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Ninotchka

Ninotchka est un film américain réalisé par Ernst Lubitsch, sorti en 1939. C'est une comédie romantique et une satire politique. Greta Garbo y campe une commissaire politique soviétique incorruptible qui, quand elle rencontre le séduisant et corrupteur comte d'Algout (Melvyn Douglas) à Paris, voit ses convictions mises à rude épreuve.

Ninotchka
Description de l'image Ninotchka (1939 poster - Style D).jpg.
RĂ©alisation Ernst Lubitsch
Scénario Melchior Lengyel, Charles Brackett
Billy Wilder, Walter Reisch
Acteurs principaux
Sociétés de production MGM
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Comédie romantique, espionnage
Durée 110 minutes
Sortie 1939

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Ninotchka est le fruit de la rencontre de deux maîtres du cinéma, tous deux d'origine juive germanique : Samuel Wilder qui, fuyant le nazisme, a pris le prénom de Billy et qui apporte le scénario[1] à Ernst Lubitsch. Et la fameuse « Lubitsch touch » en fait un chef-d'œuvre du 7e Art.

Il reçoit un accueil enthousiaste à sa sortie. En 1990, il est inscrit au National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès.

Synopsis

Trois agents du ministère soviétique du commerce, Iranoff, Buljanoff et Kopalski, sont envoyés à Paris pour vendre un lot de 40 bijoux confisqués à des aristocrates pendant la révolution russe pour acheter des machines agricoles. Ils font la connaissance du sympathique comte Léon d'Algout. Ils ignorent que celui-ci est payé (de différentes façons...) par la Grande Duchesse Swana, russe blanche immigrée à Paris, pour récupérer ses bijoux qui font partie du lot. Le comte distrait les trois émissaires en leur faisant goûter aux « charmes décadents » du capitalisme. Mais l'Union Soviétique dépêche Ninotchka Yakouchova, communiste dogmatique et inflexible pour reprendre les choses en main. Elle trouve sur son chemin le comte d'Algout, bien décidé à lui mettre des bâtons dans les roues. Elle éprouve la plus vive aversion pour cet oisif corrompu. Il est tout à fait impossible dans ces conditions qu'une idylle se noue entre eux... Théoriquement...

Fiche technique

Distribution

Acteurs non crédités

Commentaire

Lancé par le slogan « Garbo rit » (Garbo laughs)[2], Ninotchka est la première comédie de Greta Garbo et son avant-dernier film. Sous la forme d'une comédie sentimentale légère, c'est l'un des premiers films américains à prendre pour thème principal – et pour cible – l'Union Soviétique. Il brosse une satire mordante de la Russie stalinienne qu'il présente comme un régime austère où sévissent la misère et les arrestations arbitraires et qu'il oppose à la société parisienne qui s'étourdit dans le luxe et la frivolité.

Cette satire du système soviétique ne relève pas pour autant de l'« anti-communisme primaire » ou, tout du moins, ce n'est pas une apologie du capitalisme – c'eut été surprenant de la part d'un scénariste comme Wilder –, les inégalités de la société française ne sont pas escamotées. C'est encore moins une apologie du système tsariste balayé par la révolution russe, la duchesse Swana est présentée comme un personnage égoïste et plein de morgue, plus haïssable finalement que l'idéaliste Ninotchka.

Autour du film

  • Le succès du film a donnĂ© lieu en 1957 Ă  une reprise sous la forme d'une comĂ©die musicale : La Belle de Moscou (Silk Stockings) de Rouben Mamoulian, avec Fred Astaire et Cyd Charisse.
  • Ninotchka marque la deuxième collaboration entre Billy Wilder et Ernst Lubitsch, l’un au scĂ©nario l’autre Ă  la rĂ©alisation. La première avait eu lieu l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente avec La huitième femme de Barbe-bleue. L'action de ce film se passait Ă©galement en France, sur la CĂ´te d'Azur cette fois. Ă€ plusieurs reprises, les deux auteurs ont affichĂ© dans leurs crĂ©ations une inclination pour la France (et parfois une certaine aversion pour l'AmĂ©rique puritaine) Ă  telle enseigne que dix des douze films qu'Ernst Lubitsch a rĂ©alisĂ©s entre 1930 et 1939 ont Ă©tĂ© tournĂ©s en France.
  • Dix ans plus tard, Billy Wilder et Charles Brakett (deux des trois scĂ©naristes de Ninotchka) Ă©crivent La Scandaleuse de Berlin. Wilder le rĂ©alise lui-mĂŞme, il met en scène cette fois un triangle amoureux dans le Berlin de l’immĂ©diat après-guerre sur fond de corruption et de trafics dans la « valeureuse » armĂ©e amĂ©ricaine. Marlène Dietrich y tient le rĂ´le principal.

Distinctions

  • Nominations aux Oscars 1939 (attribuĂ©s en 1940) du meilleur film, de la meilleure actrice, de la meilleure histoire originale, et du meilleur scĂ©nario. Mais aucune statuette ne lui fut attribuĂ©, la plupart d'entre elles revenant cette annĂ©e-lĂ  Ă  Autant en emporte le vent.

Extraits

  • « The apartment may suit your convenience but I doubt it will fit your convictions. It's the royal suite » (Cet appartement vous conviendra sans doute pour le confort, mais je doute qu'il satisfasse vos convictions : c'est la suite royale) Le responsable de l'HĂ´tel Clarence aux envoyĂ©s de Moscou.
  • « That's an idea but who said we were to have an idea » (Ça c'est une idĂ©e, mais nous ne sommes pas lĂ  pour avoir des idĂ©es) Les envoyĂ©s communistes entre eux.
  • « Comrades, comrades, don't let's give in so quickly. After all we have to uphold the prestige of Russia. All right, let's uphold it for another 10 minutes » (Camarades, camarades, ne cĂ©dons pas si rapidement, nous avons Ă  dĂ©fendre le prestige de la Russie. D'accord, dĂ©fendons-le encore pendant 10 minutes) Les envoyĂ©s communistes entre eux lors de la nĂ©gociation de la vente des bijoux.
  • Iranoff, Buljanoff et Kopalski cherchent l'envoyĂ© spĂ©cial de Moscou Ă  la gare et croient le trouver quand ils voient un homme habillĂ© comme eux et au physique ressemblant au clichĂ© du soviĂ©tique. Ils n'ont pas le temps de le rejoindre qu'ils le voient saluer d'un « Heil Hitler » celle qui est venu le chercher.
  • Ă€ la gare, scène entre Ninotchka et le porteur: « What do you want? » « May I have your bags Madam? » « Why? » « He is a porter, he wants to carry them » « Why? Why should you carry other people's bags » « Well, that's my business madam » « That's no business, that's social injustice » « That depends on the tip » (- Que voulez-vous ? - Puis-je avoir vos bagages, Madame ? - Pourquoi ? - C'est un porteur, il veut les porter - Pourquoi ? Pourquoi voudriez-vous porter les bagages des autres ? - Mais c'est mon mĂ©tier, Madame - Ce n'est pas un mĂ©tier, c'est une injustice sociale - Ça dĂ©pend du pourboire).
  • « What are the news from Moscow? » « Good, very good. The last mass trial were a great success. There is going to be fewer but better Russians »[3] (- Quelles sont les nouvelles de Moscou ? - Bonnes, excellentes : les derniers procès ont Ă©tĂ© une vraie rĂ©ussite : il y aura moins de Russes mais ils seront meilleurs).
  • Ă€ l'ambassade d'URSS, un employĂ© rĂ©pond au tĂ©lĂ©phone : « Comrade Cazabine? No, I'm sorry. He hasn't been with us for six months, he was called back to Russia and was investigated. You can get further details from his widow. » (Le camarade Cazabine ? Non, je suis dĂ©solĂ©, il nous a quittĂ© il y a six mois, il a Ă©tĂ© rappelĂ© en Russie pour enquĂŞte. Vous aurez plus de dĂ©tails avec sa veuve).

Notes et références

  1. Billy Wilder n'est que co-scénariste du film avec Charles Brackett et Walter Reisch mais les 70 brillants scénarios qu'il a commis avant et après celui-ci laissent penser qu'il est responsable pour bonne part de sa qualité
  2. « Garbo rit à Paris dans Ninotchka », sur Paris fait son cinema
  3. En référence aux « procès » de Moscou organisés par Staline pour purger entre autres l'armée.

Liens externes

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