Nocturlabe
Un nocturlabe ou nocturnal[1] - [N 1] est un ancien instrument utilisé pour déterminer l'écoulement du temps en fonction de la position d'une étoile dans le ciel nocturne. Parfois appelé nocturnum Horologium, cet instrument a un fonctionnement proche du cadran solaire. L'usage typique est la navigation maritime pour le pilotage et le calcul des marées. Certains nocturlabes incorporent des graphiques de marée pour les ports importants.
Bien que le mouvement diurne apparent des Ă©toiles soit connu depuis l'AntiquitĂ©, on ne trouve pas, avant le haut Moyen Ă‚ge, la mention d'un instrument spĂ©cial pour l'observer. Un manuscrit du XIIe siècle prĂ©sente la première image connue d'une telle observation[2]. Ramon Lull au XIIIe siècle dĂ©crit l’utilisation de ce qu'il nomme sphæra horarum noctis ou astrolabium nocturnum. Une des premières mentions sous le nom de nocturlabe est faite par MartĂn CortĂ©s de Albacar dans son livre arte de navegar publiĂ© en 1551[3].
Histoire
Les premières mentions d'instruments qu'on suppose ĂŞtre des nocturlabes datent du temps de Gerbert d'Aurillac, au Xe siècle. Comme instruments de navigation ils sont dĂ©crits dans le TraitĂ© de l'astrolable (1141), probablement par Raymond de Marseille[4]. Ă€ la fin d'un manuscrit des Sententiae astrolabii attribuĂ© Ă©ventuellement Ă Gerbert (Sylvestre II) et conservĂ© Ă Chartres[5] on trouve une image illustrant l'utilisation de l'instrument (XIIe siècle). Raymond Lulle dĂ©crit Ă deux reprises l'opĂ©ration d'une horloge nocturne, dans sa Nova geometria (1299) et dans le Liber Principorum medicinae[6]. On trouve une description de la sphaera nocti datant de 1307 dans l’almanach de Tortosa[7]. Pierre Garcie dit Ferrande[8] prĂ©sente la Roue PĂ´le-Homme. Par la suite, les astronomes fabriqueront trois volvelles articulĂ©es pour crĂ©er le nocturlabe actuel. Une image bien plus connue est apparue dans la seconde Ă©dition du Cosmographicus Liber de Petrus Apianus faite par Gemma Frisius. Le livre Arte de navegar de MartĂn CortĂ©s de Albacar, qui a popularisĂ© le nocturlabe, fut traduit en anglais dès 1574[9].
Fabrication
Les nocturlabes sont usuellement faits de bois ou de laiton. Un nocturlabe est fait d'un disque externe où sont gravés les mois de l'année, un disque interne gravé avec les heures et éventuellement les demi-heures et d'un marqueur vers le disque externe. Enfin, le dispositif est complété par un pointeur vers une étoile prise en référence. Le centre de l'instrument est percé. Étant donné que l'instrument est fait pour un usage nocturne, les marques peuvent être exagérées ou en relief. Parfois un diagramme des constellations est gravé sur le disque interne ainsi que la localisation des principales étoiles[10].
Utilisation
Dans l'hémisphère nord, toutes les étoiles semblent tourner autour de l'étoile polaire durant la nuit. Tout comme la position relative du soleil par rapport à la Terre pendant la journée, la position des différentes étoiles peut servir à déterminer l'heure. Les positions des étoiles changent cependant en fonction de l'époque dans l'année. Le cercle externe permet d'ajuster la position des principales étoiles de référence vis-à -vis de l'étoile polaire pour un mois donné de l'année.
Les étoiles de référence les plus utilisées sont Dubhe et Merak de la Grande Ourse, ou l'étoile Kochab de la Petite Ourse. L'étoile Shedar de Cassiopée peut également être utilisée.
Le disque interne se déplace de manière que la marque de l'étoile de référence choisie indique la date actuelle du disque externe. On observe l'étoile polaire au travers du trou percé au centre du dispositif, on déplace le bras afin qu'il pointe sur l'étoile de référence. L'intersection du bras avec le cadran des heures donne l'heure. L'instrument doit être maintenu en position verticale.
Notes et références
Notes
- La définition donnée par B. Baudoux (voir Bibliographie) est la suivante : « Instrument de mesure qui permet de déterminer l'heure (sidérale / solaire) en se basant sur les positions de certaines étoiles circumpolaires par rapport au pôle céleste boréal, les étoiles de référence préférentielles étant les " Gardes de la grande Ourse ».
Références
- Informations lexicographiques et étymologiques de « Nocturnal » (sens REM. 1-b-α) dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
- (ca) Farre i Olive E., « La Sphaera Horarum Noctis de Ramon Llull. », La Busca de Paper, Primavera, no 22,‎ , p. 3-12edicion bilingue
- (en) Harriet Wynter et Anthony Turner, Scientific Instruments, Studio Vista, (ISBN 0-289-70403-0)
- Marie-Thérèse d’Alverny, Charles Burnett et Emmanuel Poulle, « Raymond de Marseille. Opera Omnia », Sources d’histoire médiévale, Paris, CNRS éditions, t. I,‎ (ISBN 978-2-271-06747-0, lire en ligne)
- Sous le Numéro 214(k73)
- (la) Raymond Lulle, Opera omnia, vol. I, Mainz, , « 36 »
- (es) Beaujouan G., « L'astronomie dans la péninsule ibérique à la fin du Moyen Âge », Revista de Universidade de Coimbra, vol. 24,‎ , p. 13-32
- Bernard de Maisonneuve, Pierre Garcie dit Ferrande ; le routier de la mer, v-1490, 1502, 1520, CRHIP, 2015 (ISBN 978-2-7466-8417-1) Prix de l'Académie de marine, 2016
- (en) William Bourne, A Regiment of the Sea, T. Dawson and T. Gardyner for John Wight,
- « Astrolabe »
Voir aussi
Bibliographie
- B. Baudoux, Traité du nocturlabe, (ISBN 978-2-9601555-0-1).
Articles connexes
Liens externes
- (en) « Nocturlabe d'un livre d'astrologie »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) au British Museum,
- (en+it) Vidéos et descriptions.
- Nocturlabe en forme de pièce de monnaie