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Noussa'h

Le noussa'h (hĂ©breu : נוסח « version Â») dĂ©signe dans la liturgie un rite propre Ă  une ou des communautĂ©s ou, Ă©ventuellement, un mode musical employĂ© par ces communautĂ©s en fonction de l’office.

Historique

Le noyau de la liturgie juive, en particulier sa double fonction d’instruction et de prière, se trouve ébauché en divers endroits de la Bible hébraïque[1]. Centrée sur le culte du Temple, la prière a lieu trois fois par jour, correspondant vraisemblablement aux trois temps d’offrande[2]. Les Sages instituent en outre la lecture du shema et la amida, ensemble de sept, neuf ou dix-huit bénédictions à réciter debout et en silence[3].

Les guerres judéo-romaines mettent fin à l’hégémonie du second Temple. Bien que la terre d’Israël demeure en théorie le centre de référence, elle entre en rivalité croissante avec les académies talmudiques en Babylonie qui entendent imposer leurs interprétations du rite.

Le noussa'h en fonction de la communauté

Les noussa'him actuels sont de quatre grands types, comprenant eux-mêmes des sous-types loco-régionaux :

  • le noussa'h ashkĂ©naze, pratiquĂ© par les Juifs originaires d’Europe centrale et orientale. DĂ©veloppĂ© sur base du noussa'h Tzarfat (« rite français Â»), dont le mahzor Vitry est l’exemplaire le plus connu, il est, avec le noussa'h baladi, l’un des rites les plus courts. Il peut ĂŞtre subdivisĂ© en :
    • une branche occidentale, en cours en Allemagne et en Europe centrale, y compris au Royaume-Uni ;
    • une branche orientale, polono-lituanienne. Cette variante est utilisĂ©e par la majoritĂ© des juifs ashkĂ©nazes aux États-Unis et par les Juifs « lituaniens Â» en IsraĂ«l.
  • les noussa'him sĂ©farades :
    • le rite originel est basĂ© sur un rite castillan plus ancien. Pauvre en Ă©lĂ©ments kabbalistiques, il incorpore des influences italiennes et nord-africaines. Il devient fortement minoritaire après l’expulsion des Juifs d’Espagne au profit de nombreuses variantes locales. Le « rite catalan »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) et celui de Lisbonne se perpĂ©tuent en quelques synagogues de Salonique et ailleurs.
    • la version la plus proche d’un « standard Â» Ă©tait celle figurant dans les livres de prière imprimĂ©s Ă  Livourne de 1840 jusqu’au dĂ©but du XXe siècle. Remplaçant le minhag Aram Tsova des Juifs de Syrie, elle Ă©tait particulièrement populaire dans l’empire ottoman et en Afrique du Nord, avec le noussa'h du Hid"a, suivi par cet Ă©minent rabbin. Toutefois, chaque communautĂ© possĂ©dait ses propres variantes, transmises oralement en sus du matĂ©riel imprimĂ©. En Afrique du Nord, traditions des Juifs autochtones et des exilĂ©s espagnols se cĂ´toient, donnant lieu Ă  des rites propres.
  • le noussa'h edot hamizra'h (rite des communautĂ©s d’Orient) naĂ®t en Irak. BasĂ© sur les opinions du Ben Ish HaĂŻ, il comporte de nombreux Ă©lĂ©ments kabbalistiques. Une variante largement expurgĂ©e de cette composante devient, sous l’influence du Rav Ovadia Yossef, le rite standard des SĂ©farades en IsraĂ«l.
  • le noussa'h sfard, issu de la volontĂ© d’harmoniser le rite ashkĂ©naze avec les coutumes d’Isaac Louria et des kabbalistes de Safed, combine un texte empruntant beaucoup au rite sĂ©farade tandis que la mĂ©lodie est ashkĂ©naze. Il est particulièrement populaire parmi les hassidim d’Europe de l’Est. Les hassidim de Loubavitch en adoptent une variante intitulĂ©e noussa'h Ari.
  • les noussa'hei Teiman des Juifs du YĂ©men, standardisĂ©s dans le tiklal, dont il existe deux variantes :
    • le noussa'h baladi (« originel Â»), correspondant presque exactement au rituel ordonnancĂ© par MoĂŻse MaĂŻmonide dans son MishnĂ© Torah ;
    • le noussa'h shami (« syrien Â»), influencĂ© par le rite sĂ©farade en vigueur chez les kabbalistes de Safed au XVIe siècle. Il conserve cependant des Ă©lĂ©ments yĂ©mĂ©nites typiques, dont la prononciation de l’hĂ©breu et l’inclusion de poèmes liturgiques tirĂ©s du rituel composĂ© par Saadia Gaon au Xe siècle.

D’autres rites ne sont employés que par une minorité de Juifs ou ne sont plus en usage. Parmi ceux-ci :

  • le noussa'h italki des Juifs italiens, Ă©galement appelĂ© noussa'h bnei romi. Introduit en Italie par les dĂ©portĂ©s des guerres judĂ©o-romaines, il semble ĂŞtre le plus proche de la liturgie telle qu’elle Ă©tait pratiquĂ©e Ă  l’époque du Second Temple.
  • le noussa'h Apam (ou Afam) des Juifs français qui ont Ă©tĂ© expulsĂ©s vers l'Italie entre 1306 et 1394. "Afam" est l'abrĂ©viation d'Asti, Fossano, Moncalvo, trois villes piĂ©montaises oĂą se sont rassemblĂ©s les immigrĂ©s français. Ce rite, proche du rite ashkĂ©naze, a la particularitĂ© de n'avoir jamais Ă©tĂ© imprimĂ©. Il est encore en usage dans la synagogue d'Asti[4].
  • le noussa'h Romania des Juifs romaniotes, communautĂ© indigène de l’ancien Empire romain d’Orient, est assez proche du rite italki. FondĂ© lui aussi sur le Talmud de JĂ©rusalem, comme le rite ashkĂ©naze, il disparaĂ®t presque dans les suites de l’expulsion des Juifs d’Espagne, le rite sĂ©farade s’imposant en Grèce, en Turquie et dans les Balkans. Il n'existe aujourd'hui plus que 3 synagogues romaniotes, Ă  Ioannina, JĂ©rusalem et New York, cependant leur liturgie actuelle est essentiellement sĂ©farade.
  • le noussa'h eretz IsraĂ«l sur lequel se basent les rites ashkĂ©naze, italki et romaniote a disparu au profit du rite babylonien. Cependant, une tentative de le reconstituer a Ă©tĂ© rĂ©cemment entreprise par David Bar Hayim, rabbin du Machon Shilo sur base du Talmud de JĂ©rusalem, de la littĂ©rature midrashique composĂ©e en terre d’IsraĂ«l et sur des fragments de la GuĂ©niza du Caire. Il n’est en usage que dans la synagogue du Machon Shilo.
  • le noussa'h Provence, en usage dans le sud de la France avant d’être restreint aux quatre villes du Comtat Venaissin. Encore en usage en 1776, il semble disparaĂ®tre au profit du rite sĂ©farade, sans doute introduit dans le sud de la France par les Juifs dits Portugais.

Le noussa'h en fonction de l’office

Le terme noussa'h s’emploie aussi pour désigner divers modes musicaux utilisés à différents moments de l’office.

La liturgie ashkénaze en compte trois principaux, dénommés steiger en yiddish :

  • le mode Ahava Rabba
  • le mode Maguen Avot
  • le mode AdonaĂŻ Melekh

Les communautés orientales utilisent le système du maqâm. Les communautés syriennes varient ainsi la liturgie sabbatique en vertu de la section de la Torah hebdomadaire qui est lue.

Notes et références

  1. cf. notamment IsaĂŻe 1:12-15 & 56:7
  2. T.B. Berakhot 24b
  3. Mishna Berakhot 1:1-2 ; T.B. Berakhot 33a
  4. « morasha.it/sbr/sbr_somekh.html »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).

Annexes

Bibliographie


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