Nomadic
Le SS Nomadic, parfois surnommé le « petit frère du Titanic[1] », est un navire à vapeur de la White Star Line mis en service en 1911. C'est un transbordeur conçu pour embarquer les passagers des nouveaux paquebots de classe Olympic dans le port de Cherbourg inadapté à leur grande taille[1]. Il fonctionne à cette époque en duo avec le Traffic : le Nomadic se charge de transporter les passagers de première et deuxième classe tandis que le second transporte les passagers de troisième et les bagages[1]. En 1927, la White Star Line le revend à la société cherbourgeoise de transbordement qui l'utilise dans le même but et avec le même nom. En 1934, il est à nouveau vendu, cette fois à la société cherbourgeoise de remorquage et de sauvetage qui le renomme Ingénieur Minard[1].
Nomadic | ||
Le Nomadic dans le port de Cherbourg. | ||
Autres noms | Ingénieur Minard (1934-1974) | |
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Type | Tender | |
Histoire | ||
Chantier naval | Harland and Wolff, Belfast, Royaume-Uni | |
Quille posée | ||
Lancement | ||
Mise en service | ||
Statut | Navire musée à Belfast dans le Hamilton Dock | |
Équipage | ||
Équipage | 14 | |
Caractéristiques techniques | ||
Longueur | 67,06 m entre perpendiculaire et 71,17 m hors tout | |
Maître-bau | 11,28 m | |
Tirant d'eau | 1,85 m en lège et 2,16 m en charge | |
Port en lourd | 376,94 tonnes | |
Tonnage | 1 273 tjb | |
Propulsion | 2 machines à vapeur à double expansion compound | |
Puissance | 550 ch | |
Vitesse | 10 nœuds | |
Caractéristiques commerciales | ||
Pont | 4 | |
Passagers | 1 000 | |
Carrière | ||
Armateur | White Star Line (1911-1927) Société cherbourgeoise de transbordement (1927-1934) Société cherbourgeoise de remorquage et de sauvetage (1934-1940) Royal Navy (1940-1945) Société cherbourgeoise de remorquage et de sauvetage (1945-1974) |
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Pavillon | France | |
Port d'attache | Cherbourg | |
Protection | National Historic Fleet | |
Localisation | ||
Coordonnées | 54° 36′ 23″ nord, 5° 54′ 42″ ouest | |
Géolocalisation sur la carte : Irlande du Nord
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Lors de la Seconde Guerre mondiale, le navire parvient à fuir en Grande-Bretagne où il est utilisé par la Royal Navy. Il est ensuite rendu au port de Cherbourg qui l'utilise notamment comme transbordeur pour le Queen Mary et le Queen Elizabeth. Retiré du service en 1968, il est revendu à un particulier. Après quelques croisières sur la Seine et l'Oise, cet acheteur est obligé d'amarrer ce bateau au «Port militaire» de Conflans-Sainte-Honorine, sur l'Oise. Il y reste 4 ans puis est revendu pour être transformé aux chantiers de la Haute Seine[2] deux ans plus tard. Celui-ci le transforme en restaurant flottant à Paris, face à la Tour-Eiffel : le Shogun. Vingt-cinq ans plus tard, destiné à la casse, il est sauvé par l'action d'associations qui conduisent à son renvoi à Belfast pour y être restauré dans son état d'origine. La restauration du navire prend fin en .
Le Nomadic est l'ultime bâtiment de l'épopée de la White Star Line.
Histoire
Conception et construction
En 1907, Joseph Bruce Ismay et William James Pirrie, respectivement directeurs de la White Star Line et des chantiers Harland and Wolff, décident de la construction de trois navires géants qui formeront la classe Olympic : l’Olympic, le Titanic et le Gigantic (renommé Britannic durant sa construction)[3]. Les navires étant trop volumineux pour le port de Cherbourg, escale des transatlantiques de la compagnie, un transbordeur est nécessaire pour transférer les passagers et les bagages du quai de la gare maritime au navire. La White Star Line possède déjà le Gallic, construit en 1894 et acheté par la compagnie en 1907[4]. Cependant, celui-ci est âgé et inadapté à des navires tels que ceux de la classe Olympic.
Le , Ismay et Pirrie rencontrent Thomas Andrews et Alexander Carlisle, les architectes des nouveaux navires[5]. Les concepteurs en profitent pour proposer à la White Star Line la construction de deux nouveaux transbordeurs[1], le Nomadic et le Traffic. Le premier doit transporter les passagers des première et deuxième classes, le second se charge des passagers de troisième classe et des bagages[1] - [6]. La commande du Nomadic est faite sur le moment, celle du Traffic suit un mois plus tard[7].
Le Nomadic et son jumeau sont construits dans les chantiers Harland and Wolff de Belfast et se doivent d'être prêts pour la mise en service de l’Olympic en . Le Nomadic est lancé[1] le . Il accompagne ensuite le paquebot lors de ses essais en mer, et effectue sa tâche dans le port de Cherbourg dès la première traversée transatlantique du géant[8]. En effet, le port français ne peut accueillir sur son quai les grands transatlantiques car son bassin n'est pas assez profond à cette époque[1].
Au service de la White Star Line (1911 - 1927)
Avec son jumeau le Traffic, le Nomadic est donc utilisé comme un transbordeur à Cherbourg. Il commence son service à l'occasion du voyage inaugural de l’Olympic, le , lors de l'escale du géant en France[9]. Le luxueux intérieur du Nomadic est conçu pour transporter les passagers des première et deuxième classes, tandis que le Traffic est utilisé pour les passagers de troisième classe et les bagages[10] - [11]. Le premier service du transbordeur laisse cependant à désirer, le chargement et déchargement des passagers n'ayant alors pas trouvé de cadence appréciable[8]. Le Nomadic se montre également malchanceux[1] : le , il heurte le Philadelphia de l'American Line, qu'il était en train de charger[12] ; la collision endommage légèrement sa proue[13].
Le , le Titanic quitte Southampton pour son unique traversée. Il atteint Cherbourg vers 18 h 30. Les passagers embarquant depuis la France, parmi lesquels de célèbres milliardaires tels que John Jacob Astor et Benjamin Guggenheim ainsi que Margaret Brown, ont été priés d'embarquer dans les transbordeurs une heure auparavant[14] - [15] - [16] - [17]. Le transbordement se fait en à peine trois quarts d'heure[1] : le Traffic passe en premier, puis vient le Nomadic[14]. Il ramène au retour les quelques passagers qui ne font que la traversée de la Manche[18].
Malgré le naufrage du Titanic, la White Star Line maintient son service transatlantique, et le Nomadic poursuit sa carrière. Pendant la Première Guerre mondiale, il est réquisitionné par la marine française et sert dans le port de Saint-Nazaire avec le Traffic, en tant que dragueur de mines auxiliaire sous les ordres des lieutenants de vaisseau du Réau de la Gaignonnière, Albert Levillain et François Menigoz[1] - [19]. Après la guerre, le Nomadic reprend son service cherbourgeois pour la White Star Line[1], transbordant des passagers à bord des paquebots affectés à la ligne Southampton - New York, l’Olympic, l’Homeric et le Majestic. En 1927, la White Star Line est vendue par l'International Mercantile Marine Co., sa compagnie mère, à Lord Kylsant, propriétaire britannique[20]. Le Nomadic et le Traffic sont vendus à la société cherbourgeoise de transbordement, la compagnie ayant besoin de faire des économies. Le nom des navires reste cependant inchangé, de même que leur fonction. Le , le Nomadic heurte le Minnewaska, navire qu'avait heurté le Traffic deux ans plus tôt[13].
L'Ingénieur Minard (1934 - 1974)
En 1934, le Nomadic est revendu à la société cherbourgeoise de remorquage et de sauvetage. Il est alors rebaptisé Ingénieur Minard[1] - [8] pour honorer le responsable de la mise en eaux profondes du port. Sa fonction ne change cependant pas jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. L’Ingénieur Minard sert alors à évacuer des troupes de France jusqu'au Royaume-Uni en juin 1940[1] - [21]. Dès lors, il sert la Royal Navy comme navire d'entreposage (accomodation ship)[1] à la base des chalutiers de Portsmouth (Portsmouth Trawler Base)[22].
Après la guerre, il reprend ses fonctions dans le port de Cherbourg, servant les navires de la Cunard, les prestigieux Queen Mary et Queen Elizabeth[1]. Les deux paquebots, à cause de la forte progression du trafic aérien, sont retirés du service en 1967 et 1968, signant de fait la fin de carrière de l’Ingénieur Minard après 57 ans de service[1] - [13].
Le transbordeur est ainsi vendu à la compagnie de démolition Somairec, au Havre, la même année[8]. Cependant, cette démolition n'a jamais lieu. Il est alors racheté par un particulier qui s'en sert quelques mois pour son plaisir personnel puis l'amarre à des bollards du « port militaire » sur l'Oise à Conflans-Sainte-Honorine, juste en aval du viaduc ferroviaire de la ligne Argenteuil — Mantes durant environ 4 années, mais sans aucun gardiennage. Laissé ainsi à l'abandon de 1969 à 1974, « certains » lui rendent visite… en emportant de petits souvenirs[23].
Du restaurant à l'inactivité forcée
En 1974, le navire est acheté par un particulier, Yvon Vincent, qui le transforme en restaurant sur la Seine et lui rend son nom d'origine[1]. Le restaurant ouvre le [24], et connaît une longue carrière sous trois noms différents (le Shogun, Le Colonial et Le Transbordeur du « Titanic »)[1]. Il est également utilisé comme local de bureaux et comme salle de réceptions[23]. Il sera pendant près de 10 ans le siège de la Direction Financière du groupe de presse Hatier.
22 ans plus tard, le restaurant est fermé : de nouveaux règlements exigeaient que les bateaux de la Seine soient inspectés périodiquement, et cela est impossible pour le Nomadic. En effet, ses superstructures l'empêchent de passer sous les ponts de Paris. Le Nomadic reste alors dans un état d'abandon sur les quais de Seine.
Alerté par l'Association française du Titanic, le ministère de la Culture en France le place en instance de classement aux monuments historiques pendant un an, le temps de trouver un repreneur. L'association médiatise l'affaire dans la presse, sur le web, sur les radios et télévisions françaises : Le tout premier livre est publié Le S/S Nomadic, petit-frère du Titanic (de Fabrice Vanhoutte et Philippe Melia) et des projets sont alors énoncés dont un retour à Cherbourg et son intégration à la Cité de la Mer qui n'aura finalement pas lieu[23].
En 1999, il est décidé de faire examiner la coque du Nomadic en cale sèche avant une éventuelle réouverture au public. Le , le port autonome de Paris commence les travaux de découpage des superstructures du Nomadic afin de lui permettre de passer sous les ponts. Le , le Nomadic quitte Paris pour Le Havre et y passe en cale sèche entre janvier et février 2004[1] - [23].
Le nouveau départ
Le , le Nomadic est acquis aux enchères par le Department of Social Development d'Irlande du Nord. Le navire a été acheté 171 320 £ (soit 250 001 €)[1].
La municipalité de Belfast a estimé à 7 millions de £ (plus de 10 millions €) le coût de la restauration du Nomadic.
Il est prévu que le Nomadic figure sur le British Historic Ship Register (Registre des navires historiques britanniques). Ceci permettra également l'octroi de subsides permettant sa restauration complète.
Le Nomadic a été chargé sur une barge immergeable le et a quitté Le Havre le à 7 h[1]. Il arriva à Belfast le samedi vers midi.
Dès son arrivée, le navire est débarrassé de la multitude d'algues et de coquillages qui souillent sa coque. Ces travaux ont lieu sous une chaleur extrême et un ouvrier chargé du nettoyage succombe à une crise cardiaque. Une célébration discrète, rendant également hommage à la victime, a lieu le en présence du ministre Hanson et d'une foule d'invités. Pour ce faire, le Nomadic — toujours placé sur sa barge — est montré au public au cœur de Belfast.
Le navire reste amarré au Queen's Quay durant deux jours. On estime que plus de 8 000 visiteurs font le déplacement pour voir le dernier vestige de la White Star Line. Le Nomadic est ensuite transféré dans les installations de Harland and Wolff Technical Services afin d'être déchargé et placé en cale sèche pour inspection.
Il est aussi une attraction au parc Titanic Quarter à Belfast pour le centenaire du Titanic[1].
La restauration du Nomadic prend fin en . Il ouvre de nouveau ses portes au public le [25].
En , le Nomadic Charitable Trust transfère la propriété du navire à Titanic Belfast Ltd[26].
Notes et références
- (en) Philippe Delaunoy, SS Nomadic, Titanic's Little Sister, History Press, , 168 p. (ISBN 978-0-7509-8807-0)
- C.M., « Nomadic-Ingénieur Minard », CATLA, in "Vivre à Conflans".,‎ , p. 18
- Piouffre 2009, p. 35 - 36
- (en) « Gallic I » of the White Star Line, Titanic-Titanic.com. Consulté le 5 novembre 2009.
- Piouffre 2009, p. 49
- Piouffre 2009, p. 50
- Piouffre 2009, p. 51
- Chirnside 2004, p. 306
- Chirnside 2004, p. 47
- (en) White Star Line 3rd class passenger tender Traffic 1911-1935, White Star Ships. Consulté le 23 décembre 2009.
- (en) The White Star Line Passenger Tender, « Nomadic », White Star Ships. Consulté le 23 décembre 2009.
- La White Star et l'American Line appartiennent toutes deux au même trust, l'International Mercantile Marine Co., ce qui explique que le Nomadic serve une autre compagnie que celle dont il arbore le pavillon.
- (en) « Nomadic » & « Traffic », The Great Ocean Liners. Consulté le 23 décembre 2009.
- Piouffre 2009, p. 104
- (en) Colonel John Jacob Astor, Encyclopedia Titanica. Consulté le 23 décembre 2009.
- (en) Mr Benjamin Guggenheim, Encyclopedia Titanica. Consulté le 23 décembre 2009.
- (en) Mrs Margaret "Molly" Brown, Encyclopedia Titanica. Consulté le 23 décembre 2009.
- Piouffre 2009, p. 106
- Delaunoy 2015, p. 5
- (en) An Era Ends: The Final Demise of the White Star Line, White Star Ships. Consulté le 23 décembre 2009.
- Archives centrales de la Marine, 2011.
- Royal Navy Archives.
- (fr) Le « Nomadic » et le « Traffic », Le Site du Titanic. Consulté le 24 décembre 2009.
- «Nomadic» of the White Star Line sur Archive.org (en anglais). «Titanic-Titanic.com». Consulté le 15 avril 2021.
- (en) Seven years and 8M€ later…, Independent.ie.
- (en) Titanic's little sister SS Nomadic under new ownership, Belfast Telegraph
Annexes
Bibliographie
- (en) Mark Chirnside, The Olympic-class ships : « Olympic », « Titanic », « Britannic », Tempus, , 349 p. (ISBN 0-7524-2868-3)
- Gérard Piouffre, Le « Titanic » ne répond plus, Paris, Larousse, , 317 p. (ISBN 978-2-03-584196-4)
Liens externes
- Ressource relative au transport :