Nationalisme chinois
Le terme de nationalisme chinois se rĂ©fĂšre aux mouvements, croyances et thĂ©ories politique, historique, gĂ©ographique et culturelle qui soutiennent lâidĂ©e dâune culture et dâun peuple Chinois unique et uni. Une des difficultĂ©s que pose cette interprĂ©tation sont les nombreuses ambiguĂŻtĂ©s qui recouvrent le terme Chinois.
Fondement idéologique
Le nationalisme chinois sâest formĂ© de nombreuses et diverses influences, parmi lesquelles la pensĂ©e traditionnelle chinoise (teintĂ©e de confucianisme), le progressisme amĂ©ricain, le marxisme, ou encore la pensĂ©e ethnologique russe. Cette idĂ©ologie est dâailleurs souvent mise en avant de diffĂ©rentes maniĂšres, et, parfois, conflictuelles, fait Ă©tonnant rendu possible par le syncrĂ©tisme dont les Chinois font traditionnellement preuve.
Bien que la plupart des nationalistes chinois se soient dâemblĂ©e mis dâaccord sur lâimportance dâavoir un gouvernement centralisĂ©, presque toutes les autres questions ont Ă©tĂ© lâoccasion de dĂ©bats intenses et acerbes. Ainsi, les questions dâĂ©laborer les politiques renforçant le pays, dâorganiser lâĂtat et lui fixer des objectifs et orientations, de dĂ©finir les relations et attitudes Ă adopter vis-Ă -vis des puissances Ă©trangĂšres comme de dĂ©finir les relations et attitudes des Hans vis-Ă -vis des minoritĂ©s locales et de la diaspora chinoise ont Ă©tĂ© autant de sources de divisions importantes.
LâĂ©tonnante facultĂ© du nationalisme chinois Ă se manifester de maniĂšre si diffĂ©rentes (et parfois mĂȘme trĂšs divergentes) a Ă©tĂ© relevĂ© par de nombreux commentateurs pour qui celles-ci rĂ©vĂšlent un manque de consistance Ă©vident. Pourtant dâautres considĂšrent les diffĂ©rentes orientations prĂŽnĂ©es tour Ă tour par lâidĂ©ologie nationaliste comme une qualitĂ© qui lui permet de sâadapter et de se transformer en fonction des crises internes ou des Ă©vĂ©nements internationaux.
Bien quâil existe de nombreuses diffĂ©rences entre les groupes nationalistes, ceux-ci partagent des points communs essentiels, dont le Kuomintang, le parti nationaliste chinois, fondĂ© par Sun Yat-sen. Tous tiennent Sun Yat-sen en trĂšs haute estime, et ont plutĂŽt tendance Ă proclamer leur hĂ©ritage commun venant des trois principes du peuple. La dĂ©mocratie et la science sont communĂ©ment mises en avant par tous les nationalistes, bien quâils puissent ensuite avoir chacun une interprĂ©tation diffĂ©rente de ce quâest la dĂ©mocratie.
Conscience unitaire chinoise
Les Chinois ont adhĂ©rĂ© pendant des siĂšcles Ă lâidĂ©e dâun Ătat chinois unitaire ; ce concept Ă©tait alors perçu comme une nĂ©cessitĂ©, prĂ©servant ainsi le monde civilisĂ© (« LâEmpire du Milieu », Zhong Guo, la Chine) des barbares de lâextĂ©rieur, câest-Ă -dire du reste du monde. Face Ă cet Ă©tat de fait, la population chinoise se fĂ©dĂ©rait autour dâun Ătat fort. Certains auteurs ont dĂ©gagĂ© de fortes ressemblances entre le fonctionnement de la RĂ©publique populaire de Chine (RPC) actuelle et celui des dynasties anciennes, telles que la dynastie des Ming et des Qing. Lucyan Pye soutient pourtant la thĂšse inverse, Ă savoir que lâorganisation de cet Ătat-nation moderne sâest radicalement Ă©mancipĂ© des anciens modĂšles dâĂtat de lâEmpire du Milieu.
Nationalisme et ethnicité en Chine
Ătablir la relation entre lâethnicitĂ© et lâidentitĂ© chinoise fut un problĂšme majeur au cours de la formation de lâempire. Au XVIIe siĂšcle, les Mandchous (peuple du Nord-Est, extĂ©rieur au royaume) envahirent le centre de la Chine et prirent le pouvoir, Ă©tablissant la dynastie Qing. Durant les siĂšcles suivants, ils prirent le contrĂŽle dâautres rĂ©gions et peuples, Ă lâouest (TibĂ©tains, Ouighours), et au nord (Mongols). Afin de permettre le bon fonctionnement de lâĂtat Ă©largi, les Mandchous durent rĂ©soudre ce double problĂšme : maintenir la loyautĂ© des populations (parfois trĂšs Ă©loignĂ©es de la capitale) au royaume, sans pour autant assimiler les populations et conserver les identitĂ©s propres Ă chaque peuple. Pour ce faire, ils se sont donnĂ© lâimage de sages confucĂ©ens Ă©clairĂ©s, garants de la prĂ©servation et de la continuitĂ© de la civilisation chinoise. Au fil des siĂšcles, les Mandchous ont ainsi peu Ă peu Ă©tĂ© assimilĂ©s Ă la culture chinoise, et ce faisant, beaucoup de Mandchous se sont identifiĂ©s comme Ă©tant chinois.
La complexitĂ© de la relation ethnicitĂ© â identitĂ© chinoise peut ĂȘtre illustrĂ©e par lâĂ©pisode historique de la rĂ©bellion des Taiping. Cette bataille opposa les troupes des Mandchous, se posant en gardiens des valeurs traditionnelles chinoises, aux rebelles du royaume, qui Ă©taient considĂ©rĂ©s, eux, comme des barbares Ă©trangers (quand bien mĂȘme leur appartenance au royaume fut antĂ©rieure Ă celle des Mandchous). Les combats, passionnĂ©s, furent dâune extrĂȘme violence, sĂ»rement en raison de lâimportance quâattachaient alors les deux adversaires Ă la dĂ©fense de cette identitĂ© chinoise dont chacun se portait garant. Câest Ă cette Ă©poque que le terme han Chinois se dĂ©veloppa, comme un moyen dâidentifier la plupart des Chinois.
Au XIXe siĂšcle, la rĂ©volte des Boxers Ă©clata Ă la suite de l'asservissement du pays aux puissances Ă©trangĂšres par le truchement de la dynastie Qing : puisant dans le fonds mythique d'une Chine ancestrale, le mouvement ne parvint toutefois pas Ă constituer la base d'un nationalisme au sens moderne du terme, qui apparaissait au mĂȘme moment dans la plupart des nations europĂ©ennes. La rĂ©sistance Ă l'envahisseur Ă©tranger et la volontĂ© d'autonomie politique alimenta progressivement les dĂ©bats des intellectuels chinois, dĂ©cidĂ©s Ă regagner la souverainetĂ© sur leur pays.
AprĂšs la rĂ©volution de 1911 emmenĂ©e par Sun Yat-sen, le terme de âChinoisâ sâest vu officiellement attribuĂ© aux Hans comme aux non-Hans des autres ethnies : le terme de "zhonghua renmin" {äžćäșșæ°), "peuple chinois", transcendant le concept d'ethnicitĂ© Han, s'appliqua alors Ă tous les citoyens chinois.
Le nationalisme de lâĂtat chinois durant les annĂ©es 1920 et 1930 a Ă©tĂ© fortement influencĂ© par le modernisme et le Darwinisme social ; il dĂ©clara la vocation des groupes ethniques minoritaires Ă ĂȘtre culturellement assimilĂ© au groupe des Hans, « culturellement en avance », pour former ensemble la population de lâEmpire du Milieu. LâidĂ©ologie Ă©tait alors trĂšs marquĂ©e par la situation des empires multi-ethniques dâOccident, comme lâEmpire austro-hongrois ou encore lâEmpire ottoman.
Face au retard accumulĂ© par rapport Ă un Occident triomphant et qui dans un passĂ© proche lâavait rĂ©guliĂšrement humiliĂ©, lâEmpire chercha ensuite Ă se frayer une voie alternative, et, par opposition, meilleure, vers la modernitĂ©. Ainsi sâouvre en 1949 une nouvelle Ăšre pour le pays, avec l'avĂšnement de la RPC : la dĂ©nomination officielle du pays reprend l'adjectif zhonghua renmin, « peuple chinois » pluriethnique.
Durant les dĂ©cennies suivantes, le nationalisme chinois puisera sa source dâinfluence du cĂŽtĂ© russe et de ses recherches ethnologiques. La ligne officielle de la RPC devint que les Hans Chinois Ă©taient un groupe ethnique parmi dâautres, et que chaque ethnie, chaque culture et chaque langage se devait dâĂȘtre respectĂ©. En dĂ©pit de cette ligne officielle, les tendances assimilationnistes des Hans restĂšrent trĂšs fortes, et le rapport de force dĂ» au poids dĂ©mographique des Hans dans la population totale (92 %) fit quâen pratique les minoritĂ©s subirent une forte pression assimilationniste.
Dans les annĂ©es 1960 et 1970, le nationalisme chinois se mĂȘla Ă la rhĂ©torique marxiste et le discours idĂ©ologique nationaliste se transforma en une rhĂ©torique internationaliste.
Le nationalisme chinois face aux Chinois dâoutre-mer
Le nationalisme chinois a entretenu avec les Chinois dâoutre-mer (vivant hors territoire de Chine et de TaĂŻwan), encore une fois, des rapports trĂšs changeants. Les Chinois vivant Ă lâĂ©tranger ont Ă©tĂ© de fervents supporteurs de la rĂ©volution de 1911.
Apres la dĂ©colonisation, les Chinois dâoutre mer ont Ă©tĂ© poussĂ©s Ă sâidentifier comme des citoyens de leur pays respectif, plutĂŽt que rattachĂ©s au continent, dans la logique dâintĂ©gration et dâassimilation du nationalisme chinois. Cette politique du gouvernement a poussĂ© les Chinois de Singapour et de Malaisie Ă sĂ©parer les concepts dâ« ethnie chinoise » (appartenance culturelle, Ă laquelle ils restĂšrent attachĂ©s) Ă celui du « politiquement chinois », et ont ainsi fermement rejetĂ© le projet de la RPC.
La RĂ©publique populaire de Chine (RPC) et la RĂ©publique de Chine (TaĂŻwan) (RC) ont ainsi entretenu deux politiques diffĂ©rentes vis-Ă -vis des Chinois dâoutre mer. Le gouvernement de la RPC, considĂ©rait les Chinois dâoutre mer comme des agents Ă la solde de lâidĂ©ologie capitaliste occidentale, et privilĂ©giait lâentretien de bonnes relations avec ses voisins dâAsie du Sud-Est. La RC, se considĂ©rant comme le gouvernement dâune Chine Ă©largie (conservant les limites de lâEmpire Ă son dĂ©part du continent, la RC nâa, par exemple, jamais reconnu lâindĂ©pendance de la Mongolie, la vouant dans son projet Ă ĂȘtre une province Chinoise), et dĂ©sireuse, par souci de lĂ©gitimitĂ©, de se faire des alliĂ©s, a courtisĂ© ces Chinois de lâĂ©tranger, leur assurant leur appartenance Ă la Nation de Chine.
Avec la pĂ©riode de rĂ©forme sur laquelle Deng Xiaoping a ouvert le pays, dĂšs 1979 lâattitude de la RPC envers les Chinois de lâĂ©tranger a ensuite radicalement changĂ© ; ils nâĂ©taient plus vus comme des frĂšres ennemis, mais comme des partenaires privilĂ©giĂ©s, sources de capitaux et de savoir-faire. Nombre de ces Chinois ont alors profitĂ© de leur double culture pour accompagner la MĂšre Patrie dans son intĂ©gration Ă lâĂ©conomie mondiale. Le pays et ses peuples Ă©voluant vers toujours plus dâouverture, la RPC sâest ensuite, dĂšs les annĂ©es 1990, efforcĂ© de maintenir le lien et la fidĂ©litĂ© envers la Nation des « nouveaux Chinois dâoutre-mer », principalement des Ă©tudiants partant sâinstruire Ă lâĂ©tranger, afin de sâassurer, sinon leur retour, leur dĂ©vouement Ă Ćuvrer au dĂ©veloppement du pays.
Le nationalisme chinois et la question de TaĂŻwan
Lâun des points majeurs dâaccord entre les diffĂ©rentes tendances nationaliste en Chine est la fidĂ©litĂ© Ă la politique du « Une Chine, un seul pays», et ainsi Ă la rĂ©unification de la Chine continentale Ă lâĂźle indĂ©pendantiste de TaĂŻwan. Mais quand bien mĂȘme le but de la RPC et de la RC, avant 1991, convergeaient (unification), les moyens dây parvenir divergeaient radicalement.
AprĂšs 1991, la position de la RC vis-Ă -vis de la rĂ©unification changea officieusement, vers une position bien plus ambiguĂ«. Il existe deux raisons Ă ce revirement ; la menace du gouvernement de la RPC de recourir Ă une action militaire si la « RĂ©publique de TaĂŻwan » Ă©tait dĂ©clarĂ© ; mais aussi, plus embarrassant, le fait quâen son sein mĂȘme, la RC est divisĂ©e entre les nationalistes, qui supportent lâidĂ©e de la rĂ©unification, et les supporteurs de lâindĂ©pendance de TaĂŻwan, qui rejettent catĂ©goriquement cette ambition et dĂ©fendent la libertĂ© du peuple taĂŻwanais Ă lâĂ©gard de la RPC.
Ainsi, du cĂŽtĂ© taĂŻwanais, les questions de savoir sâil faut ou non sâunifier au continent, et si oui, comment, ont Ă©tĂ© jusquâici mises de cĂŽtĂ©, et les diffĂ©rentes tendances au sein de la RC sâaccordent pour lâinstant pour conserver la situation actuelle, c'est-Ă -dire le statu quo. MalgrĂ© ce consensus, que chaque gouvernement, des deux cĂŽtĂ©s du dĂ©troit sâaccordent Ă trouver temporairement acceptable, les relations entre les nationalistes Chinois et le gouvernement taĂŻwanais restent trĂšs dĂ©licates, les points de frictions portant essentiellement sur des aspects symboliques, comme le nom de "RĂ©publique de Chine" que sâest attribuĂ© le gouvernement taĂŻwanais.
Il nây a donc pas dâurgence Ă la rĂ©unification ; du cĂŽtĂ© taĂŻwanais, la question de fond est surtout culturelle, la population se demandant comment elle doit se considĂ©rer. Les supporteurs de la Coalition pan-bleue trouvent en le Continent une formidable opportunitĂ© Ă©conomique et culturelle, poussant TaĂŻwan a accroĂźtre ses Ă©changes avec la Chine continentale, alors que les tenants de la Coalition pan-verte considĂšrent que TaĂŻwan est dĂ©jĂ une Nation indĂ©pendante, et que cette indĂ©pendance doit justement ĂȘtre prĂ©servĂ©e.
Contre-nationalisme et mouvements dâopposition
En plus de la question de lâindĂ©pendance de TaĂŻwan, la RPC et son idĂ©ologie nationaliste doivent faire face Ă nombre de courants idĂ©ologiques dâopposition Ă lâintĂ©rieur du continent.
Les reproches envers le nationalisme chinois sont divers et nombreux. Pour certains, lâidĂ©ologie du nationalisme chinois serait ainsi arriĂ©rĂ©e, autoritaire et dictatoriale, et son application incompatible avec la gouvernance dâun Ătat moderne. Pour dâautres, cette idĂ©ologie est fondamentalement impĂ©rialiste et/ou raciste et mĂšne en pratique Ă lâoppression des minoritĂ©s, comme celle qui sâabat sur les TibĂ©tains et les Ouighours.
Le nationalisme populiste Chinois
Outre lâaffirmation dans la sphĂšre Ă©conomique mondiale, les annĂ©es 1990 ont vu lâĂ©mergence dâun nouveau type de nationalisme, dit populiste. Selon les dĂ©fenseurs de cette thĂ©orie, ce nationalisme « anti-impĂ©rialiste », par lâouverture des consciences populaires sur la modernitĂ©, le post-colonialisme, la globalisation⊠a permis lâĂ©mergence dâune sociĂ©tĂ© civile qui sâexprime en dehors des institutions politiques, et de maniĂšre dĂ©mocratique.
Il semble pourtant que, loin de sâexprimer en dehors des institutions politiques, ce nationalisme soit justement instrumentalisĂ© par le gouvernement de la RPC. En effet, en ouvrant la Chine au jeu libĂ©ral, capitaliste, le Parti communiste chinois (PCC) a pris le risque de voir la lĂ©gitimitĂ© de son idĂ©ologie communiste sâaffadir, et ainsi, son soutien populaire. Ă la maniĂšre de la dynastie Qing, se posant garante de lâunicitĂ©, de la culture et de la grandeur de la Chine face Ă un environnement extĂ©rieur menaçant, la RPC manie les sentiments nationalistes et patriotes du peuple afin de garantir sa pĂ©rennitĂ©.
Deng Xiaoping fut lâartisan de lâouverture de la RPC au monde. Il apparaĂźt clairement dans ses Ă©crits, quâalors quâil prĂ©pare le rattachement de Hong Kong au continent (et qui doit servir dâexemple du modĂšle que la PRC envisage de proposer Ă TaĂŻwan), lâopposition pourtant essentielle RPC socialiste/port franc capitaliste nâa plus dâimportance ; le lien principal, celui qui fera la base de la relation entre les deux pays, est lâexigence de PĂ©kin Ă ce que le pays soit gouvernĂ© par des « patriotes », « Ceux qui respectent leur propre nation [âŠ]. Ceux-lĂ sont des patriotes mĂȘme s'ils croient au capitalisme ou au fĂ©odalisme, voire Ă l'esclavagisme. Nous ne leur demandons pas d'approuver le systĂšme socialiste de la Chine, mais seulement d'aimer la patrie et d'aimer Hong Kong ». Plus loin, il Ă©crit : « pendant plus d'un siĂšcle Ă partir de la guerre de l'Opium, les Ă©trangers ont mĂ©prisĂ© et humiliĂ© les Chinois. La fondation de la RĂ©publique populaire de Chine a transformĂ© la physionomie de la Chine. [âŠ] Tous les enfants de la nation chinoise, quels que soient leurs costumes ou leurs positions, ont au moins en commun un sentiment de fiertĂ© nationale » (dans Un Ătat, deux systĂšmes, extraits de lâessai sur Le Quotidien du Peuple en ligne). Plus aucune des idĂ©ologies antagoniste passĂ©e ne semble ainsi devoir supplanter le patriotisme, nouveau pilier de lâunitĂ© chinoise, et arme de contrĂŽle des masses du Parti.
RĂ©cemment, lâun des exemples les plus flagrants de cette instrumentalisation fut la permissivitĂ©, tout Ă fait exceptionnelle en Chine, des forces de lâordre vis-Ă -vis des manifestations anti-japonaises qui ont secouĂ© la Chine continentale (et la CorĂ©e du Sud, en protestation Ă lâattitude du gouvernement du Japon face Ă son douloureux passĂ© colonialiste), en avril 2005. Dans un esprit bon enfant, plus proche de la fĂȘte populaire que de la rĂ©volte urbaine, les Chinois des villes ont pu se rĂ©unir et renforcer leur unicitĂ© face à «lâadversitĂ© », avant que la police et lâarmĂ©e ne disperse mollement les arracheurs de publicitĂ©s nippones. Ă en croire le journal en ligne AsiaTimes.com, les comitĂ©s de quartier (antennes civiles du parti communiste) auraient assurĂ© le noyau dur des manifestations, distribuant affiches et drapeaux aux manifestants.
Le nationalisme contemporain
La fin de la guerre froide et lâouverture au monde extĂ©rieur ont marquĂ© la rĂ©surgence de sentiments nationalistes plus forts. Si le patriotisme est un outil qui permet au PCC dâasseoir sa lĂ©gitimitĂ©, il nâest pas que le fait des gens du parti.
Ainsi, dans le contexte actuel, lâesprit nationaliste est Ă©galement vĂ©hiculĂ© par des intellectuels Chinois, dont certains en sont devenus des Ă©lĂ©ments moteur. Nombre dâinstruits (sociologues, universitaires, Ă©crivainsâŠ) se sont faits les chantres du nationalisme chinois. Ainsi, tous les coauteurs du livre The China That Can Say No (« La Chine peut dire non »), qui monte au front de lâ « impĂ©rialisme AmĂ©ricain », sont tous des universitaires, pour la majoritĂ© indĂ©pendants (un journaliste indĂ©pendant, un poĂšte, deux journalistesâŠ).
à l'heure des jeux olympiques de Pékin en 2008, l'occasion a permis à des milliers de jeunes étudiants de manifester une certaine fibre patriotique dans des manifestations contre ce que ces jeunes chinois appellent " la manipulation des esprits" des médias occidentaux.
Depuis 2013, le RĂȘve chinois lancĂ© par Xi Jinping viserait trois objectifs :« restaurer la gloire passĂ©e de la Chine et de lâĂtat, rappeler le dĂ©sir sĂ©culaire dâune Chine moderne, riche et puissante, quâont eu tous les empereurs, enfin rendre les Chinois fiers et heureux, afin de maintenir la stabilitĂ© sociale. » [1]. De son cĂŽtĂ©, The Economist prĂ©sente le « rĂȘve chinois » comme un mixte de « rĂ©forme Ă©conomique et [de] nationalisme vĂ©hĂ©ment ».
Voir aussi
Référence
- Le nouveau rĂȘve impĂ©rial de Xi Jinping Valeurs Actuelles, 28 mars 2013
Bibliographie
- La Chine aujourdâhui, UniversitĂ© de tous les savoirs, sous la direction dâYves Michaud, Odile Jacob, 268 pages
- (en) Peter Hays Gries, China's New Nationalism: Pride, Politics, and Diplomacy, University of California Press (January, 2004), hardcover, 224 pages, (ISBN 0520232976)
Articles connexes
Liens externes
- "Le nationalisme chinois, un outil Ă double tranchant" article sur Chine Informations
- Le Quotidien du Peuple en ligne