Nicolaus Clenardus
Nicolas Cleynaerts, connu dans la République des lettres sous le nom de Nicolaus Clenardus, et appelé dans les lettres françaises Nicolas Clénard (né le à Diest - mort en 1542), est un humaniste, voyageur, savant arabisant et écrivain flamand de langue latine.
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Adrien Barland, Jacques Latomus, Jean de Campen (en) |
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Biographie
NĂ© Ă Diest dans le Brabant, le 5 dĂ©cembre 1495, il est immatriculĂ© Ă l'UniversitĂ© de Louvain le 31 aoĂ»t 1512, comme Ă©tudiant Ă la Paedagogium Porci. Il embrassa l’état ecclĂ©siastique, et se livra surtout Ă l’étude des langues anciennes. Il suit les cours de Guillaume Barlandus et Ă la fin de ses Ă©tudes est nommĂ©, pour 10 ans, prĂ©sident du collège de HouterlĂ© Ă Louvain. Il enseigne l'hĂ©breu et le grec au Collège des Trois-Langues[1]. Ce fut dans le mĂŞme temps qu’il conçut le projet d’étudier l’arabe, afin d’approfondir l’hĂ©breu, dont un grand nombre de mots se retrouve dans cette langue. Sans le secours d’aucun maĂ®tre, sans autre moyen qu’un dĂ©sir ardent de savoir, et le Psautier de Nebio, il parvint Ă connaĂ®tre les lettres arabes, Ă dĂ©composer les mots et Ă se former un dictionnaire. Tandis qu’il Ă©tait tout entier dans cette Ă©tude, Fernand Colomb, qui avait amassĂ© une Ă©norme bibliothèque et cherchait des Ă©rudits polyglottes pour en faire le catalogue, passa par Louvain, et proposa Ă ClĂ©nard, dont le mĂ©rite s’annonçait avec un grand Ă©clat, de l’accompagner Ă SĂ©ville. Cette proposition fut acceptĂ©e avec d’autant plus d’empressement, que ClĂ©nard avait Ă©prouvĂ© quelques dĂ©sagrĂ©ments Ă Louvain, et qu’il espĂ©rait trouver en Espagne des moyens efficaces pour se perfectionner dans l’arabe. Il partit pour ce Royaume vers 1532, passa par Paris, oĂą il vit BudĂ©, et se rendit Ă Salamanque, oĂą il subsista quelque temps en enseignant le grec, le latin et l’hĂ©breu, sans abandonner l’arabe. A l’invitation de l’évĂŞque de Cordoue, il suivit l’éducation du fils du vice-roi de Naples. Quelque temps après, il accepta une chaire dans l’UniversitĂ© de Salamanque, et il y avait douze jours qu’il y professait, lorsqu’il fut appelĂ© par le roi de Portugal, Jean III, pour achever l’éducation de son frère, depuis roi sous le nom de Henri Ier. Quatre ans après son arrivĂ©e à Évora, le prince, son Ă©lève, ayant Ă©tĂ© nommĂ© Ă l’archevĂŞchĂ© de Braga, il l’y accompagna, et professa le latin dans le collège fondĂ© par lui dans cette ville, jusqu’à l’arrivĂ©e de Johannes Vasaeus. Toujours dominĂ© par son goĂ»t pour l’arabe, il ne songeait qu’au moyen de se perfectionner dans cette langue. Il est impossible de faire connaĂ®tre tous les sacrifices, toutes les dĂ©marches qu’il fit pour rencontrer quelqu’un qui connĂ»t bien cette langue et pĂ»t la lui enseigner ; enfin le gouverneur de Grenade, sous la condition qu’il apprendrait le grec Ă son fils, lui facilita les moyens de recevoir des leçons d’arabe d’un esclave maure qui Ă©tait Ă AlmerĂa. Cependant l’instruction qu’il recevait ne rĂ©pondant pas Ă ses espĂ©rances, ClĂ©nard s’embarqua pour l’Afrique, et arriva Ă Fès le 4 mai 1540. Tels avaient Ă©tĂ© ses efforts qu’il fut en Ă©tat de soutenir une conversation en arabe avec le roi de cette ville, Ă qui on le prĂ©senta. Il y resta près d’un an et demi, et mourut Ă son retour Ă Grenade, en 1541. Il a Ă©tĂ© enterrĂ© dans l’Alhambra.
Ĺ’uvres
- Tabula in grammaticam hebræam, Louvain, 1529, in-8° : cette grammaire, quoique très imparfaite, obtint beaucoup de succès, à cause de l’esprit de méthode qui y règne. Jean Cinquarbres, professeur d’hébreu au Collège royal de France, en a donné une nouvelle édition, corrigée et enrichie de notes, en 1564 ; elle a été réimprimée plusieurs fois.
- Institutiones linguæ græcæ, Louvain, 1550 : l’épître dédicatoire est datée de Louvain, avril, 1530. Clénard composa cette grammaire en s’aidant des conseils de Rescius ; dès 1528, il avait commencé à l’écrire, et il voulait la faire imprimer en 1529. Nous ignorons ce qui l’en empêcha. Cet ouvrage, que Clénard ne put perfectionner, obtint néanmoins le plus grand succès. Il s’en fit de nombreuses réimpressions, et plusieurs savants hommes, parmi lesquels on compte Sylburg, Antesignan, Henri Estienne, R. Guillon, Vossius, etc., ne dédaignèrent point d’en donner des éditions et de les enrichir de notes. (voy. Fabricius, Bibliot. græc.) On estime surtout l’édition donnée par G. J. Vossius, en 1632, et depuis réimprimée plusieurs fois. La grammaire de Clénard, plus ou moins corrigée et augmentée, fut reçue dans les collèges de France jusqu’au moment où Furgault publia la sienne, et encore soutint-elle quelque temps la concurrence.
- Meditationes græcanicæ, Louvain, 1531 : la dédicace est datée de juillet 1551 ; elles obtinrent moins de succès que sa grammaire. Ces méditations ne contiennent rien autre chose que le texte de la lettre de S. Basile à S. Grégoire, De vita in solitudine agenda ; ce texte est accompagné d’une version littérale et d’une analyse grammaticale.
- Epistolarum libri duo, Louvain, 1550, in-8°. L’édition de 1551, ibid., est moins rare. L’éditeur est Masson le jeune, fils de ce Latomus à qui les premières lettres de Clénard sont adressées. La 1re édition ne contenait que les lettres à Masson et à Hoverius ; la 2e comprenait toutes celles qui, avec ces premières, composent le premier livre dans les éditions postérieures à 1556. Vers cette époque, Ch. Lécluse rapporta d’Espagne plusieurs lettres de Clénard, dont il donna une copie à Plantin, et celui-ci les publia à Anvers, en 1566, in-8°, sous ce titre : Nic. Clenardi epistolarum libri duo : ces lettres, écrites dans un latin peu correct, mais où les qualités du cœur et de l’esprit brillent à chaque page, sont d’une lecture très agréable, et supérieures à celles de Busbecq. L’un écrivait en homme d’état ; l’autre, homme d’esprit, et doué de beaucoup de sensibilité et de gaîté, assaisonne ses lettres, ou de ces effusions de sentiment qui captivent l’intérêt, ou de ces saillies heureuses, de ces rapprochements ingénieux qui ôtent aux discussions littéraires leur sécheresse et leur monotonie. Celles qui sont adressées à Masson et à Vasaeus se distinguent surtout par ces qualités. On voit, par quelques-unes de ces lettres, que Clénard goûtait beaucoup l’idée d’apprendre le grec et le latin par l’usage, sans entrer dans les subtilités de la théorie grammaticale.
- Outre ces ouvrages imprimés, on attribue encore à Clénard une grammaire latine et une grammaire arabe restées manuscrites. Il parle de ce dernier ouvrage dans ses lettres, ainsi que d’un lexique arabe qu’il venait d’achever. Son intention était, à son retour à Louvain, d’y professer l’arabe, de traduire le Coran, d’en composer la réfutation dans la même langue, de la faire imprimer et répandre dans tout l’Orient. Cette idée, née de sa piété vive et sincère, le soutenait, le charmait dans ses fatigues et ses travaux ; il y revient souvent dans le cours de ses lettres, et déclare l’intention où il était de travailler toute sa vie à exécuter cette pieuse entreprise. Callenberg a célébré ses efforts dans une petite pièce ayant pour titre : Nic. Clenardi circa Muhammedanorum ad Christum conversionem conatus, Halle, 1742, in-8°.
Notes
- (en) Edward Wilson-Lee (ill. Joe McLaren), The Catalogue of shipwrecked books : Young Columbus and the Quest for a Universal Library, Londres, William Collins, , 416 p. (ISBN 9780008146245), chapitre XIV
Bibliographie
- « Nicolaus Clenardus », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition]
- Louis Bakelants et René Hoven, Bibliographie des œuvres de Nicolas Clénard, Verviers, .
- Victor Chauvin et Alphonse Roersch: Étude sur la vie et les travaux de Nicolas Cleynard in Memoires couronnes (vol. lx., 1900 1901) of the Royal Academy of Belgium.
- N. Cleynaerts – CD-ROM, Hrsg. Maerlantcentrum (KU Leuven), booklet 4 p.; 2002, (ISBN 90-5867-202-6).
- (de) Friedrich August Eckstein, « Clenardus, Nikolaus », dans Allgemeine Deutsche Biographie (ADB), vol. 4, Leipzig, Duncker & Humblot, , p. 322
- Joris Tulkens: Nicolaes Cleynaerts. Christenhond tussen moslims. Davidsfonds Uitgeverij, Antwerpen 2019, (ISBN 978-90-5908-942-6).
Voir aussi
Liens externes
- Ressource relative Ă la recherche :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- (en) British Museum
- Ressource relative Ă la musique :
- (en) Muziekweb
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :