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Nicolas Philibert

Nicolas Philibert, né le à Nancy, est un cinéaste français.

Nicolas Philibert
Description de cette image, également commentée ci-après
Nicolas Philibert en 2023.

Récipiendaire de nombreux prix et distinctions, il s'inscrit dans la grande lignée des documentaristes français.

À la Berlinale 2023, il reçoit l'Ours d'or pour son film Sur l'Adamant.

Biographie

Fils du professeur de philosophie Michel Philibert[1], il débute comme stagiaire sur le tournage du film Les Camisards (1970) de René Allio, tout en poursuivant des études universitaires à Grenoble, ville où il a grandi. Une licence de philosophie en poche, il est engagé comme accessoiriste sur Rude Journée pour la reine (René Allio, 1973), assistant-réalisateur auprès d'Alain Tanner sur Le Milieu du monde (1974), décorateur sur Pas si méchant que ça (Claude Goretta, 1974), et de nouveau assistant-réalisateur sur Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère... (René Allio, 1975).

En 1978, il co-réalise avec Gérard Mordillat un premier long-métrage documentaire, La Voix de son maître, dans lequel une douzaine de patrons de grands groupes industriels (L’Oréal, IBM-France, Thomson-Brant, Elf-Erap, Le Club Méditerranée, Waterman, Darty…) parlent du pouvoir, du commandement, de la hiérarchie, du rôle des syndicats... esquissant peu à peu l’image d’un monde futur, dominé par la finance. Le film sort en salle, mais quelques mois plus tard sa version télévisuelle, Patrons/Télévision (3 x 60') est brutalement déprogrammée sur ordre du cabinet du Premier Ministre Raymond Barre, à quelques jours de sa diffusion sur Antenne 2. Ce cas de censure politique directe soulève une immense vague de protestation mais rien n'y fait.

En 1980, à la demande de René Allio, il produit L'Heure exquise, un portrait de Marseille "à la première personne" tourné par ce dernier. L'année suivante parait un livre, co-écrit avec Suzel Galliard : Hélène Vernet, 39 rue Chaptal, Levallois-Perret (Ed. Ramsay), qui retrace le long combat d'une femme âgée menacée d'expulsion. Il passe quelques mois auprès de l'écrivain John Berger et du photographe Jean Mohr pour réaliser la maquette de leur ouvrage Une autre façon de raconter (Maspéro, 1982). En parallèle, il écrit un long-métrage de fiction qui ne verra jamais le jour.

De 1985 à 1988, Nicolas Philibert réalise plusieurs films de montagne pour la télévision dans lesquels il suit les exploits d'un jeune alpiniste virtuose, Christophe Profit. Ces films (Christophe, Trilogie pour un homme seul, Le come back de Baquet...) obtiennent de nombreuses récompenses dans les festivals spécialisés. S'y ajoute un portrait de Roger Lapébie, vainqueur du Tour de France cycliste 1937 : Vas-y Lapébie!

En 1986, il redevient occasionnellement assistant-réalisateur, auprès cette fois de Joris Ivens et Marceline Loridan-Ivens, pour le tournage en Chine de leur film Une histoire de vent.

Il se lance ensuite dans la réalisation de longs-métrages documentaires qui seront tous distribués en salles.

Avec La Ville Louvre (1990), c'est la première fois qu'un grand musée accepte de dévoiler ses coulisses à une équipe de cinéma. Le Louvre vit alors une période particulièrement effervescente : on réorganise les espaces, de nombreuses œuvres déménagent d'une salle à une autre, On crée des restaurants, des librairies, un auditorium, la pyramide est en passe d'être achevée... C'est le début d'un vaste processus de transformation qui aboutira bientôt au Grand Louvre.

Dans Le Pays des sourds (1992) Nicolas Philibert nous entraîne à la rencontre de ceux qui, sourds profonds depuis leur naissance ou les premiers mois de leur vie, appréhendent le monde avec le regard et le toucher. On y découvre la beauté de la langue des signes, si longtemps interdite, et l'on comprend qu'il s'agit d'une vraie langue, capable autant que n'importe quelle langue orale d'exprimer toutes les nuances de la pensée.

En parallèle, Nicolas Philibert entreprend de filmer les travaux de rĂ©novation de la Galerie de Zoologie du MusĂ©um National d'Histoire Naturelle qui Ă©tait fermĂ©e au public depuis un quart de siècle. PlongĂ©s dans la pĂ©nombre et dans l'oubli, Ă  la merci des intempĂ©ries et des infiltrations du toit, les milliers d'animaux naturalisĂ©s qui constituent ses prĂ©cieuses collections se dĂ©gradaient peu Ă  peu. Un animal, des animaux (1994) racontera la mĂ©tamorphose de ce lieu et la rĂ©surrection de ses Ă©tranges pensionnaires.

Au début de l'été 1995, il s'installe à la clinique psychiatrique de La Borde. Comme chaque année, des pensionnaires et des soignants se rassemblent pour monter une pièce de théâtre qu'ils joueront le . Le film qui en résulte, La Moindre des choses, retrace les hauts et les bas de cette aventure. Mais au-delà du théâtre il raconte "la vie à La Borde, le temps qui passe, les petits riens, la solitude et la fatigue, les moments de gaieté, les rires, et l'attention que chacun porte à l'autre". Plus de vingt ans après sa sortie en salle (1997), ce film continuer de circuler partout en France. Dans le monde de la psychiatrie, c'est devenu un film culte.

Qui sait ? (1998), tourné avec les élèves de l’école du Théâtre national de Strasbourg, est un film de commande qui fait partie d’une collection de quatre films-laboratoires intitulée «Génération TNS». Chaque réalisateur était invité à imaginer un scénario original à partir de sa rencontre avec les élèves en utilisant des éléments de leur vie, de leur travail, etc.

Nicolas Philibert au festival international du film de Vienne en 2010.

En 2001, Nicolas Philibert tourne Être et avoir, sur la vie quotidienne d'une école à classe unique dans un petit village d'Auvergne. Récompensé par le Prix Louis Delluc 2002, le César du meilleur montage 2003 et de très nombreux autres prix, ce film connaîtra un immense succès en France et dans le monde entier...

Dans Retour en Normandie (2006), il revient sur les traces d’un autre film, Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère... tourné trente ans plus tôt par René Allio, avec des paysans dans les rôles principaux. Chargé de les recruter, Nicolas Philibert, alors jeune assistant, avait passé deux mois, de ferme en ferme, pour tenter de les embarquer dans l'aventure.

Avec NĂ©nette (2010), tournĂ© Ă  la MĂ©nagerie du Jardin des plantes Ă  Paris, il brosse un portrait de la doyenne des lieux : une femelle orang-outan, en captivitĂ© depuis 37 ans.

Dans La Maison de la radio (2012), tourné au sein de Radio France, il part à la découverte de ce qui échappe habituellement aux regards : les mystères et les coulisses d’un média dont la matière même, le son, reste invisible.

Sorti fin , De chaque instant nous entraîne à Montreuil, dans un institut de formation en soins infirmiers. Tandis que des dizaines de jeunes gens, filles et garçons, y poursuivent leurs études, le film s'attache à montrer les difficultés et les joies d'un apprentissage qui va les confronter très tôt, souvent très jeunes, à la fragilité de la vie[2].

Nicolas Philibert présentant Sur l'Adamant en avant-première à la Cinémathèque française en .

Depuis , un coffret de 12 DVD (incluant de nombreux bonus et un livret de 200 pages) regroupe l'ensemble de ses films : "Nicolas Philibert, les films, le cinéma" (Editions Blaq Out).

Il reçoit l'Ours d'Or à la Berlinale 2023 pour Sur l'Adamant[3] - [4].

Filmographie

RĂ©alisateur

Autre

Distinctions

RĂ©compenses

Christophe : Grand Prix du Festival international du Film d'Aventure Sportive, La Plagne, 1985 • Diable d'Or du Festival international du Film Alpin, Les Diablerets (Suisse), 1986 • Grand Prix du Festival de Teplice nad Metuji (Tchécoslovaquie), 1986 • « Best Mountainfilm », Banff Mountain Film Festival (Canada), 1987 • Prix du meilleur film d'alpinisme, Festival international du Cinéma de montagne de Torello (Espagne), 1987[6].

Trilogie pour un homme seul : Grand Prix des Journées Internationales du Film d'Aventure Sportive, Hakuba (Japon), 1987 • Diable d'Or, Festival International du Film Alpin, Les Diablerets (Suisse), 1987 • Grand Prix du Festival Mondial de l'Image de Montagne, Antibes, 1987 • Prix spécial du jury, Festival international du film d'aventure, La Plagne, 1987 • Grand-Prix du Festival de Teplice Nad Metuji (Tchécoslovaquie), 1988 • Silver Triglav, Festival international de Kranj (Yougoslavie), 1988[6].

La Ville Louvre : Prix Europa, « Meilleur documentaire de l'année », 1990 • Prix Intermédia, Cinéma du Réel, Paris, 1990[6].

Le Pays des sourds : Sélection officielle au Festival de Locarno, 1992 • Sélection au Festival de Yamagata, Japon, 1993 • Prix Spécial de la Fondation Gan pour le Cinéma, 1991 • Grand Prix du Festival de Belfort, 1992 • Grand Prix du Festival dei popoli, Firenze, 1992 • Grand Prix Festival de Vancouver, 1993 • Prix « Tiempo de Historia », Festival de Valladolid, 1993 • Prix Humanum, Association de la Presse Cinématographique de Belgique, 1993 • Grand Prix du Festival de Bombay, 1994 • Golden Gate Award, San Francisco International Film Festival, 1994 • Prix du meilleur documentaire, Festival de Potsdam, 1994• Stephanie Beacham Award, 13th Annual Communication Awards, Washington D.C., 1994 • Peabody Award, États-Unis, 1998[6]

La Moindre des choses : Sélection officielle au Festival International de Locarno, 1996 • Prix du Public, Rencontres Internationales de Cinéma à Paris, 1996 • Prix du public, Festival International du Cinéma et des Nouveaux Médias, Montréal, 1997 • Prix du Meilleur Documentaire, Festival de Potsdam, 1997 • Prix spécial du Jury, Festival du Film anthropologique de Pârnu (Estonie), 1997 • Grand Prix du Festival Amascultura (Lisbonne), 1997 • Golden Spire (Epée d'Or) du Festival international de San Francisco, 1998 [6].

Être et avoir : Sélection officielle, Cannes 2002 (hors compétition) • Prix Louis Delluc 2002 • César du Meilleur Montage, 2003 • Prix « Tiempo de Historia », Festival de Valladolid, 2002 • Grand-Prix du Festival France Cinéma, Florence, 2002 • « Best documentary », European Film Awards, 2002 • Prix Humanum, décerné par la Presse Cinématographique de Belgique, 2002 • Prix Méliès « meilleur film français de l'année » décerné par le Syndicat français de la Critique de Cinéma, 2003 • Prix des auditeurs du Masque et la Plume, France Inter, • Prix de l'Association Cubaine de la Presse Cinématographique (Fipresci), 2003 • Étoile d'Or décernée par la presse française • Prix du public du Festival du film français à Athènes, 2003 • Grand-Prix et Prix du public au Festival du Film francophone de Bratislava (Slovaquie), 2003 • Grand Jury Prize, Full Frame Film Festival, États-Unis, 2003 • « Best non fiction film Award », National Society of Film Critics, États-Unis[6]

Retour en Normandie : Sélection officielle, Cannes 2007 (hors compétition)

NĂ©nette : SĂ©lection officielle au Festival de Berlin 2010 (section Forum).

La Maison de la radio : Sélection officielle au Festival de Berlin 2013 (section Panorama), au Festival de Telluride 2013 (États-Unis), et dans plus de 40 festivals • Prix « Tiempo de Historia » (Meilleur documentaire), Festival de Valladolid, 2013 • Étoile d’Or 2014 décernée par la presse française.

Sur l'Adamant : Ours d'or au Festival de Berlin 2023[3]

Nominations

DĂ©corations

Nicolas Philibert est chevalier dans l'Ordre des Arts et Lettres (1995) et dans l'Ordre National du MĂ©rite (2002).

Notes et références

  1. « Nicolas Philibert, le conflit des muets et des parlants », sur Des nouvelles du front (consulté le )
  2. Thomas Sotinel, « « De chaque instant » : Nicolas Philibert à l’école de la douleur », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. Clarisse Fabre, « A la Berlinale, Nicolas Philibert reçoit l’Ours d’or pour son documentaire Sur l’Adamant », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  4. « Cinéma: "Sur l'Adamant", l'éloge d'une psychiatrie qui prend le temps », sur TV5MONDE, (consulté le )
  5. « Patrons-télévision | Gérard Mordillat/Nicolas Philibert | 1978 | Encyclo-ciné », sur www.encyclocine.com (consulté le )
  6. AlloCine, « Prix et nominations de Nicolas Philibert », sur AlloCiné (consulté le )

Liens externes

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