 2, p. 110.
  7. « Armement d'infanterie des fortifications Maginot », sur http://www.maginot.org/.
  8. Mary et Hohnadel 2001, tome 2, p. 107.
  9. Philippe Truttmann (ill. Frédéric Lisch), La Muraille de France ou la ligne Maginot : la fortification française de 1940, sa place dans l'évolution des systèmes fortifiés d'Europe occidentale de 1880 à 1945, Thionville, Éditions G. Klopp, (réimpr. 2009), 447 p. (ISBN 2-911992-61-X), p. 374.
  10. « Les ROCHILLES ( Ouvrage d'infanterie ) », sur http://wikimaginot.eu/.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, Paris, Ă©ditions Histoire & collections, coll. « L'EncyclopĂ©die de l'ArmĂ©e française » (no 2) :
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 1, Paris, Histoire et collections, (rĂ©impr. 2001 et 2005), 182 p. (ISBN 2-908182-88-2) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 2 : Les formes techniques de la fortification Nord-Est, Paris, Histoire et collections, , 222 p. (ISBN 2-908182-97-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 4 : la fortification alpine, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-915239-46-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 5 : Tous les ouvrages du Sud-Est, victoire dans les Alpes, la Corse, la ligne Mareth, la reconquĂŞte, le destin, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-35250-127-5).

Articles connexes

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