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Nationalisme chinois

Le terme de nationalisme chinois se rĂ©fĂšre aux mouvements, croyances et thĂ©ories politique, historique, gĂ©ographique et culturelle qui soutiennent l’idĂ©e d’une culture et d’un peuple Chinois unique et uni. Une des difficultĂ©s que pose cette interprĂ©tation sont les nombreuses ambiguĂŻtĂ©s qui recouvrent le terme Chinois.

Procession du 4 mai 1919 de l’universitĂ© de PĂ©kin

Fondement idéologique

Le nationalisme chinois s’est formĂ© de nombreuses et diverses influences, parmi lesquelles la pensĂ©e traditionnelle chinoise (teintĂ©e de confucianisme), le progressisme amĂ©ricain, le marxisme, ou encore la pensĂ©e ethnologique russe. Cette idĂ©ologie est d’ailleurs souvent mise en avant de diffĂ©rentes maniĂšres, et, parfois, conflictuelles, fait Ă©tonnant rendu possible par le syncrĂ©tisme dont les Chinois font traditionnellement preuve.

Bien que la plupart des nationalistes chinois se soient d’emblĂ©e mis d’accord sur l’importance d’avoir un gouvernement centralisĂ©, presque toutes les autres questions ont Ă©tĂ© l’occasion de dĂ©bats intenses et acerbes. Ainsi, les questions d’élaborer les politiques renforçant le pays, d’organiser l’État et lui fixer des objectifs et orientations, de dĂ©finir les relations et attitudes Ă  adopter vis-Ă -vis des puissances Ă©trangĂšres comme de dĂ©finir les relations et attitudes des Hans vis-Ă -vis des minoritĂ©s locales et de la diaspora chinoise ont Ă©tĂ© autant de sources de divisions importantes.

L’étonnante facultĂ© du nationalisme chinois Ă  se manifester de maniĂšre si diffĂ©rentes (et parfois mĂȘme trĂšs divergentes) a Ă©tĂ© relevĂ© par de nombreux commentateurs pour qui celles-ci rĂ©vĂšlent un manque de consistance Ă©vident. Pourtant d’autres considĂšrent les diffĂ©rentes orientations prĂŽnĂ©es tour Ă  tour par l’idĂ©ologie nationaliste comme une qualitĂ© qui lui permet de s’adapter et de se transformer en fonction des crises internes ou des Ă©vĂ©nements internationaux.

Bien qu’il existe de nombreuses diffĂ©rences entre les groupes nationalistes, ceux-ci partagent des points communs essentiels, dont le Kuomintang, le parti nationaliste chinois, fondĂ© par Sun Yat-sen. Tous tiennent Sun Yat-sen en trĂšs haute estime, et ont plutĂŽt tendance Ă  proclamer leur hĂ©ritage commun venant des trois principes du peuple. La dĂ©mocratie et la science sont communĂ©ment mises en avant par tous les nationalistes, bien qu’ils puissent ensuite avoir chacun une interprĂ©tation diffĂ©rente de ce qu’est la dĂ©mocratie.

Conscience unitaire chinoise

Les Chinois ont adhĂ©rĂ© pendant des siĂšcles Ă  l’idĂ©e d’un État chinois unitaire ; ce concept Ă©tait alors perçu comme une nĂ©cessitĂ©, prĂ©servant ainsi le monde civilisĂ© (« L’Empire du Milieu », Zhong Guo, la Chine) des barbares de l’extĂ©rieur, c’est-Ă -dire du reste du monde. Face Ă  cet Ă©tat de fait, la population chinoise se fĂ©dĂ©rait autour d’un État fort. Certains auteurs ont dĂ©gagĂ© de fortes ressemblances entre le fonctionnement de la RĂ©publique populaire de Chine (RPC) actuelle et celui des dynasties anciennes, telles que la dynastie des Ming et des Qing. Lucyan Pye soutient pourtant la thĂšse inverse, Ă  savoir que l’organisation de cet État-nation moderne s’est radicalement Ă©mancipĂ© des anciens modĂšles d’État de l’Empire du Milieu.

Nationalisme et ethnicité en Chine

Établir la relation entre l’ethnicitĂ© et l’identitĂ© chinoise fut un problĂšme majeur au cours de la formation de l’empire. Au XVIIe siĂšcle, les Mandchous (peuple du Nord-Est, extĂ©rieur au royaume) envahirent le centre de la Chine et prirent le pouvoir, Ă©tablissant la dynastie Qing. Durant les siĂšcles suivants, ils prirent le contrĂŽle d’autres rĂ©gions et peuples, Ă  l’ouest (TibĂ©tains, Ouighours), et au nord (Mongols). Afin de permettre le bon fonctionnement de l’État Ă©largi, les Mandchous durent rĂ©soudre ce double problĂšme : maintenir la loyautĂ© des populations (parfois trĂšs Ă©loignĂ©es de la capitale) au royaume, sans pour autant assimiler les populations et conserver les identitĂ©s propres Ă  chaque peuple. Pour ce faire, ils se sont donnĂ© l’image de sages confucĂ©ens Ă©clairĂ©s, garants de la prĂ©servation et de la continuitĂ© de la civilisation chinoise. Au fil des siĂšcles, les Mandchous ont ainsi peu Ă  peu Ă©tĂ© assimilĂ©s Ă  la culture chinoise, et ce faisant, beaucoup de Mandchous se sont identifiĂ©s comme Ă©tant chinois.

La complexitĂ© de la relation ethnicitĂ© – identitĂ© chinoise peut ĂȘtre illustrĂ©e par l’épisode historique de la rĂ©bellion des Taiping. Cette bataille opposa les troupes des Mandchous, se posant en gardiens des valeurs traditionnelles chinoises, aux rebelles du royaume, qui Ă©taient considĂ©rĂ©s, eux, comme des barbares Ă©trangers (quand bien mĂȘme leur appartenance au royaume fut antĂ©rieure Ă  celle des Mandchous). Les combats, passionnĂ©s, furent d’une extrĂȘme violence, sĂ»rement en raison de l’importance qu’attachaient alors les deux adversaires Ă  la dĂ©fense de cette identitĂ© chinoise dont chacun se portait garant. C’est Ă  cette Ă©poque que le terme han Chinois se dĂ©veloppa, comme un moyen d’identifier la plupart des Chinois.

Au XIXe siĂšcle, la rĂ©volte des Boxers Ă©clata Ă  la suite de l'asservissement du pays aux puissances Ă©trangĂšres par le truchement de la dynastie Qing : puisant dans le fonds mythique d'une Chine ancestrale, le mouvement ne parvint toutefois pas Ă  constituer la base d'un nationalisme au sens moderne du terme, qui apparaissait au mĂȘme moment dans la plupart des nations europĂ©ennes. La rĂ©sistance Ă  l'envahisseur Ă©tranger et la volontĂ© d'autonomie politique alimenta progressivement les dĂ©bats des intellectuels chinois, dĂ©cidĂ©s Ă  regagner la souverainetĂ© sur leur pays.

AprĂšs la rĂ©volution de 1911 emmenĂ©e par Sun Yat-sen, le terme de ‘Chinois’ s’est vu officiellement attribuĂ© aux Hans comme aux non-Hans des autres ethnies : le terme de "zhonghua renmin" {侭捎äșș民), "peuple chinois", transcendant le concept d'ethnicitĂ© Han, s'appliqua alors Ă  tous les citoyens chinois.

Le nationalisme de l’État chinois durant les annĂ©es 1920 et 1930 a Ă©tĂ© fortement influencĂ© par le modernisme et le Darwinisme social ; il dĂ©clara la vocation des groupes ethniques minoritaires Ă  ĂȘtre culturellement assimilĂ© au groupe des Hans, « culturellement en avance », pour former ensemble la population de l’Empire du Milieu. L’idĂ©ologie Ă©tait alors trĂšs marquĂ©e par la situation des empires multi-ethniques d’Occident, comme l’Empire austro-hongrois ou encore l’Empire ottoman.

Face au retard accumulĂ© par rapport Ă  un Occident triomphant et qui dans un passĂ© proche l’avait rĂ©guliĂšrement humiliĂ©, l’Empire chercha ensuite Ă  se frayer une voie alternative, et, par opposition, meilleure, vers la modernitĂ©. Ainsi s’ouvre en 1949 une nouvelle Ăšre pour le pays, avec l'avĂšnement de la RPC : la dĂ©nomination officielle du pays reprend l'adjectif zhonghua renmin, « peuple chinois » pluriethnique.

Durant les dĂ©cennies suivantes, le nationalisme chinois puisera sa source d’influence du cĂŽtĂ© russe et de ses recherches ethnologiques. La ligne officielle de la RPC devint que les Hans Chinois Ă©taient un groupe ethnique parmi d’autres, et que chaque ethnie, chaque culture et chaque langage se devait d’ĂȘtre respectĂ©. En dĂ©pit de cette ligne officielle, les tendances assimilationnistes des Hans restĂšrent trĂšs fortes, et le rapport de force dĂ» au poids dĂ©mographique des Hans dans la population totale (92 %) fit qu’en pratique les minoritĂ©s subirent une forte pression assimilationniste.

Dans les annĂ©es 1960 et 1970, le nationalisme chinois se mĂȘla Ă  la rhĂ©torique marxiste et le discours idĂ©ologique nationaliste se transforma en une rhĂ©torique internationaliste.

Le nationalisme chinois face aux Chinois d’outre-mer

Le nationalisme chinois a entretenu avec les Chinois d’outre-mer (vivant hors territoire de Chine et de TaĂŻwan), encore une fois, des rapports trĂšs changeants. Les Chinois vivant Ă  l’étranger ont Ă©tĂ© de fervents supporteurs de la rĂ©volution de 1911.

Apres la dĂ©colonisation, les Chinois d’outre mer ont Ă©tĂ© poussĂ©s Ă  s’identifier comme des citoyens de leur pays respectif, plutĂŽt que rattachĂ©s au continent, dans la logique d’intĂ©gration et d’assimilation du nationalisme chinois. Cette politique du gouvernement a poussĂ© les Chinois de Singapour et de Malaisie Ă  sĂ©parer les concepts d’« ethnie chinoise » (appartenance culturelle, Ă  laquelle ils restĂšrent attachĂ©s) Ă  celui du « politiquement chinois », et ont ainsi fermement rejetĂ© le projet de la RPC.

La RĂ©publique populaire de Chine (RPC) et la RĂ©publique de Chine (TaĂŻwan) (RC) ont ainsi entretenu deux politiques diffĂ©rentes vis-Ă -vis des Chinois d’outre mer. Le gouvernement de la RPC, considĂ©rait les Chinois d’outre mer comme des agents Ă  la solde de l’idĂ©ologie capitaliste occidentale, et privilĂ©giait l’entretien de bonnes relations avec ses voisins d’Asie du Sud-Est. La RC, se considĂ©rant comme le gouvernement d’une Chine Ă©largie (conservant les limites de l’Empire Ă  son dĂ©part du continent, la RC n’a, par exemple, jamais reconnu l’indĂ©pendance de la Mongolie, la vouant dans son projet Ă  ĂȘtre une province Chinoise), et dĂ©sireuse, par souci de lĂ©gitimitĂ©, de se faire des alliĂ©s, a courtisĂ© ces Chinois de l’étranger, leur assurant leur appartenance Ă  la Nation de Chine.

Avec la pĂ©riode de rĂ©forme sur laquelle Deng Xiaoping a ouvert le pays, dĂšs 1979 l’attitude de la RPC envers les Chinois de l’étranger a ensuite radicalement changĂ© ; ils n’étaient plus vus comme des frĂšres ennemis, mais comme des partenaires privilĂ©giĂ©s, sources de capitaux et de savoir-faire. Nombre de ces Chinois ont alors profitĂ© de leur double culture pour accompagner la MĂšre Patrie dans son intĂ©gration Ă  l’économie mondiale. Le pays et ses peuples Ă©voluant vers toujours plus d’ouverture, la RPC s’est ensuite, dĂšs les annĂ©es 1990, efforcĂ© de maintenir le lien et la fidĂ©litĂ© envers la Nation des « nouveaux Chinois d’outre-mer », principalement des Ă©tudiants partant s’instruire Ă  l’étranger, afin de s’assurer, sinon leur retour, leur dĂ©vouement Ă  Ɠuvrer au dĂ©veloppement du pays.

Le nationalisme chinois et la question de TaĂŻwan

L’un des points majeurs d’accord entre les diffĂ©rentes tendances nationaliste en Chine est la fidĂ©litĂ© Ă  la politique du « Une Chine, un seul pays», et ainsi Ă  la rĂ©unification de la Chine continentale Ă  l’üle indĂ©pendantiste de TaĂŻwan. Mais quand bien mĂȘme le but de la RPC et de la RC, avant 1991, convergeaient (unification), les moyens d’y parvenir divergeaient radicalement.

AprĂšs 1991, la position de la RC vis-Ă -vis de la rĂ©unification changea officieusement, vers une position bien plus ambiguĂ«. Il existe deux raisons Ă  ce revirement ; la menace du gouvernement de la RPC de recourir Ă  une action militaire si la « RĂ©publique de TaĂŻwan » Ă©tait dĂ©clarĂ© ; mais aussi, plus embarrassant, le fait qu’en son sein mĂȘme, la RC est divisĂ©e entre les nationalistes, qui supportent l’idĂ©e de la rĂ©unification, et les supporteurs de l’indĂ©pendance de TaĂŻwan, qui rejettent catĂ©goriquement cette ambition et dĂ©fendent la libertĂ© du peuple taĂŻwanais Ă  l’égard de la RPC.

Ainsi, du cĂŽtĂ© taĂŻwanais, les questions de savoir s’il faut ou non s’unifier au continent, et si oui, comment, ont Ă©tĂ© jusqu’ici mises de cĂŽtĂ©, et les diffĂ©rentes tendances au sein de la RC s’accordent pour l’instant pour conserver la situation actuelle, c'est-Ă -dire le statu quo. MalgrĂ© ce consensus, que chaque gouvernement, des deux cĂŽtĂ©s du dĂ©troit s’accordent Ă  trouver temporairement acceptable, les relations entre les nationalistes Chinois et le gouvernement taĂŻwanais restent trĂšs dĂ©licates, les points de frictions portant essentiellement sur des aspects symboliques, comme le nom de "RĂ©publique de Chine" que s’est attribuĂ© le gouvernement taĂŻwanais.

Il n’y a donc pas d’urgence Ă  la rĂ©unification ; du cĂŽtĂ© taĂŻwanais, la question de fond est surtout culturelle, la population se demandant comment elle doit se considĂ©rer. Les supporteurs de la Coalition pan-bleue trouvent en le Continent une formidable opportunitĂ© Ă©conomique et culturelle, poussant TaĂŻwan a accroĂźtre ses Ă©changes avec la Chine continentale, alors que les tenants de la Coalition pan-verte considĂšrent que TaĂŻwan est dĂ©jĂ  une Nation indĂ©pendante, et que cette indĂ©pendance doit justement ĂȘtre prĂ©servĂ©e.

Contre-nationalisme et mouvements d’opposition

En plus de la question de l’indĂ©pendance de TaĂŻwan, la RPC et son idĂ©ologie nationaliste doivent faire face Ă  nombre de courants idĂ©ologiques d’opposition Ă  l’intĂ©rieur du continent.

Les reproches envers le nationalisme chinois sont divers et nombreux. Pour certains, l’idĂ©ologie du nationalisme chinois serait ainsi arriĂ©rĂ©e, autoritaire et dictatoriale, et son application incompatible avec la gouvernance d’un État moderne. Pour d’autres, cette idĂ©ologie est fondamentalement impĂ©rialiste et/ou raciste et mĂšne en pratique Ă  l’oppression des minoritĂ©s, comme celle qui s’abat sur les TibĂ©tains et les Ouighours.

Le nationalisme populiste Chinois

Outre l’affirmation dans la sphĂšre Ă©conomique mondiale, les annĂ©es 1990 ont vu l’émergence d’un nouveau type de nationalisme, dit populiste. Selon les dĂ©fenseurs de cette thĂ©orie, ce nationalisme « anti-impĂ©rialiste », par l’ouverture des consciences populaires sur la modernitĂ©, le post-colonialisme, la globalisation
 a permis l’émergence d’une sociĂ©tĂ© civile qui s’exprime en dehors des institutions politiques, et de maniĂšre dĂ©mocratique.

Il semble pourtant que, loin de s’exprimer en dehors des institutions politiques, ce nationalisme soit justement instrumentalisĂ© par le gouvernement de la RPC. En effet, en ouvrant la Chine au jeu libĂ©ral, capitaliste, le Parti communiste chinois (PCC) a pris le risque de voir la lĂ©gitimitĂ© de son idĂ©ologie communiste s’affadir, et ainsi, son soutien populaire. À la maniĂšre de la dynastie Qing, se posant garante de l’unicitĂ©, de la culture et de la grandeur de la Chine face Ă  un environnement extĂ©rieur menaçant, la RPC manie les sentiments nationalistes et patriotes du peuple afin de garantir sa pĂ©rennitĂ©.

Deng Xiaoping fut l’artisan de l’ouverture de la RPC au monde. Il apparaĂźt clairement dans ses Ă©crits, qu’alors qu’il prĂ©pare le rattachement de Hong Kong au continent (et qui doit servir d’exemple du modĂšle que la PRC envisage de proposer Ă  TaĂŻwan), l’opposition pourtant essentielle RPC socialiste/port franc capitaliste n’a plus d’importance ; le lien principal, celui qui fera la base de la relation entre les deux pays, est l’exigence de PĂ©kin Ă  ce que le pays soit gouvernĂ© par des « patriotes », « Ceux qui respectent leur propre nation [
]. Ceux-lĂ  sont des patriotes mĂȘme s'ils croient au capitalisme ou au fĂ©odalisme, voire Ă  l'esclavagisme. Nous ne leur demandons pas d'approuver le systĂšme socialiste de la Chine, mais seulement d'aimer la patrie et d'aimer Hong Kong ». Plus loin, il Ă©crit : « pendant plus d'un siĂšcle Ă  partir de la guerre de l'Opium, les Ă©trangers ont mĂ©prisĂ© et humiliĂ© les Chinois. La fondation de la RĂ©publique populaire de Chine a transformĂ© la physionomie de la Chine. [
] Tous les enfants de la nation chinoise, quels que soient leurs costumes ou leurs positions, ont au moins en commun un sentiment de fiertĂ© nationale » (dans Un État, deux systĂšmes, extraits de l’essai sur Le Quotidien du Peuple en ligne). Plus aucune des idĂ©ologies antagoniste passĂ©e ne semble ainsi devoir supplanter le patriotisme, nouveau pilier de l’unitĂ© chinoise, et arme de contrĂŽle des masses du Parti.

RĂ©cemment, l’un des exemples les plus flagrants de cette instrumentalisation fut la permissivitĂ©, tout Ă  fait exceptionnelle en Chine, des forces de l’ordre vis-Ă -vis des manifestations anti-japonaises qui ont secouĂ© la Chine continentale (et la CorĂ©e du Sud, en protestation Ă  l’attitude du gouvernement du Japon face Ă  son douloureux passĂ© colonialiste), en avril 2005. Dans un esprit bon enfant, plus proche de la fĂȘte populaire que de la rĂ©volte urbaine, les Chinois des villes ont pu se rĂ©unir et renforcer leur unicitĂ© face Ă  «l’adversitĂ© », avant que la police et l’armĂ©e ne disperse mollement les arracheurs de publicitĂ©s nippones. À en croire le journal en ligne AsiaTimes.com, les comitĂ©s de quartier (antennes civiles du parti communiste) auraient assurĂ© le noyau dur des manifestations, distribuant affiches et drapeaux aux manifestants.

Le nationalisme contemporain

La fin de la guerre froide et l’ouverture au monde extĂ©rieur ont marquĂ© la rĂ©surgence de sentiments nationalistes plus forts. Si le patriotisme est un outil qui permet au PCC d’asseoir sa lĂ©gitimitĂ©, il n’est pas que le fait des gens du parti.

Ainsi, dans le contexte actuel, l’esprit nationaliste est Ă©galement vĂ©hiculĂ© par des intellectuels Chinois, dont certains en sont devenus des Ă©lĂ©ments moteur. Nombre d’instruits (sociologues, universitaires, Ă©crivains
) se sont faits les chantres du nationalisme chinois. Ainsi, tous les coauteurs du livre The China That Can Say No (« La Chine peut dire non »), qui monte au front de l’ « impĂ©rialisme AmĂ©ricain », sont tous des universitaires, pour la majoritĂ© indĂ©pendants (un journaliste indĂ©pendant, un poĂšte, deux journalistes
).

À l'heure des jeux olympiques de PĂ©kin en 2008, l'occasion a permis Ă  des milliers de jeunes Ă©tudiants de manifester une certaine fibre patriotique dans des manifestations contre ce que ces jeunes chinois appellent " la manipulation des esprits" des mĂ©dias occidentaux.

Depuis 2013, le RĂȘve chinois lancĂ© par Xi Jinping viserait trois objectifs :« restaurer la gloire passĂ©e de la Chine et de l’État, rappeler le dĂ©sir sĂ©culaire d’une Chine moderne, riche et puissante, qu’ont eu tous les empereurs, enfin rendre les Chinois fiers et heureux, afin de maintenir la stabilitĂ© sociale. » [1]. De son cĂŽtĂ©, The Economist prĂ©sente le « rĂȘve chinois » comme un mixte de « rĂ©forme Ă©conomique et [de] nationalisme vĂ©hĂ©ment ».

Voir aussi

Référence

  1. Le nouveau rĂȘve impĂ©rial de Xi Jinping Valeurs Actuelles, 28 mars 2013

Bibliographie

  • La Chine aujourd’hui, UniversitĂ© de tous les savoirs, sous la direction d’Yves Michaud, Odile Jacob, 268 pages
  • (en) Peter Hays Gries, China's New Nationalism: Pride, Politics, and Diplomacy, University of California Press (January, 2004), hardcover, 224 pages, (ISBN 0520232976)

Articles connexes

Liens externes

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