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Olivier Blanchard

Olivier Jean Blanchard, né le à Amiens, est un macroéconomiste français, spécialiste de l'économie du travail. Professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT), il a été, du 1er septembre 2008 à , chef économiste et directeur des études[1] au Fonds monétaire international[2].

Considéré comme l'un des meilleurs macroéconomistes au monde, il est décrit par le Washington Post comme l'un des économistes les plus brillants de sa génération et l'un des plus influents[3].

Biographie

Olivier Blanchard naît et grandit à Amiens où il est élève du lycée jésuite La Providence.

Il est diplômé de l'école de commerce ESCP Europe (promotion 1970)[4]. De 1970 à 1973, il étudie l'économie et les mathématiques appliquées à l'Université Paris-Dauphine et à l'Université Paris-Nanterre[5]. À la suite de cela, il décide de partir faire un doctorat au MIT quand il se rend compte, bien qu'il ait été en DES, qu’il y avait beaucoup de « trous » dans ses connaissances[6]. Il obtient son doctorat (PhD) en sciences économiques au MIT en 1977 sous la direction de Stanley Fischer[2].

Après sa thèse, il enseigne à Harvard, comme « Assistant professor » de 1977 à 1981, comme « Associate professor » de 1981 à 1983.
En 1983, il part enseigner au MIT, comme « assistant professor » jusqu'en 1985, comme « professeur » par la suite. Il y a été directeur du département d'économie de 1998 à 2003.

Depuis 2014, il est Robert M. Solow Professor of Economics emeritus au MIT et, depuis 2015, C. Fred Bergsten Senior Fellow au Peterson Institute for International Economics[7].

Il s'est marié en 1973 à Noëlle Golinelli avec qui il a trois enfants[8].

Travaux

Classé parmi les néo-keynesiens[2], il est un spécialiste de l’économie du travail (nature du marché du travail, rôle des institutions, origine du chômage) ; il a beaucoup travaillé sur la situation du chômage en Europe. En 1986, il a proposé un mécanisme d'effet d'hystérèse du chômage[9]. Il est à l'origine du modèle keynésien à effet de seuil.

Il a étudié également le rôle de la politique monétaire et la transition des anciens pays socialistes vers l’économie de marché.

Il s'est enfin illustré dans la politique budgétaire en approfondissant la question des déficits et des dettes publics.

Faisant partie des scientifiques français les plus prolifiques avec une quinzaine d'ouvrages et plus de 150 articles, il a notamment écrit, avec Stanley Fischer, un manuel de macroéconomie de référence, Macroeconomics, dont la version française cosignée avec Daniel Cohen est plus didactique et accessible.

Selon RePEc, Olivier Blanchard a publié plus de 130 articles dans des revues à comité de lecture. Il totalise plus de 25 000 citations et son indice h est de 68[10] - [11]. La revue dans laquelle il a le plus publié (25 articles) est l'American Economic Review[11]. En 2022, il fait partie des 20 des économistes les plus cités au monde[12].

À la suite de la crise de 2008, Blanchard a été obligé de réviser son jugement sur l'état de la théorie macroéconomique (qu'il jugeait alors « bon »[13] dans un article devenu célèbre depuis) et a procédé à une certaine autocritique de ses idées et de ses ouvrages passés[14], en particulier Macroeconomics. Il a notamment critiqué les modèles OG-DG et IS-LM (en particulier en ce qui concerne la partie « LM »).

L'un des problèmes qu'il soulève tient notamment au fait que ces modèles reposent sur l'hypothèse d'une monnaie exogène ce qui est largement contredit par les faits[15]. Il propose ainsi de ne plus enseigner le modèle OG-OD même en licence et de démanteler IS-LM pour n'en garder que la partie pertinente du modèle pour décrire nos économies[16].

Contribution au débat sur l'impact des politiques d'austérité budgétaire

Dans un document de travail du FMI (IMF WP/13/1) abondamment relayé par la presse généraliste, puis publié dans American Economic Review: Papers & Proceedings, Olivier Blanchard et Daniel Leigh soutiennent que la plupart des modèles de prévisions macroéconomiques (y compris celui du FMI) ont sous-estimé la valeur des multiplicateurs budgétaires en Europe[17].

Ces modèles de prévisions reposaient sur l'hypothèse d'un multiplicateur budgétaire approximativement égal à 0,5 (c'est-à-dire que, pour une réduction/augmentation du déficit de , le PIB se réduirait/augmenterait de 0,5 ). Dans leur article, Olivier Blanchard et Daniel Leigh montrent que cette assertion d'un multiplicateur budgétaire de l'ordre de 0,5 n'était très probablement pas satisfaite pendant la crise financière et économique de 2008-2012 : selon leurs estimations, les multiplicateurs budgétaires auraient été plus proches de 1,5 (au minimum supérieurs à 1) et que les effets négatifs des politiques d'austérité sur le PIB, l'emploi, la consommation et l'investissement ont été largement sous-estimés par la plupart des grands instituts de prévisions (FMI, Commission européenne, OCDE, etc.).

Leurs résultats s'appuient sur le modèle empirique suivant :

représente la croissance effective (ou réalisée) du PIB entre l'année t et t+1 pour le pays i, représente la prévision réalisée à l'année t de la croissance du PIB entre l'année t et t+1 pour le pays i et représente la prévision de la variation du solde budgétaire structurel réalisée à l'année t. En d'autres termes, Olivier Blanchard et Daniel Leigh proposent d'étudier la corrélation des erreurs de prévisions de la croissance du PIB avec les prévisions de la variation du solde budgétaire structurel, c'est-à-dire le paramètre , pour en déduire une mesure implicite de la valeur des multiplicateurs budgétaires. En effet, s'interpréterait comme l'erreur attachée à l'hypothèse sous-jacente concernant la valeur du multiplicateur budgétaire : par exemple, pour un multiplicateur budgétaire par hypothèse égal à 0,5, une valeur de estimée à 1 impliquerait que la vraie valeur du multiplicateur budgétaire serait de 1,5. De la même façon, un paramètre non-significativement différent de 0 impliquerait que l'hypothèse sous-jacente concernant la valeur des multiplicateur budgétaire serait correcte.

Ce document a parfois été interprété de manière erronée, laissant croire que l'« erreur de calcul » du FMI dans son évaluation des effets de l'austérité avait eu pour résultat des politiques d'austérité inappropriées[18] - [19].

Membre

Il a été membre du Conseil d'analyse économique, de 1997 à 2008, auprès de l'ancien Premier ministre français, Lionel Jospin[20].

Olivier Blanchard est membre du conseil de la Société d'économétrie et de l'Académie américaine des arts et des sciences. Il a aussi été vice-président (1995/1996) de la plus importante association d'économistes en Amérique du Nord, l'American Economic Association[21]. Il a agi à titre de conseiller économique pour plusieurs pays et organismes nationaux et internationaux tels que l'European Economic Policy Forum Panel…

Il est conseiller auprès de la Réserve fédérale des États-Unis à Boston et à New York. Il est depuis 2006 membre du conseil scientifique de l'École d'économie de Paris.

Il est C. Fred Bergsten Senior Fellow au Peterson Institute for International Economics, depuis son départ du FMI en

En mai 2020, il est choisi par le président de la république pour réunir avec Jean Tirole une commission de 26 économistes chargés de faire des propositions concernant le Climat, les inégalités et la démographie

Prises de position dans le débat public

En 2003, il propose avec Jean Tirole une taxe sur les licenciements consistant à moduler les contributions des entreprises à l'assurance chômage en fonction du taux de licenciement afin de responsabiliser les entreprises. Parallèlement, les auteurs proposent de supprimer le CDD et le CDI pour les remplacer par un contrat de travail unique avec une augmentation progressive des droits des salariés en fonction de l'ancienneté[22].

En juin 2021, avec Jean Tirole, il remet un rapport à Emmanuel Macron qui soutient que la taxation de l’héritage en France ne contribue pas suffisamment à la réduction des inégalités. Le rapport est suivi par une proposition de réforme. L'Obs rappelle par ailleurs que cet impôt est déjà le « plus impopulaire de tous les impôts »[23].

Positionnement politique

Proche du Parti socialiste français, il se définissait en 2008 « très à gauche en 1968 avant de devenir social démocrate en apprenant l'économie et attendu 20 ans que le Parti socialiste ne le devienne[2] ».

Il a néanmoins apporté son soutien à Nicolas Sarkozy (UMP) dans la campagne présidentielle de 2007 en France[24], mais a critiqué par la suite certaines mesures du « paquet fiscal[25] ».

En , il se déclare « macroniste », saluant les premières réformes du président français[26].

Œuvres

Livres

  • avec Daniel Cohen, Macroéconomie, Pearson Éducation, 4e édition, 2010
  • avec Charles Wyplosz et Jean Pisani-Ferry, L'Europe déclassée, Flammarion, 2005
  • The Economics of Post Communist Transition, 1997, ed. Oxford University Press
  • Macroeconomics, ed. Prentice Hall, 1997 (1re édition)
  • La desinflation competitive, le mark et les politiques budgetaires en Europe, éditions du Seuil, 1991
  • avec Stanley Fischer, Lectures On Macroeconomics, The Mit Press, 1989

Rapports

  • avec Jean Tirole, rapport pour le Conseil d’Analyse Economique : La Protection de l’Emploi, La Documentation française, 2003
  • avec Jean-Paul Fitoussi, Rapport au Conseil d’Analyse Economique : Croissance et Chômage, La Documentation Française, 1998
  • (Rapport Camdessus) « Le Sursaut. Vers une nouvelle croissance pour la France », La Documentation Française, 2004
  • Avec Dani Rodrik, Jean Tirole, Rapport sur les grands défis économiques de la Commission sur les grands défis économiques, remis à Emmanuel Macron en juin 2021.

Préfaces

  • Préface du livre de Pierre Cahuc et Andre Zylberberg, Chômage: Fatalité ou nécessité ?”, Livre de Poche, 2005
  • Préface du livre de Agnès Benassy-Quéré, Benoît Cœuré, Pierre Jacquet, Jean Pisani-Ferry, Politique Economique, Éditions De Boeck et Larcier, 2004

Commentaires sur des rapports

  • Commentaire sur le rapport de J.P. Fitoussi, Olivier Passet et Jacques Freyssinet, Réduction du chômage : les réussites en Europe, Conseil d’Analyse Economique, La documentation française, 2000
  • Commentaire sur le rapport de Jean Pisani-Ferry, Le retour au plein emploi, Conseil d'Analyse economique, La documentation française, 2000
  • Commentaire sur l'article de Patrick Artus et Michele Debonneuil, « Crises, recherche du rendement et comportements financiers », dans le rapport Architecture financière internationale du Conseil d'analyse économique, 1999

Distinctions

Décorations

Notes et références

  1. « FMI: Résultats de la collection en langue française ».
  2. Alain Faujas, « Olivier Blanchard, un pédagogue de l'économie mondiale », Le Monde, (lire en ligne).
  3. Steven Pearlstein, The smartest economist you’ve never heard of, washingtonpost.com, 3 octobre 2015.
  4. ESCP Europe Alumni, « ESCP Europe Alumni - Hall of Fame », sur www.escpeuropealumni.org (consulté le ).
  5. « Olivier Blanchard, professeur d'économie au MIT - EuropUSA », EuropUSA, (lire en ligne, consulté le ).
  6. Entretien avec EUROPUSA, septembre 2002.
  7. (en) « Olivier Blanchard », sur PIIE, (consulté le ).
  8. Source :CV d'Olivier Blanchard sur sa page personnelle au MIT.
  9. Olivier Blanchard et Lawrence Summers, Hysteresis and European Unemployment, dans Stanley Fischer (éditeur), NBER Macroeconomics Annual, MIT Press, septembre 1986, pp. 15-77.
  10. « Olivier Blanchard on RePEc/IDEAS », sur repec.org (consulté le ).
  11. http://citec.repec.org/p/b/pbl2.html.
  12. « Economist Rankings », sur repec.org (consulté le ).
  13. (en) Olivier J. Blanchard, « The State of Macro », NBER Working Paper, (lire en ligne).
  14. (en) « How to Teach Intermediate Macroeconomics after the Crisis? », sur The Peterson Institute for International Economics, (consulté le ).
  15. « Banques, monnaie et activité économique : les idées de base », sur autisme-économie, (consulté le ).
  16. « IS-LM et OG-DG : Blanchard se rebiffe… », sur autisme-économie, (consulté le ).
  17. (en) Olivier Blanchard et Daniel Leigh, Growth Forecast Errors and Fiscal Multipliers, American Economic Review, Vol. 103, NO. 3, mai 2013, pp. 117-20.
  18. Alain Faujas, « La "vraie-fausse erreur" du FMI », Le Monde, (lire en ligne).
  19. « Non, l'austérité n'est pas une "erreur de calcul" du FMI », sur Classe éco, (consulté le ).
  20. Site du Conseil d'analyse économique.
  21. (en) American Economic Association, « Past Vice-Presidents », sur American Economic Association (consulté le ).
  22. Jean Tirole et Olivier Blanchard, Protection de l’emploi et procédures de licenciement, La Documentation Française, (lire en ligne).
  23. Sophie Fay, Mieux taxer l’héritage : la proposition phare de Tirole et Blanchard pour réduire les inégalités, nouvelobs.com, 23 juin 2021.
  24. Olivier Blanchard, « Pourquoi je voterai Sarkozy », sur Telos, (consulté le ) .
  25. Olivier Blanchard, Pierre Cahuc et André Zylberberg, « Détaxation coûteuse et aléatoire », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  26. Olivier Blanchard, interviewé par Bertille Bayart et Fabrice Nodé-Langlois, « Olivier Blanchard : "La crise de 2008 a été un coup de massue" », Le Figaro, encart « Économie », samedi 18 / dimanche 19 novembre 2017, page 24.
  27. https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043522969.

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