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Oppidum de La Chaussée-Tirancourt

L'oppidum de La Chaussée-Tirancourt est un site fortifié de la fin de l'âge du fer et de la guerre des Gaules, situé sur le territoire de la commune de La Chaussée-Tirancourt, dans le département de la Somme, à une douzaine de kilomètres à l'ouest d'Amiens. Il porte localement le nom de « camp César », et est situé à proximité de l' archéosite de Samara.

Oppidum de La Chaussée-Tirancourt
« Camp César »
Image illustrative de l’article Oppidum de La Chaussée-Tirancourt
Plan de l'oppidum de La Chaussée-Tirancourt (XIXe siècle)
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Province Picardie Picardie
RĂ©gion Hauts-de-France
DĂ©partement Somme
Commune La Chaussée-Tirancourt
Site archéologique Oppidum
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1862)[1]
CoordonnĂ©es 49° 56′ 51″ nord, 2° 10′ 36″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Somme
(Voir situation sur carte : Somme)
Oppidum de La Chaussée-Tirancourt
Oppidum de La Chaussée-Tirancourt
GĂ©olocalisation sur la carte : Hauts-de-France
(Voir situation sur carte : Hauts-de-France)
Oppidum de La Chaussée-Tirancourt
Oppidum de La Chaussée-Tirancourt
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Oppidum de La Chaussée-Tirancourt
Oppidum de La Chaussée-Tirancourt

Historique

Depuis le début du XVIIIe siècle, les érudits se sont intéressés aux collines fortifiées de la vallée de la Somme sans réaliser de fouilles. Ces sites ont la particularité de présenter plusieurs points communs :

  • position de hauteur ;
  • surface d’une trentaine d’hectares, avec dĂ©fenses naturelles formĂ©es par des pentes abruptes ;
  • amĂ©nagement par l'homme de terrassements renforçant les points faibles ;
  • la forme de la fortification la plus rĂ©pandue est l'arc de cercle.

Des fouilles ont été effectuées au XIXe siècle en 1822 et 1891. Au XXe siècle, le site est de nouveau étudié. En 1962, Roger Agache, précurseur de l'archéologie aérienne en France, découvre lors de prospections un second rempart arasé à l'intérieur de l'oppidum, présentant un schéma jusque là inconnu, et découvre également à l'extérieur du camp une série d'enclos délimités par des fossés. De 1983 à 1991, des sondages permettent de réaliser une coupe du rempart principal, d'étudier la porte principale et le rempart intérieur[2].

Des sondages géophysiques menés en 2014 montrent des anomalies antérieures à l'occupation romaine. Des fouilles effectuées en 2015 sur le fossé intérieur remettent en cause les interprétations de 1989. Le rempart intérieur révèle la présence d'un murus gallicus, antérieur à l'arrivée des Romains. De plus, ce mur d'enceinte gaulois s’appuie sur une enceinte datant du Néolithique (environ 5000 à ).

Caractéristiques

En majorité, les oppidums sont situés sur des hauteurs et bénéficient d'un relief naturellement défensif. Les Gaulois comme d'autres peuples, choisissaient des collines faciles à défendre, protégées sur une bonne partie de leur pourtour par de forts abrupts naturels. C'est le cas de La Chaussée-Tirancourt, de Bracquemont près de Dieppe et d'Incheville sur la Bresle, de Pommiers (Aisne) qui sont des sites défensifs de confluence en « éperon barré », reliés au reste du plateau par un espace puissamment fortifié grâce au creusement d'un fossé, parfois deux, et l'édification d'une levée de terre. Le bassin de la Somme est ainsi riche en collines fortifiées, d'est en ouest en suivant le cours du fleuve côtier : Méricourt-sur-Somme, Chipilly, La Chaussée-Tirancourt, L'Étoile, Liercourt-Érondelle et Mareuil-Caubert.

Dans le Nord de la France, la quasi-totalité des sites archéologiques ont été nivelés par l’agriculture, sauf dans de rares cas où le relief subsiste comme au « camp César » de La Chaussée-Tirancourt.

Oppidum de La Chaussée-Tirancourt, levée de terre et fossé Sarrazin.

L'oppidum de La Chaussée-Tirancourt occupe une surface de trente-cinq hectares entre vallée de la Somme, le vallon de l'Acon et le « fossé Sarrazin », creusé par l'homme. L'espace ainsi enclos, d'une surface de plus de vingt hectares, pouvait contenir plusieurs milliers d'hommes avec les bagages et troupeaux. Du sommet de l'oppidum, on a une vue remarquable sur le plateau, le parc de Samara, les marais et les villages de la vallée de la Somme et la ville d'Amiens. La porte d'entrée de l'oppidum était située au milieu du rempart, précisément là où passe le chemin actuel.

L'oppidum de La Chaussée-Tirancourt est de type « éperon barré », relié au reste du plateau par un espace puissamment fortifiée grâce au creusement, en arc de cercle, dans la craie, d'un fossé — le « fossé Sarrazin » — sur une longueur de 457 m et une largeur de 12 m et l'édification d'une levée de terre de 27 m d'épaisseur à la base[2].

Les fouilles archéologiques des années 1980 ont permis de mettre au jour :

  • une entrĂ©e de cinq mètres de large composĂ©e d'un couloir d'accès fortifiĂ© d'une vingtaine de mètres de long avec les traces d'une porte Ă  « ailes rentrantes ». Les traces du vantail d'une porte ont Ă©tĂ© dĂ©gagĂ©s avec un alignement de neuf clous disposĂ©s en quinconce et une grosse pièce mĂ©tallique destinĂ©e Ă  renforcer un madrier vertical pivotant. Le porche reposait sur dix-huit poteaux massifs enfoncĂ©s de 1 mètre Ă  1,40 mètre dans le sol. Deux passerelles reliaient la porte au rempart ;
  • des traces d'une tour de guet en bois, haute d'une trentaine de mètres Ă  l'origine ;
  • la prĂ©sence d'un murus gallicus avec un poutrage horizontal appuyĂ© sur des poteaux verticaux. Un parement de grès occupait l'espace entre les poutres. Ă€ l'arrière, des poteaux horizontaux clouĂ©s sur le poutrage des parois Ă©taient ancrĂ©s dans l'Ă©paisseur du talus[3].

Interprétation

Le site de La Chaussée-Tirancourt a bénéficié d’une étude d’envergure, avec onze campagnes de fouilles effectuées successivement lors de l’aménagement du parc de Samara. Elles ont donné lieu à des interprétations divergentes :

  • selon l'archĂ©ologue Jean-Louis Brunaux, cet Ă©peron barrĂ© typique, longtemps considĂ©rĂ© comme un oppidum celtique, a Ă©tĂ© Ă©difiĂ© pendant la conquĂŞte de Jules CĂ©sar. Une sĂ©rie de fouilles rĂ©centes ont montrĂ© que la fortification Ă©tait postĂ©rieure Ă  la guerre des Gaules, puisqu’elle est datĂ©e de 40 Ă  . Il s’agirait alors d’un camp romain construit par des Gaulois utilisant leurs techniques dont l’efficacitĂ© Ă©tait apprĂ©ciĂ©e des militaires romains. Le site serait postĂ©rieur Ă  la guerre des Gaules et ne correspondrait pas Ă  la notion d’oppidum telle que les archĂ©ologues la dĂ©finissent aujourd’hui. Alors que, depuis la fin du XIXe siècle, il Ă©tait interprĂ©tĂ© comme un oppidum celtique, il conviendrait donc de le considĂ©rer comme un camp militaire romain ;
  • en 2014-2015, d'autres archĂ©ologues proposèrent une autre analyse des dates et placèrent l'Ă©dification du site Ă  , ce qui replace le site dans la perspective de la conquĂŞte de la Gaule. Les artefacts mis au jour datent de la seconde moitiĂ© du Ier siècle av. J.-C. et prĂ©sentent un aspect militaire indĂ©niable mĂŞlant objets gaulois et Ă©lĂ©ments de l’équipement du lĂ©gionnaire romain[alpha 1]. Les installations de l’armĂ©e romaine, de l’époque de la conquĂŞte Ă  la fin du Ier siècle av. J.-C., sont encore très mal connues, les sites identifiĂ©s pour cette Ă©poque sont particulièrement rares. Le camp de La ChaussĂ©e-Tirancourt constitue un site remarquable pour l’étude des dĂ©buts de la prĂ©sence romaine dans le Nord de la France ;
  • la dĂ©couverte d'une enceinte datant du NĂ©olithique dĂ©montre que l'occupation humaine du site Ă©tait bien antĂ©rieure Ă  l'âge du fer.

Notes et références

Notes

  1. Aucun vestige d'un camp militaire romain n'ayant été mis au jour à Amiens, ville ayant pourtant fait l'objet de nombreuses fouilles archéologiques depuis 1945, certains archéologues ont émis l'hypothèse que le Samarobriva dont parle Jules César dans ses Commentaires sur la guerre des Gaules pourrait être l'oppidum de La Chaussée-Tirancourt. L'archéologie n'a pas encore validé cette hypothèse.

Références

  1. « Oppidum dit Camp de César », sur culture.gouv.fr (consulté le ).
  2. « La Chaussée Tirancourt : découvertes archéologiques au camp César » [vidéo], sur fresques.ina.fr, (consulté le ).
  3. G. Fercoq du Leslay 2009.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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